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Date
12 sept. 2016
Tags
Rio 2016 , Actu CIO , Gymnastique artistique

Le fabuleux destin de Simone Biles aux Jeux Olympiques de Rio

Les apparitions de la prodigieuse Américaine Simone Biles sur les agrès de l’arène olympique ont rythmé les dix journées de compétition en gymnastique artistique. Retour sur le parcours qui a fait entrer l’étoile du Texas au firmament de ce sport.

Pour ses premiers Jeux, l’incroyable Simone s’est ouvert la voie d’un exploit en or à Rio en remportant haut la main le concours par équipes avec les États-Unis. « C’est tout ce que j’espérais et même encore mieux », a-t-elle réagi. « On n’avait pas l’impression d’être aux Jeux. Ça nous a aidées. C’était comme une routine ordinaire, et nous sommes restées sereines ».

Gymnastics Biles © Getty Images

Les États-Unis ont conservé leur titre le 9 août, devançant d’un gouffre de plus de huit points (8.209) la Russie et la Chine, qui avaient pris les mêmes places sur le podium masculin la veille. Le seul suspense, au vu des qualifications survolées par les Américaines, résidait dans le spectacle qu’allait offrir l’incroyable Simone Biles.

Bien qu’étant un demi-point de moins que son impressionnant total remporté lors du tour préliminaire, elle a néanmoins illuminé l’Arena sous les yeux de Nadia Comaneci. Une légende à laquelle la jeune femme de 19 ans se mesure désormais, en obtenant les meilleures notes du concours au saut de cheval (15.933), à la poutre (15.300) et au sol (15.800).

Sur le podium, Biles devait parfois se mettre sur la pointe des pieds (1,45 m) et ses coéquipières devaient se pencher pour que l’on puisse apercevoir la médaille en or autour de son cou. Mais la plus grande, c’est bien elle. Au sein de l’école américaine, raflant tous les tournois par équipes depuis cinq ans, se trouve aujourd’hui une surdouée qui, depuis son émergence aux Championnats du monde d’Anvers, en 2013, entre à pas décidés dans la grande histoire de la gymnastique avec un record de dix sacres.

Sous les projecteurs cariocas, son enfance ponctuée de déménagements paraît bien lointaine. D’abord dans l’Ohio avec un placement en famille d’accueil, puis le Texas où elle fut adoptée par son grand-père maternel et sa femme. « Les rêves deviennent vraiment réalité » : au regard de son histoire personnelle, ses premiers mots sur Twitter mardi soir prennent un relief certain.

Biles partage son premier titre olympique avec Aly Raisman et Gabrielle Douglas (déjà titrées par équipes à Londres 2012), la jeune Lauren Hernandez (16 ans) et Madison Kocian, favorite aux barres asymétriques dans le concours par agrès - le seul que ne disputera pas Biles.

Gymnastics Biles © Getty Images

Les États-Unis ont pris la tête dès le saut de cheval pour ne plus la lâcher, achevant leur démonstration par un gala au sol. Et parachevé par Biles, incroyable d’aisance, de souplesse et de tonicité – de malice aussi –, sur de la musique brésilienne pour obtenir un 15.800 !

L’or au concours général individuel

Le 11 août, Simone a confirmé qu’elle était la souveraine du plateau, décrochant l’or du concours général individuel devant le public de l’Arène olympique.

La superstar roumaine, Nadia Comaneci, a tweeté : « Félicitations à Simone Biles et Aly Raisman. Quel beau succès !» Biles se perçoit-elle comme la meilleure de l’histoire ? "Euh... certains peuvent le dire, d’autres diront que non, moi, je me contente de faire ma gymnastique », a répondu la jeune championne.

Pourtant, la règle est simple : à chaque fois que Biles participe à un concours général international, elle le gagne. Trop jeune pour les Jeux de Londres 2012, elle s’est depuis imposée aux championnats du monde 2013, 2014 et 2015, en y égalant le record de la Russe Svetlana Korkhina (sacrée en 1997, 2001 et 2003), et prenant au passage celui de titres mondiaux (dix).

Biles a devancé sa compatriote Aly Raisman, qui décrochait ainsi sa cinquième médaille olympique, et s’était qualifiée en finale au détriment de leur coéquipière Gabrielle Douglas, qui était la tenante du titre. La Russe Aliya Mustafina a pris le bronze, sa sixième médaille aux Jeux.

Gymnastics Biles © Getty Images

Simone Biles finit avec deux points d’avance sur sa dauphine et près de quatre sur Mustafina, un gouffre à ce niveau. Les deux copines américaines pouvaient s’enlacer chaleureusement, et leurs larmes s’écouler sur leur maquillage.

L’or au saut de cheval

La petite fée américaine remporte, trois jours plus tard, sa troisième médaille d’or, cette fois au saut.  Elle était venue passer un bon moment, comme elle l’avait annoncé la veille : (les concours généraux) « C’est la partie la plus stressante de la compétition. Maintenant ce sont les compétitions individuelles, donc il faut prendre du plaisir ».

Elle était la dernière à passer au saut de cheval. Quand sa note est tombée, un solide 15,966, elle a souri sans effusion de joie, sans l’émotion extrême qui l’avait saisie avec ses copines américaines. Simplement la satisfaction du travail bien fait, à l’issue de deux sauts maîtrisés. Comme toujours !

Gymnastics Biles © Getty Images

Le tout avec une saveur particulière, car il s’agit de son premier or sur cet appareil. « Cela représente beaucoup pour moi », a-t-elle commenté. « C’est quelque chose que je voulais ardemment, alors j’ai essayé de rester concentrée avant d’aller sauter. »

« Elle est phénoménale physiquement, mais si on n’a pas le plus important, ça ne marche pas. Elle a encore démontré qu’elle était très forte mentalement pour pouvoir assumer toute cette pression et continuer à dominer le sport », a noté Laurent Landi, un des entraîneurs de l’équipe américaine.

Simone Biles devance largement sur le podium la Russe Maria Paseka, championne du monde en titre, et la Suissesse Giulia Steingruber. À noter, pour la belle histoire, la 4e place de Dipa Karmakar, première gymnaste indienne à participer à une finale olympique de gymnastique.

Gymnastics Biles © Getty Images

Aux barres asymétriques, unique agrès qui échappe à l’orpaillage forcené de Biles, la Russe Aliya Mustafina a conservé son titre, devant l’Américaine Madison Kocian et l’Allemande Sophie Scheder.  Mustafina a été créditée d’un total de 15.900 avec le plus grand nombre de points en difficulté (6.800), alors que Kocian a obtenu un score de 15.833 avec la meilleure note pour l’exécution (9.100). Scheider a fini plus loin (15.566).  « Quand c’était difficile pour moi, quand j’avais mal, je me suis toujours ressaisie en me disant « Je veux le faire! », a-t-elle ajouté. Est-elle imbattable sur cet agrès ? « Eh bien maintenant, je dirais oui ! »

Coup de théâtre à la poutre 

Coup de théâtre le 15 août : la meilleure gymnaste du monde a perdu l’équilibre à la poutre et laissé filer l’or à la brillante Néerlandaise Sanne Wevers, mais pas le podium.

Gymnastics Biles © Getty Images

C’est un coup de théâtre, car l’Américaine écrasait toute concurrence et tout suspense à la poutre, que ce soit ces dernières années (bronze en 2013 puis or en 2014 et 2015 aux Mondiaux) ou ces derniers jours (première aux trois routines à Rio). Tout allait bien pour elle. Tout à coup, elle a raté une réception de salto avant. Déséquilibrée, elle a été contrainte de mettre les deux mains sur la poutre pour ne pas chuter, quelques secondes de flottement inesthétique qui ont déclenché la plus grosse sensation de la journée dans l’Arène. Malgré des signes de fébrilité, elle enchaîna sur une sortie parfaite. Mais point de sourire en rejoignant son entraîneur Aimee Boorman, et sa note a achevé de la dépiter : un 14,733.

Et la Néerlandaise Sanne Wevers, 4e aux qualifications et médaille d’argent à cet agrès aux Mondiaux 2015 dans l’ombre de l’Américaine, s’est élancée pour une routine tout en maîtrise et élégance, récompensée d’un 15,466, synonyme de médaille d’or. « Oh mon Dieu ! C’est tellement merveilleux ! La finale était très dure pour les nerfs », a dit la gymnaste néerlandaise.

« Le plan était de tout donner, mais j’ai vu que Simone avait fait des erreurs, elle n’était pas tombée, mais elle avait définitivement perdu des points. Après avoir vu son score, j’ai compris que je devais changer ma stratégie. J’y suis allée pour sortir le grand jeu, mais avec la pensée de miser plus sur les points d’exécution que sur ceux de difficulté. La combinaison des deux est cruciale. Et c’est quelque chose que j’ai décidé toute seule ». Une combinaison gagnante !

Sanne Wever a dû attendre le passage des autres concurrentes. « Lauren Hernandez était ma principale rivale. Après mon passage je savais qu’elle avait les cartes en mains. Elle pouvait me battre. Je savais que mon niveau de difficulté était plus élevé, et que j’avais donc une bonne chance. Mais tout peut arriver. Je savais que j’avais l’or après avoir vu sa note. »

Gymnastics Biles © Getty Images

Pour la première fois à Rio, une concurrente a dépassé Biles dans l’un des trois agrès qu’elle dominait jusqu’alors sans partage (à l’exception des barres asymétriques). La mine défaite, ce n’est qu’à l’issue du passage de sa copine Lauren Hernandez que Biles a retrouvé le sourire. Elle était finalement heureuse d’être accompagnée sur le podium par sa compatriote de 16 ans, argentée pour son premier tournoi majeur, au lendemain de la deuxième place de leur coéquipière Madison Kocian aux barres asymétriques.

Le sol comme une évidence et le record partagé

Simone Biles cueillera au sol une quatrième médaille d’or, établissant ainsi un record et traduisant l’impressionnante domination de l’Américaine dans la gymnastique artistique féminine.

« Je suis un peu soulagée parce que ça a été un long parcours. J’ai apprécié chaque instant, et je sais que notre équipe a fait de même. Ça a été très long, et je suis un peu fatiguée après avoir concouru autant de fois cette semaine. Nous voulions juste finir sur une bonne note », a déclaré la reine de l’Arène de Rio.

Gymnastics Biles © Getty Images

La Texane est entrée dans l’histoire plus tôt, en égalant le record de quatre titres sur les mêmes Jeux codétenu par la Soviétique Larissa Latynina et la Hongroise Agnes Keleti en 1956, quand il y avait sept compétitions contre six aujourd’hui, ainsi que la Tchécoslovaque Vera Caslavska (1968) et la Roumaine Ecaterina Szabo (1984).

Il fallait absolument finir en beauté. Et pour cela, un duel l’opposait à sa copine Aly Raisman, déjà sa dauphine au concours général. Ce duel se situait à un palier inaccessible pour le commun des gymnastes, où seules résident les deux Américaines. Et comme d’habitude, c’est la cadette qui a pris le meilleur au détriment de celle qu’elle surnomme affectueusement « Grandma » (mamie) pour ses 22 ans.

Passée en cinquième sur le praticable, derrière quatre concurrentes qui n’avaient pas atteint la barre des 15, Biles a tutoyé la barre des 16 (15,966), qu’elle manque de peu pour une petite erreur sur sa dernière réception. C’était bien la seule.

Sa prestation au sol représente son chef d’œuvre gymnique, dans cet agrès qu’elle maitrise tant. Le tout sur un air de samba, avec une pincée de malice et une combinaison d’agilité et de puissance. Sans oublier sa marque de fabrique : un double salto arrière tendu avec demi-vrille et retombée à l’aveuglette, auquel elle a donné son nom.

De son côté Raisman, sur la célèbre mélodie russe Kalinka, a sorti le grand jeu et enchaîné les sauts sans anicroche, déclenchant une ferveur similaire à l’enthousiasme soulevé par la meilleure gymnaste du monde.

Gymnastics Biles © Getty Images
Au bilan de sa semaine brésilienne, l’étoile du Texas a conclu : « Repartir avec cinq médailles après vos premiers Jeux Olympiques n’a rien de décevant. Surtout d’être quatre fois en or, c’est quand même inouï. J’en suis très fière. »
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