RFI, 07 Apr 2016
Au Congo-Brazzaville, alors que selon des témoins, plusieurs localités du département du Pool considérées comme des fiefs du révérend Pasteur Ntumi ont de nouveau été frappées par des tirs d'hélicoptères ce mercredi, une source officielle proche du gouvernement reconnaît qu'une opération est en cours. Il assure qu'il s'agit d'une opération de police et non d'une opération militaire, et se dit « sceptique » sur certains témoignages. Depuis lundi après-midi, des témoins disent avoir vu des hélicoptères de combat survoler puis pilonner leur localité, mais selon une source officielle proche du gouvernement, ce qui se passe dans le Pool est une opération policière et non militaire. Une opération « ciblée » avec un objectif précis : « poursuivre et éventuellement interpeller ceux qui ont attaqué Brazzaville » lundi qu'ils soient « auteurs, donneur d'ordre, ou complices ». De fait, de sources concordantes, ce sont les fiefs du Pasteur Ntumi qui ont été visés jusqu'à présent. Soumouna, Mayama, mais également Vindza, ce mercredi, où l'ex-chef rebelle résidait autrefois. Un habitant de cette localité dit avoir compté « 40 obus » tombés tôt le matin principalement sur des écoles ou des maisons. Selon lui, une partie des habitants s'est réfugiée en forêt ou bien dans les localités voisines. Un autre témoin, qui a pris la route pour Brazzaville, raconte avoir vu en chemin des maisons incendiées, vidées de leurs habitants, ainsi que plusieurs corps de victimes civiles. Toujours selon la même source officielle proche du gouvernement, qui se dit « sceptique sur la véracité de certains témoignages », l’opération se poursuivra jusqu'à ce que l'objectif ait été atteint. Pour l'heure, le Pasteur Ntumi qui vient d’être relevé de ses fonctions de délégué général à la présidence assure qu'il se cache : « Juridiquement, ils sont dans l’anarchie totale. Si le président Sassou devait encore prendre ses fonctions, c’est après avoir prêté serment devant la Constitution. Il ne l’a pas encore fait. Donc je me demande comment il pouvait prendre un autre décret qui abrogeait un décret présidentiel, c’est avec quel statut il abrogeait ce décret ? Si j’ai obtenu un statut, je l’ai négocié. Ce n’est pas par la seule volonté de ceux qui étaient au pouvoir de me nommer délégué général. C’est suite à une histoire. Deuxièmement, je suis encerclé. Ça fait quelques jours que nous sommes sous les bombardements. Jusque-là, je lutte. La vie est une lutte. S’ils avaient ouvert une enquête, ils ne devaient pas d’abord venir me bombarder. C’était d’abord de me voir puisque je ne suis pas hostile à eux, mais si Sassou devient juge et partie, c’est une situation dramatique ». A Brazzaville, hier les habitants des quartiers sud qui avaient quitté leur domicile après les violences de lundi commençaient à revenir petit à petit, mais la vie tournait toujours au ralenti et la plupart des écoles et des commerces étaient toujours fermés. Par ailleurs, selon une source officielle, les 54 assaillants présumés arrêtés par les autorités suite aux violences de lundi, vont être déférés devant le procureur pour instruction.