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Le nageur syrien Ibrahim Al Hussein porte la flamme olympique pour tous les réfugiés du monde


Ibrahim Al Hussein, un athlète réfugié syrien, a porté la torche olympique dans le centre d'accueil d'Eleonas à Athènes à l'occasion du relais de la flamme de Rio 2016. "C'est un honneur", a-t-il confié. "Imaginez que l'un de vos rêves les plus fous se concrétise. Imaginez que tout ce dont vous rêvez depuis plus de 20 ans est en train de devenir réalité."

Le jeune homme, âgé de 27 ans, est arrivé en Grèce en 2014 après avoir perdu des membres de sa famille dans le conflit syrien. C'est le président du Comité Olympique Hellénique, Spyros Capralos, qui lui a transmis la flamme. Ibrahim a ensuite traversé le camp d'Eleonas, qui accueille réfugiés et migrants dans la capitale grecque.

C'est dans ce même centre que s'étaient rendus en janvier de cette année le président du CIO, Thomas Bach, et le président d'honneur, Jacques Rogge, également envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour les jeunes réfugiés et le sport.

Ce chapitre poignant du voyage de la flamme est un message de solidarité adressé à tous les réfugiés alors que des millions d'entre eux fuient la guerre et les persécutions partout dans le monde. C'est aussi la victoire de la force prodigieuse de l'esprit humain.

Cette journée avait une signification particulière pour Ibrahim, qui a vu ses espoirs de concourir aux Jeux Olympiques anéantis après avoir perdu une partie de sa jambe droite dans un bombardement lorsque la guerre a éclaté en Syrie en 2011.

Syrian swimmer Ibrahim carried torch for the refugees of the world Getty Images

Et pourtant, grâce à la prothèse qu'on lui a posée, le jeune homme s'entraîne maintenant dans un complexe sportif construit pour les Jeux Olympiques d'Athènes en 2004. Nageur émérite en Syrie, Ibrahim Al Hussein fait aussi maintenant partie d'une équipe de basketball en fauteuil roulant. Très actif au sein de la communauté sportive de son pays d'accueil, il est la preuve éclatante que le sport peut se mettre au service de la paix.

C'est son père, entraîneur de natation, qui a transmis à Ibrahim, ainsi qu'à ses 13 frères et sœur, son amour de l'eau. La famille vivait sur les rives de l'Euphrate. Le fleuve servait souvent de "piscine" à Ibrahim tandis que le célèbre pont suspendu de Deir ez-Zor était son plongeoir.

"Je montais au sommet pour plonger et nager dans le fleuve", se rappelle Ibrahim.

Adulte, il continue de pratiquer la natation sportive tout en travaillant comme électricien. Puis, en 2011, la guerre éclate. Un jour, en se précipitant hors de chez lui pour aider un ami grièvement blessé, Ibrahim est touché à son tour par une bombe. Il doit être amputé d'une partie de sa jambe droite. L'année suivante, il fuit pour la Turquie où il réapprend tout seul à marcher.

Aujourd'hui, pour entrer dans une piscine, Ibrahim doit retirer sa prothèse et monter à cloche-pied sur le plot de départ. Son entraîneur, Eleni Kokkinou, se souvient du jour, l'année dernière, où Ibrahim est retourné dans l'eau pour la première fois en cinq ans.

"J'étais avec lui dans la piscine pour l'aider à trouver son équilibre. Du fait de son amputation, ses battements de jambes n'étaient plus aussi vigoureux qu'avant, mais dès sa deuxième séance d'entraînement, Ibrahim avait déjà repris confiance en lui", se rappelle-t-elle.

Et d'ajouter : "Tout ce que je vois, c'est un athlète robuste, qui ne pense qu'à s'entraîner encore et toujours. Son objectif est d'égaler à nouveau son record personnel sur 50 mètres en nage libre."

Ibrahim Al Hussein parcourt désormais la distance en 28 secondes, soit à peine trois secondes de plus que le meilleur temps qu'il avait enregistré avant de perdre sa jambe.

La traversée du camp d'Eleonas à Athènes était l'une des étapes du parcours du relais de la flamme olympique de Rio 2016, lequel a débuté le 21 avril à Olympie avec l'allumage de la flamme et qui traversera la Grèce pendant six jours, couvrant une distance de 2 235 km. Le 27 avril, la flamme sera officiellement remise aux organisateurs des Jeux Olympiques de Rio 2016 au stade panathénaïque, site des premiers Jeux Olympiques de l'ère moderne à Athènes en 1896.

Le retour d'Ibrahim Al Hussein dans le centre d'accueil d'Eleonas est encore plus symbolique depuis l'annonce, par la commission exécutive du CIO en mars dernier, de la création d'une équipe d'athlètes olympiques réfugiés pour Rio 2016.

Cette équipe, qui sera composée de cinq à dix athlètes réfugiés, vivra la même expérience olympique que les autres délégations, avec notamment sa propre cérémonie d'accueil au village olympique, un lieu où les athlètes vivent en harmonie, sans discrimination d'aucune sorte. La composition de l'équipe des athlètes olympiques réfugiés sera annoncée début juin.

Un fonds d'urgence de deux millions de dollars américains a également été constitué en 2015 par le CIO à l'intention des Comités Nationaux Olympiques (CNO) afin de leur permettre d'organiser des programmes d'aide aux réfugiés partout dans le monde.

Les Jeux de la XXXIe Olympiade auront lieu à Rio du 5 au 21 août 2016. Près de 10 500 athlètes de plus de 200 pays concourront dans 28 sports et 98 épreuves donnant lieu à une remise de médailles.

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