- Date
- 13 févr. 1976
- Tags
- Innsbruck 1976
Kleine la tornade du patinage de vitesse
Pour ses premiers Jeux d’hiver, en 1976 à Innsbruck, Piet Kleine, le Hollandais volant, patina à travers deux tempêtes de neige pour remporter une médaille d’or et une autre d’argent.
La performance stupéfiante du charpentier sans emploi signala l’émergence d’un nouveau talent majeur en patinage de vitesse et lui permit même de décrocher un travail à plein temps.
Kleine, athlète dégingandé de 1,96 m, surprit Sten Stensen, le détenteur du record du monde, pour enlever une médaille d’or à sensation dans le 10 000 m. Il améliora même le record olympique, malgré une course perturbée par de mauvaises conditions météo et une visibilité limitée, ce qui peut s’avérer problématique lorsqu’on tourne autour d’une piste de glace à 40 km/h.
Malgré des dispositions certaines pour le cyclisme, Kleine perça véritablement en sport lorsqu’il tourna son attention vers la glace. Après une première sous forme de bronze aux Championnats du monde toutes distances de 1973, son année phare survint en 1976.
Alors que la compétition olympique démarrait à Innsbruck, tout semblait se dérouler comme attendu pour Stensen, lieutenant de l’armée norvégienne de 28 ans.
Malgré une tempête de neige dès le départ du 5 000 m, le Scandinave réussit à tenir en respect Kleine, médaille d’argent, et son compatriote Hans van Helden, pour engranger sa première médaille d’or sur la distance, en 7’24’’48.
Spécialiste des longues distances, Stensen était bien placé pour envisager un doublé sur l’Olympia Eisschnelllaufbahn. Comme lors du 5 000 m trois jours plus tôt, la course de 10 000 m, si exigeante, débuta dans des conditions difficiles. Toutefois, si la météo persistait et signait, le verdict sportif allait être, lui, totalement différent.
Van Helden, qui avait déjà gagné deux autres médailles de bronze au 1 500 m et au 5 000 m, termina en 15’02’’02. Stensen, qui patinait dans la sixième paire, améliora le temps du Néerlandais de neuf bonnes secondes, avant que ne sonne l’heure de Kleine.
Après un départ prudent, il était en retard sur Stensen, non loin de la mi-course, mais lors des 13 derniers tours, il commença à hausser le rythme, pour se hisser au niveau du vétéran norvégien qu’il distança peu à peu.
À l’étonnement général, Kleine remporta donc l’or en 14’50’’59, nouveau record olympique et 2e temps absolu de l’histoire, à 28 centièmes à peine du record du monde de Stensen.
Outre la joie de son triomphe olympique, Kleine allait voir ses efforts couronnés de manière inattendue. Dans un entretien après la course, il indiqua qu’il se trouvait au chômage et
Harry van Doorn, un ministre néerlandais, ayant eu vent du problème, lui dénicha un emploi de facteur – nul doute que ses tournées devaient se dérouler à toute vitesse !
Quelques semaines plus tard, la nouvelle pépite du patinage de vitesse des Pays-Bas se distingua aux Championnats du monde de 1976, s’imposant sur 1 500 m et 10 000 m, avant de battre un peu plus tard les records du monde des 5 000 m et 10 000 m lors d’une rencontre à Inzell, en République fédérale allemande.
Il boucla sa saison en établissant quatre records du monde en une semaine et fut nommé Sportif masculin néerlandais de l’année.
Kleine fut par la suite porte-drapeau des Pays-Bas en 1980 à Lake Placid d’où il revint avec une médaille d’argent au 10 000 m. Il mit un terme à sa carrière de patineur de vitesse en 1981 et retourna à ses premières amours, reprenant une carrière réussie de cycliste amateur.
Il termina ainsi 5e du 100 km contre la montre par équipes au sein de l’équipe nationale des Pays-Bas, lors des championnats du monde de 1985.
Après s’être essayé au marathon sur glace, Kleine se retira en 2001 et continua ses tournées de facteur.