Voile : c’est maintenant pour Singapour
Le coach Fernando Alegre suit les progrès des jeunes skippers depuis les Jeux Olympiques de la Jeunesse jusqu’à leur transition vers les JO adultes. Il nourrit de beaux espoirs pour l’avenir de la voile à Singapour.
Selon l’entraîneur de Singapour Fernando Alegre, le temps est l’adversaire le plus féroce des grands skippers. Les skippers olympiques se lancent dans des préparatifs minutieux quatre ans avant les Jeux Olympiques afin de maîtriser le site et le parcours. Sans parler de la préparation psychologique et physique.
« La voile est un sport unique en son genre », a expliqué Fernando lors du dernier passage de l’équipe de Singapour à Rio avant son retour fin juillet pour les JO 2016. « Il faut se préparer tout au long du cycle de quatre ans. Il faut apprendre à connaître le site, les courants, les changements de vent, les différentes variations et les conditions parce que ces aspects géographiques sont très importants. Il faut sans cesse retourner sur un site pour l’étudier dans les moindres détails afin de recueillir toutes les connaissances nécessaires. C’est très complexe, c’est différent des autres sports. »
Il explique également qu’il y a une différence de niveau entre la voile junior et le sport sénior en matière de durée des préparatifs. Aux Jeux Olympiques de la Jeunesse 2014 à Nanjing, Fernando s’occupait des jeunes skippers Samantha Yom et Bernie Chin, qui sont désormais en bon chemin pour décrocher une place à Tokyo 2020.
« C’était une très bonne expérience pour nous, dit-il. Un an et demi plus tôt, la Fédération singapourienne de voile m’a donné l’opportunité d’entraîner les équipes de jeunes pour les Jeux Olympiques. Les conditions de course étaient très difficiles, car cela se passait sur un lac. Nous avons essayé de nous préparer du mieux possible pour être prêts à affronter ces conditions, surtout l’aspect mental. Avec les séniors olympiques, vous travaillez sur les mêmes choses, la seule différence étant qu’avec les séniors, vous avez plus de temps parce que vous vous préparez sur quatre ans. Pour les JOJ, je pense qu’aucun pays ne passe quatre années avec des sportifs aussi jeunes. »
Les préparatifs ont en tout cas porté leurs fruits et Singapour a remporté deux médailles d’or en voile aux JOJ 2014. En revanche, Rio 2016 arrive trop tôt pour Bernie, d’après Fernando, car le jeune skipper n’a pas encore le poids requis pour se lancer dans la catégorie Laser.
« Il suit le programme olympique et je pense qu’il va se préparer à faire des courses. Peut-être aura-t-il sa chance à Tokyo », explique le coach. « Singapour dispose de bons skippers qui suivent le programme olympique dans cette catégorie, donc ce ne sera pas facile pour lui, mais il s’agit là d’un grand espoir de Singapour pour 2020. »
Le succès du programme destiné aux jeunes a permis de faire progresser la voile dans le pays qui envoie le contingent le plus important de son histoire à Rio, avec des concurrents dans sept des 10 catégories de voile. Fernando estime cependant que les skippers devront donner le meilleur d’eux-mêmes à Rio.
« Le parcours est très relevé, et il exigera de nos skippers qu’ils se donnent à 100 % car il y aura quatre zones de course à l’intérieur de la baie de Guanabara, et trois en dehors, en pleine mer », explique-t-il. « Ces parcours présentent différentes caractéristiques. À l’intérieur de la baie, l’eau est plus plate, mais les courants contraires sont très difficiles et il y a des variations de vents. En haute mer, le vent est plus stable, mais bien plus fort. Il y a une grosse houle, des rouleaux et le courant est plus homogène sur l’ensemble du parcours. Les skippers doivent être très complets et très techniques sur les parcours en extérieur, ils doivent faire preuve de grande intelligence et d’une tactique précise à l’intérieur. Ce site est vraiment excellent. »
Fernando ajoute toutefois que les préparatifs suivent leur cours. Les skippers respectent un programme strict, avec six repas par jour, trois heures de voile au quotidien et des séances bihebdomadaires avec un psychologue du sport.
« Les Olympiens sont des skippers à temps plein, donc leur métier consiste à se préparer du mieux possible », ajoute-t-il. « Au final, ça ne sert à rien de passer seulement 60 ou 80 jours avant les Jeux Olympiques à essayer de travailler l’aspect mental ou l’aspect technique si vous ne les avez jamais travaillés auparavant. »
Quant aux Jeux à proprement dire, Fernando estime qu'ils serviront de tremplin aux succès futurs.
« Beaucoup de jeunes talentueux sont en train de percer », dit-il. « Singapour a connu un grand succès chez les juniors et les jeunes au cours des 10 dernières années, donc aujourd’hui la Fédération travaille d’arrache-pied pour que ces jeunes réussissent aussi aux Jeux Olympiques. Ce processus prend du temps, c’est un grand pas à franchir. Les gens vont commencer à comprendre que la voile a sa place aux Jeux Olympiques, et les préparatifs ne pourront que s’améliorer pour Tokyo et après. »