En visite en Iraq, l'Emissaire du HCR Angelina Jolie appelle les leaders mondiaux à faire cesser les souffrances
La situation humanitaire s'est considérablement détériorée depuis la dernière visite en Iraq de l'Emissaire du HCR Angelina Jolie en septembre 2012.
DOHOUK, Iraq, 25 janvier (HCR) - L'Emissaire du HCR Angelina Jolie est à Dohouk, en Iraq, où elle rend visite à des réfugiés syriens et des déplacés iraquiens dans la région du Kurdistan d'Iraq. Elle souhaite apporter son soutien aux 3,3 millions de personnes déplacées dans le pays et attirer l'attention sur leurs besoins considérables.
Depuis la dernière visite d'Angelina Jolie en Iraq, en septembre 2012, la situation humanitaire, qui a gagné en ampleur et en gravité, s'est considérablement détériorée à mesure de l'intensification et des conflits croisés en Syrie et en Iraq.
« Il est choquant de voir combien la situation humanitaire en Iraq s'est détériorée depuis ma dernière visite. En plus d'un grand nombre de réfugiés syriens, on compte, pour la seule année 2014, deux millions d'Iraquiens déplacés à cause des violences. Bon nombre de ces personnes innocentes ont été déracinées plusieurs fois dans leur quête de sécurité au milieu de lignes de front mouvantes », a-t-elle déclaré.
Alors qu'une opération d'aide massive a été lancée par le HCR et ses partenaires, on estime que 330 000 personnes en Iraq vivent encore dans des abris de fortune pour affronter un premier hiver loin de leur foyer.
Dimanche, Angelina Jolie a rendu visite à des déplacés internes iraquiens qui vivent, pour certains, dans une installation informelle et, pour d'autres, dans un camp officiel à Khanke, à 40 minutes de route de la ville de Dohouk. Les deux sites accueillent aujourd'hui plus de 20 000 personnes appartenant à la minorité yézidie qui ont fui le Sinjar et les régions avoisinantes au début du mois d'août. Angelina Jolie a écouté les récits poignants de fuite éperdue, notamment de personnes qui ont réussi à échapper à la captivité en se déplaçant à pied la nuit et en se cachant le jour. Elle a aussi rencontré des femmes âgées qui étaient parmi les 196 Yézidis ayant été récemment libérés par les insurgés et qui sont désormais hébergées dans l'installation informelle de Khanke.
Les femmes ont raconté les dures épreuves de l'enlèvement, de la détention, de l'évasion, et la libération. Angelina Jolie a écouté ces témoignages poignants notamment sur la perte de proches. Certains de ces récits ont été faits par des personnes dont les fils, les maris et les filles sont encore détenus, tandis que d'autres ont entendu dire que leurs filles auraient été conduites en Syrie. D'autres encore ont perdu tout contact avec leurs proches et n'ont aucune idée de ce qui leur est arrivé.
« Rien ne nous prépare à entendre les récits horribles de ces personnes qui ont survécu à un enlèvement, à de mauvais traitements et à l'exploitation. Il est également difficile de constater comment tous ne peuvent recevoir l'aide urgente dont ils ont besoin et qu'ils méritent », a déclaré Angelina Jolie. « Dans cette crise d'envergure, les besoins excèdent tant les ressources disponibles qu'il faut bien davantage d'aide internationale », a ajouté l'Emissaire du HCR.
Le manque de financement a affecté l'ampleur et la typologie des programmes d'aide aux survivants de violence et de violations des droits de l'homme, de même que l'offre d'hébergement et d'autres formes d'assistance. Bien que le gouvernement, le HCR et ses partenaires aient offert beaucoup d'aide ces six derniers mois - notamment grâce à 34 nouveaux camps construits ou en construction -, les opérations d'aide sont entravées par le manque de financement, en parallèle à des contraintes d'ordre sécuritaire. À titre d'exemple, le HCR n'a reçu que 53 pour cent des 337 millions de dollars nécessaires à l'aide aux déplacés internes en Iraq en 2014. De plus, le HCR n'a été autorisé à allouer que 31 pour cent des 556 millions de dollars du financement nécessaires pour 2015.
La région du Kurdistan iraquien accueille environ 900 000 personnes déplacées, ce qui exerce une forte pression sur les collectivités, les autorités et l'infrastructure d'accueil. L'énorme afflux de personnes en provenance de Mossoul et de Sinjar entre juin et août 2014 a occasionné un report de trois mois de la rentrée scolaire, car des personnes déplacées avaient trouvé refuge dans plus de 700 écoles publiques de Dohouk. On estime à environ 20 pour cent la proportion des cinq millions de personnes dans la Région du Kurdistan iraquien qui sont des déplacés iraquiens d'autres villes ou des réfugiés.
« Je suis très reconnaissante envers les autorités kurdes d'accueillir tant de déplacés iraquiens aux côtés de réfugiés syriens à l'heure où ils vivent des moments si difficiles », a déclaré l'Emissaire du HCR.
Dimanche matin, Angelina Jolie est retournée dans le vaste camp de Domiz qui accueille aujourd'hui plus de 50 000 réfugiés syriens - soit plus d'un cinquième du nombre total de réfugiés syriens en Iraq, qui s'établit actuellement à 233 000 personnes. La dernière visite de l'Emissaire du HCR à Domiz, désormais le plus important camp de réfugiés syriens en Iraq, remonte au 16 septembre 2012. À cette époque, le camp comptait environ 8 500 personnes.
Tandis que le conflit en Syrie est sur le point d'entrer dans sa cinquième année, Angelina Jolie a déclaré : « La guerre en Syrie est à l'origine de nombreux problèmes ici en Iraq et dans toute la région. Il est urgent que les leaders mondiaux rompent le cycle de la violence en Syrie et trouvent le moyen de progresser vers un accord de paix juste et durable. »
Il s'agit de la cinquième visite d'Angelina Jolie en Iraq et de sa sixième visite aux réfugiés syriens dans la région.
« Trop de personnes innocentes paient le prix du conflit en Syrie et de la montée de l'extrémisme », a expliqué Angelina Jolie au terme de sa première journée d'une visite de deux jours en Iraq. « Je tiens à exprimer ma profonde sympathie à la famille de Haruna Yukawa, l'otage japonais qui aurait été assassiné samedi en Syrie, et à toutes les familles et les victimes de ces actes abjects et extrêmes. »
Plus de 3,8 millions de Syriens ont fui dans les États voisins, en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Iraq et de en Égypte. Quelque 7,6 millions d'autres Syriens ont été déplacés à l'intérieur du pays.
On compte environ 3,1 millions de déplacés internes iraquiens dans tout le pays, dont un million ont été déplacés entre 2003 et 2013, et 2,1 millions, en 2014.