Le Niger a été pionnier dans le domaine de l’énergie solaire notamment sous l’impulsion d’un scientifique dont l’Université de Niamey porte le nom : le Professeur Abdou Moumouni. Le Professeur Moumouni était un précurseur notamment pour ce qui concerne la thermodynamique, technique utilisant des miroirs faisant converger les rayons du soleil pour chauffer un dispositif lequel produit de l’électricité. Malgré ce passé glorieux, le solaire est aujourd’hui particulièrement sous-utilisé au Niger alors que les conditions s’y prêtent. Bien que pour l’éclairage public ou encore l’électrification des centres de santé, le solaire soit de plus en plus utilisé, les investissements restent timides pour des infrastructures plus conséquentes.
Grâce à l’appui du Bureau de la coopération Suisse au Niger, l’UNHCR, l’ONG allemande ASB, le bureau d’étude nigérien Consultations Plus et la DRHA de Tahoua ont tenté ensemble le pari : celui d’installer le système de pompage d’eau hybride le plus important du Niger. A Eukinawane, un champ solaire composé de 144 panneaux de 205 Wc (watt-crête) a été installé pour refouler de l’eau potable à plus 7260 metres afin de desservir plus de 20,000 personnes vivant dans la Zone d’Accueil des Réfugiés maliens d’Intikane, la population hote ainsi que leurs nombreux troupeaux, dans la mesure où la ZAR d’Intikane a été créée spécialement pour répondre aux besoins spécifiques d’une population pastorale.
Par hybride, il est entendu que le pompage se réalise soit à travers le solaire soit à travers un générateur. Mais dans le cas de l’installation de l’Eukinawane, le recours au générateur devrait être particulièrement limité. Balla Souley Bassirou est le Directeur General de Consultations Plus « à la vue du rendement de pompage actuel de la station seulement avec le solaire, selon nos calculs et nos prévisions, le recours au groupe ne sera pas nécessaire tant pour la consommation humaine qu’animale ».
Le coût total de l’intervention de la phase d’étude à la mise en route du système est de 85 000 000 FCFA soit environ 130,000 euros. Comme le confirme Yonoudjoum Monodjomi Médard, expert WASH pour l’UNHCR au Niger, l’investissement va être rapidement rentabilisé : « en prenant en compte les coûts de réparation, de carburant (environ 1500 litres par mois), de lubrifiant, les pièces et les filtres à changer et le suivi par les opérateurs, sur les trois dernières années on estime la moyenne des dépenses mensuelles de l’ancien système à plus de 6,500,000 FCFA soit près de 10,000 euros. Je précise ici que je ne prends pas en compte le remplacement du générateur et de la pompe qui à eux seuls nous ont couté 18,000,000 FCFA soit plus de 27,000 euros l’année passée. En d’autres termes dans un an, l’investissement qui vient d’être fait devrait être rentabilisé».
L’UNHCR travaille à l’intégration socio-économique des réfugiés maliens dans leur espace d’accueil. Cette intégration suppose d’une part de permettre aux acteurs publics ou privés d’assurer eux-mêmes la provision des services aux réfugiés et d’autre part que les réfugiés s’acquittent, autant que possible et au même titre que leurs hôtes, des coûts inhérents à ces services. Pour assurer l’accès à l’eau aux réfugiés, la station solaire d’Eukinawane facilite indéniablement l’activité de l’opérateur en réduisant considérablement les coûts de gestion et de maintenance ce qui va permettre de réduire le prix de l’eau pour les réfugiés et la population hôte. L’objectif est atteint.
Deux semaines après la visite du Haut-Commissaire de l’UNHCR a Maine Soroa, un échange avec le Chef Canton s’imposait pour revenir sur cet accueil incroyable.
Honorable Chef de canton, l’accueil réservé au Haut-Commissaire à Maine Soroa a été incroyable. Pourquoi cet accueil ?
Dans la semaine du 23 Novembre 2016, nous avons été informés de la visite du Haut-Commissaire dans la ville de Mainé Soroa. Nous avons convoqué notre comité pour organiser la cérémonie d’accueil et il s’est mobilisé pour organiser les cérémonies avec les moyens que nous lui avons donnés. Chemin faisant, le comité a été accompagné par une équipe de l’UNHCR. Le Lundi 12 Décembre 2016 est une journée gravée dans l’histoire de Mainé-Soroa pour avoir accueilli ces honorables hôtes avec à leur tête Monsieur Filippo Grandi accompagné de Monsieur Lawan Magagi, Ministre de l’Action Humanitaire. Cette grande fête et cet accueil chaleureux ont été à l’honneur pour immortaliser cette grande journée.
Vous êtes montés sur les chevaux ce qui est un symbole fort.
Nous ne montons à cheval que pour des occasions exceptionnelles. L’arrivée du Haut-Commissaire est un événement exceptionnel qui est devenu une cérémonie de fête car un adage Kanuri dit: « les pieds ne vont que là où le cœur aime». Le choix de la ville de Maine-Soroa est un honneur qu’il était nécessaire de marquer: nous et nos administrés à cheval et à dos de dromadaires, habillés en tenues traditionnelles pour les hommes et les plus beaux harnachements pour les animaux et au son de l’algaita avec les you-yous des femmes en habits de fêtes et bien parfumées, marquant des pas de danses traditionnelles. Nous avons exprimé ainsi la joie de toutes nos communautés présentes dans la plus grande discipline.
Cette journée est inscrite dans le livre historique des importants événements du canton. Dans le futur, cette journée sera une référence pour narrer des faits, des dates et autres. La journée du 12 Décembre 2016 témoigne de la cohésion sociale entre les différentes communautés du canton de Maine Soroa et celles du pays voisin du sud (Nigeria).
Vous avez donné le titre honorifique de « Lawan » au Haut-Commissaire. Qu’est-ce que cela signifie et implique ?
Dans l’organigramme de la chefferie traditionnelle, le titre de « Lawan » signifie la bravoure donnée au chef de deuxième dynastie, Bouji Kollomi, le chef historique de Maine Soroa qui a été Lawan. Le titre honorifique de « Lawan » signifie Sous-Chef ou conseiller désigné par le chef de canton. Cette nomination implique une mission que le Chef assigne à cette personne. Il est systématiquement investi visionnaire pour le Chef. Lawan, en kanuri, exprime également celui qui peut générer de la richesse économique. Son rôle est de mobiliser les ressources techniques, financières et humaines comme moyens au service des idées, des projets et du programme du Chef ou du Canton. Il doit aussi développer la cohérence et l’efficience entre les personnes, les écouter et garantir à chacun son intégrité physique et morale. Quatres éléments, symbolise l’intronisation du Lawan comme le veut la coutume : le turban qui signifie la responsabilité ; le sabre signifiant la défense ou la protection ; le couteau pour le partage, l’aide et l’assistance ; le cheval pour la promenade de visite aux administrés du Chef.
Vous avez contribué à l’organisation d’une rencontre entre le Haut-Commissaire et les représentants des autorités traditionnelles Nigérianes. Quel était l’esprit de cette rencontre ?
Depuis que les événements de Boko Haram se sont produits, les communautés de Diffa ne font qu’accueillir à bras ouverts les réfugiés du Nigéria dont un bon nombre vit à Maine Soroa. Les chefs traditionnels du Nigeria ayant les mêmes traditions, comme la coutume le veut, ils prennent part aux manifestations du canton raison pour laquelle ils étaient présents.
La rencontre avec le Haut-Commissaire leur a permis d’exprimer leurs idées et préoccupations, sans barrière, d’écouter le Haut-Commissaire et de prendre notes. Ils ont aussi par la même occasion témoigné de leur reconnaissance au Chef de canton de Maine Soroa et à toutes ses communautés pour avoir accueilli et soulagé plus de 30 000 réfugiés à Maine Soroa.
Les échanges ont été fructueux. Les participants étaient satisfaits de la rencontre. Les points sur l’alimentation, la santé, l’hygiène, l’habitat et l’éducation des enfants réfugiés font aussi partie des préoccupations du Haut-Commissaire. L’ensablement des espaces agricoles a aussi été évoqué comme une préoccupation. Le Haut-Commissaire a promis d’examiner tous ces points et que certains seront soumis à d’autres institutions telle que la Banque Mondiale pour appréciation et action. Cela a été une grande opportunité de nous faire entendre et de transmettre les attentes des communautés.
Quels sont les besoins en interventions essentielles que vous adressez à l’endroit de l’UNHCR et de la communauté humanitaire pour l’année 2017 et quelles sont vos propres perspectives à cet effet?
En matière d’élevage nous comptons aller dans le sens de la redistribution sociale du cheptel. Cela nécessite un besoin d’appui de la part des partenaires techniques et humanitaires dans le domaine. Nous souhaitons dans la ville, la réhabilitation des anciens puits et le fonçage de nouveaux points d’eau tel que déjà lancé par le HCR sur les deux sites d’urbanisation créés à Maine. Nous voulons un appui dans le domaine de la production agricole, et dans le cadre de la santé animale pour apporter un nouveau souffle à nos populations. Comme vous le savez, les saisons hivernales à Diffa sont régulièrement déficitaires. Nous entendons œuvrer avec nos communautés pour agir dans la protection et la restauration de la base productive par l’aménagement de sites. Ensuite, il est nécessaire d’agir dans la reprise des activités de développement entrainant l’occupation des jeunes et des femmes. Egalement, nous souhaitons aller dans le sens de la culture de nos valeurs traditionnelles de tolérance et d’équité dans les rapports et la redistribution des avantages pour préserver la quiétude et assurer la pleine installation de la coexistence pacifique.
On 12 December 2016, the UN High Commissioner for Refugees, Filippo Grandi, visited Diffa region in Niger. Here, the forcibly displaced population is spread across more than 100 sites in a stretch of arable land along the border with Nigeria. He used the opportunity to highlight the importance of data in protecting and assisting more than 250,000 persons (refugees, IDPs, and Niger nationals that returned from Nigeria as a result of conflict).
“Throughout my visit, our team in Diffa provided me with a wide range of information on each site we passed or visited. In Diffa town, a Data Centre on Forced Displacement was established in 2013, funded by UNHCR, and implemented by our partner REACH.
Data is at the heart of good decision-making. Only with accurate information can we make the right decisions on how to support displaced people in Niger and elsewhere. And eventually, we should enable people, including refugees, IDPs, and persons at risk of statelessness, to access their own data – so that they can make informed decisions about their lives and that of their children.
UNHCR has made data collection and analysis a priority for the organization by putting in place a multi-year strategy for the collection and use of good data, placing people - refugees and others - at the centre of these efforts.
We believe that access to information is almost as important as security, food and water when it comes to ensuring protection for the displaced and their families. With accurate information, refugees and other displaced people can be made aware of their rights, where they can receive assistance, the conditions they face, and where they can access safety. UNHCR aims to work with them and share the information we obtain through assessments and evaluations, and also to give them the means to manage their own personal information and protect their identities, and help them become part of the global information community.
We are also working with our partners – states, UN agencies and NGOs, to ensure that data is made available, that it meets the needs for decision-making, and most importantly, is shared in an transparent and responsible way. In that respect, the Diffa Data Centre is an excellent example of UNHCR’s efforts to improve data and information and bring digital empowerment to the people it serves.”
For more information:
http://www.diffa-forced-displacement.info/
http://data.unhcr.org/SahelSituation
Filippo Grandi says Niger sets a strong example through its hospitality for people fleeing conflict in Mali and Nigeria.
DIFFA, Niger – Despite facing high levels of poverty and other development challenges of its own, Niger is playing a key role in sheltering refugees fleeing conflicts in the region, the UN refugee chief said during a visit this week.
The West African country provides asylum and refuge to over 165,000 refugees fleeing conflict and persecution in neighbouring Mali and Nigeria.
“It’s very rare to find a country and a people facing so many challenges – security, economic, climatic - surrounded by unstable neighbours, yet providing refuge and maintaining humanitarian values, despite it all,” UN High Commissioner for Refugees Filippo Grandi said during his first visit.
“I had no hope when I fled Nigeria, but now I feel at home.”
The region of Diffa, in the south-east of Niger, is a perfect example of this solidarity, as expressed by Grandi on a visit to the region to highlight the Nigerian displacement crisis. Since February 2015, Diffa has been under constant threat from Boko Haram.
The numbers of displaced people in the region has skyrocketed in the past year, reaching over 250,000 by last month. This total includes refugees, returning Niger citizens and people forcibly displaced within the country’s borders. What is exceptional about Diffa is the fact that amongst the displaced, just 7,500 are living in a refugee camp. The majority live side by side with the local population, who also face major challenges.
UNHCR, the UN Refugee Agency, provides assistance and protection to people in need, based on their vulnerability, and not just on their status as refugees. In such a dynamic and volatile context, UNHCR has been forced to rethink the way it operates, and to come up with innovative solutions for all.
In its Urbanization Project, UNHCR works hand-in-hand with the local and community authorities, to provide legal access to land for displaced families, while contributing to improving the local economy.
During a visit to the town of Maine Soroa, in the Diffa region, Grandi met with Amina, a 28-year-old Nigerian refugee who had received a parcel of land and a house under the project. “I had no hope when I fled Nigeria, but now I feel at home. I’ve put my daughter in school and I want my family to make our life here.”
To date, over 2,000 families have benefitted from land parcels, whilst the construction of social and sustainable long-term housing began in 2016.
Another such project, which helps not only refugees, but also the local population, is the Gas as Domestic Energy programme. Throughout 2016, over 200,000 of the most vulnerable people across the region of Diffa received gas bottles to use for domestic purposes. UNHCR struck a partnership with a private gas company in Niger to ensure the sustainability of the project.
“If we don’t invest in the future of the children, of the young people, then the risk is that we slide back into insecurity. “
Not only does the use of gas protect the environment, which is essential in the Lake Chad Basin, but it provides multiple other benefits. “The gas has changed a lot of things in our life,” Bintu, a local woman hosting refugees in her home, told Grandi.
The cost of gas refills is far lower than the price of wood, which means people have more money to invest in other areas. Women and girls are also spared having to gather firewood far from home, where they are vulnerable to assault. It also enables girls to spend more time in school rather than on domestic chores.
The High Commissioner, noting that Diffa had been one of the most prosperous regions in Niger, stressed that: “If we don’t invest in the future of the children, of the young people, then the risk is that we slide back into insecurity. We cannot afford that. The people cannot afford that. The authorities cannot afford that.”
During a meeting on Sunday with Niger Prime Minister Brigi Rafini in Niamey, Grandi reiterated, that, “Niger is an example that I assure you I will use around the world.”
For more information go to : http://www.unhcr.org/news/latest/2016/12/584ff3cc4/un-refugee-chief-praises-nigers-help-refugees.html
Le Gouvernement du Niger a fait part à l’UNHCR de sa décision de fermeture définitive de la Zone d’Accueil des Réfugiés (ZAR) maliens de Tazalit. Le 6 octobre 2016 une attaque avait causé le décès de 22 militaires en charge d’assurer la sécurité de la ZAR.
Pour les réfugiés de Tazalit, la relocalisation volontaire vers la Zone d’Accueil d’Intikane est aujourd’hui proposée. Sur le terrain, échanges et sensibilisations auprès des réfugiés de Tazalit et d’Intikane sont en cours. Les discussions se poursuivent entre l’UNHCR et les autorités pour définir les modalités techniques et les actions conjointes pour accompagner la mise en œuvre de cette décision dans la sécurité et la dignité des refugies.
3854 réfugiés maliens sont actuellement présents à Tazalit, 18241 à Intikane.
Les flux migratoires qui traversent le Niger sont aujourd’hui regardés de près mais très souvent la lecture est biaisée par un manque de finesse dans l’analyse. L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) est particulièrement active au Niger. Giuseppe Loprete en est le chef de mission. Il apparait intéressant de prendre aujourd’hui le temps de profiter de l’expertise de l’organisation pour discuter chiffres, tendances de mouvements et protection internationale.
Mr Loprete, dans le dernier rapport statistique de l’OIM sur les flux migratoires à travers le Niger, nous pouvons voir qu’il a été observé le mouvement de plus de 417,000 personnes depuis le début de l’année. Alors que les débats autour de la pression migratoire sur l’Europe sont à leur paroxysme, ces chiffres sont très souvent repris sans analyse par des acteurs extérieurs. Pouvez-vous nous aider à mieux les appréhender ?
Les flux migratoires traversant le Niger sont divers et complexes. Le Niger étant un Etat Membre de la CEDEAO, espace de libre circulation, voit venir beaucoup de migrants des pays de la CEDEAO. Les routes entre le Niger, l’Algérie, la Libye, le Mali et le Burkina, entre autres, sont des routes de migrations anciennes qui datent de bien avant les pressions migratoires sur l’Europe. Il faut tenir compte du contexte historique quand on observe les flux migratoires.
Il est important de préciser que les observations de l’OIM se concentrent sur deux localités : Arlit et Séguidine, où sont observés les flux dans un sens comme dans l’autre. Il ne s’agit pas ici de contrôle de l’immigration qui relève de l’Etat.
Dans les flux migratoires qu’observe l’OIM on peut distinguer plusieurs ‘catégories’ de migrants.
En ce qui concerne les individus « sortants », il y a premièrement les migrants allant vers la Libye et l’Algérie pour des raisons économiques, afin de travailler sur place ; une migration donc généralement circulaire/saisonnière. Les migrants Nigériens sont principalement dans cette catégorie. Ils suivent une tradition de migration économique circulaire bien établie dans les régions frontalières. Il est assez commun d’aller travailler dans ces deux pays à partir du Niger pendant plusieurs années avant de retourner au Niger. Les personnes effectuant cette migration s’engagent à faire aussi des voyages courts en Libye et en Algérie pour s’approvisionner en marchandises qui sont ensuite revendues au Niger. Selon les observations de l’OIM, 42,000 personnes effectuant ce type de migration circulaire, ont transité les deux points de monitoring des flux depuis février 2016.
Deuxièmement, on trouve les migrants de l’Afrique de l’Ouest allant vers la Libye ou l’Algérie et qui ont souvent l’intention d’aller en Europe. La plupart sont des citoyens de la CEDEAO et peuvent librement circuler au Niger. Cependant la plupart qui entrent en Libye le font sans visa valide et seront ainsi en situation irrégulière. De la frontière Libyenne ils se dirigent vers Tripoli avec l’intention de prendre un bateau allant vers l’Italie. La majorité de ces migrants payent la grande partie de leur voyage dès leur départ d’Agadez, car la difficulté du terrain désertique (absence de routes, climat difficile, manque de réseau téléphonique) fait qu’ils sont dépendants de transport organisé pour arriver en Libye. Ces migrants représentent une grande partie des flux avec 180 000 migrants observés depuis février 2016.
Enfin, les migrants « entrants ». Ce chiffre reflète le nombre de personnes qui sont observées dans les Points de Monitoring des Flux dans le sens Libye-Niger / Algérie-Niger et non les entrées sur le territoire nigérien en général. Il s’agit ici soit des travailleurs Nigériens mentionnés ci-dessus soit des migrants Ouest Africains qui retournent vers leur lieu d’origine. Ces migrants Ouest Africains ont soit travaillé en Libye et la situation actuelle les a incité à partir, soit ils ont avaient l’intention de faire la traversée vers l’Europe mais ont été découragés par les conditions difficiles et parfois violentes en Libye. Selon les observations aux points de monitoring, ce chiffre s’élève à 100 000 personnes.
Au cours des dernières semaines, il apparait dans le rapport statistique que les mouvements se sont drastiquement réduits. Quel en est selon vous l’explication ou les explications?
Les flux migratoires ne sont généralement pas constants. La baisse actuelle peut être expliquée par plusieurs facteurs qui influencent les mouvements des personnes à travers la zone, mais toutes ces explications possibles restent à vérifier. Il faut prendre en compte notamment les tendances saisonnières, l’existence d’une multitude de routes et de réseaux de passeurs ou encore les opérations menées par les autorités pour la mise en œuvre de la loi sur le trafic illicite de migrants ce qui signifie contrôle et arrestation de passeurs présumés.
Mais comme je l’ai mentionné, nous observons les flux sur deux localités depuis le début de l’année 2016, et l’observation sur plus long terme permettra sans aucun doute d’identifier des tendances plus claires.
OIM et UNHCR travaille étroitement dans le cadre du référencement des potentiels réfugiés identifiés dans la région d’Agadez. Au milieu de ces mouvements importants, il apparait que cette catégorie de personnes ne représente qu’une très faible proportion du flux. Moins d’une quinzaine de cas ont été référencés depuis le début mais il reste fort probable que nombreux échappent encore aux deux organisations. Quels sont pour vous les principaux défis à relever pour identifier les personnes qui pourraient bénéficier de la protection internationale et donc réduire pour elles les risques d’une traversée hasardeuse ?
Nous nous félicitons de la coopération établie avec le HCR. Les agents de profilage qui enregistrent les migrants qui demandent l’assistance au retour volontaire au sein de nos centres ont par exemple été conjointement formés par les collègues du HCR et de l’OIM. Aussi, nous avons conjointement adapté les outils de profilage et d’enregistrement des migrants, afin d’assurer une identification des besoins de protection internationale.
Chaque migrant avec qui nous communiquons est informé sur les possibilités de demander la protection et sa situation individuelle est évaluée au moment de l’enregistrement au regard des critères de protection. Comme je l’ai décrit, nous rencontrons avant tout des migrants économiques venants des pays de l’Afrique de l’Ouest comme le confirment nos statistiques. Nous avons depuis le début de l’année référencé 13 personnes qui demandaient la protection internationale, mais celles-ci n’ont soit pas été évaluées comme éligibles en raison de l’absence de réunion des critères pertinents, soit ont décidé d’abandonner leur requête.
La priorité pour l’OIM est donc, selon moi, de continuer le travail de sensibilisation sur les risques de la migration dans des conditions irrégulières et l’existence d’alternatives, en coopération avec tous les partenaires.
Après une première édition de collecte d’habits pour les enfants réfugiés Malien http://unhcrniger.tumblr.com/post/137550999259/de-la-sc%C3%A8ne-au-camp-de-mangaiz%C3%A9, l’artiste Filo La Diva a réitéré samedi 27 novembre. Pour ce deuxième évènement et entourée par d’autres artistes nigériens l’artiste visait les populations déplacées de la région de Diffa avec un slogan « Diffa, nous sommes tous concernés ». « Cet évènement montre l'engagement de la population de Niamey par la voix des artistes et combien nous sommes attachés à ce que les choses aillent mieux dans cette partie du Niger. En tant qu'artiste, nous n'avons pas un grand moyen financier mais nous avons notre métier à mettre au service de la citoyenneté et de l'engagement social ». Le bureau de l’UNHCR Niger s’engagera à acheminer les habits vers la région de Diffa.
For several weeks, a major change has been made by the UNHCR operation in the response in the Diffa region. In August 2015, a first step was taken to shorten the 1,400km distance between the UNHCR Headquarters in Niamey and the Diffa Field Office, through the establishment of a Sub-Delegation office in Zinder to manage the Diffa field operations. 400 kilometres separates the two towns. As Diffa is located just several kilometres from the border with Nigeria, the security situation was the main reason behind the creation of an additional office outside of the region.
Despite the fact that the security situation in the Diffa region remains volatile today, a better understanding of the context and the need to be more present on the ground has led to a major strengthening of the UNHCR presence in Diffa. To-date, fifteen containers have been installed on the compound neighbouring that of the other UN agencies in Diffa town, while 32 UNHCR staff are now permanently positioned in Diffa. Additional staff are expected to join the Office in 2017. In Zinder, UNHCR maintain a minimal presence to aid in transit for missions from Niamey, and to maintain a closer presence, in the situation of a rapid degradation of the security situation.
Avec 1384 élèves, (1 192 enfants réfugiés et 192 Nigériens) et 23 enseignants, l’école de la zone d’accueil des réfugiés de Tahoua est aujourd’hui l’école la plus grande de la région de Tahoua. Elle est aussi la plus mixte avec près de 45% de filles. Au regard de la conjoncture actuelle de manque de ressources, et le départ de nombreux partenaires, la cantine de l’école était menacée de fermeture avec pour conséquence la mise en péril des avancées réalisées depuis 4 ans notamment avec un niveau d’enrôlement particulièrement élevé. Dans leur mode de vie semi-nomade, la mise en place de la cantine à l’école d’Intikane a été un puissant déterminant pour les parents d’inscrire et de maintenir les enfants à l’école, pendant qu’eux-mêmes partent en transhumance ou vaquent à d’autres activités.
La situation a aujourd’hui une fin heureuse. L’organisation allemande ADH a débloqué des fonds d’urgence pour assurer 2 repas quotidiens équilibrés sur le plan nutritionnel pour l’ensemble des élevés au titre de l’année scolaire 2016-2017. L’activité est mise en œuvre par l’ONG allemande ASB avec le support de l’ONG nigérienne ADKOUL, gestionnaire délégué de la ZAR d’Intikane.
La cantine va aussi être équipée en foyers et gaz de cuisine, afin de réduire l’utilisation du bois dans cette zone désertique : l’économie de bois pour l’année scolaire étant estimée à 100m3. 17 emplois sont aussi maintenus.
Cet appui permet de ne pas casser la dynamique en cours et offre une alternative en attendant d’aboutir à une solution durable : celle de l’intégration de l’école d’Intikane dans le programme national des cantines scolaires. Cette intégration suppose la transformation de l’école d’Intikane en école publique nigérienne. Les autorités, particulièrement ouvertes pour permettre l’intégration des réfugiés dans les mécanismes nationaux de provision des services de base, ont déjà donné leur aval. Cette intégration suppose une mise aux normes avant l’année scolaire 2018-2019.
Since 2013, the Diffa region in Niger has been receiving displaced persons from Northern Nigeria fleeing the conflict of Boko Haram. Sadly, the situation deteriorated in February 2015 with the first attacks within the region itself, while the population displaced by the violence continues to grow, in particular internally displaced persons.
The displaced population in the region now number over 250,000 people (October 2016), the highest number ever recorded in the region. The Diffa situation is quite unique as refugees, returnees and internally displaced persons (IDPs) are mainly living outside of camps. Just two official camps exist, one for refugees and one for IDPs, however the two camps combined host less than 20,000 people.
In recent months, and in particular following a series of violent attacks in the area of Bosso in the east of the Diffa region in June, the need for enhanced information management has never been so urgent. The attacks and the consecutive population movements drastically changed the operational context. Before this period, the displaced were mainly settled in towns and villages. However, in recent months, over 50 spontaneous sites appeared along the Route Nationale 1, the single paved road running through the region from east to west. Most of the population have settled along this road in search of security. The displaced population is also very mobile, moving from site to site in preventive or post attack movements, as well as for survival as they move in search of assistance.
Since the beginning of the crisis, UNHCR and its information management partner REACH are conducting extensive mapping exercises of all the villages and towns hosting refugees and returnees from Nigeria. The maps provide information regarding the existing infrastructure and the capacity of the infrastructure. Progressively, UNHCR have developed other information management tools such as a 6W matrix to track all activities being implemented in the region at the village level.
For the mapping of towns and villages hosting displaced populations, the images used are generally free images obtained on specific online websites. For the mapping of existing towns and villages, this serves as an adequate basis, however it is more complex for the visualisation of open areas hosting newly displaced outside of towns and villages such as the spontaneous sites along the Route Nationale 1. For this reason, UNHCR became interested in the use of a drone to capture up-to-date images of these areas.
To understand the dynamics of the population movements properly, UNHCR decided to contract a local innovative ‘drone mapping’ expert to travel to Diffa. The drone is known as a UAV (Unmanned Aerial Vehicle) drone, T800. It is a small lightweight aircraft of just 2 meters in diameter. It is equipped with a high resolution camera capable of operating automatically without the need for human intervention.
During the month of September, a series of drone flights were carried out to capture images and video, which were then converted into extremely detailed maps of the various sites and settlements. The drone provided the possibility to rapidly visualize the current situation in the sites. Following the mapping exercise, UNHCR and REACH provided additional detailed information through GPS points for infrastructure and existing services in the sites such as water systems, education, health and sanitation facilities, which were incorporated into the drone image maps in order to identify gaps, for example in terms of the availability of drinking water and availability of latrines according to basic standards. The results aid in the delivery of an appropriate response for the population. The images clearly show the size of the various sites and the numbers of shelters in place.
The process of registration of the displaced population in such a complex and dynamic context is extremely challenging. However, the visibility of the number of shelters per site enables a better analysis of the populations present in the biggest spontaneous sites, thus aiding the registration process.
The drone was also used to provide detailed images for maps of the two existing camps in the region, Sayam Forage refugee camp and Kabelawa IDP camp. Kableawa IDP camp currently hosts around 15,000 people. The population increased dramatically, with much inward and outward population movement in recent months, due to the threat of attack. The use of the drone in this volatile situation has provided an image of the rapid spatial evolution of the camp, which is essential for adequate site planning and adjustment of existing infrastructure.
An additional benefit of the exercise is the identification of environmental issues in the region and especially the availability of wood resources around the spontaneous sites. In the areas surrounding the sites, trees are cut by the vulnerable displaced population who are unable to buy wood for cooking, due to their low purchasing power. The situation is extremely worrying, as even before the crisis and this new demographic pressure on natural resources, the region was facing a serious environmental crisis: two thirds of the region is affected by desertification. In 2016, UNHCR began to implement a gas for domestic energy project in the Diffa region. One in every four inhabitants in the region has benefitted from the project, which is strongly supported by the Regional Directorate of Environment. For some of the sites, the drone images will provide the possibility to monitor the evolution of the environmental situation and the use of wood.
It’s the first time that the office of the UNHCR in Niger has used drone technology. Following an important initial collective learning phase, it is clear to see the multiple benefits of the project. The next drone flight should take place in early 2017, enabling a new visualisation of the situation.
Lancé en 2013 pour donner la latitude aux réfugiés de choisir eux-mêmes leur ration auprès des commerçants partenaires du PAM, en diversifiant le contenu de leur panier, le coupon (voucher) cash est désormais remplacé par la carte électronique d’assistance dans le camp de Mangaizé à travers le système SCOPE.
Mis conjointement en œuvre par le PAM et l’UNHCR depuis le 17 aout 2016, ce projet couvre au total 9 000 bénéficiaires. Il consiste à remettre aux réfugiés des cartes magnétiques dans lesquelles, chaque mois, l’assistance alimentaire mensuelle destinée au ménage est rechargée.
Le mécanisme simple, innovant, accessible est adapté aux besoins des réfugiés et des commerçants.
En effet, après confirmation de l’identité et du statut du ménage par l’UNHCR, les chefs de ménage reçoivent leurs cartes électroniques d’assistance, et peuvent directement se rendre dans les centres de distribution où les commerçants vérifient les données personnelles avant de les servir.
Ce nouveau mécanisme revêt une multitude d’avantages. Tout d’abord, il permet de réduire le temps d’attente lors des distributions traditionnelles des coupons puisque le bénéficiaire reçoit instantanément un transfert dans sa carte sans quitter son abri. «Je peux maintenant aller faire mes courses comme tout le monde et choisir les produits que j’ai l’habitude de consommer. Grâce au nouveau système, je gagne beaucoup de temps. Je ne dois plus faire la file pour recevoir les bons», nous confia Moziga Aïchatou, une malienne de 44 ans ayant rejoint le camp en 2012 avec son mari et leurs 10 enfants. Elle trouve cette initiative assez salutaire car, représentant une sorte de portefeuille pour les chefs de ménage, cette carte leur permet de s’approvisionner en toute discrétion.
Ensuite, il diminue considérablement la charge de travail de gestion pour le PAM et ses partenaires car la carte est émise pour la durée de l’appui et est automatiquement rechargeable avec des frais de transaction minimisés. Ainsi, les partenaires du PAM ne sont plus confrontés à des problèmes d’authentification des coupons ou de comptage, ils ne doivent plus soumettre de factures avec pièces et encore moins se rendre à la banque pour être remboursés.
Par ailleurs, au lieu d’attendre la centralisation des données collectées manuellement dans le cadre du suivi, le système permet un accès rapide à des données générées automatiquement sur la base d’informations à jour que ce soit sur la distribution, les bénéficiaires, etc. Cet accès aisé aux données facilitera l’analyse et la prise de décision rapide.
Selon une première analyse coût-efficacité, cette assistance électronique devrait permettre d’économiser 60 000 USD par an comparativement au coupon en papier, et ce uniquement sur le camp de Mangaizé.
Une extension est prévue dans les autres camps pour les 66 300 bénéficiaires avant la fin de l’année. En 2017, c’est la totalité des personnes assistées par le PAM qui devrait être couverte par SCOPE.
Le PAM et le HCR ont lancé ce nouveau mécanisme de distribution, pour asseoir et renforcer davantage la qualité de la réponse, son efficience et son efficacité. Cette initiative présente une approche plus stratégique de collaboration qui permettra aux deux organisations des Nations Unies de mieux planifier et d'améliorer sensiblement l'efficacité et la qualité de leurs réponses aux réfugiés. Elle aboutira à de meilleurs résultats et, en dernière analyse, à un plus grand impact sur les bénéficiaires
Abdulrahman was beaming from ear to ear as he explained that he was preparing to move to Tahoua region in Niger to begin his University studies in Agronomy and Food Industry. Abdulrahman is one of four refugees in Niger who were selected for a prestigious DAFI scholarship. The DAFI scholarship programme began in 1992, and enables over 2,200 students annually to undertake post-secondary studies in countries of asylum. For more information, Click here (http://www.unhcr.org/dafi-scholarships.html).
In 2017, Abdulrahman was one of four refugee students in Niger selected for the scholarship programme, the other students selected are from Mali (2) and from Nigeria (1). Abdulrahman arrived to Niamey, Niger from the Central African Republic with his six siblings and his parents two years ago. He says that he and his family fled inter-religious war, and appreciates the freedom he has in Niger, “here, there is no problem between the Muslims and the Christians, I feel safe and I can move freely, it was not like that in my city”. Sadly, his father passed away several months ago in Niger. He is the second oldest in the family, and feels responsible for his family, “with an education, I will be somebody in the world, I can have a steady income and help my mother and my family”.
Prior to 2017, several refugees in Niger were selected for DAFI scholarships for studies which they are currently completing in universities in Senegal, however this year it was decided to send the students to universities in their host countries. There are several reasons for this, including the fact that there are adequate educational institutions available in the asylum countries, the students will be able to stay closer to their families, and a closer relationship between UNHCR and the students is possible, both during and after their studies. In Niger, the University of Tahoua and UNHCR recently signed an agreement for the provision of education to refugees in Niger which is a very positive step, as Higher Education is a clear priority in UNHCR’s overarching Education Strategy, and for the state of Niger.
In addition to higher education, UNHCR are involved in several other innovative education projects in Niger, including the Distance Education Project for Nigerian Secondary Level students in the Diffa region , and Ecole de Second Chance , for urban refugees in Niamey. Support for primary education for all Malian refugees in the camps and refugee hosting areas, and primary education for Nigerian refugees and IDPS in the camps in the Diffa region is also being provided since 2012.
“Maybe if my country becomes calm again I will return with my mother and my brothers and sisters, but for now we are content in Niger, and I will be happy when I finish my studies and can participate in commerce to help my family”.
La race bovine Kouri est une espèce endémique au bassin du Lac Tchad. Parmi les races bovines d’Afrique, cette race est intéressante en raison de ses particularités biologiques notamment en termes de résistance aux pathologies tropicales. Elle est aussi à la base d’un système de nomadisme particulier, les éleveurs se déplaçant d’une ile à une autre à la recherche de pâturages. Ses cornes flottantes sont exploitées lors des traversées et constituent une caractéristique unique de cet animal. Sa docilité et sa bonne performance laitière en font aussi un animal très prisé par les éleveurs.
La dégradation de la situation sécuritaire sur le Lac Tchad et son évacuation consécutive font peser de sérieux doutes sur l’avenir de la race Kouri, déjà fragilisée lors des phases naturelles de rétrécissement du lac. La race Kouri ne supporte pas les zones dunaires et arides. En temps normal, les bovins passent neuf mois sur douze sur le lac rejoignant la terre ferme uniquement pendant l’hivernage (saison des pluies), période durant laquelle les pâturages deviennent denses. Au-delà de cette période spécifique, les kouris doivent retourner dans leur environnement naturel, aujourd’hui sans les hommes. Comme Oumarou Arami éleveur Nigérien âgé de 45 ans nombreux éleveurs ont dû abandonner leur troupeau sur le Lac occasionnant des pertes automatiques. Oumarou explique : « avec la crise les éleveurs ont perdu des dizaines de milliers de vaches Kouri détournées par les insurgés mais aussi par des voleurs qui ont profité de l’abandon des animaux par leurs propriétaires. Les vaches sont détournées pour être revendues sur des marchés ou abattues pour être transformées en viande boucanée ». En juillet 2016, l’UNHCR et son partenaire Search For Common Ground réalisaient une enquête sur l’augmentation des tensions communautaires dans la région de Diffa. Cette enquête révélait que pour 81% des personnes interrogées, le « vol de bétail » était la première cause des tensions actuelles Cliquez ici .
Une alternative, précaire tant pour la santé animale que pour la sécurité des éleveurs, est de rester en bord de Lac. Mais la concentration des animaux et le déficit fourrager consécutif à la mauvaise campagne 2015 ont provoqué une perte importante du bétail. La saison des pluies 2016 s’achève aussi sur des déficits considérables au nord du Lac.
La problématique pastorale reste la grande oubliée dans la réponse humanitaire à Diffa. Mis à part le CICR, peu ou pas d’interventions à la hauteur des besoins et des risques sont mises en place. Les éleveurs sont un pilier essentiel de la vie socio-économique de la région de Diffa. Les accompagner rapidement et de manière profonde reste incontournable.
Le libre arbitre à la place des experts, du cash à la place de kits préétablis. Depuis 2015, les ménages réfugiés maliens du camp de Mangaize reçoivent chaque mois 10,000 FCFA pour leurs besoins en biens non alimentaires et leurs abris. En quelques mois, le résultat est limpide : le camp de réfugiés maliens de Mangaize ressemble de plus en plus au Mali. Progressivement, les ménages réajustent leurs abris selon leurs habitudes culturelles. Côté fraicheur, le résultat est aussi sans appel. L’intervention est aussi doublement positive économiquement : positive pour les finances de l’UNHCR enlevant de fait tous les couts liés au transport ou au stockage des abris ; positive pour l’économie locale car elle fait « circuler l’argent ».
Pour tous les humanitaires ayant travaillé à Bosso, Beram Elh Adam est une personne de référence. Beram est membre du Comité de Développement Communal (nouvelle appellation du Comité d’Action Communautaire). Particulièrement active, Beram, à travers le CAC, était le pilier d’un mécanisme communautaire permettant d’alerter sur les mouvements de population, d’identifier et d’accueillir les déplacés, mais aussi d’accompagner les interventions humanitaires. Beram est attachée à sa ville et n’a jamais vraiment pu la quitter malgré l’insécurité et les pressions qu’elle a pu subir.
Beram, comment va Bosso aujourd’hui ?
70% de la population de Bosso est actuellement de retour. On peut dire qu’environ 8000 personnes sont rentrées. En dehors des autochtones, quelques retournés du Nigéria qui étaient avec nous depuis le début de la crise et ayant déjà construits leurs maisons sont également revenus habiter avec leurs familles. Mais Il faut aussi mentionner que depuis les attaques de juin de nombreuses personnes de Bosso sont restées à N’Gagam, Toumour, Kindjandi et Garin Wanzam pour mener des activités commerciales. Dans ces zones, le marché est plus propice.
Moi, je suis de retour à Bosso depuis plus de trois mois et les choses ne se passent pas trop mal au regard de la situation sécuritaire. Le calme est revenu. La ville de Bosso n’a plus connu d’attaques depuis celle qui a fait fuir toute la population en Juin. Seule sa périphérie est concernée par les attaques.
Est-ce que le CAC dont vous étiez une figure centrale est toujours actif ?
On peut dire que nous ne sommes pas actifs. Actuellement, seul le CICR intervient activement à Bosso et il s’appuie sur les volontaires de la Croix Rouge. Tous les partenaires qui intervenaient avant ont quittée à cause de l’insécurité. Bosso ne connait actuellement pas de nouveaux déplacements de populations qui arrivent en dehors de sa population qui revient. Donc les sollicitations pour l’assistance et les facilitations pour lesquelles nous étions des personnes centrales ne sont plus d’actualité. On est quasiment désoccupé depuis un bon moment en tant que CAC mais on continue à être actif dans la communauté en tant qu’individu.
Vous avez côtoyé de près depuis 2013 toutes les différences phases de la crise. Etes-vous optimiste et comment vous projetez vous vers l’avenir ?
On peut présager un changement probable à partir du milieu de l’année 2017 si la situation sécuritaire évolue positivement. Le premier semestre de 2017 est central : la condition pour espérer un retour à la vie normale et la relance des activités agricoles et du commerce. Voyez-vous, aucune activité vitale n’est encore possible à Bosso : pas d’agriculture, pas de pêche ni d’élevage et le commerce qui tend également à disparaitre de Bosso car le jour de marché n’est plus tenu pour des raisons sécuritaires. On vit comme on peut et c’est tout.
Pour les populations réfugiées, je n’imagine pas qu’elles puissent retourner chez elles en 2017. Elles seront ici encore avec nous l’année prochaine. Il faut un retour total de la quiétude pour leur assurer de ne pas mettre la vie de leurs enfants en péril. Les choses n’ont pas été faciles pour les réfugiés. Il faut aussi comprendre que les populations retournées et réfugiées ont tout perdu. Elles doivent repartir de zéro et dans un contexte économique aussi fragile ce n’est pas évident.
En février 2015, un reportage sur les CAC était réalisé. Pour le visionner cliquez ici http://unhcrniger.tumblr.com/post/110659790109/les-comités-daction-communautaire-un-engagement
At approximately 3:00pm, the military position in the refugee hosting area of Tazalit in the region of Tahoua, bordering Mali was attacked by a group of armed assailants, whose identities are not yet known. The attack resulted in the deaths of 22 Nigerien military officers and the injury of five others. It is reported that the remaining three military officers who were at the post at the time, managed to escape unharmed. The ‘refugee hosting area’ currently hosts almost 4,000 refugees, however none were harmed during the attack.
It is reported that the armed assailants arrived to the site in two pick up trucks. Witnesses say that following the attack, the assailants stayed in the area for up to 2 hours, and looted the health centre, stealing a significant stock of medication. They also burned a UNHCR ambulance, which was at the site. No UNHCR staff or partners were present when the attack took place. The attackers then stole a military vehicle and fled the scene, before support arrived.
This is not the first attack against security forces guarding Malian refugee camps in Niger. Less than one month ago, on the 10th of September, armed assailants attacked the security post at the camp of Tabareybarey in the region of Tillabery, which also borders Mali and is home to almost 10,000 refugees. A young Malian refugee woman of 18 years was killed, as well as a 5 year old refugee boy, while five others were shot and wounded.
UNHCR strongly condemns these acts of violence against Niger’s military forces, working to protect and secure the safety of vulnerable Malian refugees, who have been forced to flee their country since violence and civil war broke out in 2012. UNHCR are also troubled by the increasing number of violent incidents in the western regions of Niger bordering Mali, including ambushes, armed robbery and mine incidents.
Immediately following the attacks, UNHCR sent a team from Niamey to the site to identify the needs and provide a response. Senior management will travel to the area on Saturday to meet with the community and the authorities and express support and solidarity.
Despite the fact that the Algiers Peace Accord was signed in June 2015 between several of the conflicting parties in Mali, inter-communal and inter-ethnic violence continues in the northern part of the country, forcing more refugees to flee to neighboring Niger. The UN MINUSMA forces in Kidal in Northern Mali also suffered attacks and casualties during the week.
Niger currently hosts over 60,000 Malian refugees, and welcomed over 5,000 new arrivals in 2016 alone. Niger also hosts over 80,000 Nigerian refugees in the east of the country. UNHCR respects and appreciates the solidarity shown by the Niger government welcoming vulnerable refugees fleeing both Mali and northern Nigeria. UNHCR’s MoU with the Niger government regarding the provision of security in the refugee camps and hosting areas was amended in August to include the camps in the Diffa region, hosting refugees fleeing Boko Haram.
Le Niger est actuellement touché, près de la frontière avec le Mali, par une épidémie de fièvre de la vallée du Rift, qui a déjà fait 29 victimes. Qu’est-ce que cette maladie ? Peut-elle se propager ? Réponses du docteur Gilles Koukpo, qui coordonne les activités médicales dans la région infectée.
Identifiée pour la première fois en 1931 dans une ferme de la vallée du Rift, au Kenya, la fièvre de la vallée du Rift a été signalée en Afrique du Nord, en Tunisie et en Algérie, comme en Afrique subsaharienne au Sénégal, en Somalie ou en Tanzanie. Se propageant à l’homme via le bétail ruminant, elle a déjà touché 96 personnes au Niger, non loin de la frontière malienne, depuis fin août, pour 29 décès répertoriés.
Interview du docteur Gilles Koukpo, qui coordonne les activités médicales à Tchintabaraden pour l’ONG Alima.
Jeune Afrique : Qu’est-ce que la fièvre de la vallée du Rift ?
Docteur Gilles Koukpo : C’est un virus qui se propage via les ruminants de grande et de moyenne taille, comme les vaches, les moutons ou les chèvres. Ceux-ci sont atteints après avoir été piqués par des moustiques « Aèdes et Culex » infectés et cela se propage à l’homme via les produits issus des troupeaux. L’humain peut être contaminé en buvant le lait cru de bêtes, en mangeant de la viande saignante ou en manipulant le sang d’un contaminé. L’homme peut également être directement infecté par un moustique ayant auparavant piqué un ruminant malade.
Pour lire l’intégralité de l’Interview : Cliquez ici
Nouveau décor pour orner la façade du bureau de l’UNHCR à Niamey. Après une fresque qui symbolisait l’accueil et la solidarité de peuple Nigérien, place aujourd’hui à une série de portraits de réfugiés maliens réalisés par Titouan Lamazou, artiste UNESCO pour la Paix, lors de son séjour au Niger en 2014 et présentés dans son ouvrage « Retour à Tombouctou » (http://www.titouanlamazou.com/en ). L'opération de l’UNHCR au Niger remercie chaleureusement Titouan pour nous laisser faire vivre ses œuvres en plein Niamey et l’invite à se rendre prochainement à Diffa pour continuer à mettre en valeur les visages et les vies.
Pour voire d’autres œuvres de Titouan Lamazou réalisées lors de son séjour au Niger : http://unhcrniger.tumblr.com/Titouan
Yvan Guichaoua, est enseignant - chercheur. Sur ce blog, il partageait en Novembre 2015 son analyse autour des mouvements, de leurs causes, de population depuis le Mali et vers le Niger.Lire l'article . La bande frontalière Mali – Niger est une zone particulièrement crisogène. Les récents évènements de Tabareybarey l’ont rappelé.
Dans le monde des ingénieurs de la paix, choisir le nom que l’on donne à un conflit violent, c’est déjà le résoudre en partie. Un conflit labellisé « agriculteurs-éleveurs » se traite par des négociations sur l’usage des ressources naturelles. Une rébellion séparatiste conduit éventuellement à des révisions constitutionnelles (décentralisation, fédéralisme). Les attaques « terroristes » appellent des réponses musclées, car « on ne négocie pas avec des terroristes ».
Le problème est qu’au Sahel, et ailleurs dans le monde, les conflits violents n’ont que rarement une seule dimension. Ils sont enchevêtrés et mobilisent une myriade de protagonistes aux alliances complexes et mouvantes. Leur attribuer un label et, ainsi, suggérer leur mode de résolution exclusif est donc lourd d’erreurs potentielles.
Pour lire l’intégralité de l’article : Cliquez ici
Les derniers chiffres du recensement de la population déplacée dans la région de Diffa, publié par le Ministère de l’Intérieur, font état de plus de 302,000 personnes réparties sur 60 sites spontanés, villages et sur les deux camps de Kabelawa et Sayam Forage. Ces chiffres incluent les réfugiés, les retournés nigériens et les déplacés internes. En mai 2016, plus de 250,000 avaient été dénombrés.
La zone d’accueil des refugiées d’Intikane (ZAR) est aujourd’hui totalement intégrée dans son terroir d’accueil. Un bon indicateur pour lire cette intégration est celui de la mobilisation des acteurs nationaux autour de la ZAR. C’est actuellement le cas pour l’éducation. L’ONG nigérienne Hed Tamat vient d’apporter une contribution de 6,950,000 CFA (plus de 10,000 euros) pour soutenir la scolarisation des enfants réfugiés et nigériens de l’école d’Intikane. Cet appui est destiné à assurer le paiement des primes de motivation des enseignants et a couvrir une partie des besoins en vivres de la cantine.
Cet appui de l’ONG Hed Tamat est en soit doublement symbolique : comme le confirme le Coordinateur de l’ONG Hed Tamat, il est indéniablement tourné vers le futur: « appuyer l’éducation, c’est appuyer l’avenir. C’est la raison pour laquelle nous nous intéressons de plus en plus à l’éducation sur cette Zone d’Accueil des Réfugiés, en marge des investissements que nous y faisons déjà en matière de soutien aux activités génératrices de revenus» ; Il renverse les habitudes : une structure nationale venant accompagner les efforts d’une organisation internationale faisant face à une réduction drastique de ses fonds pour les réfugiés maliens.
L’éducation dans la zone d’accueil des réfugiés d’Intikane s’apparente à une véritable « succès story ». Avec plus de 1200 élèves, l’école d’Intikane est la plus grande de la région de Tahoua : le taux de scolarisation au primaire des enfants réfugiés d’Intikane est passé de 8% au Mali à 78% au Niger. Mais après 4 ans au Niger, les enfants ont grandi et un nouveau besoin apparait : la continuité vers le secondaire. La Direction Régionale des Enseignements Secondaires de Tahoua vient de faire la demande à son Ministère pour l’ouverture d’un collège dans la localité voisine de Telemces. La mutualisation des efforts se poursuit.
La gestion des déchets dans les camps de réfugiés est souvent un processus inabouti. Afin de maintenir des espaces sains, des activités de collectes et des centres de tris sont mis en place au niveau de chaque camp. Cependant dans un pays comme le Niger où les mécanismes formels de traitement sont inexistants, les déchets s’amoncellent et leur avenir une fois qu’ils quittent le camp reste une grande inconnue.
Pour pallier à cette insuffisance, l’UNHCR et l’ONG GVD Afrique ont depuis mai 2016 enclenché une vaste réflexion incluant au-delà du traitement l’entreprenariat des jeunes. Pour chaque camp de la région de Tillabéry, trois jeunes réfugiés et trois jeunes locaux ont été identifiés et formés dans la gestion et la valorisation des déchets. Les bidons en plastique du camp et des villages d’accueil peuvent devenir aujourd’hui des pavés, et les matières organiques du compost. En parallèle du processus technique de transformation des déchets, les stagiaires ont bénéficié de modules autour de la gestion de petite entreprise collective. Comme Safia, jeune couturière originaire du village de Mangaize, les stagiaires ont rapidement cerné la portée de la formation : « je vois aujourd’hui la possibilité de profiter des déchets que nous jetons dans le village et qui peuvent être recyclés pour nous offrir des revenus. Une fois au village je prendrai mon courage pour sensibiliser mes amies et mes mères’’.
Pour Moussa cette formation est une aubaine afin de casser le cercle vicieux de l’inactivité des jeunes réfugiés dans le camp de Abala : « je pense qu’à partir d’aujourd’hui j’ai retrouvé un boulot. Avec mes amis, nous allons nous mobiliser pour faire la collecte des déchets tant au niveau du camp et que de la ville d’Abala’’.
Pour les jeunes formés la prochaine étape est l’appui en machines pour mettre en place de petites unités de traitement des déchets au niveau des camps et des villages hôtes.
Au Sahel, les recherches ont montré que chez les animaux domestiques la croissance et la reproduction sont surtout affectées par la faible disponibilité et la faible valeur nutritive des pâturages. Quant à la production laitière, son principal facteur limitant est la chaleur. Or, les ligneux à travers l'ombrage offrent un abri propice où les animaux se protègent contre les effets néfastes de la température élevée surtout pendant la saison sèche et chaude. Encore, pendant toute la saison des pluies dans certaines régions du pays, surtout au Sud (où l'espace est exclusivement réservé aux cultures), les animaux, principalement les petits ruminants sont gardés en stabulation et nourris avec le fourrage ligneux. Encore, on constate dans les grandes villes du Niger l'utilisation des Produits Forestiers Non Ligneux pour assurer l'alimentation du bétail. Il s'agit par exemple des feuilles et fruits des espèces comme Faidherbia albida (Gao), Acacia raddiana (kandili en Haoussa et Bisaw en Djerma) qui se vendent sur certains axes routiers et des points à proximité des marchés à bétail.
D'autre part, rappelons que depuis Novembre 2011, le Niger a commencé l'exploitation de son pétrole. Ce qui lui permet de produire jusqu'à 300000 tonnes de gaz butane chaque année. L'utilisation de ce gaz butane permettra sans nul doute la régénération des massifs forestiers et des parcs agro forestiers.
D'autre part, rappelons que depuis Novembre 2011, le Niger a commencé l'exploitation de son pétrole. Ce qui lui permet de produire jusqu'à 300000 tonnes de gaz butane chaque année. L'utilisation de ce gaz butane permettra sans nul doute la régénération des massifs forestiers et des parcs agro forestiers. En effet il y aura moins de pression sur les ressources végétales pour des fins énergétiques car rien qu'à Niamey nous consommons environ 334533.50 tonnes de bois énergie par an. L'environnement se régénère et devient beaucoup plus productif. Ce qui contribue efficacement à l'amélioration de la performance de notre système d'élevage à travers une disponibilité permanente de fourrage frais et une réduction d'investissement important (plus de 3.000.000.000 de FCFA par an) de l'Etat pour l'achat de son de blé et de tourteaux de coton afin de pratiquer un élevage moins performant à cause des intempéries climatiques.
Ainsi, les Nigériens pourront Nourrir les Nigériens de façon durable et les sécheresses ne seront plus synonymes des crises alimentaires ou de famines au Niger.
Il est donc temps que les Nigériens prennent conscience de l'importance écologique et économique de la couverture végétale et réagissent rapidement pour sa régénération et sa protection. Nous devrons impérativement réduire l'abattage des ligneux pour des fins énergétiques et consommer le gaz butane dans les ménages.
De même, le gouvernement nigérien doit poursuivre davantage sa politique énergétique préservatrice de l'environnement pour la durabilité de nos systèmes de production en général et le système d'élevage en particulier. Enfin, nous souhaitons tout lecteur du présent article soit vulgarisateur permanent de cette politique d'utilisation de gaz butane dans son milieu pour un environnement sain et productif.
Moussa Illiassou
Direction Générale de l'Environnement et du Développement Durable
www.lesahel.org
L’accès au gaz domestique est une composante essentielle de la stratégie de l’UNHCR au Niger. Pour en savoir plus cliquez ici
Tel que relayé par les medias internationaux (http://www.rfi.fr/afrique/20160911-niger-mali-attaque-camp-refugies-tabarey-barey ), l’attaque ayant visé un poste de sécurité du camp de Tabareybarey a causé le décès de deux réfugiés, une mère de 3 enfants et un enfant de 5 ans, victimes de balles perdues. Cinq autres réfugiés, dont un dans un état grave, se trouvent actuellement à l’hôpital regional de Tillabéry.
L’UNHCR et les autorités se sont rendues auprès des familles endeuillées et au chevet des blessés. Un dispositif d’accompagnement est d’ores et déjà mis en place. Apres l’attaque de Mangaize en octobre 2014, ce nouvel évènement tragique rappelle une fois de plus que la zone reste particulièrement crisogène.
La problématique des mines et des restes d’explosifs est autant nouvelle qu’entière dans la région de Diffa. Afin de mieux connaitre la situation et rapidement mettre en place des réponses adaptées, l’UNHCR a développé un projet avec la Commission Nationale de Contrôle et de Collecte des Armes Illicites (CNCCAI). Le Capitaine Grema Mahamadou est chargé de la Composante Humanitaire pour la CNCCAI.
Mr Grema, pouvez-vous expliquer le cadre stratégique et opérationnel du projet qui lie la CNCCAI et l’UNHCR ?
Le projet se définit comme un projet à impact rapide sur les aspects de contamination en mines et restes d’explosifs de guerre. Il vise à informer les humanitaires et les populations sur les zones infestées par les mines ainsi que sur les dangers des résidus d’explosifs et de mines. C’est un projet qui s’étend sur neuf mois. Trois ont déjà été écoulés dans le cadre de la phase préparatoire et des premières missions de terrain. Une première cartographie des sites susceptibles de regorger de restes d’explosifs et de mines a aussi été réalisée. Après ce premier travail, nous sommes maintenant dans la phase de rencontre avec les autorités régionales et les responsables des forces de défense pour la mise en œuvre des activités du projet. Un atelier se tiendra à Diffa dans les prochains jours pour discuter des outils d’évaluation des risques et de la mise en place d’un mécanisme de sensibilisation.
Quels sont les méthodes qui seront employées?
Tout d’abord la mise en place de points focaux sur les sites concernés. Nous utiliserons également les radios communautaires dans le cadre des sensibilisations et des panneaux de visibilité seront installés pour matérialiser les zones à risque et les risques eux-mêmes. Une cellule régionale en charge de l’information et du déminage humanitaire sera créée. Elle sera présidée par le Gouverneur et la population civile ainsi que les divisions administratives locales y seront représentées. La cellule aura notamment en charge de recruter et de former les équipes de déminage à travers la CNCCAI.
A quel niveau évaluez vous le risque ?
Pour le moment, il reste impossible d’explorer les zones du lac par conséquent le risque y est d’autant plus élevé car nous ne pouvons donc pas y apporter une solution adéquate. Dans les autres zones, le risque sera réduit sous l’effet de la sensibilisation et de l’information.
Par rapport aux actions que la CNCCAI a pu mener dans d’autres zones du Niger la situation à Diffa a-t-elle des particularités ?
Nous avons vécu l’expérience d’Agadez qui concernait le déminage de mines anti-char. A Madama, au nord de Diffa sur la frontière Libyenne, un deuxième projet de ce type a été conduit par la CNCCAI dans le cadre du déminage des mines anti-personnel de 1945.
Dans les sites touchés par les affrontements dans le sud et sud-est de la Région de Diffa, il est question d’Engins Explosifs Improvisés et restes d’explosifs de guerre. Nous voyons déjà une grande différence. Ces zones peuvent aussi encore être touchées par d’éventuelles attaques et la zone des îles du lac où devra se dérouler une grande partie de l’opération du déminage reste actuellement à haut risque voire même infranchissable. La situation de Diffa est unique en son genre et assez complexe mais nous comptons bien aller de l’avant.
De par cette complexité, il est important de rappeler que l’objectif de ce projet est d’abord d’informer les humanitaires et les populations et de produire une cartographie tous les trois mois qui devra fournir une visibilité des sites infestés. En ce sens, le premier travail est axé sur la sensibilisation. La question de déminage arrivera en temps opportun.
Dans un contexte sécuritaire sensible tel que celui que traverse la région de Diffa, l’accès à l’assistance juridique pour les demandeurs d’asile et les réfugiés présumés d’implication dans des activités en lien avec le terrorisme reste un véritable défi. Ce défi reste d’autant plus complexe quand le nombre des demandeurs d’asile incarcérés atteint un niveau bien au-delà des capacités d’absorption du système d’asile du Niger encore jeune et fragile.
Après plusieurs mois d’échanges et de cadrage, l’Ordre des Avocats du Niger et l’UNHCR viennent de signer une Convention afin de renforcer la qualité et fluidifier l’assistance juridique à destination des réfugiés et demandeurs d’asile incarcérés. Ces derniers bénéficieront dorénavant de l’appui d’avocats mis à leur disposition. L’Ordre des Avocats a aussi nommé un point focal technique spécialement dédié à ce volet.
La signature de cette convention doit s’analyser à travers la lecture plus large d’un environnement de protection globalement favorable au Niger.
“Never assume you know the communications eco-system – never think you know how people share information and which sources they trust better than community members themselves”.
These were the words I found myself repeating in South Sudan, whilst supporting the recent CDAC Network Communicating with Communities (CwC) training. The importance of understanding the communications and media ‘landscape’ of a context or country has been well established by the #commisaid community. It is a key activity in terms of practicing what we preach – namely: listening. As it is such an essential process, a significant amount of time is often dedicated to Information and Communications needs assessments during CwC trainings
From UNHCR Innovation’s perspective, learning directly from the people we’re innovating with and for is critical. Therefore, the Emergency Lab’s first missions to an operation include an initial scoping – a rapid communications assessment – to help us develop a better contextual understanding. In late July I travelled to Diffa, in Niger, to support the UNHCR operation and partners to strengthen their communication with communities – starting with a scoping. There, I discovered an unexpectedly diverse communications eco-system.
Unexpected? In Niger, I recognised that I only partly practice what I ‘teach’.
The ongoing repeated violent attacks by Boko Haram, that started in Nigeria and have spread across the Lake Chad basin, have caused multiple population displacements. As of 30th July, there were over 187,000 Nigerian refugees displaced to countries in the Lake Chad Basin region, with many hundreds of thousands internally displaced by fighting – including within the Diffa region, where the displaced population is estimated at over 240,000, including refugees, returnees and IDPs.
As the UNHAS flight flew from Niamey to Diffa – over several hours of flat semi-deserted Sahel – I was already pre-empting solutions for the team. What was going to be feasible in this low-infrastructure, low-tech context with limited communication channels? I was already assuming I knew the communications landscape – and at 7,000 metres I definitely wasn’t designing with refugees.
During my mission in Niger these assumptions were certainly challenged. Here are a couple of examples why:
For more information go to http://innovation.unhcr.org/diffa-niger-unexpectedly-diverse-communications-eco-system/
Peu souvent mentionnées mais étant pourtant primordiale dans le dispositif de protection des populations déplacées, des formations dispensées par l’UNHCR et d’autres Agences sœurs du Système des Nations Unies et ses partenaires (ONG nationales et internationales) à destination des forces de défenses et de sécurité (FDS) se tiennent régulièrement au Niger et plus particulièrement, en cette période, à Diffa. C’était notamment le cas il y a quelques jours, notamment les 22 et 23 Aout passés.
Droits humains, Droit International Humanitaire, Droit International des réfugiés, Ddroits de l’enfant sont autant de thèmes qui furent traités, en croisant cas pratiques et législations nationales, et internationales.
Dans un contexte sécuritaire sensible et avec des problématiques nouvelles pour les nombreux membres des forces et de défense et de sécurité, ce type de formation revêt toute son importance tel que le relevait un officier de la Police Nationale participant à la formation « l’accueil des personnes réfugiées s’est amélioré par rapport au début de la crise suite aux efforts des partenaires de l’Etat dans la gestion de cette crise humanitaire et l’intégration de ces questions de protection. Je souhaite que soit mise en place une formation continue basée essentiellement sur l’accueil des réfugiés».
Alors que pour répondre aux demandes d’appui au retour vers le Mali de 902 ménages réfugiés (4369 individus), l’UNHCR avait enclenché un nouveau processus de rapatriement facilité au mois de juillet 2016, le camp d’Abala, dans la région de Tillabery, vient d’accueillir en quelques jours près de 1600 nouveaux arrivants.
Des mouvements d’intensité faible mais continues restaient la norme depuis le début de l’année 2016. Un tel mouvement est donc inquiétant. Les nouveaux arrivants, principalement originaires des zones rurales aux nord d’Andremboukane, décrivent un haut niveau d’insécurité résultant de tensions intercommunautaires et affrontements entre groupes armés.
Pour les candidats au retour, observer l’évolution de la situation est aujourd’hui privilégié comme l’indique Edmond Clair Onana, chef de bureau de l’UNHCR à Abala : « pour le mois d’Aout nous avions 227 ménages de 1225 individus qui avaient émis l’intention de retourner mais suite cet afflux massif de nouveaux arrivants sur le camp nous enregistrons un nombre très élevé de demande de report de la date de retour. Il est de l’ordre de 95% ».
Suite à ce nouveau mouvement, le camp d’Abala devrait franchir la barre de 15,500 personnes soit un niveau jamais égalé depuis le début de la crise au nord Mali en 2012, tout comme celui du nombre de réfugiés maliens aujourd’hui au Niger, plus de 62,000.
Despite the gravity of the current emergency situation in the Diffa region, the UNHCR Regional Representative and Regional Refugee Coordinator for the Nigeria situation, Ms. Liz Ahua was motivated by what she saw as “an operation that pushed boundaries with innovative and creative solutions to removing obstacles, rather than facing challenges in the traditional way”.
Ms. Ahua visited the Diffa region of Niger from the 8th – 10th of August. The mission was accompanied by the UNHCR Niger Deputy Representative, Mr. Abdouraouf Gnon-Konde and the Director General for Civil Status and Refugees, Mr. Malangoni. During the mission, Ms. Ahua visited the Governor of the Diffa region to discuss the Government strategy in the region, and to express support and solidarity. Despite the difficulties faced by the Government, they maintain an open-door policy to those seeking protection. As remarked by Ms. Ahua, this is not always the case, “here in Niger you have a Government who is open to learning, they have an ear to listen and they are willing to consider what the community poses to them, this is not always the case in other countries, where Governments put up fences before they even listen to your cause, you are fortunate in Niger with such an excellent example”. The Government similarly expressed their gratitude for the support of the humanitarian community in facing this challenging situation. As emphasized by Mr. Malangoni of the DGEC-R, “the Government is grateful for the visit, it is essential that the message of the complexity of the situation and the efforts of the Government is shared at higher levels, while the population are so happy to hear of someone coming from far away to hear their stories”.
During the mission, Ms. Ahua visited the Diffa Distance Education Centre, one of three education centres for Nigerian high school students, supported by UNHCR and COOPI. During the visit, 40 junior cycle students who recently were assisted to travel to Kano in Nigeria to complete their end of year exams were presented with their results, with scenes of joy amongst the students, tutors and parents alike. “This simple and inexpensive project removes vulnerable children from harm’s way, saving children from the jaws of radicalization” according to Ms. Ahua. For more information on the project, see: http://unhcrniger.tumblr.com/post/147088328514/positive-steps-forward-for-distance-education.
Ms. Ahua also praised other innovative projects which are ongoing in the region, such as the gas as domestic energy project, which will reach 20,000 vulnerable families in the region before the end of 2016. This project is innovative in that it provides solutions to multiple problems - environmental degradation, increasing the purchasing power of the population, while reducing protection risks, in particular regarding SGBV attacks against women and girls searching for firewood. Another project which began in 2014, and is ongoing with the support of the authorities is the urbanization project, which provides a long-term and sustainable solution as regards to access to land in a legal manner for vulnerable families, whilst also providing economic opportunities for the authorities of the communes involved.
On the second day, the mission visited the site of Gagamri on the RN1, where preparations were underway between the Government and UNHCR to voluntarily relocate Nigerian refugees to the refugee camp of Sayam Forage. Since the 8th of July, 1,961 refugees have been assisted to move to the camp, where they can be assured at least of basic assistance and protection. With over 240,000 displaced persons throughout the region, mainly living in precarious situations at spontaneous sites along the RN1, the Government is prioritizing the relocation of refugees to a safer environment, far from the insecure border areas close to the Komadougou River. As emphasized by the UNHCR Niger Deputy Representative, this process cannot be done alone, it depends on the State and most importantly on the refugees themselves, and the voluntariness of their decision to relocate. During a meeting with the beneficiaries in Gagamari, Ms. Ahua expressed solidarity with the refugees and the struggles they are facing.
Further discussions were held with representatives of the many humanitarian organizations working in the region. As pointed out by Ms. Ahua, the Lake Chad Basin Crisis - despite its severity, remains one of the most under resourced emergencies. Partners expressed similar messages including the desperate need for additional funding, which is flexible enough to respond to the complex and ever changing context in Diffa. They emphasized the need to find a formula for the region that works, balancing emergency and long-term assistance, creating the possibility of self-reliance for the displaced and vulnerable host populations. As pointed out by Mr. Gnon-Konde, “beneficiaries want opportunities to provide for themselves, they used to do things for themselves, they were independent. Nobody wants to depend on aid”. The departing message of Ms. Ahua was that she was touched by the “drive for creative but simple solutions, with a lasting impact on the lives of the beneficiaries”, with a promise to raise the issues presented to her at the regional and global level, in an effort to mobilize funds and save lives in the region.
Crée en avril 2013 à la suite d’une relocalisation réussie d’environ 5,048 personnes accompagnées de leurs animaux, la Zone d’Accueil des Réfugiés (ZAR) d’Intikane située dans le département de Tillia à 10 heures de route de Niamey la capitale. Au 31 juillet 2016, la ZAR accueille une population de 18,203 individus composés principalement d’éthnies Touareg (97%), Peulhs (2.8%) et Haoussa (0.2%). Toute cette population est nomade et provient des localités maliennes d’Anderanboukane, Ansongo, Abeibara, Gao, Kidal, Inekar et Menaka et pratique l’élevage comme activité principale. Pour plus d’informations d’Intikane, voir : http://unhcrniger.tumblr.com/post/95717877574/new-report-on-intikane-refugee-hosting-area
Suite à la signature des accords de paix au Mali, et du fait du long séjour au Niger, en mai 2016, 9 ménages de 52 individus avaient manifesté auprès de la Direction Générale de l’Etat Civil, de la Migration et des réfugiés, leurs intentions de retour au Mali, malgré la situation précaire.
Des informations sur la situation sécuritaire et services disponibles dans les zones de retour ont été partagées avec les réfugiés en vue de leur permettre de prendre des décisions de retour éclairées lors du counseling de protection fait par le HCR. Ensuite, l’identification des cas de malades chroniques et de mise à jour et documentation des enfants nés au Niger ou scolarisés a été menée par le HCR sur la ZAR. A cette occasion, 10 autres ménages de 64 individus se sont ajoutés sur la liste des candidats au retour facilité portant ainsi les chiffres à 19 ménages de 116 individus pour lesquels une mission d’assistance a été organisée les 5 et 6 Aout 2016.
A la fin de l’opération, seuls 9 ménages de 53 individus tous d’éthnie Touareg ont maintenu leur intention de retourner au Mali et bénéficié de l’assistance. Les autres ménages ont renoncé au motif que la situation sécuritaire dans leurs zones de retour n’est plus favorable.
Parmi les bénéficiaires du rapatriement facilité, un seul cas de maladie chronique a été identifié et référé au CSI ou il a reçu un appui en médicament pour 3 mois. 8 enfants nés au Niger ont tous reçu leurs actes de naissance et 8 autres enfants scolarisés ont reçu leurs certificats de scolarité.
Au total en 2016 (janvier – aout), le HCR a facilité le rapatriement volontaire de 2,147 réfugiés Maliens. Dans le même temps, le Niger a reçu près de 5,000 nouveaux arrivants pendant la premier 6 mois de 2016. La population totale des réfugiés maliens à la fin de juillet 2016 est 60,818 – le nombre le plus élevé jamais enregistré au Niger.
Il en ressort que la stabilisation de la situation sécuritaire au nord Mali reste l’élément déterminant d’un véritable processus de retour.
Il y a environ trois (3) ans que la secte Boko Haram a commencé ses attaques ciblées dans la région de Diffa. L'opinion nationale a amplement soutenu les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) à travers plusieurs manifestions, telles que les levées de fonds, les marches, meetings et déclarations. En revanche, la détresse et la situation précaire des populations déplacées et réfugiées a moins défrayé les chroniques et encore moins suscité une quelconque levée de fond. Néanmoins, l'Etat et plusieurs partenaires techniques et financiers (PTF), s'attèlent dans la mesure du possible à fournir la sécurité et les assistances multiformes à cette population, ce, dans le respect de la dignité humaine, même si il persiste encore quelques manquements. Il faut souligner que l'Union Européenne a récement décidé de fournir une enveloppe de 9 millions d'Euros en soutien aux populations du Niger touchées par le conflit dans le bassin du lac Tchad.
Following attacks in the Diffa region at the beginning of June, the number of displaced persons in the region has never been so high. At various sites along the Route Nationale 1, UNHCR are assisting Nigerian refugees who wish to relocate to the Sayam Forage refugee camp. The relocation process began on the 8th of July, with a total of 1,307 assisted to relocate so far. The process is continuing.
For more information, and to read more about those people who are moving to the camp, please click here:
http://kora.unhcr.org/refugees-diffa-region-seek-peace-better-future-sayam-forage-refugee-camp/
http://data.unhcr.org/SahelSituation/download.php?id=2084
Rabi, une petite fille Malien âgée de 8 ans, et sa mère sont motivées pour leur départ du Niger vers le Mali. Ainsi la mère affirma qu’elle rejoindra la famille au pays car son marie est rentre de l’exode, « c’est l’occasion pour Rabi de rejoindre son père ces amies d’enfance à l’école primaire du village ».
Le rapatriement volontaire déclenché depuis Novembre 2013 suit son cours dans les camps de réfugiés Maliens vivant au Niger et au niveau du centre urbain de Niamey. Au Guichet Unique (One-Stop-Shop pour les refugies urbain) de Niamey, les opérations de rapatriement volontaire sont effectuées par l’équipe de l’UNHCR, avec le concours des agents de la Direction Régionale de l’Etat Civil et des Réfugiés (DREC).
Avant de faciliter les retours, l’UNHCR s’assure que les enfants nés sur le territoire Nigérien obtiennent un acte de naissance et que les enfants réfugiés scolarisés au Niger reçoivent une attestation de scolarité, qui leur permettra de poursuivre leurs scolarités au Mali. Les malades chroniques reçoivent quant à eux une quantité de médicaments couvrant leurs besoins pour les trois premiers mois suivant le retour au Mali ; Tous les candidats au rapatriement reçoivent un Formulaire de Rapatriement Volontaire qui sert à la fois de document d’identité et de document de voyage. Enfin le HCR donne aux réfugiés un viatique de 35.000 FCFA par personne, préalablement au retour.
Pour les réfugiés Maliens qui vivent dans les camps les arguments pour le départ volontaire faciliter par les bureaux du terrain est lies à plusieurs facteurs. Le HCR met à la disposition des réfugiés les informations en sa possession concernant la situation sécuritaire prévalant dans leurs localités d’origine au Mali. Ces informations aident les réfugiés à prendre des décisions informées quant à l’opportunité du rapatriement.
Néanmoins avec ce rapatriement volontaire facilite, depuis Janvier 2016 l’HCR a enregistré 5,002 réfugiés Maliens nouvellement arrivés au Niger, fuyants les hostilités menées par les groupes des insurges dans le nord Mali. Le HCR considère que les conditions générales de sécurités dans le nord-Mali ne sont pas encore propices à la promotion du rapatriement des réfugiés. Ainsi le rôle prépondérant de l’organisation est de faciliter les retours spontanés de réfugiés tout en continuant à apporter la Protection et l’assistance aux réfugiés maliens vivants au Niger.
Les relocalisations volontaires des réfugiés ont été relancées le 8 juillet 2016. Le premier site concerné est celui de Garin Wazam. Signe que la relocalisation volontaire des réfugiés est devenue une priorité des autorités, le Gouverneur de la région de Diffa a fait le déplacement pour le départ des premiers convois à destination du camp de Sayam Forage, situé à 140 km de Garin Wazam.
La suspension des relocalisations faisait suite aux attaques survenues à Yébi et Bosso au début du mois de juin, imposant de concentrer les efforts sur la réponse d’urgence. Avant cette date et suite aux demandes des réfugiés en provenance de Gagamari, le processus avait été réenclenché. Les raisons qui les poussaient à choisir de se rendre à Sayam Forage étaient les mêmes que celles exprimées aujourd’hui par les réfugiés de Garin Wazam. Le sentiment constant d’insécurité vient s’y rajouter. Rabi Mahamadou est une réfugiée ayant fui Bosso : «nous partons car nous avons trop souffert, cela doit s’arrêter. Si d’aller au camp, nous offrira une meilleure sécurité et nous affranchira des persécutions des insurgés, nous sommes d’accord. Ici, pour trouver de quoi nourrir nos enfants, il nous faut nous déplacer sans cesse, faire des kilomètres encore et encore pour chercher l’aumône »
Depuis l’ouverture du camp de Sayam Forage le 30 décembre 2014, peu de ménages réfugiés faisaient le choix de s’y rendre. Nouvel éloignement, forte résilience, accueil par les ménages locaux, et une assistance qui devait couvrir les besoins de moins de monde expliquaient cela.
Cette nouvelle inclinaison à se rendre dans un camp est le résultat de la dégradation continue de la situation sécuritaire, économique et humanitaire. Le processus de relocalisation va se poursuivre au cours des prochaines semaines. En parallèle des activités de sensibilisation, d’identification et d’enregistrement des volontaires, les services de base au niveau du camp de Sayam Forage sont mis à niveau pour absorber cette population additionnelle. La capacité maximale du camp de Sayam Forage est de 20,000 personnes. Ils sont aujourd’hui plus de 4,000.
La population réfugiée dans les camps, ne devrait donc cesser de croitre au cours de l’année 2016, nécessitant de fait un accompagnement humain et financier considérable afin de respecter les standards en termes de protection et d’assistance multisectorielle. Pour autant, la majorité des déplacés, et donc des besoins, resteront en dehors des camps : nombreux sont encore les réfugiés qui ne souhaitent pas s’y rendre, les populations retournés n’y ont de fait pas accès, des villages entiers de déplacés internes sont venus s’agglutiner le long de la route nationale 1. Alors que la réponse humanitaire à Diffa souffre d’un niveau de financement largement en deca des besoins, malgré les relocalisations, le problème reste profond.
Despite the current difficult situation in the Diffa region, a group of Nigerian students were in high spirits this week. 29 Nigerian refugee Senior Secondary School students returned from a month’s stay in Kano, Nigeria, having successfully completed their Senior Secondary School exams. They are the second group of students to travel to Kano from Diffa to complete their exams this year. In May, 40 Junior Secondary School students travelled to Nigeria to complete their exams, before safely returning to Diffa. The latest group was welcomed back to Diffa by the Secretary General of the Governor of Diffa, the Humanitarian Coordination Cell, UNHCR and COOPI. These students are part of a Distance Education Programme, established by UNHCR and partner COOPI in 2014, with the aim of providing English speaking Nigerian refugees - who were forced to flee the conflict in Nigeria, with the chance to continue their education, and to complete their exams. Four centres were opened in the region in 2014, in the towns of Diffa, Kabelawa, Maine Soara and Bosso. Unfortunately the centre in Bosso was forced to close last year because of the insecurity in the area. However, the three existing centres hosted a total of 377 students for the 2015 – 2016 academic year, 69 of whom had the opportunity to travel to Nigeria to complete their official examinations this year. The Distance Education Programme is fully supported by both the Nigerien and Nigerien authorities, along with the West African Examinations Council (WAEC), all of whom undertook a mission to visit the three centres in Diffa last week (1st – 2nd of July). The mission also included representatives of the Regional Directorate of Secondary Education in Diffa, the Ministry of Secondary Education in Niger, The Federal Ministry of Secondary Education in Nigeria, UNHCR and COOPI. During the visit, the students expressed their gratitude to all involved, especially the Nigerien people for not only welcoming them to their country, but for giving them the opportunity to continue their education and to work towards a brighter future. The Student Representative, Malam Koura Chetima (pictured above) proudly assured those present that their efforts were worth it, “we assure you that we have passed the exams…We left here well prepared having received good educational support, and in a spirit of solidarity with our fellow students. We have returned confident and grateful for the opportunity that was offered to us”. Another student, Zeinab Abdoullahi Oumar reflected on the solidarity shown by their fellow Nigerian students and authorities, “we received a very warm welcome in Kano, the committee there made no distinction between us and the official students of the centre. There was a very friendly atmosphere between us and the other students”.
The group of 40 Nigerian students returned to Niger having completed their Final Secondary School Exams. They are all positive for the future and what they can achieve (Ibrahim Abdou UNHCR).The joint mission was an opportunity for the Nigerien and Nigerian educational authorities to witness first-hand the impact that this project is having on the lives of the students. It was clear that all present were impressed with the project, and were moved to collectively commit to improving it even further for the coming year. All who were present made further commitments to support the project going forward. A particularly positive step was taken by the WAEC who have committed to creating an online platform for an Official Examination Centre in Diffa. This would mean that students wouldn’t have to make the journey back to Nigeria at the end of the year to take their exams. They also committed to provide the necessary additional support to make this goal a reality. Both Educational Ministries – Niger and Nigeria also made further commitments to the students. The Ministry of Secondary Education in Niger confirmed that they would assist in the delivery of identity cards for all of the students, which has been problematic for the students - as is the case for most of the displaced population in the Diffa region who lack identity cards and documentation. They also added that for the coming academic year, students would now have access to laboratory facilities in the Diffa secondary school, to prepare them for their science subjects, and a number of other measures. The Nigerian Educational authorities promised to provide books and educational manuals for the students and to organize further training for the teachers in Nigeria. They also committed to examining whether they might assist in covering the costs of the exams for the students. UNHCR will work on improving the infrastructure available for the coming academic year. A Memorandum of Understanding will be signed between UNHCR and the relevant parties to this effect in the coming weeks. The spirit of solidarity shown between the Nigerien and Nigerian authorities in relation to this project is typical of the relationship between the two countries as regards to the conflict in Northern Nigeria. Niger’s hospitality in terms of continuing to welcome refugees in the Diffa has been repeatedly commended internationally. This is also a brave act of resistance to the insurgent forces intent on destroying education systems - no matter the situation and the horror inflicted upon them, the population will continue to fight for a brighter future through education.
Karl Steinacker, Représentant de l’UNCHR quitte le Niger après 4 années dédiées au service des réfugiés et des déplacés. Karl laisse derrière lui le souvenir d’un grand professionnel, une personnalité créatrice, plaçant l’humain et la solidarité au centre de toute prise de décision. « La globalisation est surtout le partage des valeurs communes et la solidarité avec les plus pauvres » mentionnait-il lors du Discours d'acceptation de Karl Steinacker durant la Cérémonie de remise de la médaille « Chevalier du Ordre de Mérite du Niger ». Pour lire l’intégralité de son discours cliquez ici.
Mr. Karl Steinacker, the Representative of UNHCR has left Niger after 4 years of dedicated service to refugees and displaced persons in Niger. Karl leaves behind in the memory of a true professional, a creative personality placing humanism and solidarity at the centre of all of his decisions. Before his departure, in an interview with UNHCR headquarters, Karl describes some of the achievements of UNHCR in Niger, some of his fondest memories and some of the most important lessons he has learned. “Go out and communicate; be humble and proud” – a key message of his conduct, and that of the operation he has left. To read the full interview, click here.
Comment lier urgence et développement ? Question centrale des humanitaires mais qui trouve rarement de réponses. A Diffa, d’ouest en est, l’UNHCR met en place un mécanisme d’accès au gaz domestique de proximité, autonome et durable à destination de 25.000 ménages (déplacés et hôtes), près de 175.000 personnes soit un habitant sur quatre incluant les déplacés. Avec cette intervention Diffa sera la région du Niger avec le meilleur accès au gaz, nigérien. Près de 70.000 personnes, ont déjà été touchées.
Un principe simple pour une réponse durable … et flexible
A travers un partenariat gagnant-gagnant avec le secteur privé, l’intervention s’attaque en même temps à la demande et à l’offre. L’UNHCR subventionne aux familles le goulot d’étranglement qui les empêche d’utiliser le gaz à savoir l’achat du kit initial (bouteille de 6 kg consigné, réchaud et bruleur), 24,000 FCFA (environ 40 euros) soit près de 80 % du salaire minimum nigérien ; en parallèle, le secteur privé ayant de nouveaux clients fait les investissements pour s’installer durablement et étendre son réseau de distribution dans une zone où il ne serait jamais allé. Quand le mécanisme est en place, tout devient facile, même pour répondre en urgence comme cela a été le cas au cours du mois de juin avec l’arrivée dans la ville de Diffa de milliers de déplacés en provenance de Bosso. Près de 800 familles hôtes ont reçu le kit initial pour les accompagner dans l’accueil.
Libérer du pouvoir d’achat, libérer du temps
Diffa fait face à une crise économique profonde. « L’argent ne circule plus » comme on dit au Niger. Le pouvoir d’achat des ménages se contracte. Le niveau d’endettement est tellement fort que les crédits ne se font plus. Mauvais signe. On réduit les rations pour nourrir tout le monde. Pour les ménages pauvres, l’achat de bois pèse lourd sur leur pouvoir d’achat. Il est, après l’alimentation, leur seconde dépense, loin devant celles de santé et d’éducation.
Retournées nigériens installés dans la ville de Diffa, Ibrahim et sa femme Atcha Fadji ont reçu leurs kits ils y a près de 2 mois. Ils viennent dans un point de vente pour échanger leur bouteille vide contre une pleine. Comme l’explique Atcha Fadji , le constat est clair: « Avant d’avoir cette bouteille de gaz, chaque mois on devait payer au moins 14.000 FCFA pour acheter du bois. Avec le gaz, on peut dire que ça va nous couter 3000 FCFA par mois. L’argent que l’on n’utilise plus pour le bois, on l’utilise pour acheter plus de nourriture». Le sac de 25kg de riz coute actuellement 11.000 FCFA a Diffa, l’impact sur la sécurité alimentaire des ménages est donc automatique.
Atcha Fadji est aussi catégorique, cette bouteille de gaz a transformé son quotidien « le temps que je passe à cuisiner aujourd’hui est au moins réduit de moitié. Avant il me fallait au moins deux heures pour préparer un repas. Aujourd’hui avec le gaz, en une heure c’est déjà fini ». Son mari, Ibrahim, est ravi. Il l’est d’autant plus que dans leur couple s’était lui qui allait acheter le bois.
Sur un autre point de vente de Diffa, un groupe d’enfants plaisante autour de leur charriot transportant des bouteilles de gaz. Dans leurs familles, c’était à eux que revenait la tâche d’aller chercher du bois. Kaouram est la plus jeune du groupe mais pas la moins bavarde. Quand on demande aux enfants qu’est-ce qu’ils pensent du gaz, Kaouram parle d’abord du gain d’argent pour sa famille avant de rebondir sur la réduction de la corvée « avec le bois, le problème c’est qu’il fallait aller tous les jours le chercher. Aujourd’hui on revient changer la bouteille juste une ou deux fois par mois».
Pour les enfants vivant sur les sites spontanées le long de la nationale 1, le gaz devient un outil fort pour les protéger. Chargés de la corvée, et vivant dans un environnement à l’agonie, ils passent pour beaucoup plus de deux ou trois heures chaque jour loin de leurs foyers pour ramasser du bois mort ou couper du bois vert. Les abus et violences en tout genre sont fréquents. Le gaz limite les risques leur permettant de ne pas s’éloigner de leur foyer.
Des populations prêtent aux changements, l’environnement va pouvoir prendre un second souffle
Quand les interventions autour du gaz sont présentées lors de forums d’échanges au Niger ou ailleurs, les mêmes remarques sont souvent faites à l’encontre de l’UNHCR. On peut les résumer en une phrase « les populations rurales nigériennes ne sont pas prêtent à utiliser le gaz ». Pourtant sur le terrain, l’enthousiasme est impressionnant. Tout le monde a compris, et très vite, l’avantage du gaz. Les représentants des communautés des prochains sites de distribution appellent régulièrement le bureau de Diffa de l’UNHCR pour savoir quand vient leur tour. Ceux qui ne rentrent pas dans la planification aussi.
Actuellement, en dehors des bénéficiaires accompagnés par l’UNHCR, les points de vente de Diffa enregistrent chacun au moins 100 nouveaux clients par semaine. Beaucoup viennent de loin. L’intervention est d’une si grande ampleur qu’elle a fait baisser le prix du gaz dans la région. Elle fait aussi baisser celui du bois. Un appui à la reconversion est prévu pour les petits revendeurs.
Pour des personnes qui n’y sont pas habituées, l’utilisation du gaz n’est pas sans risque. Jusqu’à présent aucun incident n’a été signalé pour les 70.000 personnes touchées. Un important dispositif de sensibilisation et de suivi a été mis en place. Il couple diffusion de spots via les radios communautaires, théâtre participatif, porte-à-porte de mobilisateurs communautaires et bientôt ligne verte.
Dans la région de Diffa, avant la crise des déplacés, la demande en bois était 30% plus élevée à ce que pouvait produire la nature. Aujourd’hui, la situation est donc catastrophique. Le long de la route nationale 1, les arbres sont coupés en masse mais les déplacés n’ont pas d’alternative et en sont parfaitement conscients « De voir tous les arbres que l’on coupe, bien sûr cela nous fait de la peine » confirme Amina déplacée d’Assaga, « mais comment peut-on faire pour cuisiner ?» conclue-t-elle. Le gaz est en passe d’arrivée à Assaga. Selon les estimations de la Direction Régionale de l’Environnement de Diffa, l’intervention de l’UNHCR permettra dès l’année prochaine à juguler totalement l’écart entre la demande et l’offre de bois dans la région. La partie est cependant loin d’être gagnée, la situation à Diffa reste dynamique pour ne pas dire imprévisible.
Mairou Malam Ligari, est le Président du Conseil Régional de la région de Diffa. Les Conseils Régionaux sont récents au Niger. Ils sont le dernier grand pas réalisé vers la décentralisation et ont en charge la planification des actions de développement au niveau régional. Dans la pratique, le processus de transfert des compétences vers les Conseils Régionaux rencontre des difficultés. Les humanitaires, à Diffa comme dans les autres régions du Niger, apprennent progressivement à appréhender ce nouvel acteur mais les habitudes restent parfois tenaces. Dans le contexte « hors-camp » de Diffa, le Conseil Régional est un acteur incontournable, son Président co-préside d’ailleurs avec le Gouverneur le Comité Régional de Coordination et de Gestion des Réfugiés.
Monsieur le Président, comment va votre région?
Ma région vit des moments difficiles parce que nous avons connu plusieurs attaques au cours des dernières semaines, notamment celle de Bosso du 3 juin. Les insurgés, que l’on pensait affaiblis, ont fait de nouveau parler d’eux. Ces incidents ont fait resurgir de nouvelles urgences et la région est aujourd’hui à un moment critique d’un point de vue humanitaire avec des besoins toujours plus importants à couvrir.
Comment le Conseil Régional qui est l’organe en charge de la planification du développement opère dans un moment durant lequel on ne parle que d’urgence ?
Aujourd’hui le Conseil Régional est à cheval entre l’urgence et le développement. Nous ne pouvons pas faire le choix de l’un ou de l’autre. Nous devons nous aussi nous adapter à ce contexte qui demande des réponses spécifiques. Mais parce que l’urgence finira par passer, on ne peut l’aborder seule car cela nous entrainerait automatiquement vers le cercle vicieux pauvreté-crise. Mis à part les situations extrêmes, Il faut déjà d’envisager le moment pré-crise. Nous devons tous assurer le plaidoyer pour aller dans ce sens.
Quelles sont les actions orientées vers le développement qui selon vous sont nécessaires et possibles de réaliser dans le contexte actuel ?
Il faut bien entendu travailler sur les activités génératrices de revenus pour que les gens puissent renforcer leur propre prise en charge. Mais bien sûr parce que le contexte économique est difficile, il faut d’abord travailler sur la consolidation des activités qui peuvent être porteuses. Les interventions à caractère social, indispensables pour les plus vulnérables, peuvent servir à créer de l’emploi et promouvoir la croissance au niveau de la région. Je parle ici des projets autour de l’immobilier et de la construction de logements sociaux.
Est-ce que vous sentez que vous avez l’oreille attentive des humanitaires ?
Je pense que, de plus en plus, nous arrivons à nous comprendre. Il y avait peu d’humanitaires à Diffa avant cette crise. Il a fallu que chacun apprenne à se connaitre, à appréhender les approches et les méthodes de travail, mais aujourd’hui nous sommes sur une collaboration positive. Cette situation favorise leur promptitude dans leurs activités et des efforts en termes de communication. La prochaine étape est que les partenaires s’adapte et intègre le Plan de Développement Régional que vient d’élaborer la région. C’est d’ailleurs le premier plan régional dont se dote Diffa, c’est donc aussi nouveau pour les acteurs humanitaires. Il est important que nous puissions aller tous dans le même sens pour en assurer une bonne mise en œuvre et la recherche de complémentaire sous l’égide du Conseil Régional.
A l’occasion de la Journée Mondiale du Réfugié, la radio nigérienne « Studio Kalangou » a promené son micro dans l’école Dar Salam 2 de Niamey qui accueillait cette année les festivités. A travers des discussions avec des acteurs diverses, le studio Kalangou a proposé à ses auditeurs un focus intéressant sur les réfugiés maliens de Niamey.
Vous ecoutez Studio Kalangou
(Volker Turk – UNHCR Assistant High Commissioner for Protection)
From the 6th to 8th of June, the Governments of Nigeria, Cameroon, Chad and Niger, as well as UNHCR and representatives of national, international and regional organizations met in Abuja, Nigeria for the Regional Protection Dialogue on the Lake Chad Basin. The Dialogue culminated in a strong Action Statement (see link below for full text) on the part of the Governments, and a commitment to establishing Action Plans at the national level within 6 months of its adoption.
The Lake Chad basin has been the arena for Boko Haram insurgency for the past seven (7) years. Initially confined to the North East of Nigeria, the violence has spilled over into the neighboring countries of Niger, Chad and Cameroon. The insurgency has resulted in the displacement of over 2.7 million people in the region, and a death toll estimated to be in excess of 25,000 people.
Niger witnessed the first attacks on its soil in February 2015 and has been victim of an estimated 115 attacks since then in the Diffa region. In May 2016, there were over 241,000 displaced persons in the region although it is expected that this number has increased following the recent attacks in Bosso town on the 3rd of June 2016. These figures include at least 127,000 internally displaced persons (IDPs). It is now estimated that 1 in every 2 people in the region is displaced. The objective of the dialogue was to identify the most urgent protection risks in the Lake Chad Basin resulting from the conflict, and to agree on measures at the local, national and regional level to improve protection measures to meet the needs of the affected populations, in particular refugees and IDPs.
The Action Statement reaffirmed the commitment of the states to the various principles and standards pertaining to refugee and IDPs protection, most notably the 1951 Convention relating to the Status of Refugees and its 1967 Protocol, the 1969 OAU Refugee Convention, the 2009 Kampala Convention on IDPs, and the 1954 and 1961 Conventions on Statelessness.
The key areas prioritized in the Action Statement are: forced displacements and freedom of movement in conflicts, civil-military coordination and the civilian character of refugee and IDP hosting areas, persons with specific protection risks, comprehensive solutions approaches and the right to nationality and documentation.
The Action Statement emphasizes the need for continuous monitoring of security measures to ensure compliance with international standards, whilst strengthening collaboration between government and humanitarian actors and coordination at the regional level. It stresses the importance of achieving a balance between security and respect for the right to asylum, and in particular the principle of non-refoulement in emergency situations.
The need for capacity development and training is a theme throughout the Action Statement, in particular for security forces including the Multi National Joint Task Force. In addition to security, the need for access to justice is a central priority of the Statement. The need for stronger community participation is pivotal, in particular in terms of the identification of people with specific protection risks, most notably children – of whom there are over 200,000 either separated or unaccompanied, as a direct result of the conflict in the region.
In the ever changing context, the need to support the link between humanitarian response and development and the achievement of durable solutions is emphasized, as a short to medium term solution to this conflict is unlikely. Just over one year on from the Abidjan Declaration on the Eradication of Statelessness 2015, the prevention and reduction of statelessness is a key element of the Statement, with commitments made to simplify birth registration and civil documentation processes, and renewed efforts in terms of awareness raising campaigns.
The Ministerial segment of the dialogue was chaired by the Vice-President of the Federal Republic of Nigeria and attended by UNHCR Assistant High Commissioner for Protection. The delegation from Niger included the newly appointed Minister of Humanitarian Affairs, the Secretary General of the Ministry of Interior, the Director General of Child Protection, the Director of Internal Migration and Refugees and the Secretary General of the Diffa region, as well as the Director de Cabinet of the Minister of Interior. Additionally, representatives of UNHCR, UNICEF, OCHA and IRC Niger participated in the dialogue, which was facilitated by UNHCR. As per the commitments made in the Action Statement, the Niger government is expected to establish a National Action Plan within the next 6 months, to include concrete steps towards the achievement of the overall objectives outlined and agreed upon in Abuja.
AFP:
Silence de mort, rues et maisons désertées, cadavres d'humains en putréfaction, carcasses de chiens et de chèvres à l'abandon… Attaquée début juin par Boko Haram, Bosso est depuis une ville fantôme où se croisent l'armée nigérienne et de rares habitants.
Une sandale a été abandonnée au milieu de la cour d'une concession. Des casseroles, marmites et bidons sont éparpillés sur le sol. A l'intérieur d'une des maisons faites de terre et de paille, un matelas et des verres de thé brisés.
Derrière une tôle ondulée, une chèvre se décompose dégageant une odeur nauséabonde. A l'entrée, un sac entier de poisson fumé est éventré. Les habitants sont partis vite.
Attaquée par les jihadistes nigérians de Boko Haram le 3 juin, Bosso, dans le sud-est du Niger, est située à quelques centaines de mètres à peine du Nigeria et des bases arrière du groupe islamiste armé. Elle avait déjà été victime de plusieurs attaques jihadistes par le passé.
La ville de 6.000 habitants, qui accueillait 20.000 réfugiés et déplacés internes, s'est vidée en quelques heures le 4 juin au petit matin.
- Civils tués -
Officiellement, le bilan est de 26 soldats nigériens et nigérians tués, mais des civils aussi ont péri. Le corps d'un homme est encore présent dans un bâtiment du siège communal. Des témoins parlent d'autres corps disséminés dans la ville.
“Les cadavres jonchaient les rues”, explique Abdelaziz Zembada, 50 ans, petit commerçant revenu à Bosso pour voir si les conditions du retour sont réunies.
Il a perdu sa fille de quatre ans. “On habite en face de la gendarmerie ciblée par la secte. Un voisin m'a conseillé d'aller chez lui. J'ai pris deux de mes enfants, Madame en a pris une. On est partis le temps de revenir la chercher (une autre de ses filles, ndlr), c'est là où l'obus est tombé. Ma fille était dedans avec les deux enfants de mon voisin… Elle n'a pas encore été inhumée”, raconte-t-il.
L'armée a été submergée par l'attaque de Boko Haram. La caserne a été saccagée. On y découvre deux véhicules blindés ainsi que plusieurs camions et voitures brûlés. Les bâtiments et notamment les dortoirs ont été incendiés, seuls restent visibles des carcasses de lits.
Tous les bâtiments publics (gendarmerie, préfecture, mairie) ont aussi été saccagés. Comme une école de campagne de l'Unicef et le centre de santé où quelqu'un a marqué à la craie sur un tableau noir: “Boko Haram”. Les jihadistes se sont également emparés de la plupart des 200 tonnes de céréales destinées aux populations dans le besoin et stockées dans un magasin.
- ‘les militaires sont là’ -
L'armée nigérienne dit avoir réinvesti les lieux, sans dévoiler ses effectifs. “Les militaires sont là. Un effectif conséquent, un dispositif nouveau, un autre moral”, assure le ministre de l'Intérieur Mohamed Bazoum qui a conduit dans la cité une délégation d'une trentaine de véhicules, composée de deux ministres, députés et de personnel des agences onusiennes et d'ONG.
“D'ici quelques semaines, nous allons repeupler Bosso et les populations retourneront à leurs activités”, assure-t-il. Sur place, les soldats sourient et lèvent le poing en signe de confiance.
Lors de la visite de la caserne saccagée, une vive discussion oppose le colonel de gendarmerie au préfet. “Partout où vous êtes, il y a un plan de défense. C'est ça qu'il faut mettre en oeuvre. Pas plus!”, déclare le colonel. “C'est facile de dire ça!” lui rétorque le préfet soulignant qu'il a défendu la place jusqu'à 21H00 le 3 juin avant de décrocher.
Dans le dédale des rues sablonneuses, on ne croise personne ou presque. Nourris par l'armée, quelques vieillards qui n'ont pas pu fuir attendent le retour de leurs proches.
Des habitants font le va-et-vient entre les villes voisines pour récupérer des affaires, comme El Hadj Abba Makani qui charge tout ce qu'il peut sur un vieux 4x4. “La nuit du 3, on l'a passée sur le toit et le matin on a fui à pied avec toute la famille”, raconte ce commerçant nigérian, aux deux épouses et dix enfants. “On a peur mais si tout le monde revient, on reviendra”.
“On est découragés. On veut que les gens reviennent”, assure Souleymane Salissa, coiffeur, qui fait aussi fonctionner un petit groupe électrogène pour charger les téléphones. Sa boutique et sa maison ont été pillées mais il est revenu et survit grâce à la clientèle des soldats.
“On veut qu'on nous aide en nourriture, en eau et qu'on arrange la téléphonie mobile et l'électricité”, poursuit-il, confiant en l'avenir: “On voit que ça va mieux même si hier on a entendu des rafales. Si on entend +Allahou Akhbar+ (Dieu est le plus grand, crié par des combattants de Boko Haram), c'est là qu'on doit s'inquiéter!”
Combien de personnes ont été forcées de se déplacer à Diffa, Toumour et sur la route nationale 1 depuis les attaques survenues au début du mois juin dans la commune de Bosso ? Les estimations varient entre 40,000 et 70,000 personnes. Combien aussi sont-elles celles s’étant réfugiées dans la commune de Maine Soroa, à l’ouest de la ville de Diffa, suite à l’attaque, moins médiatisée, du 6 juin sur le village frontalier nigérian de Kanama?
En parallèle de la délivrance de l’assistance d’urgence, depuis le 15 juin, sous l’égide de la Direction Régionale de l’Etat Civil et des Réfugiés des équipes composées d’agents d’enregistrement de l’UNCHR et des agents de l’état civil nigériens se sont déployés sur les différents sites d’accueil. Via le « porte-à-porte », l’objectif de l’intervention est d’identifier, recenser et documenter tous les ménages déplacés. Alors que certains sites accueillaient déjà avant les derniers évènements des populations en provenance de dizaines de villages différents, la participation des représentants des chefferies est aussi centrale dans cet exercice. Les résultats sont attendus en début de semaine prochaine.
Venus au Niger depuis 2012, les réfugiés maliens se sont établis en milieu urbain, dans les camps de Tillabéry et dans les zones d’accueil de Tahoua. De concert avec les autorités nigériennes, les zones d’accueil d’Intikane et de Tazalite ont été créées pour offrir aux réfugiés des espaces de vie plus larges que les camps leur permettant de maintenir leur mode de vie, et leurs activités liées à l’élevage. Cette disposition favorable à leur mobilité pouvait créer une distension des liens selon qu’ils nomadisent plus ou moins loin du centre administratif des zones d’accueil. Double éloignement donc après celui causé par l’exil.
Depuis l’extension de son réseau dans les départements de Tillia et Tassara dans la région de Tahoua, la société Moov a permis de raccourcir les distances entre les zones d’accueil et leur environnement proche comme éloigné. Garder un contact étroit avec les proches resté au nord-Mali et s’informer sur la situation ; connaitre les activités dans les zones d’accueil telles que les enquêtes, les sensibilisations ou les distributions lorsqu’ils nomadisent avec leur bétail ; faciliter les échangés commerciaux avec la ville de Tahoua grâce à la possibilité d’interagir avec les commerçants sans se déplacer ; voilà ce qu’a permis aujourd’hui l’extension du réseau téléphonique. Akighe Afie Janicet, Conseiller Commercial de Moov au Niger : “ en 2013, la Société Moov avait proposé au HCR d’élargir son réseau pour y inclure les camps et les zones d’accueil de réfugiés maliens. Le HCR a accepté dans le souci de leur donner le droit à communiquer. Moov a par la suite réalisé des investissements importants pour assurer la couverture dans ces zones reculés. Moov est donc devenu le premier fournisseur de téléphonie mobile pour la population des réfugiés au Niger ».
La création des zones d’accueil a permis aux réfugiés de maintenir leur mode de vie et leurs activités, leurs conditions de vie sont aujourd’hui globalement satisfaisantes. Le processus d’autonomisation est lancé, l’autogestion doit donc être renforcée. La possibilité de joindre les réfugiés par téléphone permet aux équipes de l’UNHCR et de ses partenaires d’optimiser les missions depuis Tahoua, à 3 heures de route d’Intikane et 5 de Tazalite, mais aussi de pouvoir être informé rapidement en cas d’urgence.
Depuis l’extension du réseau, Moov et l’UNHCR ont enclenché une nouvelle phase de réflexion collective et étudie notamment la mise en place d’un système de cash transfer via le mobile.
Cet exemple de collaboration montre à lui seul que la mise en place de partenariat gagnant-gagnant avec les opérateurs économiques est un levier essentiel pour accompagner l’intégration des réfugiés dans la vie socio-économique du Niger et cela même dans les zones les plus reculées.
United Nations agencies, the Regional Directorate of Civil Status and Refugees and NGO partners have been carrying out rapid registrations of displaced persons who continue to arrive to Diffa town, following the eruption of the violence in the south-east part of the region over the weekend. There are currently at least 17,000 people who have been registered, amongst whom at least 2,600 are children. As other groups of displaced continue to arrive in the town, registration activities are ongoing.
The local population of Diffa town is estimated to be around 55,000 inhabitants. The situation and arrival of these people is thus putting extreme pressure on the basic services and infrastructure available. Some displaced people are being hosted by family or relatives in the city, however most of the displaced are settling outdoors in precarious conditions, seeking shade to protect them from the sun and the temperatures exceeding 40 degrees Celsius. Even before this massive population movement, a lot of local households in Diffa town were already hosting displaced families from Nigeria.
The majority of the newly displaced communities are coming from Bosso, Yebi and Toumour, east of Diffa town. They are estimated to be at least 50,0000. For this population, the capacity to reach Diffa is also linked with the availability of funds for transportation.
In the whole region, the security situation is currently unclear. UNHCR and other humanitarian actors are working closely with the national authorities to develop a joint emergency response both in and outside Diffa town. However, mobility outside Diffa town and in the east part of region is extremely restricted.
NIAMEY, Niger, June 7 (UNHCR) - Tens of thousands of people have fled their homes in south-east Niger following a series of attacks in recent days by Boko Haram insurgents on the town of Bosso in the troubled Diffa region, the UN Refugee Agency said today.
The attacks occurred on Friday, Sunday and Monday (June 3, 5 and 6). As of today (June 7) the situation in Bosso is unclear. UNHCR warned last month that the security and humanitarian situation was worsening in the Diffa Region.
“We have not been working directly in Bosso since February 2015, when the insurgency spread from Nigeria to Niger, but we operate through local implementing partners to deliver help,” UN spokesperson Adrian Edwards told a news briefing in Geneva.
Edwards said that the Refugee Agency is working with the authorities and partners on a coordinated response to the displacement. A UNHCR emergency team will be deployed to the Diffa region this week.
The most recent attacks follow rising violence in and around Bosso in recent weeks. An assault on May 31 in the nearby town of Yebi that killed nine people and forced an estimated 15,000 residents and displaced people to seek shelter in Bosso. Many had been evacuated a year ago from islands in Lake Chad for security reasons.
An estimated 50,000 people fled Friday’s attack, mainly walking westwards to Toumour, some 30 kilometres west of Bosso. Many people are traumatized and worried about their safety. People are sleeping in the open and urgently need shelter and other assistance.
Some of the displaced have moved on from Toumour and are heading to the town of Diffa, which is located 140 kilometres west of Bosso, and northwards towards Kabelawa where a camp for the internally displaced is near capacity with some 10,000 people.
“The welfare of these people and others forced to flee the violence in Bosso is of great concern,” Edwards told reporters at the briefing. “Insecurity and lack of access have long hampered humanitarian operations in parts of the Diffa region, though Bosso is the only area where we do not implement projects directly,” he added.
There are at least 240,000 displaced people in Diffa Region, including Nigerian refugees, returnees and the internally displaced. Before the latest attack on Bosso, one in every three inhabitants of the Diffa region was forcibly displaced.
Since February last year, UNHCR has been providing protection and assistance to the displaced in Bosso through local and international NGO partners.
Edwards stressed that additional support from the donor community is urgently required. “This is a desperately poor area where the general insecurity has destroyed the socio-economic fabric. The self-reliance capacity of the displaced and their hosts is extremely limited,” he said.
The attacks on Bosso came just ahead of the start of a high-level meeting from Monday to Wednesday in Abuja to discuss the major protection challenges in the Lake Chad basin, including Niger.
Organized by the Nigerian government, with technical support from UNHCR, the dialogue participants include senior officials from Nigeria, Chad, Cameroon and Niger.
Quartier « Pays-Bas » à Niamey, dernière semaine du mois de mai. Une concession de familles nigériennes accueille une équipe de cinéma allemande pour tourner un film sur un jeune réfugié malien. Cela peut paraitre confus mais ça coule de source : la situation dans le nord Mali n’est pas propice pour réaliser un tournage, les atmosphères des concessions peuvent se retrouver à Niamey ; l’Allemagne est en première ligne dans l’accueil des réfugiés en Europe ; pour le quartier « Pays-Bas » … son nom lui a été donné car il est situé dans une cuvette où l’eau rigole lors des pluies.
Le film va donc retracer le parcours d’un jeune réfugié malien : depuis son pays natal qu’il a dut fuir pour s’affranchir de la guerre et de l’oppression ; jusqu’à l’Allemagne et le processus complexe d’intégration. « Ré-humaniser » les statistiques, voilà l’un des objectifs de ce long-métrage tel que l’explique la réalisatrice Feo Aladag : « la problématique des réfugiés est trop souvent dépersonnalisée. On oublie que derrières ces chiffres impressionnants se cachent des parcours de vie unique qui ont amené chacun à faire ou pas le choix de l’exil ».
Le film sera diffusé sur la télévision publique allemande et devrait toucher autour de cinq millions de téléspectateurs. L’industrie du cinéma et la télévision publique allemande ont su tisser de bonnes relations de collaboration permettant d’assurer production de qualité et importante audience. Alors que les images d’accueil, tout sourire et les bras ouverts, des réfugiés sur les quais de gares allemands semblent déjà loin, cette production revêt un caractère particulièrement fort pour accompagner la société allemande vers ce nouveau, nécessaire mais complexe vivre-ensemble.
Lors du tournage, dans la concession du quartier Pays-Bas, le vivre ensemble était bel et bien présent comme le décrit Feo Aladag : « les familles de la concession ont été formidables. Très vite chacun à trouver sa place et à contribuer non seulement à la bonne ambiance de tournage mais aussi à sa bonne réalisation. Malgré un délai très court, nous avons fini avec 2 jours d’avance, ce qui est très rare dans notre travail ».
Via ce blog, nous vous tiendrons informé de la sortie du film.
Depuis l’ouverture du camp de Sayam Forage le 30 décembre 2014, peu de ménages réfugiés faisaient le choix de s’y rendre. Après les premières relocalisations, 1400 réfugiés y vivaient. A la fin du mois d’avril 2016, ils étaient un peu moins de 2000. Plusieurs raisons expliquaient alors cette faible inclinaison des réfugiés à vouloir s’installer à Sayam Forage : son éloignement de la frontière (plus de 50 km selon les normes internationales) signifiait un nouvel éloignement du foyer ; l’économie commençait à souffrir mais était encore très résiliente permettant aux populations hôtes d’accueillir les déplacés et aux déplacés de pouvoir prendre en charge une partie de leurs besoins; l’assistance venait très souvent en complément aux besoins que les ménages ne pouvaient assurer eux-mêmes.
Il y a aujourd’hui des signes qui ne trompent pas. Pour le seul mois de mai, plus de 2000 personnes ont demandé à être relocalisées vers Sayam Forage. 1478 s’y sont rendu depuis Gagamari. Pour les autres, en provenance du village voisin de Chétimari, le processus est en cours, et les rangs des candidats à la relocalisation grossissent. Mahamadou Guide Adamou est chef d’équipe de l’UNHCR à Diffa « lors des entretiens, il ressort que ce nouvel engouement à vouloir rejoindre le camp est principalement lié à des raisons de survie des ménages qui ne reçoivent pas suffisamment d’assistance ou même pas du tout, et qui ne peuvent plus se prendre en charge du fait de la dégradation de l’économie. Il ressort aussi des entretiens que la réputation qui entourait le camp de Sayam Forage est en train de changer. Les informations que reçoivent les réfugiés sont que les conditions de vie y sont bonnes. De notre côté, il faut donc prendre cette nouvelle donne en considération et augmenter graduellement les capacités d’accueil du camp ».