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Date
07 juil. 1912
Tags
Stockholm 1912 , Actu CIO

Lewis le magnifique sur la route de la gloire

Le cyclisme va être le parent pauvre de Stockholm 1912, au point de n’apparaître quasiment pas au programme. En fait, ce sera la seule fois dans l’histoire des Jeux que le cyclisme sur piste ne sera pas au rendez-vous, l’unique épreuve étant une course sur route disputée le 7 juillet autour du lac Malaren, 3e lac de Suède en superficie.


Le lieu est au moins familier aux concurrents locaux, puisqu’il abrite chaque année une course cycliste populaire. L’itinéraire compte au total près de 320 kilomètres et la course se dispute sous forme de contre-la-montre. Des médailles sont décernées à titre individuel et par équipes, la formation gagnante étant le pays dont les coureurs sont les mieux classés.

« Il était à peine possible de prédire ce qui allait se passer durant la grande course sur route », peut-on lire dans le rapport officiel. De nombreux coureurs étrangers de pointe sont en effet venus jusqu’en Suède, et parmi eux figure Rudolph Lewis. C’est un Sud-Africain venu de Pretoria et son parcours est l’un de ceux qui résument l’esprit olympique.

Lewis, qui a grandi dans une ferme, travaille à plein temps sous terre dans une mine d’or. Xela fait presque neuf ans qu’il descend au fond des puits lorsque les Jeux de 1912 arrivent. Lorsqu’il évolue au grand jour, il s’entraîne avec assiduité pour la boxe et le patinage, ainsi que pour le cyclisme, mais c’est dans cette dernière discipline que Lewis, membre du club cycliste du district de Germiston, va vraiment percer.

Au sein d’un plateau de 123 concurrents venus de 16 pays, Lewis, 24 ans, prend part au contre-la-montre qui débute à 2 heures du matin ! Mais malgré cette heure très matinale, le public se rassemble massivement pour voir les concurrents s’élancer toutes les deux minutes. Lewis appartient au deuxième groupe à partir, à 2h02’ et il atteint la marque des 33 km en 57 minutes. A ce moment-là, il est déjà en tête et il va conserver sa position jusqu’à la fin. Il passe au point de contrôle d’Eskilstuna, situé au 115e kilomètre, en 3h48’16’’, 11 minutes devant le coureur écossais Charles Hill. Au passage aux 160 km, une heure et demie plus tard, il compte près de 16 minutes d’avance sur Leonard Meredith, un Britannique qui finira quatrième.

À l’arrivée, si l’avance de Lewis s’est légèrement réduite, il reste un champion irrésistible et franchit la ligne en 10h42’39’’, battant aisément son dauphin Frederick Grubb, un autre cycliste anglais qui en termine en 10h51’24’’. Médaille d’or, Lewis est porté en triomphe par ses partenaires sud-africains, mais leur classement d’ensemble s’avérera insuffisant pour obtenir la médaille d’or collective qui sera remportée par le pays hôte.

« Le coup de pédale du vainqueur, Lewis, a été tout simplement exceptionnel, et le résultat, magnifique, dit le rapport officiel. Lewis a roulé d’un bout à l’autre sans l’aide d’un lièvre alors que les autres coureurs aiment généralement avoir d’autres cyclistes en ligne de mire. Sa course a suscité la plus grande admiration des spectateurs placés tout au long du parcours. »

Ce sera en fait la dernière fois qu’on verra Lewis sur la scène olympique. Ses exploits lui vaudront suffisamment d’attention pour qu’il coure chez les professionnels en Allemagne durant les deux années suivantes. Il gagnera la célèbre course de Dresde mais guère plus de bouquets. Lorsque la Première Guerre mondiale éclatera, il servira dans l’armée allemande, sera blessé et fait prisonnier de guerre pendant quelque temps. Il mourra finalement en 1933, de retour à Pretoria, à l’âge relativement jeune de 46 ans.


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