Le HCR appelle le Nigéria à tenir compte des souhaits des personnes déplacées
Volker Türk, Haut Commissaire assistant du HCR en charge de la protection, a rencontré des personnes déplacées dans les États de Borno et de Yola, et il a été profondément touché par leur courage et leur résilience après tant de souffrances.
MAIDUGURI, Nigéria, 23 février (HCR) - Volker Türk, haut fonctionnaire du HCR chargé de la protection des réfugiés, a appelé les autorités nigérianes à tenir compte des souhaits des personnes déplacées dans le nord-est du pays.
« Nous devons tous écouter les personnes déplacées, sur leurs aspirations ainsi que leur sentiment de dignité et sur ce qu'ils ressentent concernant la sécurité », a souligné Volker Türk, lors d'une visite le week-end dernier à Maiduguri, capitale de l'État de Borno au Nigéria, au sujet des retours organisés dans des zones de nouveau sous contrôle gouvernemental, mais encore considérées comme étant à risque.
Au début du mois, des kamikazes ont tué plus de 50 personnes et en ont blessé des dizaines d'autres au cours d'attaques visant un camp accueillant quelque 50 000 personnes déplacées à Dikwa, dans l'État de Borno, l'État le plus durement touché par l'insurrection de Boko Haram.
L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés a longtemps été dans l'incapacité d'accéder au camp de Dikwa pour des raisons de sécurité. De nombreuses personnes déplacées à Borno viennent de villes et de villages qui ont été pratiquement rasés au cours des deux dernières années, manquant d'infrastructures, de services essentiels et de sécurité.
Volker Türk, Haut Commissaire assistant du HCR en charge de la protection, était arrivé au Nigéria jeudi dernier afin de passer en revue les opérations d'urgence de l'agence pour les réfugiés dans le nord-est, où le HCR vient en aide à des dizaines de milliers de personnes déplacées hébergées dans des camps. Il a également rencontré le Vice-président du Nigéria, Yemi Osinbajo, à Abuja, ainsi que des partenaires gouvernementaux pour évoquer les enjeux et les domaines de coopération.
Lors de ces réunions, il a appelé le gouvernement à profiter de l'expérience du HCR dans le domaine du rapatriement volontaire des personnes déplacées et à travailler en étroite collaboration avec le HCR pour assurer le bien-être des personnes relevant de sa compétence. L'insurrection a touché environ cinq millions de personnes, y compris plus de 2,2 millions de Nigérians déplacés dans leur propre pays et près de 180 000 personnes ayant fui vers les pays voisins. Volker Türk a proposé d'aider les pays voisins à organiser le rapatriement volontaire là où les conditions sont favorables.
Tout en encourageant les institutions gouvernementales et les organisations de la société civile à trouver une solution aux déplacements forcés, il a dit : « le HCR, en tant qu'instance internationale, continuera de soutenir les initiatives locales. »
Le Haut Commissaire assistant a également rencontré des personnes déplacées dans les États de Borno et de Yola, écoutant des récits poignants de violence et de destruction et observant la souffrance et les difficultés auxquelles continuent de faire face les personnes qui ne peuvent pas rentrer chez elles. Il a été profondément touché par leur courage et leur résilience.
À Malkohi, une localité située en périphérie de Yola, la capitale de l'État d'Adamawa, il s'est entretenu avec des personnes déplacées sur leurs inquiétudes et leur situation. « Nous voulons écouter les gens afin de mieux les aider », a dit Volker Türk. Leader communautaire de 47 ans, Hapsatu Amadu, lui a expliqué que les gens avaient besoin de vêtements, de nourriture et d'abris. « Nous sommes exposés aux caprices du temps dans ces huttes en paille », a-t-elle déclaré.
Le HCR et ses partenaires ont fourni une protection, des abris, une formation à la gestion des camps et une aide à environ 10 pour cent des personnes déplacées dans le nord-est du Nigéria, où la plupart des déplacés vivent au sein de familles d'accueil. Dans le camp de Bakassi, à Maiduguri, que Volker Türk a visité, le HCR a construit 450 abris provisoires.
Cependant, à Borno, y compris dans les 17 camps organisés et dans les 13 camps improvisés de Maiduguri, qui accueillent quelque 125 000 personnes déplacées, les besoins ne cessent de croître. « Borno est l'État le plus dévasté ; les infrastructures sociales et sanitaires sont pratiquement inexistantes », a confié un haut fonctionnaire local, Alhadji Usman Didda Shua, à Volker Türk. « Cet État devrait être traité comme la Syrie », a-t-il ajouté, faisant référence à une crise d'urgence qui est peu présente dans les actualités ainsi que sous-financée et qui se propage dans la région.
À Borno uniquement, 16 des 38 hôpitaux ont été détruits ou pillés, et 214 dispensaires ont été fermés. Comptant 600 000 habitants, Bama était la deuxième ville de Borno jusqu'en 2014. Aujourd'hui, la ville est en ruines et abandonnée. Les autorités de l'État ont dit que la reconstruction de la ville coûterait des millions de dollars.
« Chaque crise engendre des occasions que nous devons saisir, de préférence au moyen d'un nouveau contrat social », a conclu Volker Türk. Le Haut Commissaire assistant du HCR en charge de la protection se rendra ensuite au Cameroun pour discuter de la situation des réfugiés nigérians dans ce pays et visiter le camp de réfugiés de Minawao, dans la région de l'Extrême-Nord, avant de terminer sa visite régionale mercredi.
Par Hanson Tamfu à Maiduguri, au Nigéria