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Burundi security forces accused of violent repression

Publisher: BBC News
Story date: 21/12/2015
Language: English

The security forces in Burundi systematically killed dozens of people during violent repression that took place in the capital Bujumbura on 11 December, Amnesty International says.

It says that some of the scores of people who died during the single bloodiest day of Burundi's "escalating crisis" were killed extra-judicially.

At least 87 people were killed, including eight security force members.

The government has not yet responded to the Amnesty report.

But it said soon after the violence on 11 December that those killed were responsible for attacks on government installations.

Unrest has blighted Burundi since an attempted coup in May and protests over President Pierre Nkurunziza's continued rule.

The attempt to overthrow the president followed his decision to seek a third term in office, which he won in a disputed election in July.

Ethnic conflict between Hutus and Tutsis which began in Burundi in the early 1990s claimed an estimated 300,000 lives.

'Nadir'

"The violent repression that took place on 11 December represented a dramatic escalation in scale and intensity from previous security operations," the Amnesty report says.

"But the modus operandi of the operations – involving extrajudicial executions, systematic looting and theft, arbitrary arrests and targeting of perceived political opposition strongholds – was not qualitatively different from past practice."

Amnesty says that its report was compiled after a two-week fact-finding mission to the country.

Most of those killed on 11 December were residents of districts mostly inhabited by members of the minority Tutsi ethnic group, it says.

"They are considered by the authorities to be pro-opposition areas, as the protests that began in April against President Nkurunziza's bid for a third term in office started in these neighbourhoods."

Amnesty says that since the beginning of the protests in April, residents of Bujumbura have become accustomed to near-daily reports of corpses being found in the streets.

"Frequent arbitrary arrests and enforced disappearances, as well as what appears to be a systematic practice of extortion by the security forces... have also contributed to the rapid deterioration of the human rights situation in the country," Amnesty says.

"Yet, even in this context, the events of 11 December marked a nadir," the report says.

While the government faces "an extremely challenging security situation", including armed attacks on the security forces, "it must confront these challenges in a manner consistent with human rights and the rule of law".

"Ending the absolute impunity that the security forces currently enjoy is an essential first step," Amnesty says.
 

Des exilés burundais racontent leur pays en proie à la violence

Publisher: Mediapart
Author: Alexandre-Reza Kokabi
Story date: 21/12/2015
Language: Français

Depuis que le président du Burundi Pierre Nkurunziza a décidé en avril 2015 de se faire réélire pour un troisième mandat théoriquement inconstitutionnel, il a réprimé toute l'opposition d'une main de fer, précipitant la fuite de 200 000 personnes et les craintes de massacres interethniques.

Tentative de putsch, manifestations, émeutes sanglantes et répression policière : au cœur de l'Afrique des Grands Lacs, le Burundi est plongé dans la crise depuis plusieurs mois. En avril 2015, le président Pierre Nkurunziza avait annoncé son intention de se représenter à la tête du pays. Un troisième mandat pourtant interdit par les accords d'Arusha, qui avaient permis de sortir de la guerre civile (1993-2005). Il a entamé en juillet dernier ce nouveau quinquennat, très contesté. Les manifestations sont dispersées à balles réelles et les pressions sur les opposants, la société civile et même les membres mécontents du parti au pouvoir, le CNDD, sont étouffantes.

Le 12 décembre 2015, la répression initiée par l'état-major a encore grimpé de quelques crans dans l'escalade de la violence. Dans les rues de la capitale Bujumbura, des corps ont été retrouvés sans vie, et souvent les bras attachés dans le dos. Principalement dans des quartiers qualifiés de « contestataires » par le régime. Les cibles principales de ce massacre : des jeunes hommes. Au moins 154 victimes auraient été recensées par la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH). Beaucoup d'observateurs internationaux craignent que ce conflit, politique au départ, ne vire au massacre ethnique, étant donné l'instrumentalisation que fait Nkurunziza des tensions entre les Hutus majoritaires et les Tutsis.

Plus de 200 000 Burundais ont fui leur patrie depuis le début des remous. Plus de 45 000 vivent dans le camp de réfugiés de Mahama au Rwanda. Des hommes, des femmes et des enfants poussés vers la sortie, au prix d'une fuite souvent aussi rocambolesque que vitale. Ils ont laissé derrière eux des êtres chers, leur domicile et leur métier. Au Rwanda, en ville ou dans un camp de transit du Haut-Commissariat aux réfugiés, nous en avons rencontré quatre. Ils s'appellent Christian, Rachelle, Timothé et Aline. Ils témoignent de leur parcours.

Christian, avocat : « Je n'ai jamais vraiment connu la paix »

Christian a participé aux manifestations contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Forcé à quitter le Burundi sous peine d'être arrêté, cet avocat a trouvé l'exil au Rwanda après avoir échappé aux Imbonerakure, la ligue de jeunesse du parti au pouvoir. Il est maintenant loin de sa famille et vit dans un camp de transit.

« J'ai 43 ans et je suis avocat. J'ai participé aux manifestations à Bujumbura. J'en garde encore quelques séquelles ... » Christian joint le geste à la parole. Il monte le bas de son pantalon et dévoile une peau meurtrie, bleuâtre au niveau de son fémur. « Des Imbonerakure [la ligue de jeunesse du CNDD-FDD, le parti au pouvoir] m'ont attrapé et m'ont tabassé. J'ai boité pendant deux mois, mais ça aurait pu être pire », avance ce natif du sud du Burundi.

Quand Pierre Nkurunziza a annoncé qu'il briguerait un troisième mandat à la tête du pays, en avril, le sang de Christian n'a fait qu'un tour. Lui, l'avocat féru de livres sur les droits de l'homme et la justice, habitant au quartier « contestataire » de Cibitoke, n'a pas hésité à descendre dans la rue. « J'avais l'habitude des situations ubuesques au travail, avec les juges corrompus qui envoient des détenus en prison sur injonction de "quelqu'un d'en haut". Mais là, un troisième mandat du président, alors même que c'est interdit par les accords d'Arusha, c'était trop. » Dans ses souvenirs, la répression du pouvoir en place, face aux manifestants, a d'abord été nourrie par l'utilisation de gaz lacrymogène. Mais ça, c'était avant le 13 mai 2015. Avant le putsch avorté. « Depuis, les balles réelles ont remplacé la lacrymo. J'ai vu des jeunes mourir. À mes côtés, devant mes yeux... »

Les manifestations et les décisions politiques, Christian avait l'habitude de les débriefer autour d'un verre avec son ami, le colonel Manassé. Un homme qu'il a rencontré entre 2001 et 2005 en prison. « J'étais membre du parti UPRONA, de l'ancien président Jean-Baptiste Bagaza, mais aussi vice-président du parlement universitaire. À cette époque, je soutenais les putschistes et j'ai été envoyé à la prison d'Ngozi, puis à Mpimba. J'ai été acquitté en 2005, à la fin de la guerre civile. » Le colonel Mopolo, lui, faisait partie du parti de Pierre Nkurunziza. « Mais c'était un homme bon, il critiquait tout le temps des actions de ses compères. La preuve que tout le monde n'est pas à mettre dans le même panier. »

Une journée d'octobre, le colonel a disparu. La rumeur de sa mort s'est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. « Je ne sais pas ce qui lui est vraiment arrivé. Je pense qu'il a été torturé et qu'on l'a forcé à parler... Quelques heures plus tard, ma femme m'a prévenu de ne pas rentrer à la maison. Elle était cernée par des Imbonerakure à ma recherche. » Commence alors une partie de cache-cache tristement vitale. Christian déménage trois fois, avec sa compagne et leurs deux enfants. Puis, conscient qu'il leur fait courir un trop grand danger, il se résout finalement à prendre ses distances. « Je dormais chez des amis, changeais de toit tous les jours. Un matin, un ami capitaine de police m'a informé qu'un mandat d'arrêt avait été prononcé à mon encontre. L'état-major possédait notamment des images de moi lors des manifestations. » Christian doit alors quitter le pays.

Arrêté par des Imbonerakure à la frontière avec le Rwanda, il ne doit son salut qu'à l'argent qu'il avait caché pour sa fuite. « La quasi-totalité de mes économies : 1,7 million de francs burundais [à peu près 1000 euros]. Ils ne s'attendaient pas à en trouver autant. Ils se sont concertés et m'ont finalement invité à filer. Cet argent m'a sauvé. » Pas de souliers, pas de chemise, pas de tricot. Plus d'argent ni de passeport : Christian n'a plus rien. Mais il est sauf, et sur le territoire rwandais.

Arrivé à Kigali, la capitale rwandaise, Christian doit se rendre à l'évidence. Sans argent, il ne pourra pas survivre ici. Son périple s'achèvera donc au camp de transit de Gashora, où cinq cents Burundais vivent sous la protection du Haut-Commissariat aux réfugiés, en attendant d'être déplacés au camp de réfugiés de Mahama. « Jamais je n'aurais imaginé me retrouver un jour dans un camp. Sans papiers, sans argent, à manger du maïs à tous les repas, ça démoralise. » Utilisateur assidu des réseaux sociaux, Christian sait bien que les nouvelles du pays ne sont pas bonnes. « Ma famille vit dans une peur indescriptible. Ils s'attendent toujours à pire, puisque chaque jour les limites de la cruauté sont dépassées par le pouvoir en place. » Les faire venir au Rwanda ? « Trop dangereux. Toute la frontière est gardée. Comment ils pourraient arriver jusqu'ici ? Ça me tracasse. Les enfants me manquent. Mon souhait le plus cher, aujourd'hui, c'est que le pouvoir change. Je n'ai jamais vraiment connu la paix. Je suis né en plein milieu de la crise de 1972. J'ai vécu la guerre civile. J'aimerais juste que mes enfants puissent avoir une vie plus tranquille. Si nos dirigeants restent en place, la situation va s'enliser, des gens vont continuer à mourir. Et nous, réfugiés, nous serons condamnés à rester à l'extérieur. »

« Ils l'ont assassinée sauvagement dans la rue. Ils l'ont torturée puis abattue »

Rachelle, membre d'un parti d'opposition : « Peut-on dire la triste vérité à un enfant de cinq ans ? »

Présidente d'un parti d'opposition dans une commune de Bujumbura, Rachelle l'a échappé belle lors de sa fuite, à l'aéroport. Aujourd'hui réfugiée urbaine dans une ville rwandaise, elle repart de zéro avec ses deux enfants. « Le gouvernement n'a pas respecté le socle des accords d'Arusha et a oublié sur quel fonds il était arrivé au pouvoir : l'unité et la réconciliation. En se présentant une troisième fois à la tête du Burundi, Pierre Nkurunziza a violé la constitution. » Rachelle, 32 ans, était présidente d'un parti d'opposition dans une commune de Bujumbura. Elle vivait dans le quartier dit « contestataire » d'Ngagara. Elle se souvient comme si c'était hier des avertissements des Imbonerakure, au moment de l'annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat. « Ils disaient qu'ils allaient nous lessiver, nous égorger si on voulait l'en empêcher. Qu'ils nous barreraient toujours la route, coûte que coûte », souffle-t-elle.

Mais Rachelle n'est pas du genre à se laisser intimider. Elle se bat pour organiser l'opposition, avec les membres de son parti. Lors des manifestations, elle est au premier rang, montre l'exemple. « Avec les habitants de ma commune, nous allions manifester dans le quartier de Nyakabiga, près de l'Université du Burundi. On était présents chaque jour. » Les policiers et les Imbonerakure, impitoyables, répliquent par des jets d'eau, des balles réelles. « J'ai vu des gens lever les bras, sans armes et vulnérables, se faire tirer dessus », souffle Rachelle. « Mais tout le monde n'a pas un cœur de tigre, tient-elle à ajouter. Il n'était pas rare que des policiers nous montrent le chemin le plus adapté pour nous échapper. C'est arrivé beaucoup de fois. Ils risquaient leur vie. »

Le samedi 17 octobre 2015, la vice-présidente de son parti disparaît. La police dément sa mort mais, pour Rachelle, ça ne fait aucun doute : « Ils l'ont assassinée sauvagement dans la rue. Ils l'ont torturée puis abattue. » Rachelle, affublée de ses statuts d'opposante, de fille d'ex-militaire et de Tutsi, doit fuir sans se retourner : elle apprend qu'elle est la prochaine sur la liste. Des Imbonerakure ont été aperçus près de chez elle. « J'ai été chercher mes enfants à l'école et je suis partie au sud de Bujumbura, chez mes parents. » Elle se débarrasse de sa voiture, dont le numéro de plaque est connu, et ne retournera jamais plus dans sa maison.

Quelques jours plus tard, le téléphone sonne. « Au bout du fil, mes collègues de travail étaient en panique. Ils ont reçu la visite d'agents du Service national de renseignement. Mon supérieur m'a suppliée de quitter le pays. » Mais la trentenaire ne l'entend pas de cette oreille. Elle pense à ses enfants, de cinq ans et six mois, ainsi qu'à ses compagnons de lutte. Ces jeunes qu'elle mène sur les chemins des manifestations. « S'ils me voyaient fuir, que penseraient-ils de moi, de leur combat ? », se dit-elle. Son mari Eric, rentré d'une mission en Afrique du Sud, ses frères et ses parents pèsent lourd dans sa décision : ils refusent de la voir rester au péril de sa vie.

Un membre de sa famille lui procure un billet d'avion. « Je ne voulais pas passer par la route. Ils m'auraient fait disparaître sans laisser de traces. Mon mari, mes frères, mes parents, mes amis... Personne ne pouvait me conduire à l'aéroport sans risquer de se faire attraper. Alors j'ai dû partir seule, en taxi. » Elle troque ses lunettes pour des lentilles, et enfile un long voile. Peine perdu : après un contrôle d'identité, on lui demande de se mettre sur le côté. « Dans ma tête, je venais de signer mon arrêt de mort. Je voulais que ce soit rapide. J'avais peur qu'ils me violent. Pour les femmes, c'était ça la torture. »

Elle croise alors le regard de son beau-frère, membre influent du parti au pouvoir. « J'avais enfin une carte en main », sourit Rachelle. L'homme discute avec les policiers, lui lance un clin d'œil et revient avec une enveloppe. De l'argent. La suite ? Les policiers l'escortent eux-mêmes jusqu'au transit, puis dans l'avion, prétextant qu'elle est très malade. « J'ai eu la chance d'avoir la vie sauve. Arrivée à Kigali, je me suis rendu compte du nombre considérable de Burundais qui vivaient ici. Une semaine après, mes enfants m'ont rejointe avec leur père, Eric. » Faute de pouvoir assumer un loyer dans la capitale du Rwanda, la petite famille s'installe au sud du pays. Eric, lui, doit retourner au Burundi pour le travail, et leur rend visite environ une fois par semaine. « On vit tant bien que mal. Le combat ne s'arrête jamais : après celui de la lutte contre l'injustice au Burundi, il y a eu celui de la fuite. Maintenant, il y a celui de l'insertion dans une société où peu d'emplois sont à pourvoir, surtout pour des réfugiés. Nous avons quelques moyens qui nous permettent de vivre en ville, mais s'ils s'amenuisent trop... Nous serons contraints de nous tourner vers les camps de réfugiés. » Mais le plus dur, dans tout ça, « ce sont les questions de mes enfants : Quand est-ce qu'on retourne à la maison ? Pourquoi on n'a plus de télé ? Pourquoi papa ne reste pas ? (...) Peut-on dire la triste vérité à un enfant de 5 ans ? C'est comme un couteau qui s'enfonce tout doucement, toujours plus profondément. Tout ce qu'on a construit a été foutu en l'air. »

« D'un moment à l'autre, je m'attendais à recevoir une grenade dans mon sommeil »

Timothé, président d'un tribunal de grande instance : « La justice était complice de ces tortures »

Président d'un tribunal de grande instance burundais, Timothé a été limogé pour avoir désobéi aux ordres de son ministre et jeté le portrait du président Nkurunziza à la poubelle. Considéré comme un traître par certains de ses compagnons d'exil, il n'est en sécurité nulle part. « Mon frère a participé au coup d'État manqué, le 13 mai. Il a été arrêté. De colère, j'ai jeté le portrait du président Nkurunziza à la poubelle. » Avant cet événement, Timothé, 45 ans, était président d'un tribunal de grande instance au nord du Burundi. Forcé et contraint, il a souvent dû prendre des décisions allant à l'encontre de ses propres convictions. « Le procureur de la République voulait diriger à la fois son parquet et mon tribunal. Il avait installé un groupe de trois juges qui n'obéissaient qu'à lui. Mes poings étaient liés. On nous enjoignait de ne pas faire ce que dit le droit. Pour quels motifs ? Parce que les gens appartenaient à tel ou tel parti, à telle ou telle ethnie. »

L'œil humide, le magistrat avoue avoir dû fermer les yeux à de multiples reprises devant des aberrations, et envoyé un homme en geôle pour détention d'armes tout en sachant qu'elles avaient été placées à son domicile en son absence lors d'une perquisition nocturne illégale. Quelque temps plus tard, le chef des Imbonerakure, « des gens au-dessus des lois à qui on a lessivé le cerveau », lui a « emprunté » sa voiture de fonction. Il l'a utilisée pour arrêter un jeune ayant distribué des tracts contre le président Nkurunziza. « Ils l'ont frappé, puis l'ont amené aux cachots du parquet. Je sais que j'étais aussi otage d'une certaine façon, mais je faisais quand même partie des rouages. »

Un jour, il a décidé de dire stop : « Un conflit foncier opposait deux parties : une famille de Hutus, et quinze familles de Tutsis. Les familles de Tutsis avaient gagné le procès. Le ministre et le président de la cour d'appel m'ont pourtant ordonné de les exproprier et d'installer sur leur propriété la famille de Hutus. » Timothé n'exécute pas. Il ne veut pas être responsable de l'expulsion de plus de 80 personnes. « Ils n'ont pas voulu faire ce sale boulot à ma place et m'ont finalement proposé de concilier les deux parties. Mais pourquoi concilier les deux parties alors qu'une décision judiciaire devait être exécutée ? C'était non. » Sa femme, Diane, commence à recevoir des menaces de mort.

Le 13 mai 2015, à la suite du putsch manqué, le frère de Timothé est envoyé à la prison de Gitega. Le portrait du président Nkurunziza ne résiste pas à la colère du magistrat. « C'est remonté jusque dans les plus hautes sphères de l'État. J'ai été radié et poursuivi. » À la radio ou dans les cabarets, il subit toutes sortes de moqueries. « J'étais déjà considéré comme un traître par ceux que je n'avais pu protéger des arrestations arbitraires. Mais là, je suis devenu aussi l'ennemi du pouvoir en place. D'un moment à l'autre, je m'attendais à recevoir une grenade dans mon sommeil. »

Début octobre, il reçoit une missive de la part d'un camarade de la cour d'appel. Le président de la cour et le procureur général sont en route pour l'arrêter. « Je voulais rester, voir de quoi ils allaient m'accuser. Mais, dans la conjoncture actuelle, pour plaider devant quel juge ? J'étais mieux placé que quiconque pour savoir que les dés étaient pipés. Alors je suis parti. » En taxi, il rallie le domicile d'un ami, « un Européen ». Il l'aide à préparer sa fuite, lui confie 20 000 francs burundais. Quelques jours plus tard, il parvient à passer la frontière sans s'arrêter à l'Office d'immigration.

Il appelle la police rwandaise, qui le conduit au poste le plus proche pour l'interroger, avant de le laisser poursuivre son chemin. Timothé passe par la case Kigali, où il se rend à l'ambassade des Pays-Bas. « Je ne pouvais faire aucune demande sans passeport néerlandais. Moi, je n'avais même pas ma carte d'identité. » Fin octobre, il atterrit au camp de transit de Gashora. « Dès les premiers jours, j'ai été dénoncé à la police comme étant un Imbonerakure. Mon histoire est connue de tous et beaucoup veulent ma peau. J'ai énormément d'appréhension à aller au camp de Mahama, où vivent des gens qui sont allés en prison par ma faute. »

Sa famille l'a retrouvé récemment. Profitant d'un jour de pluie abondante, sa femme et ses trois enfants ont faussé compagnie aux agents du renseignement placés chez eux, armés de fusils. « Officiellement, ils veillaient sur ma famille ... Dans les faits, ils cherchaient à savoir où j'étais. Elle a appelé un taxi et ils sont arrivés directement. Dieu merci. » Au Burundi, Timothé gagnait 500 000 francs par mois, soit environ 300 euros. Une situation confortable qui lui permettait d'aller au bistrot sans trop compter, d'offrir « pleins de petits trucs » à ses enfants et sa femme. Au camp de transit de Gashora, ils vivent maintenant dans ce qui ressemble à une ancienne laverie, d'une petite dizaine de mètres carrés. « Parfois, ma femme fait des miracles et nous pouvons nous passer des graines de maïs ... Mais le contraste est assez difficile à encaisser, surtout pour les enfants. L'école leur manque. À la maison, on avait des toilettes avec des sièges. Ici, ils ont peur de tomber dans le trou. Il n'y a pas d'électricité, pas de télévision ... » Timothé, féru de littérature française, lit en ce moment un recueil de philosophie politique. Il lève les yeux au ciel. « J'entends parler de dialogue social en vue. Mais de quoi vont-ils discuter ? Tout avait été dit dans les accord d'Arusha. Le président n'a pas respecté ça, alors que va-t-il respecter maintenant ? On divise encore les Hutus et les Tutsis alors que nous nous marions ensemble, que nous vivons ensemble. Je ne veux pas retourner dans mon pays. »

« Tout cela pour des dirigeants qui s'accrochent au pouvoir, au détriment du peuple »

Aline, commerçante : « Des coups de couteau en pleine rue »

Une triste journée d'octobre, Innocent a demandé à sa femme Aline de rester à la maison. Il est mort poignardé en pleine rue à Bujumbura, devant son magasin. Aline, elle, est maintenant réfugiée au Rwanda avec leur enfant de 11 mois. « Il m'a parlé d'un pressentiment. Je me demande si ce n'était pas plutôt une certitude. Quelque chose allait lui arriver. Il voulait que je reste à la maison ce matin-là, que je lui prépare un sombé, une recette à base de manioc. C'était son plat préféré. » Innocent, commerçant burundais, n'est jamais rentré pour ce dîner.

Bien avant, Aline était consciente que quelque chose clochait. En août, quelques semaines seulement après la réélection du président Pierre Nkurunziza, la jeune trentenaire avait confié leur fils aîné de 6 ans à son frère, en fuite vers le Rwanda. Leur voisin et ami les avait mis en garde. Ce membre du CNND, le parti du président, avec qui ils ont partagé tant de repas, leur avait fortement recommandé de fuir. Innocent était en danger, disait-il, et son nom circulait régulièrement dans les réunions du parti au pouvoir. Pour une raison ou pour une autre, ils voulaient le faire disparaître. « Nous n'étions pas politisés. Ils savaient que nous partagions les idées du parti d'opposition, et je pense que c'est ça qu'ils nous reprochaient. »

Aussi loin qu'elle se souvienne, Innocent avait l'air tendu à son réveil. Habituellement, ils se préparaient ensemble pour ouvrir leur boutique, une sorte de quincaillerie où tout le monde pouvait trouver son bonheur. Au cœur de l'après-midi, alors qu'Aline s'occupe de son bébé de 11 mois, le voisin déboule à la hâte dans la propriété. « C'était comme dans un cauchemar. Il m'a annoncé que mon mari avait été traîné hors de notre magasin par des Imbonerakure. Ils lui ont infligé des coups de couteau, en pleine rue. Ils l'ont accusé d'être un traître, de manigancer des choses avec des Rwandais. Il est mort quelques minutes après. »

Depuis le début de la crise, les Rwandais ne sont pas en odeur de sainteté au Burundi. Le gouvernement de Pierre Nkurunziza a notamment accusé celui de Paul Kagamé de le déstabiliser en soutenant le groupe rebelle responsable d'attaques au nord, en juillet dernier. De nombreux opposants au régime ainsi que des journalistes ont trouvé refuge au Rwanda, et les ressortissants du pays des milles collines sont souvent arrêtés au Burundi, accusés d'être des espions envoyés par Kigali. Aline a déjà vu « un homme de 25 ans, rwandais, être attaché sur un arbre, puis abattu à coups de pierre. Aux yeux de tous, mais surtout devant sa mère ». Le lien entre son mari et les Rwandais, elle ne le connaissait pas. « Il n'allait même pas manifester », ajoute-t-elle.

À la hâte, son voisin s'arrange pour qu'elle bénéficie d'un taxi-voiture jusqu'à Kirundo, au nord du Burundi. Pas question de perdre du temps à collecter des affaires à la maison, il ne faut pas traîner. En chemin, elle passe devant de nombreux check-point d'Imbonerakure. De Kirundo, elle parvient à trouver un second véhicule à l'aide d'un ami musulman, comme elle. Il lui confie également quelques sous pour pouvoir corrompre les éventuels Imbonerakure qu'elle croiserait sur sa route.

Le 22 novembre, un dimanche, Aline et son petit arrivent au camp de transit de Bugesera, au Rwanda. « Certains souvenirs me hantent, l'épreuve que nous avons traversée est encore dans ma tête au quotidien, confie-t-elle. Il n'y a pas grand-chose à faire ici, alors ça n'aide pas. On mange tout le temps du maïs et de la bouillie, et pour allaiter mon bébé ce n'est pas facile. » Dans sa « chambre », une sorte de hangar mis à disposition par le HCR et qu'elle partage avec d'autres familles, Aline a au moins la chance de posséder un matelas. Mais cette joie sera de courte durée. « Il nous a été prêté par un homme, sûrement attendri par mon bébé. Mais seulement pour quelques jours, parce qu'il l'avait déjà vendu et que quelqu'un viendra bientôt le récupérer. On dormira à même le sol. »

Orpheline depuis ses 23 ans et le meurtre de ses parents, au début de la guerre civile burundaise, Aline aimerait savoir si son fils aîné va bien, lui annoncer le décès de son père. « Dans cette agitation, je n'ai même pas eu le temps de noter le numéro de mon frère, regrette-t-elle. Les menaces, les grenades... Toutes ces atrocités sont arrivées si vite dans notre quotidien ! Les enfants ne vont plus à l'école sans que leurs parents ne craignent de les voir tuer en chemin. Tout cela pour des dirigeants qui s'accrochent au pouvoir, au détriment du peuple. »

Boite noire

Les prénoms des personnes ont été changés, mais elles ont toutes accepté d'être prises en photo.

Alexandre-Reza Kokabi est journaliste et photo-reporter indépendant. Il revient d'un séjour de trois semaines au Rwanda.
 

Opposition says 19 dead in Djibouti violence, government says only nine wounded

Publisher: Reuters
Story date: 21/12/2015
Language: English

DJIBOUTI
A Djibouti opposition group said at least 19 people were killed in clashes with police that began when people were marking a religious celebration, while the government said just nine people were wounded when police fought armed individuals.

The rival accounts made it difficult to determine what was precisely the cause or the number of casualties from the clashes early on Monday in the tiny Horn of Africa nation. It was not immediately possible to secure independent witness reports.

Djibouti, home to a regional port as well as U.S. and French military bases, has faced sporadic violence before, usually sparked by protests against the government of President Ismail Omar Guelleh, whose party has a tight hold on power.

Kadar Abdi Ibraim, spokesman for the opposition coalition Union pour le Salut National, told Reuters the police first attacked people marking a religious celebration that he said had been banned. He said police then attacked a house where opponents were meeting.

He said at least 19 were killed and dozens wounded in the violence in the mainly Muslim nation which has a population of about 876,000.

A statement from Interior Minister Hassan Omar Mohamed, released on the presidency website, said "dozens of armed individuals" launched an attack on security forces in the Buldhoqo area. He said nine people were wounded, including a police officer. He did not identify the other wounded.

The minister said the violence was directed against the security forces to "destabilize our nation and sow divisions". He said people "who act from abroad" stoked the violence but added that the situation was now under control.

In parliamentary polls in 2013, protesters clashed with police saying the results were rigged, a charge the government denied.

In 2011, anti-government demonstrators, who were buoyed by the revolutions then sweeping North Africa, demanded Guelleh step down. The authorities cracked down hard on the opposition.

The president has been in power since 1999 and a new presidential election is scheduled for April 2016.

Djibouti hosts the only U.S. military base in Africa, as well as a French base. The former French colony's port has been used by foreign navies patrolling the Gulf of Aden's shipping lanes, some of the busiest in the world.

Chinese officials said in November China was in talks with the government on building logistics facilities to support Chinese peacekeeping and anti-piracy missions. Djibouti's president had earlier said China was discussing a military base.

(Reporting by Abdourahim Arteh in Djibouti and Reuters Television and Nairobi bureau; Writing by Edmund Blair; Editing by Nick Macfie)
 

Passenger says Muslims protect Christians in Islamist attack on Kenyan bus

Publisher: Reuters
Author: BY JOSEPH AKWIRI
Story date: 21/12/2015
Language: English

Somali Islamist militants sprayed a Kenyan bus with bullets on Monday, killing two people, but a passenger said he and fellow Muslims defied demands from the attackers to help identify Christians traveling with them.

The attack took place in Mandera, in northeast Kenya. A year ago, al Shabaab gunmen stormed a Nairobi-bound bus in the same area and killed 28 non-Muslim passengers execution-style.

Abdi Mohamud Abdi, a Muslim who was among the passengers in Monday's incident, told Reuters that more than 10 al Shabaab militants boarded the bus and ordered the Muslim passengers to split away from the Christians, but they refused.

"We even gave some non-Muslims our religious attire to wear in the bus so that they would not be identified easily. We stuck together tightly," he said.

"The militants threatened to shoot us but we still refused and protected our brothers and sisters. Finally they gave up and left but warned that they would be back," he said.

In previous attacks, al Shabaab has often killed both Muslims and non-Muslims.

Julius Otieno, the deputy county commissioner, confirmed the account, saying that the militants "were trying to identify who were Muslims and who were not," and that the Muslim passengers had refused to help.

The militants then fled the scene, both men said.

Sheikh Abdiasis Abu Musab, al Shabaab's military spokesman, said the group had fired shots at the bus.

"Some of the Christian enemies died and others were injured," he told Reuters in a statement. The militants did not immediately respond to a request for comment about the role of Muslim bus passengers during the attack.

The 2014 bus attack shocked Kenya and led to a shake-up of security ministers. Since then, buses carrying passengers from Mandera have been given police escorts, but Kenya Police spokesman Charles Owino said that had not happened in this case because the bus had bypassed a police roadblock.

Owino said that in addition to the two deaths, four people were wounded.

Al Shabaab has said it will continue its attacks on Kenya until Nairobi withdraws troops from an African Union force fighting the militants in Somalia. It has also said northeastern Kenya should be part of Somalia.

Kenya's long northeastern border with Somalia is widely considered a security weak spot. Factors include poor coordination between security services, and a culture of corruption that allows anyone prepared to pay a bribe to pass unchallenged.

(Reporing by Joseph Akwiri; Additional reporting by Feisal Omar; Writing by Edith Honan; Editing by Mark Trevelyan)
 

En route pour l’Europe, des réfugiés syriens se retrouvent au Mali

Publisher: Le Monde
Author: Augustin K. Fodou
Story date: 21/12/2015
Language: Français

Un millier de Syriens ont suivi un nouveau circuit d'exil. Arrivés en avion en Mauritanie, ils traversent le Mali puis l'Algérie, d'où ils espèrent rallier l'Europe.

A In-Khalil, minuscule localité malienne à la lisière de l'Algérie, à 300 km au nord de Kidal, une centaine de réfugiés syriens, dont de nombreux enfants, attendent de passer la frontière algérienne, officiellement fermée, pour poursuivre leur voyage vers l'Europe.

Depuis la mi-septembre, un millier de ces réfugiés, issus de la vaste diaspora causée par la guerre civile en Syrie, sont passés par ce hameau désertique, selon les éléments de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), qui contrôle une vaste zone du nord du Mali, rencontrés fin novembre à In-Khalil par le correspondant de Sahelien.com dans la région.

Le trajet de ces réfugiés passe d'abord par Nouakchott, capitale de la Mauritanie, où ils arrivent par avion en profitant notamment de l'absence d'obligation de visa pour les Syriens dans ce pays. lls rejoignent ensuite Bassikounou, à l'approche du Mali, où se situe le grand camp de réfugiés maliens de Mbera. De là, des passeurs les transportent vers Ber, localité de la région de Tombouctou sous contrôle de la CMA. Un long voyage dans le désert les attend ensuite. De deux à quatre pick-up chargés de Syriens arrivent chaque jour en provenance de Ber à In-Khalil, où des conditions difficiles les attendent.

«On les accueille chaque jour ici, déclare Mbareck Ould Mohamed Ali, un habitant de In-Khalil qui héberge des réfugiés. Il faut faire quelque chose pour ces gens, ils n'ont rien à manger, rien à boire.»

Il s'agit ici d'un deuxième circuit connu de réfugiés syriens passant par le Mali, celui-ci contournant entièrement la zone sous contrôle gouvernemental. Un premier circuit passant par Bamako avait déjà été révélé, le 16 septembre, après qu'un car de la société de transport SONEF convoyant une trentaine de Syriens en provenance de la capitale avait été stoppé à Gao. Ces réfugiés étant munis de documents de voyage, y compris des visas émis par le consulat malien à Nouakchott, les autorités avaient fini par les laisser poursuivre leur périple. A ce jour, seuls 87 Syriens sont sous mandat du Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR) à Bamako, selon une porte-parole de cet organisme. Parmi ceux-ci, 24sont des réfugiés reconnus, tandis que 63 ont demandé l'asile au Mali.

L'activité actuelle sur ce premier circuit est difficile à préciser. A Bamako, les agents de la SONEF ont renvoyé les questions vers le directeur, qui ne s'est pas rendu disponible. Joint à Gao, un officier de police n'a pas voulu répondre non plus à la question de la présence actuelle de Syriens dans cette ville.

Mais le circuit parallèle en zone CMA est, lui, bien actif, et semble transporter en ce moment un nombre important de réfugiés syriens. Leurs passeurs sont des civils, selon les autorités de la CMA, qui assurent que leurs éléments ne se font pas payer pour le passage mais se chargent de les mettre en sécurité. «La CMA vient en aide comme elle peut. D'abord, en les sécurisant, ensuite en partageant le peu que ses hommes ont, sur le terrain», déclare Almou Ag Mohamed, un porte-parole de la coordination.

Le groupe cherche aussi à gérer le flux de réfugiés afin de ne pas surcharger le village d'In-Khalil. «Nous faisons de notre mieux, mais il y a beaucoup de difficultés pour les accueillir», déclare Loumada Ould Ghanami, responsable de la sécurité de la CMA à In-Khalil. Ses éléments disent avoir demandé à leurs collègues situés à Ber d'y retenir les nouveaux arrivants – même si Haboul Hamadi, maire adjoint de Ber contacté par téléphone, dément toute présence de Syriens dans sa ville.

De plus, l'étape suivante – le passage en Algérie – est devenue beaucoup plus risquée depuis qu'Alger a renforcé ses contrôles frontaliers, selon des chauffeurs privés rencontrés à In-Khalil. Ceux-ci n'ont pas voulu donner leur identité et disent craindre d'être emprisonnés et de voir leurs véhicules saisis par les autorités algériennes.

Ce qui laisse les familles syriennes, restées en rade à In-Khalil, dans une situation précaire. «Nous avons beaucoup souffert durant notre trajet. Il n'y a ni eau, ni vivres et trop de chaleur, déclare un Syrien, tandis que des enfants de son groupe jouent dans la rue poussiéreuse. Les conditions du désert ne sont pas faciles, surtout pour nos enfants. Nous lançons un appel au monde entier pour nous venir en aide.»
 

Mali government declares 10-day state of emergency

Publisher: Reuters
Story date: 21/12/2015
Language: English

BAMAKO
Mali's government on Monday declared a ten-day state of emergency from midnight after what security sources say follows a series of threats from unnamed jihadist groups.

An Islamist insurgency simmering in the West African country since French forces drove the militants out of key northern towns two years ago has intensified in recent months.

Unknown jihadists attacked a luxury hotel in November, killing 20 people including many foreigners, in the latest strike on the country's once stable southern capital Bamako.

Mali's government then declared a state of emergency but it has since expired.

"The state of emergency aims to give the relevant authorities the means to allow them to better identify and counter any project threatening people's safety...," according to the government statement, without giving details.

Two security sources said threats issued by jihadist groups had prompted the announcement. One of them said this followed a meeting of Islamist militant leaders in the northern Kidal region last week.

Many armed fighters operate in Mali's vast northern desert, including some with links to al Qaeda, and other secular groups drawn from the Tuareg community seeking independence for a region they call Azawad.

(Reporting by Adama Diarra; Additional reporting by Souleymane Ag Anara; Writing by Emma Farge)
 

Boko Haram violence forces one million children out of school: U.N.

Publisher: Reuters
Author: BY KIERAN GUILBERT
Story date: 21/12/2015
Language: English

DAKAR (Thomson Reuters Foundation) – Violence in northeast Nigeria and neighboring countries targeted by Boko Haram has forced more than one million children out of school, leaving them prey to abuse, abduction and recruitment by armed groups, the United Nations said on Tuesday.

More than 2,000 schools in Nigeria, Cameroon, Chad and Niger remain closed due to the conflict and hundreds have been looted, damaged or destroyed, said the U.N. children's agency UNICEF.

While hundreds of schools in northeast Nigeria have reopened in recent months, insecurity and fear of violence are preventing many teachers from resuming classes and discouraging parents from sending their children back to school, according to UNICEF.

Boko Haram is mostly based in northeast Nigeria but the militant group has this year intensified its campaign, setting up camps and launching attacks in neighboring Cameroon, Chad and Niger in its drive to carve out an Islamist caliphate.

"Schools have been targets of attack, so children are scared to go back to the classroom," UNICEF's West and Central Africa regional director Manuel Fontaine said in a statement.

"Yet the longer they stay out of school, the greater the risks of being abused, abducted and recruited by armed groups."

More than 400 schools have reopened since October in Nigeria's Borno state, birthplace of the six-year insurgency waged by Boko Haram, more than 18 months after education was halted in the wake of an attack on a school in neighboring Yobe state which killed 59 students.

Yet in Cameroon's Far North region, which has been struck by a string of suicide bombings in recent months, blamed on Boko Haram and often carried out by young women, only one school out of the 135 closed in 2014 has reopened this year, UNICEF said.

While the majority of schools in northeast Nigeria have been able to resume classes, many classrooms are severely overcrowded as some schools are still being used to house people who have been displaced and are seeking shelter from the conflict.

Displaced teachers have volunteered to teach, and several schools have doubled the number of classes to provide education for those uprooted by conflict as well as local children.

Hassan Modu, principal of a recently reopened school in the northeastern Nigerian city of Maiduguri, said the pupils were calm, and happy to be back despite the "traumatic situation".

"It is important to provide education for these vulnerable children – the future generation of our country – who would be targets for Boko Haram if they were not in school," he told the Thomson Reuters Foundation by phone from Maiduguri.

Even before the conflict, Nigeria had the highest number of out-of-school children globally, more than 10 million, said the U.N. Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA).

(Reporting By Kieran Guilbert, Editing by Ros Russell; Please credit the Thomson Reuters Foundation, the charitable arm of Thomson Reuters, that covers humanitarian news, women's rights, trafficking, corruption and climate change. Visit www.trust.org)
 

Q&A: UN mission chief on challenges of S Sudan peace

Publisher: Al Jazeera English
Author: Simona Foltyn
Story date: 21/12/2015
Language: English

Ellen Margrethe Loj discusses difficulty of UN mission as Security Council deploys another 1,100 troops to the country.

South Sudan recently marked the second anniversary since a brutal conflict began that has killed thousands of people and forced two million others from their homes.

Under immense international pressure, President Salva Kiir and rebel leader Riek Machar signed a peace deal in August. Nevertheless, fighting continues in many parts of the country with widespread reports of atrocities against civilians.

The United Nations peacekeeping mission (UNMISS) has been in South Sudan since the interim period that ushered in South Sudan's independence in 2011.

Since the eruption of the most recent conflict, 180,000 internally displaced people have sought protection inside its bases across the country. The UN Security Council has just boosted the deployment by another 1,100 troops.

Al Jazeera spoke to Ellen Margrethe Loj – special representative of the UN secretary general and head of the peacekeeping mission in South Sudan – about the mission.

Al Jazeera: What challenges does the international community face in reaching the 4.6 million South Sudanese in need of humanitarian assistance?

Loj: We are now approaching the dry season, which makes it possible hopefully for the humanitarian actors to move around and get supplies to people in need. But it's of course very important for the peace agreement to be implemented so the fighting stops and humanitarian actors can reach these people.

There are two challenges. First of all, internationally a lot of people are in need, so there is a lot of demand for financial resources. Here in South Sudan we also have the challenges with access, both from the two parties and other groups. And I would also say that as the economy is getting very strained, we also see informal groups putting up roadblocks to extort money and goods.

AJ: The peace deal signed in August is significantly lagging behind deadlines. Is there enough political will and commitment on the two sides?

Loj: Well both of them say they are committed to the peace deal and we can only hope they will show that in practice. I know there's all kinds of discussions going on to have the opposition come back to Juba with an advance team, so that some of the mechanisms in the peace agreement can be implemented. But as you have seen since December 2013, also during the peace negotiations in Addis Ababa, ever so often we saw delay and delay, so I must say for the sake of the South Sudanese people that I hope the commitment to the peace agreement is genuine on both sides.

AJ: The government expects the international community to fund the peace process, but donors have been hesitant so far for various reasons, including human rights violations and corruption. Could the lack of funding become an obstacle to implementation?

Loj: Funding is certainly needed, and it's a very ambitious peace agreement in terms of funding. There are many challenges in the world today for donors, so it could be delayed because of lack of funding. But again, we have to make progress step by step. I think for many donors it's also a question of having the necessary confidence in the parties to move forward. If we get the SPLM-IO back, if we get the Joint Monitoring and Evaluation Committee up and running ... I'm hoping the delay will not be as big.

AJ: More than 1.6 million have been displaced internally by the conflict, with around 180,000 civilians still sheltering in UN bases across the country. Despite the peace deal, many are still afraid to return. How and when are you planning on enabling these 180,000 people to return home?

Loj: We don't have a timeline. The vast majority of the people are in three camps, Bentiu, Malakal and Juba. What we have decided -together with our humanitarian colleagues – is that as the peace agreement starts being implemented, we will do a strategic review of each of these sites and look at possible solutions and timelines. One thing is absolutely clear: Return from the POC [protection of civilians] site has to be voluntary, safe and sustainable. We cannot assist in moving people to an area of the country if their life is in danger or if they will starve, for instance.

But let me add, we are also unfortunately seeing increased criminality within the POC sites – gangs, all kinds of activities – which we are doing our very best to calm down, but we need the cooperation of the IDPs [internally displaced people]. If they are really there because they need protection, we would hope that they will not engage in those kinds of criminal activities which create insecurity.

AJ: The UN secretary general, in his report on November 23 admitted that despite the challenges "more can be done to extend protection beyond the UN sites". Could you have prevented some of the atrocities committed?

Loj: Well the balance is that we have civilians within our bases, and they have to be protected, and as I said criminality is rising, so that draws more police and military resources to deal with the protection sites. But there's no doubt about it, there's a misunderstanding in my view that protection of civilians is only about protecting civilians within our bases. On the contrary, that should be the last resort, only if anything else has been tried. Mobility is much more important, to move around, to observe what's going on, hopefully to give a sense of security to the local population. So it's that conflict. And then of course it has been difficult for us because of movement restrictions ... ever so often when our peacekeepers try to move they are forced to turn around.

AJ: To help UNMISS support the peace deal implementation, the UN Security Council approved 500 additional troops and 600 additional police personnel. The mission currently has 12,500 uniformed personnel. If you are already struggling to get out and patrol with the current troops, how will an additional 1,100 on top of 12,500 troops make a difference?

Loj: It has been very difficult for TCCs, troop-contributing countries, to deploy with the necessary equipment. It has also been difficult for us in the mission to get the camps up and running because of the physical conditions. We decided ... we wouldn't ask for something unrealistic that couldn't be implemented in the next year.

AJ: Do you struggle to recruit peacekeepers with the right background and skillset to deal with an army and militia that often don't observe rules of engagement or the Geneva conventions?

Loj: Yes, it has been a challenge for many years for the UN to recruit properly trained peacekeepers. We had hoped the requirements would go downward, so the UN could look at the right capabilities, but unfortunately the crisis in South Sudan, Mali and Central African Republic have meant the demand for peacekeepers has gone up. We rely on certain troop-contributing countries, because there are a lot of countries – especially in Europe and North America – that don't contribute peacekeepers, or very small numbers of peacekeepers, to UN operations. We are doing the best we can, but the secretary general is very actively trying to broaden the base of countries contributing to UN peacekeeping.

AJ: There's currently an ongoing review of UN peacekeeping operations around the world to make them more efficient. What are the main things that need to be done to improve the effectiveness of peacekeeping in South Sudan?

Loj: I think it's very important that peacekeeping missions are composed and structured so they can meet the challenges in each specific theatre... I also think it's crucial that peacekeeping alone is a temporary solution allowing for the political processes to find solutions. Peacekeeping alone without going hand in hand with political efforts to solve the underlying challenges will not be successful in the kind of conflicts we are facing today. Finally, we have to be more creative in the tools we are given in terms of special capabilities, again, depending on the challenges in the country in question.

Source: Al Jazeera
 

Refugees Daily
Refugees Global Press Review
Compiled by Media Relations and Public Information Service, UNHCR
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