Des réfugiés et des demandeurs d'asile accueillent bénévolement les nouveaux arrivants en Allemagne

Un programme allemand encourage les réfugiés et les demandeurs d'asile à donner du temps en tant que bénévoles pour réserver un accueil chaleureux à d'autres arrivants comme eux.

Hassan, 19 ans, est parmi les dizaines de milliers de bénévoles en Allemagne qui aident les jeunes arrivants à s'installer
© HCR/Gordon Welters

BERLIN – Allemagne – « À quoi voulez-vous jouer aujourd’hui ? », demande Hassan à l’assemblée de jeunes visages qui l’entoure. « Au foot ! », répond le groupe, unanime.


En Allemagne, Hassan, 19 ans, est l’un parmi des dizaines de milliers de bénévoles qui aident les jeunes nouveaux arrivants à trouver leur place dans ce nouvel environnement. La particularité, c’est qu’il est lui-même demandeur d’asile. L’été dernier, ce jeune de 19 ans a fui les violences qui avaient éclaté près de chez lui à Ghazni en Afghanistan oriental, pour arriver jusqu'en Allemagne.

Les huit jeunes dont s’occupe Hassan cet après-midi ont tous moins de 10 ans. Ce sont des réfugiés d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie. Tous les lundis, Hassan et ses collègues du projet berlinois Ankommen d’accueil de jeunes organisent leur ramassage dans les abris et les conduisent jusqu’à un club de jeunes à proximité. C’est l’occasion d’éliminer l’excédent d’énergie, de jouer et d’apprendre des choses.

« Je suis bien en Allemagne, il y a plein de gens très gentils ici »

« Je suis bien en Allemagne, il y a plein de gens très gentils ici », explique Hassan qui loge chez une bénévole allemande dans son appartement berlinois. « Pendant la procédure de demande d’asile, l’attente peut être difficile à supporter, ça peut être très frustrant. Mais le travail est amusant. C’est bon pour moi. Je suis heureux de me rendre utile. »

Au début de l’année, Hassan était parmi des centaines de demandeurs d’asile qui voulaient faire cadeau de leur temps dans le cadre du Service des bénévoles du gouvernement fédéral allemand, un programme organisé dans tout le pays. Ce programme allemand du Bundesfreiwilligendienst admet des adultes de tous les âges qui souhaitent passer un an à rendre service à leur communauté. Les bénévoles travaillent 20 heures par semaine et touchent une petite rémunération.

Les bénévoles sont généralement des retraités, des étudiants ou encore des gens qui interrompent leur carrière.

  • Hassan répare des bicyclettes de seconde main à Ankommen, un programme géré par la Société berlinoise des sports et de la jeunesse (GSJ).
    Hassan répare des bicyclettes de seconde main à Ankommen, un programme géré par la Société berlinoise des sports et de la jeunesse (GSJ).  © HCR/Gordon Welters
  • Hassan fait partie des centaines de demandeurs d'asile qui donnent de leur temps dans le cadre d'un projet fédéral allemand de Services bénévoles, qui fonctionne dans tout le pays.
    Hassan fait partie des centaines de demandeurs d'asile qui donnent de leur temps dans le cadre d'un projet fédéral allemand de Services bénévoles, qui fonctionne dans tout le pays.  © HCR/Gordon Welters
  • Hassan a fui la violence près de chez lui à Ghazni, en Afghanistan, l'été dernier et il a rejoint l'Allemagne.
    Hassan a fui la violence près de chez lui à Ghazni, en Afghanistan, l'été dernier et il a rejoint l'Allemagne.  © HCR/Gordon Welters
  • Hassan et ses collègues organisent des activités de divertissement pour les enfants, qui sont tous des demandeurs d'asile afghans, syriens ou iraquiens.  ©
    Hassan et ses collègues organisent des activités de divertissement pour les enfants, qui sont tous des demandeurs d'asile afghans, syriens ou iraquiens. ©  © HCR/Gordon Welters
  • Hassan dans les locaux de l'association Ankommen.
    Hassan dans les locaux de l'association Ankommen.  © HCR/Gordon Welters
  • Hassan et ses collègues jouent au football avec les enfants dans un parc de Berlin.
    Hassan et ses collègues jouent au football avec les enfants dans un parc de Berlin.  © HCR/Gordon Welters

En décembre dernier, le ministre allemand de la famille a ouvert ce programme aux demandeurs d’asile et aux réfugiés dans le cadre d’une campagne lancée pour répondre au défi de l’intégration de centaines de milliers de nouveaux arrivants.

Plus de 1500 nouveaux arrivants ont saisi l’occasion et travaillent actuellement dans le cadre du programme.

Le HCR, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, soutient cette initiative et encourage les demandeurs d’asile et les réfugiés à s’engager en tant que bénévoles pour que les communautés puissent utiliser leurs ressources propres afin de s’entraider.

« Les enfants ont quelquefois des difficultés en allemand et je peux traduire ce qu’ils disent. »

« L’approche communautaire est au cœur des efforts du HCR pour renforcer l’intégration des réfugiés », a expliqué Katarina Lumpp, la représentante du HCR pour l’Allemagne. « En s’employant à identifier des solutions initiées par les communautés et en les réalisant ensemble, on reconnait et mobilise les capacités et la résilience énormes de la communauté des réfugiés. »

Les Bufdis, comme on désigne ces bénévoles en allemand, peuvent choisir leur activité. Certains d’entre eux prêtent main-forte en tant qu’interprètes ou ils aident les enfants récemment arrivés dans les écoles et les jardins d’enfants. D’autres, comme Hassan, se portent volontaires pour travailler avec les jeunes.

« Je ne me suis jamais occupé d’enfants avant, mais j’aime vraiment ça, » explique Hassan qui parle hindi et persan en plus du dari, sa langue maternelle. « Les enfants ont quelquefois des difficultés en allemand et je peux traduire ce qu’ils disent. »

  • Les enfants prennent leur repas avec Hassan et ses collègues dans un centre de jeunesse situé non loin.
    Les enfants prennent leur repas avec Hassan et ses collègues dans un centre de jeunesse situé non loin.  © HCR/Gordon Welters
  • Hassan espère commencer un apprentissage dans les métiers de la chaussure.
    Hassan espère commencer un apprentissage dans les métiers de la chaussure.  © HCR/Gordon Welters
  • « Nous les laissons s'amuser », explique Hassan. « C'est ce que nous faisons. Nous les laissons retrouver leur enfance. »
    « Nous les laissons s'amuser », explique Hassan. « C'est ce que nous faisons. Nous les laissons retrouver leur enfance. »  © HCR/Gordon Welters
  • Hassan et ses collègues accompagnent certains des enfants au retour vers leur lieu d'hébergement.
    Hassan et ses collègues accompagnent certains des enfants au retour vers leur lieu d'hébergement.  © HCR/Gordon Welters
  • « Je ne m'étais jamais occupé d'enfants auparavant, mais j'aime vraiment ça », explique Hassan. « Les enfants parfois ont des difficultés en allemand et je traduis ce qu'ils disent. »
    « Je ne m'étais jamais occupé d'enfants auparavant, mais j'aime vraiment ça », explique Hassan. « Les enfants parfois ont des difficultés en allemand et je traduis ce qu'ils disent. »  © HCR/Gordon Welters
  • Hassan et ses collègues accompagnent les enfants dans un centre de jeunesse.
    Hassan et ses collègues accompagnent les enfants dans un centre de jeunesse.  © HCR/Gordon Welters

Hassan donne également un coup de main pour réparer des bicyclettes offertes à Ankommen, un projet géré par la Société pour le sport et le bien-être des jeunes de Berlin. Pour les jeunes demandeurs d’asile, le bénévolat peut être l’occasion d’une expérience pratique et elle peut contribuer à leurs perspectives d’emploi à l’avenir. L’année prochaine, au terme de son contrat, Hassan espère commencer un apprentissage de cordonnier.

Mais jusque-là, il a un emploi du temps bien chargé. Une fois par semaine, il aide Ankommen à organiser des championnats de football avec des adolescents qui vivent dans les hangars de l’ancien aéroport de Berlin à Tempelhof. L’aéroport où le trafic aérien a cessé en 2008 sert aujourd’hui pour l’hébergement d’urgence de plus de 1000 réfugiés en attente de logements plus permanents.

Un jour sur deux, Hassan rend visite aux enfants des abris installés en différents endroits de la ville pour les emmener nager, jouer au ping-pong, au basket, au billard ou au baby-foot.

« C’est un super travail », dit-il. « Ces enfants ont vécu la guerre. Ils ont eu énormément de problèmes dans leurs propres pays. Bien sûr qu’ils ont besoin d’aide. On leur donne l’occasion de s’amuser. C’est ce qu’on fait… On les laisse être des enfants. »