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Date
03 mars 2014
Tags
Sotchi 2014 , Actu CIO

Ski alpin hommes à Sotchi : des courses cinq étoiles, de magnifiques champions

Les cinq courses de ski alpin à Rosa Khutor ont proposé autant de tracés particulièrement sélectifs dont sont sortis vainqueurs de magnifiques champions. Un titre familial en descente pour commencer, une médaille d’or attribuée au plus vieux des slalomeurs pour finir, en passant par la victoire du « king » incontesté du géant, les émotions n’ont pas manqué durant la quinzaine olympique.


9 février : Matthias Mayer embellit le palmarès familial !

Matthias Mayer remporte la descente olympique de Sotchi à Rosa Khutor, apportant à l'Autriche le titre le plus prestigieux du ski alpin aux Jeux Olympiques d’hiver qu'elle attendait depuis l'or de Fritz Ströbl en 2002. L'Autrichien s’impose pour 6 centièmes devant l'Italien Christof Innerhofer, et pour 10/100e devant le Norvégien Kjetil Jansrud. Mayer améliore le palmarès familial puisque son père Helmut avait gagné l’argent en Super-G à Calgary en 1988 !

Parti avec le dossard n°11, Matthias Mayer réussit à maitriser l’exigeant tracé de 3495m, attaquant prudemment le haut glacé, découpant mieux que quiconque les grandes courbes du milieu pour emmener de la vitesse dans la partie de glisse, avalant parfaitement les trois énormes sauts, en 2:06.23 de course ne laissant pas un instant de répit.

« C'est vraiment incroyable de se retrouver devant. C'est la chose la plus grande que l'on puisse réaliser en tant que sportif. Les dernières courses, j'étais proche du podium, mais ça n'avait jamais suffi », déclare le nouveau champion olympique de descente. « Mon père Helmut ne m'a pas donné de conseils particuliers: simplement skier et être rapide. On doit aussi reconnaître que les dossards de 8 à 15 ont été un peu avantagés, par rapport à ceux du groupe des meilleurs, car le soleil sortait un peu. Mais le ski est ainsi. J'étais un peu nerveux, je me disais qu'une médaille était possible ».

30e partant, le champion du monde 2011 de Super-G Italien Christof Innerhofer passe la ligne d’arrivée avec 6/100e de retard sur Mayer, et explose de joie en se sachant médaillé d’argent. « Je suis arrivé au départ en me disant « Christof, le jour J c'est maintenant ». Je n'ai pensé qu'à une seule chose: poser la pointe des skis et aller le plus vite. Ce n'était pas si facile, car sur les trois entraînements, je n'étais pas au top. J'ai essayé d'économiser de la force. Quand j'ai vu que j'étais deuxième, j'ai cru que je devenais fou. C'était mon objectif, après mes médailles aux Mondiaux, mes victoires lors des classiques. Mais je n'arrive pas encore à y croire. C'est de la folie. Matthias Mayer est jeune et peut vraiment bien skier, avec de superbes courbes. Il va en agacer plus d'un ces prochains temps ». Kjetil Jansrud ajoute pour sa part le bronze à sa médaille d'argent de géant des Jeux de Vancouver en 2010.

 

14 février : Sandro Vileta surprend les favoris dans le super-combiné

Le matin sur le tracé de vitesse de Rosa Khutor, le Norvégien Kjetil Jansrud remporte la manche de descente en 1:53.24. Mais ce résultat parait anecdotique en prévision du slalom, et il faut éplucher le classement pour repérer les grands favoris pour le titre au regard de leur palmarès en super-combiné : le Croate Ivica Kostelic, 7e à 93/100e, l’Américain Bode Miller, tenant du titre, 12e à 1.43, son compatriote Ted Ligety, 18e à 1.93 et le Français Alexis Pinturault, 23e à 2:44. Tous possèdent les qualités de slalomeurs qui peuvent leur permettre de prendre d’assaut le podium.

Qui remarque la présence de Sandro Vileta, 14e à 1.64 ? Qui croit dans les chances du champion suisse qui s’était pourtant classé 4e du super-combiné de Wengen un mois plus tôt, où Ligety l’avait emporté devant Pinturault ? Vileta qui ne compte en tout et pour tout qu’un podium en coupe du monde, sa victoire en 2011 à Beaver Creek en Super-G ?

Sur le parcours de slalom, le premier partant est Adam Zampa, 30e après la descente. Il signe le chrono de référence et va voir de nombreux concurrents se casser les dents sur sa performance, pour finir par se classer 5e. Alexis Pinturault enfourche. Ted Ligety est en difficulté et ne trouve pas la fluidité, il finira 12e. Bode Miller se perd entre les piquets comme son compatriote et termine à la 6e place.

Sandro Vileta, lui, trouve le secret ! Il déjoue tous les pièges, réussit le 2e chrono de la manche de slalom derrière Zampa, et son temps cumulé de 2:45.20 lui offre la première place. Même le grand Ivica Kostelic ne parvient pas à faire mieux que le Suisse, terminant à 34/100e pour remporter sa quatrième médaille d’argent aux Jeux et la dixième familiale en comptant les six podiums de sa soeur Janica. Enfin Christof Inerhofer, pur spécialiste de la vitesse, profite de son avance après la descente et d’une belle réussite entre les piquets pour gagner le bronze et sa 2e médaille à Sotchi.

 

16 février : Avec Kjetil Jansrud, le Super-G reste la chasse gardée des Norvégiens

Après Kjetil-Andre Aamodt (1992, 2002, 2006) et Aksel Lund Svindal (2010), Kjetil Jansrud déboule « plein gaz » sur la ligne d’arrivée du Super-G, dimanche 16 février à Rosa Khutor pour apporter à la Norvège son 4e titre consécutif dans la discipline. Derrière lui, l’Américain Andrew Weibrecht s’empare de l’argent, alors que son compatriote Bode Miller devient le plus vieux médaillé en ski alpin aux Jeux en partageant le bronze avec le Canadien Jan Hudec !

Très précis sur les courbes glacées du haut du tracé où beaucoup de concurrents se sont perdus, emmenant de la vitesse tout du long pour réaliser un bas de parcours supersonique, Kjetil Jansrud signe dimanche 16 février la première grande victoire de sa carrière, et continue sa visite des podiums olympiques, dont il aura connu toutes les marches : l’argent en géant à Vancouver en 2010, le bronze en descente ici même le 9 février, et l’or, enfin au terme d’un Super-G qu’il a superbement maitrisé. Il s’impose sous les yeux de la première ministre norvégienne Erna Solberg qui s’exclame : « Jansrud devient une idole pour tous les jeunes norvégiens ! ».

« Je suis en apesanteur ! C’est tellement bon ! Je ne suis pas prêt de redescendre. C’est au-dessus de tout pour moi. C’est la plus grosse chose que l’on puisse gagner. C’est quelque chose pour lequel j’ai travaillé depuis ma plus tendre enfance. Maintenant, je vais fêter ça » dit le champion qui a grandi à Lillehammer (théâtre des Jeux Olympiques d’hiver 1994) et qui s’était blessé il y a tout juste un an dans le Super-G des mondiaux de Schladming.

Andrew Weibrecht, qui ne comptait aucun résultat notable depuis sa médaille de bronze dans la discipline à Vancouver en 2010, s’invite sur le podium devant son compatriote Bode Miller et le Canadien Jan Hudec, qui terminent dans le même souffle (+53/100e) pour partager la médaille de bronze. A 36 ans et 127 jours, Miller détrône Kjetil Andre Aamodt comme médaillé olympique de ski alpin le plus âgé. « Cela me fait sentir que je suis vieux », explique l’Américain qui remporte sa sixième médaille olympique ! « J’ai fait des erreurs, et j’ai trouvé le terrain vraiment difficile. J’ai essayé d’envoyer sur les premiers virages mais c’était vraiment trop pentu ». Quant à Jan Hudec, il se réjouit : « Je suis content d'avoir pris la médaille de bronze, content de figurer sur ce podium avec des gars qui skient incroyablement. Du moment que Bode me donne la moitié du bronze, cela me va ».

 

19 février : Ted Ligety est un géant !

Dans la première manche du géant olympique, Ted Ligety prend les devants en creusant de gros écarts : presque une seconde d’avance sur le 2e chrono réalisé par le Tchèque Ondrej Bank et son dossard n°28 ! Et surtout, il n’y a pas moins de 17 coureurs se tenant dans la même seconde à distance du géant de Park City. Bref, tout est en place pour une superbe bataille complètement ouverte pour le podium, derrière un Ted Ligety paraissant intouchable. « Il va falloir envoyer au maximum et mettre la pression sur Ted ! » dit alors le Français Thomas Fanara, placé en 4e position à 1.13 de l’Américain.

La deuxième manche, moins tournante mais réservant tout autant de pièges avec ses mouvements de terrain et son saut à l’aveugle en entrée de mur, va réserver un scénario que n’aurait pas renié Alfred Hitchcock. Il ne faut pas donner dans l’excès de vitesse, comme le champion olympique norvégien du Super-G Kjetil Jansrud, sorti du tracé alors qu’il est largement en tête à l’intermédiaire. Il faut rester précis, haut sur les portes, emmener de la vitesse tout du long et éviter les travers.

10e après la première manche à 1.50 de Ligety, le Français Steve Missillier va alors sortir la « manche de mutant », s’installant en tête de l’épreuve (2:45.77 au total) avec un chrono de 1:24.21 que personne ne parviendra à améliorer. « Je suis content de ce que j’ai fait. C’est agréable d’attendre dans ces conditions ! », dit Missilier en voyant le Suisse Carlo Janka (tenant du titre), l’Allemand Felix Neureuther, les Autrichiens Marcel Hirscher et Mathias Mayer, Thomas Fanara, l’Italien Davide Simoncelli et le Tchèque Ondrej Bank se casser tour à tour les dents sur son chrono. Seul son compatriote Alexis Pinturault parvient à s’approcher à 16/100e en réalisant le 2e temps de la manche.

Mais le maître droit encore s’élancer, celui qui compte deux titres mondiaux et 20 victoires en coupe du monde FIS dans la discipline. L’avance de Ligety fond à chaque intermédiaire, mais il reste très solide, et le matelas qu’il avait magnifiquement tricoté sur le premier tracé lui permet de passer la ligne d’arrivée en champion olympique avec le 14e temps de la manche, et une avance finale conséquente de 48/100e sur Missilier et de 64/100e sur Pinturault pour un temps total de 2:45.29.

« C’est incroyable, fabuleux ! Le titre olympique du géant, c’était celui que je voulais remporter depuis des années et des années ! La pression était énorme », s’exclamera le roi Ligety qui avait déclaré deux jours avant la course : « Le géant, c’est ma discipline. Je me dois de gagner ». Il ajoute : « C'est fait. J'ai tellement travaillé pour en arriver là. Et je suis heureux de partager ce podium avec Alexis, qui sera une des grandes stars de demain, et avec Steve qui a le même âge que moi, et qui mérite tellement cette médaille d’argent »

 

22 février : Mario Matt, les héros ne meurent jamais !

Slalomeur au plus haut niveau depuis la fin des années 1990, champion du monde en 2001, l’Autrichien Mario Matt devient à 34 ans et dix mois le plus vieux champion olympique de ski alpin de l’histoire en remportant le slalom disputé à Rosa Khutor. Son compatriote Marcel Hirscher revient de loin pour enlever la médaille d’argent tout comme le Norvégien Henrik Kristoffersen, 15 ans de moins que Matt, qui se pare de bronze.

Sur un tracé exigeant, parti avec le dossard n°3, Matt poste en tête dans la première manche en creusant des écarts intéressants : son plus proche poursuivant est le Suédois Andre Myhrer à 45/100e. Le grand favori autrichien Marcel Hirscher est 9e à 1.28, le jeune phénomène norvégien Henrik Kristoffersen est 15e à 1.79. De tous les concurrents, le grand Mario Matt a en fait été le seul à se glisser avec fluidité, vitesse et sans accroc entre les 60 portes du premier tracé.

Le deuxième tracé est extrêmement sélectif, et beaucoup de concurrents vont y perdre tous leurs espoirs, en sortant, en enfourchant, ou en se perdant entre les piquets. Henrik Kristoffersen, pour sa partie, fait un véritable numéro jusqu’à la ligne d’arrivée. Derrière lui, le champion du monde, le meilleur slalomeur des deux dernières saisons, parvient à se libérer totalement. Marcel Hirscher retrouve toutes ses qualités, signe un chrono canon, et s’installe en tête devant Kristoffersen en assistant aux déboires de tous les concurrents qui s’élancent après lui.

L’expérimenté Mario Matt, dernier à s’élancer, ne va pas laisser pas passer sa chance. Même s’il ne se montre pas aussi efficace que Kristoferssen et Hischer sur ce 2e tracé, il reste suffisamment solide pour l’emporter avec 28/100e d’avance sur son coéquipier, et 88/100e sur le jeune norvégien, hurlant sa joie dans l’aire d’arrivée.

Hirscher semble très déçu avant d’aller congratuler son aîné. « Un retard de 1.28, pour moi aussi c'est quelque chose d'impossible à remonter » explique-t-il. « Heureusement, ça s'est bien passé. J'ai réussi à poser mon ski comme je le fais normalement. La piste est devenue plus dure. J'ai réussi à reprendre autant de temps que possible. Je suis soulagé. Un tel tracé, pour certains, ça se passe bien et pour d'autres non. Il y a beaucoup plus de fautes et de sorties. Dieu merci, cette seconde manche était tellement sélective, sinon il n'aurait pas été possible de remonter. On recherche des champions olympiques, on ne fait pas des courses d’école », observe Hircher avec justesse.

Pour sa part, le champion olympique explique sa recette : « Pendant une semaine et demie, je n'ai pas mis les skis et pris une pause. Pour retrouver le plaisir de skier. Ca a très bien fonctionné. C'est un grand soulagement. Je ne le sais pas encore si je vais prendre ma retraite, je laisse ça en suspens. Aujourd'hui, j'ai concrétisé un gros objectif, un rêve. Pour la suite, on va voir ».

Henrik Kristoffersen, le médaillé de bronze qui a encore devant lui plusieurs éditions des Jeux Olympiques d’hiver pour améliorer ce résultat, raconte : « La première manche était vraiment très mauvaise, mais cette seconde manche, c'était vraiment bien. Après la première manche, je ne pensais pas que c'était encore possible. Maintenant, je suis avec la médaille de bronze et c'est fou. Je suis jeune, mais je n'étais pas tellement nerveux avant la première manche. »

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