En quête de la paix, les réfugiés centrafricains vont voter en masse
Des centaines de réfugiés centrafricains ont voté hier au Cameroun pour les élections présidentielles dans leur pays d'origine
GADO BADZERE, Cameroun, 31 décembre (HCR) - Hawa a quitté la République centrafricaine (RCA) à cause de la violence. Déterminée à jouer sa part dans l'avenir de son pays en crise, elle a rejoint les milliers de réfugiés qui sont allés voter à distance aux élections présidentielles.
« Ces élections nous donnent de l'espoir parce qu'un nouveau président élu pourrait contribuer à restaurer la paix et la sécurité », déclare Hawa, 32 ans, qui a revêtu ses plus beaux habits pour se rendre au bureau de vote installé dans une école dans le site pour réfugiés de Gado Badzere au Cameroun mercredi (30 décembre).
Ces dernières années, plus de 470 000 personnes ont fui les combats en République centrafricaine pour trouver la sécurité dans les pays voisins, Cameroun, Tchad, Congo et République démocratique du Congo. Parmi elles, quelque 220 000 réfugiés ont fui depuis que des groupes rebelles ont renversé l'ancien président François Bozize, en 2013.
Environ 115 151 réfugiés étaient inscrits pour participer aux élections, dont près de la moitié enregistrés par la Commission électorale. De même qu'au Cameroun, 3 742 réfugiés ont voté en République du Congo, dont 1 648 à Bétou et Ikpembélé, les principales zones d'accueil de réfugiés situées près de la frontière avec la RCA.
Les électeurs pouvaient choisir parmi plus de vingt candidats au poste de président dans le cadre d'une élection plusieurs fois repoussée. Le scrutin du 30 décembre a eu lieu après un report de trois jours afin que les fonctionnaires puissent régler des difficultés d'ordre technique et organisationnel.
Une agitation comparable à celle d'un marché en pleine animation régnait dans le centre de vote à Gado Badzere. De nombreux électeurs ont affirmé qu'ils considéraient ce vote comme une opportunité pour la restauration de la paix et la sécurité dans leur pays, condition nécessaire pour leur retour en toute sécurité.
« Pour moi, peu importe la personne qui sera élue président. Le plus important est le retour de la paix », déclare Bouba, un réfugié de 50 ans qui dirige le comité d'autodéfense dont le rôle est d'aider à maintenir l'ordre à Gado Badzere.
Certains électeurs en exil espèrent aussi que le prochain président sera capable de régler d'autres questions, comme les compensations pour leurs biens perdus pendant le conflit, en particulier les maisons et le bétail.
« Ce n'est pas seulement une question de retour », explique Bouba, qui a pris part aux élections. « Mais qu'allons-nous faire là-bas ? Où aller ? Tous nos biens ont été pillés et volés ».
Dans ces élections, pour lesquelles des représentants parlementaires étaient également en lice, le rôle du HCR était strictement humanitaire et apolitique. L'Agence a expliqué le processus électoral aux réfugiés, facilité leur participation et a veillé à ce que la nature du processus électoral soit volontaire et qu'il se déroule dans un environnement sûr.
En vérifiant les listes électorales, des réfugiés se sont aperçus qu'ils ne figuraient pas sur la liste établie par l'Autorité nationale des élections, une organisation centrafricaine chargée des élections. Toutefois, tous les réfugiés éligibles ont été autorisés à voter. En dépit de ces contretemps relativement mineurs, le fait que des milliers de réfugiés aient pu voter est considéré comme un succès.
« Dans l'ensemble, cette élection est importante pour les réfugiés car ils la considèrent comme un signe de renouveau, un signe de réconciliation en RCA. Les réfugiés étaient prêts à voter, ils se sont mobilisés très tôt le matin pour pouvoir le faire », déclare Fode Baba Conde, coordinateur de terrain pour le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, au Cameroun.
Par Djerassem Mbaiorem à Gado Badzere, au Cameroun
Informations complémentaires fournies par Andreas Kirchhof à Kinshasa, en République démocratique du Congo