Une photographe iraquienne connecte tout de suite avec son hôte autrichienne
Souad Awad, une réfugiée de Bagdad, a emménagé chez l'enseignante en maternelle Margarethe Kramer. Après un mois de vie sous le même toit, elles se sont très rapidement liées d'amitié.
KLAGENFURT, Autriche - Souad Awad, une photographe iraquienne, a emménagé chez l’enseignante en maternelle autrichienne Margarethe Kramer. Après un mois de vie sous le même toit, elles se sont très rapidement liées d’amitié.
Arrivée en Autriche en novembre 2015, Souad a logé pendant six mois dans un centre de réfugiés de Klagenfurt où elle aidait en cuisine.
En juin 2016, elle a eu l’occasion d’emménager chez Margarethe. Elles ont été mises en contact par l’organisation d’aide chrétienne Diakonie.
« J’ai l’impression de vivre au paradis maintenant », témoigne Souad. « Margarethe est extraordinaire – si douce et toute sa famille est merveilleuse. Je me sens chez moi. J’ai l’impression qu’elle est ma sœur.
Margarethe, dont le mari est absent pendant la plus grande partie de la semaine à cause de son travail, est ravie d’avoir de la compagnie.
Les problèmes avaient commencé en 2014 pour Souad, 49 ans, quand elle travaillait comme photographe de mariage dans la capitale iraquienne, Bagdad. Un jour, elle avait travaillé tard et elle était sur le chemin du retour vers chez elle quand un homme est entré de force dans sa voiture sous la menace et a exigé de savoir pourquoi elle n’était pas voilée.
Elle explique qu'il lui posait constamment des questions : De quelle région était-elle originaire ? Ne savait-elle pas que la photographie était interdite?
«Je ressens qu’elle est comme ma sœur. »
Elle n'a pas eu retenue longtemps mais, peu de temps après son mari, qui se rendait à la mosquée, a commencé à recevoir des menaces de mort à moins qu'il ne divorce de sa femme.
Quelques semaines plus tard, il a été empoisonné au thallium, un composé hautement toxique. Il a été temporairement paralysé et a été admis à l'hôpital. Lorsque sa santé s’est améliorée, lui et Souad ont divorcé.
Le couple n'a pas d'enfants et, en novembre 2014, un jour après que les documents aient été signés, elle a quitté l'Iraq sans regarder en arrière.
Elle s’est d'abord rendue en Turquie, où elle est restée pendant près d'un an, puis elle a traversé vers la Grèce à bord d’un canot pneumatique. Le voyage a été long et difficile, non seulement parce en tant que femme voyageant seule, mais aussi parce qu'elle a le diabète.
Elle est montée à bord d'un train pour l'Allemagne avec d'autres réfugiés, mais elle a demandé à rester en Autriche car elle se sentait fatiguée et malade. Elle s’est rendue auprès des autorités de police et d'immigration.
Elle a indiqué qu'elle avait appris davantage l’allemand en vivant chez Margarethe pendant un mois que durant les six mois précédents en vivant au centre d'asile.
Pour Margarethe, héberger Souad ne pouvait pas mieux fonctionner.
« Sa présence a enrichi ma vie, elle m’apporte de l’amitié et de la compagnie », explique Margarethe, 59 ans.
Elle vient souvent la maison depuis le travail et elle trouve des repas iraquiens délicieux et prêts.
Souad explique : « J'aime cuisiner. Je nettoie la maison parce que je veux l'aider. Je ressens qu'elle est comme ma soeur. »
Margarethe admet que cette rencontre lui a permis de changer sa manière de voir les choses. Elle s’attendait à voir une femme portant un foulard et avec des idées traditionnelles. « Mais j’ai été vraiment surprise quand j’ai rencontré Souad », dit-elle. « Elle est si indépendante, si ouverte d’esprit, moderne et elle y est tellement opposée. »
Souad essaie d'apprendre l'allemand et elle espère continuer à travailler en tant que photographe et vidéaste en Autriche.
Ce portrait fait partie de la série No Stranger Place, qui a été créée et photographiée par Aubrey Wade en partenariat avec le HCR et qui représente des habitants et des réfugiés qui vivent ensemble en Europe. Un an après la noyade d’Alan Kurdi, un petit réfugié syrien âgé de trois ans, des milliers de gens se sont retrouvés pour bâtir un pont entre les différences culturelles et les barrières de la langue, animés de compassion, d’espoir et d’humanité – en dépit des obstacles que certains gouvernements européens continuent à dresser. Leur générosité est un exemple pour le reste du monde.
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