- Date
- 10 sept. 1972
- Tags
- Munich 1972
Tactique gagnante sur 800 m pour Wottle, l'homme à la casquette
Athlétisme
On n’avait jamais de difficulté à reconnaître Dave Wottle dans une course car il portait toujours une vieille casquette de golf, comme s’il encourageait ses adversaires à le sous-estimer, ce qu’ils faisaient peut-être. Et de fait, il sembla que toutes ses chances de victoire s’étaient envolées après 600 m alors qu’il se retrouva bloqué à la dernière place à 200 m de la fin. Mais il prouva une nouvelle fois qu’il n’était pas quelqu’un à prendre à la légère.
Il avait remporté les qualifications américaines sur le chrono de 1min. 44 s. 3, soit l’équivalent du record du monde, et il s’était montré de plusieurs secondes plus rapide que jamais. Comme sa préparation avait été entravée par une blessure, la plupart des gens voyaient la médaille d’or revenir à l’Ukrainien Yevhen Arzhanov qui courait sous les couleurs soviétiques. Lui qui avait remporté toutes les finales du 800 m des quatre dernières années menait avec une avance confortable alors que la course entrait dans sa phase finale et que Wottle était en fin de peloton.
Deux événements survinrent alors : tout d’abord, ce dernier se mit à accélérer brutalement en se propulsant dans la dernière phase pour tenter de décrocher une médaille alors que, simultanément, devant lui les Kenyans Michael Boit et Robert Ouko perdaient du terrain, le laissant penser qu’une place dans les trois premiers était envisageable.
Ensuite, alors que l’Ukrainien se mettait à ralentir et que Dave Wottle réalisait que le chef de file baissait la garde de manière évidente, il redoubla d’efforts. À deux mètres de la fin, il parvint ainsi à passer devant Yevhen Arzhanov pour franchir la ligne d’un cheveu avant lui. « C’est très décevant », expliqua-t-il plus tard, « de perdre au dernier moment sur le fil ».
Dave Wottle fut tellement surpris de sa victoire qu’il en oublia de retirer sa casquette alors que retentissait l’hymne national. Lorsqu’il le réalisa, mortifié, il fit des excuses publiques.
Plus tard, il abandonna son statut d’amateur pour devenir professionnel mais ne mit pas longtemps avant de se retirer pour devenir entraîneur. Il devint ensuite doyen des admissions au Rhodes College de Memphis, États-Unis, poste qu’il occupa jusqu’à sa retraite en 2012.