Angelina Jolie en mission à la frontière avec la Syrie
A son arrivée dans la région pour célébrer la Journée mondiale du réfugié, l'Emissaire du HCR appelle le monde à aider les réfugiés et les pays qui les accueillent.
Point de passage frontière de Jaber, Jordanie, 19 juin (HCR) - Sur un chemin de terre, lors d'une soirée plus fraîche et venteuse qu'attendu, à la frontière entre la Jordanie et la Syrie, l'ombre s'étire entre les collines arides. Angelina Jolie, Emissaire du HCR, a écouté les témoignages de femmes, d'hommes et d'enfants qui venaient tout juste de fuir la Syrie quelques heures auparavant. Ces personnes hantées par des souvenirs douloureux ont fui Homs, Dara'a et al-Qusayr, trois villes dévastées par le conflit syrien. Elles lui ont raconté les bombardements, les traumatismes et la perte d'êtres chers. Angelina Jolie a encouragé les réfugiés à lui raconter les épreuves endurées, et à travers elle, au monde. « Nous ne pouvons à peine imaginer votre douleur », a indiqué Angelina Jolie, à des familles qui ont perdu des proches. Mais elle écoutait.
Angelina Jolie s'est rendue en Jordanie pour la Journée mondiale du réfugié, qui est célébrée chaque année le 20 juin. De même que le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, elle est arrivée dans le pays le 18 juin. António Guterres avait débuté sa visite dans la région au Liban, où il a rencontré des réfugiés et des responsables gouvernementaux. En Jordanie, António Guterres et Angelina Jolie rencontreront de hauts représentants jordaniens ainsi que des réfugiés vivant dans des villes jordaniennes et au camp de réfugiés tentaculaire de Za'atri.
L'objectif de sa visite, a rappelé Angelina Jolie, est « de montrer un soutien aux réfugiés en Syrie, pour appeler le monde à trouver des solutions à leur situation critique ainsi qu'à mieux comprendre les besoins en Jordanie et dans d'autres pays de la région les plus directement affectés par ce conflit dévastateur. »
A la frontière syrienne, Angelina Jolie a entendu des témoignages de courage exemplaire et d'une infinie tristesse. Mohammed Al-Kassem, son épouse Walida et leur petite fille Faten venaient d'arriver après avoir fui al-Qusayr. Cette ville a été le théâtre d'affrontements intenses qui l'ont réduite à un amas de décombres et qui ont engendré une nouvelle vague de réfugiés dans les pays voisins. « Durant les combats et les bombardements, la plupart de mes amis sont morts », a-t-il indiqué. « Il n'y a plus rien, tout est détruit, plus de bâtiments, plus de médicaments. 95 hommes sont morts car leurs blessures se sont infectées et il n'y avait rien pour les soigner. J'ai été le seul membre de ma famille à fuir. Les personnes qui restent sur place ne peuvent s'attendre qu'à la mort. »
Après avoir rencontré des réfugiés, Angelina Jolie a été informée de la situation par le chef de l'état-major général Hussein Al-Zyoud, le commandant des Forces jordaniennes pour la sécurité frontalière, et des membres de son personnel. Lors de leur entretien, des bombardements pouvaient s'entendre juste de l'autre côté de la frontière.
Le conflit en Syrie a forcé davantage de civils à fuir l'année dernière que tout autre conflit à travers le monde. Ces six derniers mois, le nombre de personnes déracinées a plus que doublé pour atteindre 1,6 million, dont 540 000 se trouvent en Jordanie.
« La pire crise humanitaire du 21e siècle se développe actuellement au Moyen-Orient », a indiqué Angelina Jolie.
Elle a exhorté le monde à faire davantage pour aider le peuple syrien. « La réponse internationale à cette crise est clairement insuffisante par rapport à l'ampleur de cette tragédie humaine », a-t-elle déclaré. « Une aide humanitaire considérable reste nécessaire et, par-dessus tout, une solution politique à ce conflit doit être trouvée. »