Yémen : au bout du fil, une aide pour les déplacés
Le HCR et le centre AMIDEAST créent un lien entre les populations vulnérables au Yémen et les organisations humanitaires.
SANAA, Yémen, 5 février (HCR) - Fuyant les frappes aériennes près de sa maison à Haradh, un village situé non loin de la frontière saoudienne, Ahmed*, un Yéménite père de 10 enfants, a trouvé refuge dans la capitale, Sanaa où l'aide est au bout du fil, comme il a pu le constater.
« Nous avons tout perdu et, où que j'aille, je suis humilié », a-t-il expliqué au téléconseiller de Tawasul, un centre d'appels novateur qui met en relation les Yéménites dans le besoin et les travailleurs du secteur humanitaire qui sont là pour les aider.
« Lorsque je demande de l'aide aux gens, ils m'injurient et refusent de me tendre la main. Je suis désolé, mais c'est ainsi qu'ils me traitent », a-t-il ajouté.
Ahmed a ensuite expliqué que sa famille avait besoin d'aide pour payer le logement qu'elle loue et la nourriture, et il a donné au téléconseiller ses coordonnées afin que l'organisation humanitaire compétente puisse le joindre afin d'évaluer directement sa situation et prendre les mesures nécessaires.
Tawasul, qui signifie « dialogue » en arabe, est un partenariat entre le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et l'organisme à but non lucratif AMIDEAST. Créé en décembre, il constitue un lien entre les organisations humanitaires et des millions de personnes à protéger dans un Yémen ravagé par la guerre.
Les téléconseillers formés et arabophones du centre à Sanaa enregistrent les coordonnées des appelants et notent leurs besoins, puis ils leur expliquent comment, quand et où ils peuvent accéder aux services.
« Tawasul est unique en son genre au Yémen et il va plus loin en respectant l'obligation de protection des organisations humanitaires envers les Yéménites », dit Johannes van der Klaauw, Représentant du HCR dans le pays.
Depuis l'éruption de la guerre au Yémen en mars dernier, plus de 2,5 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays. Beaucoup ont perdu leur gagne-pain et ont trouvé refuge chez des proches et des amis dans des écoles, des édifices publics et abandonnés et des abris de fortune. D'autres vivent en plein air, peu ou pas protégées contre les éléments.
Afin que les personnes déplacées vulnérables trouvent plus facilement l'aide dont elles ont besoin, le HCR et AMIDEAST ont invité de nombreuses autres organisations humanitaires présentes au Yémen à utiliser Tawasul pour communiquer des informations au sujet de leurs programmes et services.
En dépit d'un accès à l'aide humanitaire fortement restreint et de contraintes de sécurité, le HCR a pu distribuer à plus de 280 000 Yéménites déplacés dans leur pays des articles ménagers de première nécessité comme des matelas, des ustensiles de cuisine et des matériaux pour la construction d'abris en 2015.
L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés a continué d'assurer des services de protection, comme le soutien psychosocial, de même qu'une aide juridique et financière, via des communautés accueillant de fortes concentrations de personnes déplacées.
Appliquant les meilleurs principes en matière de responsabilité, les téléconseillers de Tawasul recueillent aussi les plaintes et autres commentaires des appelants, qu'ils transmettent ensuite aux organisations humanitaires concernées.
« Tawasul renforce la responsabilité du secteur humanitaire à l'égard des personnes à protéger », ajoute Johannes van der Klaauw. « En recueillant les plaintes, les critiques et les commentaires des appelants sur la qualité et l'incidence des services fournis, Tawasul offre un service essentiel à la population yéménite et aux organisations humanitaires présentes dans le pays. »
Les Yéménites peuvent appeler Tawasul sans frais au numéro 800-3030 du dimanche au jeudi de 9 h à 15 h (heure locale).
Par Teddy Leposky à Sanaa, au Yémen