Les rapatriés nigérians cumulent problèmes d'hébergement, difficultés économiques et pénuries alimentaires

Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR William Spindler – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 23 septembre 2016 au Palais des Nations à Genève.

Alors que le gouvernement du Nigéria continue de reconquérir des zones antérieurement contrôlées par Boko Haram et de faciliter le retour de milliers de personnes vers leurs régions d’origine dans le nord-est du pays, l’ampleur des dégâts devient de plus en plus évidente et de nouveaux défis humanitaires apparaissent.

Depuis fin août, le gouvernement a facilité le retour de plusieurs milliers de personnes entre Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, et les villes de Dikwa, Konduga et Mafa. Les autorités locales ont déclaré avoir transféré 1 120 personnes vers Dikwa mardi et des transferts supplémentaires sont prévus au cours des jours et semaines à venir.

Certains déplacés internes à Maiduguri ont effectué de courts aller-retours chez eux avec l’aide du gouvernement pour évaluer la situation. L’un de ces groupes, originaire de Mafa, nous a indiqué qu’il était prêt à rentrer de manière permanente dès que le gouvernement aura organisé un autre convoi sous escorte armée.

Certains avaient déjà décidé de rester à Mafa et de ne pas retourner à Maiduguri. Les retours facilités continuent d’avoir lieu principalement vers les villes car la sécurité reste extrêmement incertaine dans les villages. Il est conseillé aux villageois rapatriés de demeurer dans un rayon de 15 kms autour des villes.

Les défis sont immenses pour ceux qui rentrent, comme l’a constaté le HCR au cours d’une visite récente dans la ville de Gwoza nouvellement accessible, située à 150 kms au sud-est de Maiduguri. La majorité de la population antérieure d’au moins 300 000 personnes a fui à Maiduguri en 2015 et 2016 pour échapper au contrôle de Boko Haram qui s’est maintenu pendant huit mois et aux combats ultérieurs. Aujourd’hui, d’après les autorités locales, 70 000 personnes (retournés et déplacés internes des villages alentour) sont rentrées depuis la reprise de la ville en mars dernier.

Mais elles sont rentrées dans une ville gravement endommagée (environ 70% de la ville est totalement rasée). Si le gouvernement a commencé à reconstruire quelques infrastructures, notamment l’hôpital, et des organisations comme l’UNICEF et MSF fournissent une assistance médicale, certains retournés et déplacés internes originaires d’autres zones vivent où ils peuvent. Cela pourrait poser des problèmes à l’avenir quand davantage d’habitants de Gwoza rentreront et retrouveront leurs maisons occupées par des inconnus.

Le HCR, l’OIM et d’autres partenaires coopèrent avec les autorités pour aider à résoudre les problèmes d’hébergement. Nous participons à l’installation d’un nouveau site pour les personnes déjà déplacées qui arrivent à Gwoza pour trouver un refuge. Il existe actuellement déjà trois sites pour déplacés internes à Gwoza, gérés par l’armée.

Le bien-être des enfants est également une source de préoccupation. Beaucoup souffrent de déshydratation et de malaria, bien que l’UNICEF, MSF et l’armée fournissent une assistance médicale. L’UNICEF a installé deux grandes tentes servant de salles de classe qui sont surchargées avec plus de 130 élèves par tente. Seuls quelques enseignants sont rentrés et les soldats enseignent l’anglais à certains enfants à Gwoza et ailleurs.

En général, les personnes ont indiqué au HCR qu’elles se sentaient en sécurité à Gwoza grâce à la présence militaire. Mais beaucoup ne sont pas prêtes à rentrer chez elles et le HCR rappelle que les retours doivent être volontaires et que les personnes doivent avoir accès à suffisamment d’informations sur la situation dans leur région d’origine afin de pouvoir prendre une décision en toute connaissance de cause. Nous avons rédigé un cadre stratégique sur les retours qui souligne ce point et nous en discutons avec le gouvernement et d’autres partenaires dont nous cherchons le soutien pour ce cadre et ses objectifs.

Beaucoup de personnes à Maiduguri et dans les zones nouvellement accessibles de l’Etat de Borno ont indiqué au HCR qu’elles s’inquiétaient de la situation sécuritaire, des pénuries alimentaires, des perturbations économiques permanentes et de l’accès limité à la nourriture, à l’eau, aux abris et aux structures de santé. La saison des semailles est passée et les familles craignent de ne pas avoir assez à manger, bien que le gouvernement fournisse aux rapatriés 25 kg de riz et d’autres aliments de base. Le PAM fournit aussi de la nourriture.

D’autres personnes sont découragées par la présence de mines anti-personnel et d’engins explosifs improvisés qui, couplés à l’insécurité sur les routes principales, ont contribué à paralyser le commerce et l’économie de la région. Certaines femmes déplacées à Maiduguri ont déclaré au HCR qu’elles avaient peur de rentrer dans leurs districts d’origine à cause de la présence de Boko Haram. Certaines avaient été enlevées par les insurgés en 2014 et 2015, mariées de force et retenues en captivité pendant des mois avant de s’échapper ou d’être libérées par l’armée.

A Maiduguri, les autorités continuent de transférer les déplacés internes des établissements scolaires vers les camps : plus de 4 000 personnes ont été transférées la semaine dernière depuis le Arabic Teaching College vers le camp Bakassi qui hébergeait déjà environ 17 000 personnes.

Le HCR continue de renforcer sa présence dans le nord-est en déployant davantage de personnel (9 nouveaux employés depuis le 20 septembre). Nous avons prévu de construire 1 400 abris d’urgence supplémentaires et de distribuer 2 500 kits d’abris dans les zones gouvernementales locales de Borno au cours des prochaines semaines.

Plus de deux millions de personnes ont été déplacées au Nigéria, y compris 1,87 million ayant fui les violences liées à Boko Haram depuis 2014. Quelque 169 000 personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins, au Cameroun, au Tchad et au Niger.

 

Pour plus d’informations sur ce sujet, veuillez contacter :

  • Au Nigéria, Hélène Caux, caux@unhcr.org, +234 809 016 14 46
  • Au Nigéria, Hanson Ghandi Tamfu, tamfu@unhcr.org, +234 80 57 98 19 73
  • A Genève, Leo Dobbs, dobbs@unhcr.org, +41 79 883 6347