Le HCR appelle à une réponse globale face à la situation à Calais
Le HCR exprime sa préoccupation face au nombre croissant de victimes – au moins dix depuis juin – parmi les réfugiés et les migrants tentant de traverser la Manche.
GENEVE, 7 août (HCR) - En soulignant que la situation n'était ni nouvelle ni ingérable, le HCR a déclaré vendredi qu'on estimait à 3 000 le nombre actuel de réfugiés et de migrants à Calais et à d'autres endroits de la côte du nord de la France - soit quasiment le même nombre qu'en novembre dernier.
Cependant, le HCR a exprimé sa préoccupation face au nombre croissant de victimes parmi les réfugiés et les migrants qui tentent de traverser la Manche entre le port français et le Royaume-Uni, au moins dix depuis début juin.
« C'est une évolution inquiétante… Le HCR réitère son appel, lancé depuis l'été 2014, en faveur d'une réponse globale face à l'aggravation des conditions d'accueil des réfugiés et des migrants à Calais », a déclaré la porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d'une conférence de presse à Genève.
« A elles seules, les mesures de sécurité, bien que compréhensibles, ont peu de chance d'être efficaces », a-t-elle souligné.
Melissa Fleming a rappelé qu'un grand nombre de personnes présentes à Calais et dans les environs avaient besoin d'une protection internationale. « Ce sont des réfugiés qui ont fui le conflit, la violence et la persécution en Afghanistan, en Erythrée, en Somalie, au Soudan et en Syrie », a-t-elle affirmé.
Le HCR demeure préoccupé par leurs conditions de vie et d'accueil épouvantables dans des sites de fortune autour de Calais et encourage les autorités françaises à transférer ces personnes depuis les installations informelles actuelles et à leur offrir des conditions d'accueil adéquates dans la région Nord-Pas-de-Calais et ailleurs.
« Les femmes et les enfants, qui représentent désormais un groupe important à Calais, sont particulièrement vulnérables à l'exploitation et à la traite et ils méritent une attention spécifique », a insisté Melissa Fleming.
« Nous appelons également le Royaume-Uni et les autres Etats membres de l'UE à coopérer avec les autorités françaises compétentes afin de trouver des solutions pour les personnes ayant besoin d'une protection internationale, c'est-à-dire dans les cas où il existe des liens familiaux ou d'autres liens dans un autre Etat membre de l'UE conformément à la législation européenne en vigueur » a-t-elle ajouté.
Le HCR affirme que la situation à Calais reflète les mouvements migratoires et de réfugiés plus larges en Europe qui trouvent eux-mêmes leur origine dans les déplacements massifs de réfugiés au Moyen-Orient et en Afrique.
Les quatre pays voisins de la Syrie accueillent aujourd'hui plus de quatre millions de réfugiés syriens. Un tiers des 224 500 personnes arrivées cette année en Europe sont des réfugiés syriens - des familles qui fuient l'un des conflits les plus meurtriers de l'histoire récente.
La situation à Calais souligne la nécessité d'une plus grande responsabilité et coordination, ainsi que d'une mise en oeuvre vigoureuse du régime d'asile européen commun.
Le HCR affirme que les Etats membres de l'UE doivent remédier aux lacunes actuelles en matière d'asile et d'accueil, et développer les mesures de solidarité comme la relocalisation et les autres possibilités légales permettant aux personnes d'atteindre la sécurité. Une véritable réponse européenne collective d'envergure s'impose, fondée sur les principes d'humanité, d'accès à la protection, de solidarité et de partage des responsabilités, tant au sein de l'UE qu'avec les pays situés en dehors de l'UE.
« Toutes les personnes présentes à Calais ne sont peut-être pas des réfugiés. Le retour, dans des conditions humaines et dignes, vers leur pays d'origine ou d'autres pays où ils ont vécu auparavant peut faire partie des solutions pour ces autres groupes, en coopération avec les pays d'origine et dans le respect des normes internationales des droits de l'homme », a conclu Melissa Fleming.
Le HCR est disposé à aider davantage la France, le Royaume-Uni et les autres Etats membres de l'UE, afin de trouver des solutions pratiques et globales.
Par Jonathan Clayton, à Genève