Kenya : le retour des réfugiés somaliens s'effectuera dans le respect des obligations internationales
Le chef du HCR appelle également à des investissements massifs dans les régions stables de la Somalie pour permettre le retour de davantage de réfugiés.
NAIROBI, Kenya, 12 juin (HCR) - Lors de sa première visite au Kenya et en Somalie en tant que Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi a discuté des solutions durables pour les réfugiés somaliens au Kenya et il a reçu l'assurance que le retour des réfugiés en Somalie ne serait pas contraire aux obligations internationales.
Cette visite intervient alors que le Gouvernement kenyan a annoncé son intention de fermer le camp de réfugiés de Dadaab, qui abrite près de 350 000 réfugiés, principalement des Somaliens. Le Kenya héberge le plus grand camp de réfugiés au monde depuis un quart de siècle et il a toujours accueilli des réfugiés d'autres conflits, plus récemment depuis le Soudan du Sud.
Suite à sa rencontre ce jour avec le Président du Kenya, Uhuru Kenyatta, Filippo Grandi s’est félicité de l’assurance que le Kenya maintiendrait sa réputation de longue date pour le respect des droits des réfugiés.
« Je suis très heureux d'entendre le Président annoncer de façon catégorique que toute solution - et le rapatriement est évidemment la meilleure solution - doit être menée de façon humaine, digne, sûre ainsi que dans le respect de la loi et des principes internationaux », a déclaré Filippo Grandi.
Il a souligné que le soutien des donateurs internationaux envers le Kenya et en particulier les communautés d'accueil locales est généreux, mais toutefois insuffisant pour couvrir tous les besoins, et il a promis un engagement continu du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
En 2013, le Kenya, la Somalie et le HCR avaient signé un accord tripartite pour aider les réfugiés somaliens de Dadaab à commencer à rentrer chez eux volontairement dans neuf zones désignées des régions du Centre-Sud ainsi que du Puntland et du Somaliland. Ces régions sont considérées comme étant relativement sûres. Plus de 14 000 personnes sont déjà rentrées à ce jour et des milliers d'autres ont confirmé par écrit leur volonté de rentrer.
Toutefois, de nombreux autres réfugiés qui pourraient être disposés à rentrer citent des préoccupations sur l’insuffisance des moyens pour reconstruire leurs maisons et lancer des entreprises. Ils font également part de leur inquiétude sur l'éducation et les soins de santé qui ne seraient pas disponibles à un niveau suffisant dans leurs communautés d'origine. En réponse, Filippo Grandi propose d'augmenter l’aide au rapatriement pour les réfugiés de retour et de leur verser une allocation financière afin qu’ils puissent payer les services essentiels.
Lors d'une visite au camp de réfugiés de Dadaab, des réfugiés ont indiqué au Haut Commissaire qu'ils aimeraient rentrer chez eux, seulement si la sécurité était rétablie dans leurs villes.
« Personne ne renonce à son pays », a déclaré Habiba Abdullahi. « Nous sommes prêts à rentrer, mais ce n’est pas le moment... car les défis et les raisons pour lesquels nous avons fui la Somalie demeurent. »
Samedi, le Haut Commissaire s’est rendu en Somalie, où il a rencontré le Président somalien Hassan Sheikh Mohamud. Le Président a déclaré que tous les réfugiés somaliens sont les bienvenus pour le retour en Somalie et il a confirmé son engagement à un « rapatriement se déroulant de façon ordonnée, humaine et digne » pour ses citoyens comme spécifié dans l'accord tripartite.
Il comprend la nécessité d'améliorer les conditions dans les lieux de retour. Il a également souligné la nécessité de faire davantage pour plus d'un million de personnes déplacées internes en Somalie, qui ne peuvent pas rentrer chez elles du fait de l'instabilité récurrente et de la présence d'Al-Shabaab.
Filippo Grandi s’est également rendu à Baidoa en Somalie, afin de rencontrer d'anciens réfugiés du camp de Dadaab, qui sont récemment rentrés chez eux. Bien que la plupart aient déclaré qu'ils sont heureux d'être rentrés, ils ont également reconnu que leur retour a été difficile.
Maryan Hassan est rentrée à Baidoa avec ses sept enfants après huit ans d'exil. Sa maison a été détruite pendant le conflit et elle souhaite la reconstruire, mais elle n'en a pas les moyens.
Bien que la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) ait enregistré des avancées importantes, Al Shabaab fait toujours peser une menace majeure pour la sécurité dans le pays. Après plus de deux décennies de guerre, la Somalie a peu à offrir en termes d'opportunités pour les personnes de retour.
« Nous avons des enfants qui ont obtenu leur diplôme d'études secondaires à Dadaab. Avant, ils étaient occupés à l'école et, maintenant, ils n’ont plus aucune activité », a déclaré Maryan Hassan au Haut Commissaire. « Ils ont besoin d'être aidés pour trouver des occupations ici ou alors leur vie sera menacée après qu’ils aient rejoint les rangs de personnes mal intentionnées. »
Pourtant, elle a exhorté ses compatriotes à rentrer : « Il y a eu beaucoup d'améliorations ici. Pour ceux qui souffrent (à Dadaab), je leur dis, revenez dans votre pays.»
Filippo Grandi a déclaré que la résilience de Maryan est un bon exemple pour lequel la communauté internationale doit investir en Somalie afin de veiller à ce que les réfugiés aient une infrastructure de base pour recommencer leur vie. Il encourage des acteurs du développement comme la Banque mondiale à investir dans la reconstruction de la Somalie.
« Les retours doivent être durables. Cela signifie avoir un toit, mais pouvoir aussi bénéficier de services essentiels comme les soins de santé et l'éducation ainsi que la création d'emplois », a-t-il déclaré.
Lors d'une conférence à Bruxelles en 2015, les pays donateurs s’étaient engagés à verser 110 millions de dollars pour financer le retour durable et la réinsertion des réfugiés somaliens. A ce jour, seulement 7,2 millions de dollars ont été reçus pour cet appel de fonds.