- Date
- 02 févr. 1980
- Tags
- Lake Placid 1980
Le légendaire Stenmark doublement ponctuel
Le Suédois Ingemar Stenmark est considéré comme le meilleur slalomeur de tous les temps et ses deux médailles d'or aux Jeux de Lake Placid en 1980 constituent sans doute le temps fort de sa carrière.
Stenmark grandit dans la station de Tärnaby, à une centaine de kilomètres du cercle polaire, et chaussa les skis pour la première fois à l'âge de cinq ans. À 10 ans, il déclara à ses professeurs qu'il souhaitait devenir skieur professionnel, mais on lui répondit qu'il s'agissait d'un rêve insensé et utopique.
Son père n'était cependant pas de cet avis et il l'entraîna jusqu'à ses 13 ans, avant que l'Italien Hermann Nogler ne repère le talent et la détermination du garçon et décide de les cultiver.
À peine quatre ans plus tard, le jeune prodige suédois à la technique irréprochable se mesurait à la légende du ski alpin Gustavo Thöni, sur le circuit de la Coupe du Monde.
En 1976, Stenmark, qui préférait la précision du slalom à la recherche effrénée de vitesse des épreuves de descente, écarta ses concurrents pour remporter le titre mondial. Il décrocha le bronze en slalom lors des Jeux Olympiques d'Hiver d'Innsbruck, évinçant Thöni du podium et marquant l'avènement d'une nouvelle ère et d'un nouveau champion.
Au cours de la saison 1978-79, il gagna 13 courses de Coupe du Monde, un record encore inégalé à ce jour. À l'approche des Jeux de 1980, Stenmark s'était remis d'un accident survenu l'année précédente en Italie, où il avait fait une chute de 200 mètres en montagne et avait souffert d'une grave commotion cérébrale. La pression était grande pour le jeune skieur, qui devrait tout faire pour ajouter l'or olympique à sa collection de trophées.
Au terme d'une première manche de deux jours décevante en slalom géant, Stenmark, qui avoua ensuite avoir été paralysé par le trac au moment de prendre le départ, occupait la troisième place derrière Andreas Wenzel et le Yougoslave Bojan Krizaj.
Mais cela allait jouer en sa faveur, car la pression qu'il subissait était légèrement retombée. Le lendemain, il donna le meilleur de lui-même lors de la deuxième manche et triompha avec plus d'une seconde d'avance.
Puis, trois jours plus tard, vint le slalom. L'Américain Phil Mahre, qui skiait avec une plaque de métal et quatre vis dans la cheville gauche à cause d'une mauvaise chute l'année précédente, s'élança le premier et réalisa un temps remarquable de 53.31. Stenmark, qui courait en 13ème position, accusa un retard d'une demi-seconde et termina quatrième.
Mahre semblait déjà détenir une victoire incroyable, mais une fois de plus, Stenmark fit preuve d'une vitesse exceptionnelle en seconde manche et enregistra un chrono de 50.37. Mahre fut incapable de répéter son exploit de la première manche et l'or revint à Stenmark.
Le « Suédois Silencieux » venait de devenir l'un des quatre hommes à avoir remporté les deux épreuves de slalom lors d'une même édition des Jeux. Mais il déclara ensuite aux journalistes : « Entrer dans l'Histoire n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est que je sois satisfait de mes performances. »
Des années plus tard, il ajouta cependant : « Pour un athlète, une médaille d'or olympique est la plus belle des récompenses. Gagner à Lake Placid fut avant tout un soulagement pour moi. J'avais remporté tant de courses en Coupe du Monde que je subissais une pression énorme. »
Lorsqu'il prit sa retraite en 1989, Ingemar Stenmark avait triomphé dans 86 courses de Coupe du Monde, un record qui en fait le slalomeur le plus récompensé de tous les temps.