Avec ses deux médailles d’or et ses deux records du monde en deux jours, la nageuse américaine Rebecca Soni a montré aux Jeux de 2012 à Londres pourquoi elle pouvait être considérée comme la meilleure spécialiste de brasse du monde actuelle.
À 25 ans, cette native du New Jersey a battu son propre meilleur temps dans le 200 m brasse au Centre aquatique et a gagné en 2 min 19 s 59, ce qui a fait d’elle la première femme à réaliser cette épreuve en moins de 2 min 20.
Après avoir collecté sa deuxième médaille d’or dans le 4 x 100 m quatre nages par équipe en 3 min 52 s 05, près de deux secondes devant les Australiennes avec son escouade qui comptait également les talentueuses Missy Franklin, Dana Vollmer et Alison Schmitt, elle détient désormais six médailles olympiques et cinq stupéfiants records du monde.
D’origine hongroise, Soni, qui est née en 1987, s’est d’abord mise à la gymnastique à dix ans pour passer le temps en attendant sa sœur aînée Rita qui s’entraînait à son propre club. Parfois, c’est à de tels heureux hasards que l’on doit de surprenantes carrières olympiques !
Reb, comme toute sa famille l’appelle, fait son entrée en compétition aux qualifications olympiques américaines de 2004 où elle s’aligne au 100 et 200 m brasse mais n’obtient respectivement que la 15e et la 11e place.
Un an plus tard cependant, étudiante à l’Université de Californie du Sud, elle décroche ses premières médailles internationales avec l’argent sur les mêmes distances et l’or dans le relais 4 x 100 m quatre nages à l’Universiade d’été en Turquie.
Sa carrière s’accélère encore l’année qui suit puisqu’elle termine quatrième du 200 m brasse aux championnats du monde de la FINA, progrès d’autant plus impressionnants qu’elle souffre alors d’une irrégularité cardiaque, ce qui n’est pas sans handicaper son entraînement mais qui se résorbe finalement.
Aux qualifications américaines olympiques pour les Jeux de 2008 à Beijing, elle doit de nouveau se contenter de la quatrième place dans le 100 m brasse, mais elle parvient tout de même à obtenir son billet pour la Chine grâce au retrait inopiné d’une nageuse et à l’absence d’une concurrente n’ayant pas respecté les délais d’inscription.
À Beijing, Soni ne déçoit pas. Après avoir décroché l’argent du 4 x 100 m quatre nages et du 100 m derrière l’Australienne Leisel Jones, détentrice du record du monde, elle provoque la stupéfaction dans le 200 m en battant le record de Jones et emporte l’épreuve en 2 min 20 s 22.
Cette habitude de battre des records se poursuit en 2009 aux championnats du monde de natation où elle gagne le 100 m brasse en 1 min 04 s 84. D’autres meilleurs temps se succèdent ensuite dans le 50 m et le 200 m brasse et le relais 4 x 100 m quatre nages à la rencontre « Duel dans le bassin » en Grande-Bretagne en 2009 et aux États-Unis en 2011.
Et un an avant les Jeux de 2012, elle cimente sa position de nageuse hors pair par un trio de médailles d’or dans le 100 m et le 200 m, ses épreuves de prédilection.
Rebecca Soni n’est pas particulièrement grande pour une nageuse de haut niveau et elle est même la plus petite des femmes du relais américain avec 13 cm de moins que Missy Franklin. Mais sa puissance, acquise par un entraînement régulier auquel elle ajoute yoga et pilates, est considérable.
Sa technique de brasse inimitable, qu’elle a du mal à expliquer elle-même, la classe à part des autres concurrentes. Un coup de jambe écourté couplé à un brassage rapide et parfaitement scandé fait toute l’originalité d’un style qui suscite bien des commentaires.
« Je ne crois pas qu’elle soit nécessairement la plus rapide, » estime Sean Hutchison, l’entraîneur de l’équipe américaine, « seulement, elle ralentit moins que les autres. Sa cadence est parfaite, de même que l’utilisation de ses bras et jambes. »
Ce style personnel a fait d’elle, plutôt soudainement, l’une des nageuses en tête de classement les plus constantes de la compétition internationale. Après avoir de nouveau fait ses preuves à Londres, on attend d’elle d’autres records du monde et de nouvelles médailles à Rio en 2016.
