Une élève brillante à l'école pour filles financée par Angelina Jolie Pitt dans un camp au Kenya
L'école primaire que l'Emissaire du HCR a établie à Kakuma en 2002 a enregistré un taux de réussite de 86 pour cent.
CAMP DE RÉFUGIÉS DE KAKUMA, Kenya, 27 mars (HCR) - Naomi Chol a étudié dans une école financée par l'actrice oscarisée Angelina Jolie Pitt, mais la jeune fille de 16 ans, originaire du Soudan du Sud, est elle aussi célèbre dans un camp de réfugiés au Kenya.
« Partout où je vais, les gens m'interpellent et viennent me serrer la main », dit-elle à des visiteurs au camp de Kakuma, où elle a étudié dans une école connue localement sous le nom d'École primaire Angelina Jolie. Cette école a été créée par l'Emissaire du HCR en 2012 pour accueillir des jeunes filles ayant des besoins spécifiques en matière de protection.
Toute cette attention est due aux excellents résultats obtenus par Naomi lors des examens annuels du Certificat d'enseignement primaire du Kenya, qui ont eu lieu en novembre. Plus de 880 000 étudiants ont passé les examens à l'échelle du pays cette année, et Naomi a obtenu une note de 418 sur 500, soit la meilleure note dans le district où Kakuma est situé.
Autre bonne nouvelle : l'école, qui, lors de son ouverture, accueillait 150 filles, a enregistré un taux de réussite de 86 pour cent. Aujourd'hui, quelque 250 filles étudient dans cette école, y compris des réfugiées du Soudan, du Soudan du Sud, de la Somalie, de la République démocratique du Congo, de l'Éthiopie, du Burundi et de l'Ouganda, ainsi que des filles de la communauté hôte.
Le succès de Naomi témoigne de la qualité de l'enseignement dispensé au pensionnat et de la politique, défendue par Angelina Jolie Pitt, qui vise à essayer de donner à tous les réfugiés au moins un enseignement primaire. Un grand nombre des 1 500 filles de l'école qui ont passé les examens cette année espèrent maintenant aller à l'école secondaire.
« Depuis sa création, l'école a toujours obtenu de bons résultats », note Mohamud Hure, employé du HCR en charge de l'éducation. Il ajoute que la réussite de Naomi « cimente davantage l'importance et l'impact d'un milieu d'apprentissage sûr pour les réfugiés ». Naomi est aussi devenue une source d'inspiration pour les autres. « Nous sommes fières de ce qu'elle a accompli », dit Anyuak, étudiante dans une classe de cinquième.
Naomi sait qu'elle a eu de la chance pour ses études et que les conditions dans d'autres écoles à Kakuma et ailleurs sont difficiles. Les problèmes sont, entre autres, le surpeuplement, le manque d'enseignants qualifiés et la pénurie de matériel et de fournitures scolaires. « J'ai de la chance d'avoir étudié dans un pensionnat; cela m'a permis de me concentrer sur mes études. Mes parents m'ont aussi beaucoup encouragée; ils m'ont rappelé la chance que j'avais d'aller à l'école », indique-t-elle.
La situation n'était pas aussi rose en 2008, lorsque la famille de Naomi a fui la région du Haut-Nil, au Soudan du Sud, pour échapper à un conflit. Elle s'est d'abord rendue à Nairobi, capitale du Kenya. Les parents de Naomi voulaient que leur fille puisse faire de bonnes études, mais ils ne pouvaient pas se le permettre. Ils ont décidé d'envoyer leur fille chez une tante, à Kakuma; en 2012, Naomi était inscrite à l'école primaire, comme pensionnaire.
Naomi note que de nombreuses autres jeunes filles du camp ont abandonné leurs études. « La plupart de mes amies restaient simplement chez elles et certaines se sont même mariées. Je voulais autre chose personnellement », ajoute-t-elle.
Naomi a un but : « Je veux être neurochirurgienne. J'aime la science et je sais qu'il y a peu de neurochirurgiennes dans la région, mais j'ai confiance en moi », explique-t-elle. Naomi espère que sa prochaine école, le pensionnat Loreto Matunda (école nationale qui est l'une des meilleures écoles dans le district), à Lodwar, qui jouit d'une bonne réputation, la rapprochera de ce but.
Elle rêve aussi à une paix durable au Soudan du Sud afin de pouvoir contribuer à la reconstruction du pays après tant d'années de conflit, aussi bien avant que depuis l'indépendance en 2011. « Exceller dans mes études est le plus beau cadeau que je peux offrir à mon pays, parce que les études permettent de tout faire dans la vie. »
Son message est positif et il est partagé par de nombreux autres étudiants. Cependant, le HCR a du mal à trouver de la place pour tous ces étudiants du primaire qui veulent continuer leurs études dans l'une des quatre écoles secondaires de Kakuma.
Les enseignantes de Naomi à Kakuma reconnaissent la difficulté et elles admettent que les étudiantes méritantes comme elle doivent pouvoir s'inscrire dans de bonnes écoles, où elles pourront continuer à exceller. « Chol est une fille obéissante et brillante », déclare Isabella Muthoni, directrice de l'école. « Nous sommes très fières d'elle. Ce qu'elle a accompli donne un puissant élan à toutes les jeunes filles et prouve qu'une jeune fille peut réussir en toute circonstance. »
Par Cathy Wachiaya et Mohamoud Hure, au camp de réfugiés de Kakuma, Kenya