La lutteuse qui ne connait pas la défaite
Depuis que la lutte libre féminine est au programme olympique, la catégorie des 55kg n’a connu qu’une seule championne : la Japonaise Saori Yoshida, qui domine sa discipline comme personne depuis le début des années 2000.
Bon sang ne saurait mentir
Née à Tsu, préfecture de Mie sur la côte pacifique de l’ile principale de Honshu, Saori est la fille d’Eikatsu Yoshida, champion olympique de lutte libre à Tokyo en 1964, devenu par la suite entraîneur national. Elle arrive naturellement sur les tapis de lutte à l’âge de trois ans sous la houlette de son père et en suivant ses deux frères ainés. Eikatsu Yoshida décède en mars 2014, six mois avant que sa fille ne remporte un douzième titre consécutif de championne du monde. Celle-ci déclare alors : « Je voulais cette victoire pour lui. Il a toujours placé la lutte au dessus de tout. Il continuera à me soutenir au Paradis. Je serai une championne pour mon père ».
La reine des 55 kg.
Sur une décennie, de son premier titre mondial à Chalcis (Grèce) en novembre 2002, à son troisième titre olympique à Londres en août 2012, Saori n’enregistre en tout et pour tout que deux défaites, dans des tournois de la Coupe du Monde FILA, en 2008 face à la Néerlandaise Marcie Van Dusen et en 2012 devant la Russe Valeria Koblova. Toutes ses autres adversaires subissent sa loi, sa technique, sa puissance, son intelligence tactique, et notamment la Canadienne Tonya Verbeek dominée 6-0 en finale à Athènes en 2004 où se déroule la première compétition olympique féminine de lutte libre, puis la Chinoise Xu Li, battue sur un tombé pour le titre à Beijing en 2008, et enfin, à nouveau Tonya Verbeek qui ne marque pas un point face à elle dans le dernier match de la catégorie sur le tapis de l’ExCel de Londres le 9 août 2012.
« Devenir encore plus forte »
Après être montée en première ligne en 2013 pour que son sport soit maintenu au programme olympique, Saori Yoshida doit s’adapter au changement des catégories de poids qui passeront de quatre à six en 2016 à Rio. Elle s’aligne désormais en 53kg. A Tachkent (Ouzbékistan), le 11 septembre 2014, elle remporte son premier titre mondial dans cette catégorie (et donc le douzième de suite) en ne laissant aucune chance à la Suédoise Sofia Mattsson, battue 10-0 en finale. Elle prononce des mots émouvants pour son père, mais dit aussi : « Je suis soulagée, Je ne peux pas relâcher la pression jusqu’à ce que j’arrive aux Jeux de Rio. Je dois continuer à étudier mes adversaires afin de devenir encore plus forte ». Quelques jours plus tard, Saori remporte son 4e titre consécutif aux Jeux Asiatiques à Incheon (Corée du Sud). Au sommet de son art à 32 ans, la star japonaise n’est pas prête à laisser sa place.