Une large représentation internationale sur les podiums du badminton à Rio 2016!
En commençant par une victoire indonésienne dans le double mixte, et en terminant par les simples, avec les succès de l’Espagnole Carolina Marin et du Chinois Chen Long, le badminton a démontré son universalité à Rio 2016, avec dix pays médaillés et des vainqueurs issus de quatre CNO différents dans les cinq épreuves au programme.
Les Indonésiens Tontowi Ahmad et Liliyana Natsir ont remporté le 17 août le titre olympique en battant les Malaisiens Chan Peng Soon et Goh Liu Ying 2-0 (21-14 et 21-12) en finale. Les nouveaux champions olympiques ont auparavant éliminé les N°1 mondiaux et tenants du titre chinois Zhang Nan et Zhao Yunlei en demi-finales, et ils ont poursuivi sur leur belle lancée pour surclasser leurs rivaux malaisiens dans le match pour l’or. Leur victoire n’a jamais fait de doute tant ils ont dominé les deux sets, grâce à une kyrielle de coups de haute volée, mais aussi aux fautes directes du duo Chan Peng Soon et Goh Liu Ying. La médaille de bronze est revenue à Zhang Nan et Zhao Yunlei, qui ont battu 21-7, 21-11 leurs compatriotes Xu Chen et Ma Jin, vice-champions olympiques à Londres.
C'est la première médaille d'or olympique enlevée par Ahmad et Natsir, médaillés d'argent aux Jeux Olympiques 2008 à Beijing. En remportant avec autant d’aisance cette finale, ils ont mis en transes leurs supporters présents dans les gradins du Pavillon Riocentro 4. « Ils ont été fantastiques. Ce 17 août est aussi la fête de l’indépendance de l’Indonésie, c’est donc notre cadeau pour notre pays! », a dit un joyeux Tontowi Ahmad en jouant avec la médaille d’or qui pendait autour de son cou. Liliyana Natsir a expliqué que ce triomphe effaçait la déception des Jeux de 2012. « Je suis soulagée, fière et folle de joie. C’est la revanche de Londres, car l’Indonésie a toujours gagné des médailles d’or en badminton, mais là, ça n’avait pas été le cas. »
Le bonheur et une première en double dames pour le Japon
Les No 1 mondiales japonaises Misaki Matsumoto et Ayaka Takahashi ont dû batailler sur chaque point, en finale du double dames le 18 août face au duo danois Christinna Pedersen et Kamilla Rytter Juhl, particulièrement déterminé. Elles ont puisé au plus profond de leurs ressources pour s’extraire d’une mauvaise passe et finir par l’emporter au bout du suspense 18-21, 21-9, 21-19 devant le public du Pavillon 4 Riocentro pour remporter le premier titre olympique de leur pays en badminton !
Menées 19-16 dans les dernières minutes de la finale, Matsumoto et Takahashi ont marqué cinq points consécutifs pour anéantir les espoirs danois d’accrocher un premier titre olympique en 20 ans. « Dans la première manche, je n’ai pas été au top, mais dans les deuxième et troisième, nous avons pensé que ce serait notre dernier match, alors que nous gagnions ou que nous perdions, il nous fallait redoubler d’efforts!, a expliqué Misaki Matsumoto. À la fin, tous les efforts que nous avions déployés à l’entraînement ont payé. »
Pedersen et Rytter Juhl ont gagné la deuxième médaille féminine du Danemark aux Jeux et marché sur les traces de Camilla Martin qui avait terminé vice-championne olympique du simple dames à Sydney en 2000. Une maigre consolation toutefois. « Bien sûr nous sommes très fières d’avoir gagné cette médaille. Mais après une finale comme celle-là, après avoir été si proches dans le 3e set décisif, il y a de quoi être déçue », a reconnu Christinna Pedersen. Les joueuses de la République de Corée Jung Kyung-eun et Shin Seung-chan ont facilement remporté la médaille de bronze 2-0 (21-8, 21-17) face aux Chinoises Tang Yuanting et Yu Yang, têtes de série No 2 de ce tournoi, éliminées en demi-finale par les Danoises.
Carolina Marin signe une première pour l’Espagne
L'Espagnole Carolina Marin, No 1 mondiale et double championne du monde, a confirmé sa domination sur le badminton féminin le 19 août en devenant la première Européenne sacrée championne olympique, rejoignant ainsi le seul joueur de badminton à avoir jusque-là arraché un titre olympique à l'Asie: le Danois Poul-Erik Hoyer Larsen, sacré en simple messieurs à Atlanta en 1996.
Victorieuse 2 sets à 1 (19-21, 21-12, 21-15) de l'Indienne Sindhu Pusarla, 10e mondiale, la jeune Espagnole de 23 ans est presque imbattable depuis 2014 et son irruption au sommet des classements mondiaux. En demi-finale, elle avait sorti la championne olympique en titre, la Chinoise Li Xuerui. Au passage, Carolina Marin a privé l'Asie d'un titre qui ne lui avait jamais échappé depuis 1992 et l'arrivée de ce sport au programme olympique, à Barcelone, en Espagne. « Je suis très excitée, je ne sais pas vraiment ce que je ressens maintenant. Mais c’est à peine croyable que mon rêve se réalise. Je devais simplement croire en moi, a dit Carolina Marin. C’est plus qu’une médaille, compte tenu de tout ce qu’il y a derrière ce titre. J’ai la meilleure équipe à mes côtés. Ils m’ont énormément aidée. »
Sans jamais fléchir sous les assauts de son adversaire indienne alors qu’elle était confrontée à son plus gros test depuis le début de la compétition, Carolina Marin a tenu bon quand il le fallait. Après avoir concédé le premier set 19-21, elle a remporté le second sur un smash impérial claqué le long de ligne, hors d’atteinte de sa rivale. Elle a pris l’ascendant au cours du troisième set où l’avance qu’elle a prise lui a donné six balles de match. L’Espagnole a converti la deuxième, pour conclure 21-15 et laisser éclater sa joie tout en exprimant son soulagement, le poing levé, acclamée par ses compatriotes massés dans les gradins.
Pusarla Sindhu a également été fêtée par son camp et peut se satisfaire d’être seulement la deuxième sportive indienne à remporter une médaille olympique en badminton, après Saina Nehwal qui avait gagné le bronze en individuel à Londres en 2012. « Je suis vraiment heureuse, a dit la joueuse originaire de Hyderabad. Mon objectif était de gagner une médaille olympique. Je pensais qu’elle serait en or, mais peu importe, elle est en argent. Je n’aurais jamais cru arriver jusqu’ici, c’est une semaine magnifique pour moi. »
La médaille de bronze du simple dames est allée à la Japonaise Nozomi Okuhara, qui n’a pas joué la « petite finale » dans la mesure où son adversaire Li Xuerui, championne olympique en 2012, a déclaré forfait sur blessure.
Fu et Zhang au sommet du double messieurs
Ce même 19 août, les Chinois Haifeng Fu et Nan Zhang ont pris le meilleur sur le duo malaisien Goh V Shem and Tan Wee Kiong 2 sets à 1 (16-21 21-11 23-21) dans une finale du double messieurs à couper le souffle. Dans le troisième set, les Chinois ont réussi à sauver deux balles de match avant de conclure 23-21 et de fêter la victoire.
L’inébranlable Fu s’était déjà imposé dans cette épreuve quatre ans plus tôt avec Cai Yun, tandis que Zhang avait gagné le double mixte à Londres 2012. Leur victoire étincelante apporte à la Chine sa première médaille d’or en badminton à Rio.
Soulagé à la fin de la rencontre, Fu a livré ses impressions « Je pense qu’on était vraiment sous pression dans ce match. Les équipes chinoises du double mixte, l’équipe individuelle féminine et l’équipe du double dames ont toutes perdu. Et le double messieurs est une épreuve qui n’a pas vraiment attiré l’attention, mais nous avons triomphé. On a gagné la première médaille olympique chinoise en badminton dans ces Jeux et on est vraiment contents. La partie n’a pas été facile, je veux féliciter mon partenaire.”
La médaille de bronze est revenue aux Britanniques Marcus Ellis et Chris Langridge qui ont battu les Chinois Chai Biao et Hong Wei 21-18, 19-21, 21-10.
Chen Long décroche l’or et Lee Chong Wei, l’argent pour la 3e fois !
Les compétitions de badminton se sont conclues le 20 août avec la finale du simple hommes remportée par le Chinois Chen Long face au Malaisien Lee Chong Wei, qui disputait sa 3e finale olympique de suite. Le double champion du monde en titre s’est imposé en deux sets secs, 21-18, 21-18. Lee Chong Wei, 33 ans, leader du classement des fous du volant de façon presque ininterrompue entre 2008 et 2014, et No 1 mondial, a donc encore trébuché sur la dernière marche, comme lors des deux Jeux Olympiques précédents, à Beijing et à Londres, face à Lin Dan, et comme lors de ses quatre finales de Championnats du monde, deux fois contre Lin, deux fois contre Chen.
Le Malaisien pensait avoir vaincu la malédiction en sortant « Maître Lin » en demi-finales. Mais il restait encore un Chinois à battre. Le longiligne Chen Long s’est montré majestueux dans cette finale, absorbant la pression mise par son rival, et transperçant sa défense devant le bouillant public du Pavillon Riocentro 4. « Je ne pensais pas gagner l’or sur la scène olympique de cette façon », a remarqué le nouveau champion olympique, qui a jeté sa raquette et son maillot vers les nombreux supporters chinois massés dans les gradins et qui fêtaient leur champion, déjà médaillé de bronze en 2012 à Londres.
« Je n’ai jamais cru que je serais finalement capable d’accrocher le titre, a-t-il ajouté. C’était un match épique. Il n’y a eu que deux manches, mais elles ont duré plus de 70 minutes. Je crois qu’aucun de nous deux n’a ménagé ses efforts ».
Lee Chong Wei a bien résisté, mais il n’a pas réussi à jouer cette finale au niveau qu’il attendait. « Peu importe !, a réagi le champion malaisien de 33 ans, je dois l’accepter. Je n’ai pas assez bien joué. Demandez à n’importe qui : c’est toujours dommage de perdre et c’est aussi mon avis. C’est ma troisième médaille d’argent en trois Jeux Olympiques ! ».
Lee s’est pourtant battu jusqu’au bout, sauvant deux balles de match avant d’envoyer un smash désespéré qui est sorti des limites du terrain. Il a même eu ses chances dans cette finale, menant 13-9 dans le premier set, puis encore 8-5 dans le deuxième pour tenter de maintenir la pression sur son adversaire virtuellement intouchable en défense.
La médaille de bronze a été décrochée par le No 4 mondial, le Danois Viktor Axelsen, qui a lui aussi battu Lin Dan (15-21, 21-10, 21-17), empêchant le double champion olympique de terminer sa carrière aux Jeux par un podium.
Pour la Chine, auteur d'un retentissant Grand Chelem à Londres, le premier de l'histoire du badminton aux Jeux Olympiques, ceux de Rio ont été beaucoup moins fructueux, avec seulement deux titres, pour Chen Long donc, et pour le double messieurs.