La plus grande judoka japonaise de l’histoire
Cinq fois médaillée en cinq Jeux Olympiques, sept fois championne du monde, Ryoko Tani est devenue une icône dans le pays où son sport est né.
L’essor du judo féminin
Le judo féminin est encore loin d’avoir acquis ses lettres de noblesses et reste peu pratiqué dans le pays qui a vu naitre ce sport, lorsqu’au début des années 1980, Ryoko Tamura alors âgée de huit ans, assiste à ses premiers combats. Elle y voit des filles renverser des garçons, notamment son grand frère. Décidée à enfiler le kimono, Ryoko doit vaincre les réticences de sa mère : « Elle aurait préféré que je fasse du piano, ou que je prenne des leçons de tennis. Quelque chose de plus adapté à une jeune fille ! ». Mesurant 1,46m, Ryoko va combattre dans la plus légère des catégories, les 48kg, dont elle deviendra la reine incontestée.
La longue route olympique
Un des premiers modèles de Ryoko est la pionnière britannique Karen Biggs, quadruple championne du monde. Elle l’affronte une première fois à 15 ans à l’occasion de la Coupe de Fukuoka en 1990, première compétition internationale féminine organisée au Japon, et s’impose pour signer sa première grande victoire. Biggs prend sa revanche en 1991 en demi-finale des championnats du monde où Tamura remporte la médaille de bronze. Le judo féminin fait son apparition au programme olympique à Barcelone en 1992. Ryoko, âgée de 16 ans, atteint la finale où elle est battue par la Française Cécile Nowak. En 1993, devenue une véritable star dans son pays, elle gagne son premier titre mondial à Hamilton (Canada), puis son deuxième en 1995 à Chiba (Japon). Grandissime favorite pour le titre aux Jeux d’Atlanta 1996 alors qu’elle est sur une série de 84 victoires consécutives, Ryoko est à nouveau dominée en finale, par l’adolescente nord-coréenne Kye Sun-hui. Le titre olympique continue de lui échapper !
Invincibilité
Dans la foulée de cette 2e médaille d’argent olympique, Ryoko Tamura va rester invaincue au niveau international durant douze longues années. Au passage, elle établit le record absolu de titres mondiaux, hommes et femmes confondus en remportant les éditions 1997 à Paris, 1999 à Birmingham, 2001 à Munich, 2003 à Osaka et 2007 à Rio de Janeiro pour parvenir au chiffre magique de sept couronnes. Sur le tatami du centre d’expositions de Darling Harbour à Sydney, le 16 septembre 2000, Ryoko Tamura ne fait pas de détails pour remporter son premier titre olympique : La Russe Lyubov Bruletova se retrouve sur le dos, battue par ippon au bout de 36 secondes en finale ! Un bonheur n’arrivant jamais seul, Ryoko rencontre son époux au Village olympique, le joueur de baseball Yoshimoto Tani. Madame Tani dispute le 14 août 2004 à Athènes sa quatrième finale olympique consécutive, où elle domine par waza-ari la Française Frédérique Jossinet. Elle est la première judoka à conserver son titre aux Jeux !
Icône
Le exploits répétés de Royo Tani suscitent un formidable engouement au Japon. Elle devient notamment le principal personnage d’un populaire « manga », et chacune de ses apparitions dans les grandes compétitions provoque l’emballement des médias. En 2005, elle donne naissance à son premier enfant, puis dispute ses derniers Jeux à Beijing 2008 où elle est dominée en finale de tableau par la Roumaine Alina Dumitru avant de tracer son chemin en repêchages vers la médaille de bronze. Cinq fois médaillée en cinq tournois olympiques, Ryoko Tani déclare alors en sanglots qu’elle veut disputer les Jeux de Londres en 2012, avant d’avoir un 2e enfant, d’annoncer sa retraite sportive en 2010, et d’être élue députée au parlement japonais.