Les ailes de l’aigle
Le 14 octobre 1964 reste une date importante pour le sport olympique des Etats-Unis puisque ce jour-là, Billy Mills s’est imposé sur 10.000m lors des Jeux de Tokyo, ce qu’aucun Américain n’avait jamais fait, ou ne fera après lui.
La force du destin
Le destin de Billy Mills, seul Américain à ce jour à avoir gagné le 10.000m aux Jeux Olympiques, est si extraordinaire qu’il a donné lieu à un film : « Running Brave » sorti en 1983. Mills est en effet un membre de la tribu Sioux Ogala, élevé dans le dénuement au sein de la réserve indienne de Pine Ridge, Dakota du Sud. Il est orphelin à 12 ans. Dans sa jeunesse, il développe des talents pour la course à pieds (mais également pour la boxe) ce qui lui permet d’intégrer l’Université du Kansas pour laquelle il gagne de nombreuses compétitions en cross. Diplômé en éducation physique, Mills devient Marine des Etats-Unis avec le grade de lieutenant, et c’est en tant que tel qu’il décroche sa qualification pour les Jeux de Tokyo 1964, sur 10.000m et pour le marathon. Il est alors âgé de 26 ans.
Les ailes d’un aigle
Le 14 octobre 1964 au départ de la finale du 10.000m dans le stade olympique de la capitale japonaise, le grand favori est le détenteur du record du monde australien, Ron Clarke. Par ailleurs, Mills est atteint d’hypoglycémie « concentration basse de sucre dans le sang » explique-t-il, craignant que ce problème ne le ralentisse. « J’ai alors essayé de rester au contact des leaders, tour après tour ». A un moment, Billy Mills remarque l’aigle brodé sur le maillot du concurrent allemand Siegried Herrmann. C’est le déclic. « Les ailes d’un aigle ! Je repense à mon père quand j’étais enfant qui me disait : « Réussis ça et plus tard tu auras les ailes d’un aigle ». Le dernier tour arrive, je sais que je ne serai plus jamais aussi proche, je sais que je dois le faire maintenant, déployer les ailes de l’aigle. Et je casse le ruban. Un japonais s’approche de moi, « qui êtes-vous, qui êtes-vous ? ». Je crois que j’ai mal compté les tours. Mais non, c’est fini, fini ! Je suis le nouveau champion olympique ! ».
Un final à couper le souffle
Ce que voient les 85.000 spectateurs et les millions de téléspectateurs, c’est un final à couper le souffle, avec un démarrage du Tunisien Mohammed Gammoudi dans le dernier tour, auquel tente de répondre Ron Clarke, mais les deux coureurs sont débordés par Mills dans l’ultime ligne droite et ce dernier l’emporte en 28.24.4, nouveau record olympique, en explosant son meilleur temps personnel sur la distance de 50 secondes ! Billy Mills dispute encore le marathon à Tokyo où il prend une honorable 14e place à environ 10 minutes du vainqueur éthiopien Abebe Bikila
Distingué dans son pays
La victoire de Mills à Tokyo est restée dans la mémoire de tous les Américains, et il a connu durant sa vie de très nombreux honneurs, recevant notamment des mains du président Barack Obama la « Presidential Citizens Medal » en 2012