Une coureuse du Sud-Soudan à la tête de l'équipe de réfugiés à l'occasion des Jeux
Rose, âgée de 23 ans, portera le drapeau du Comité international olympique à la tête d'une équipe de dix athlètes lors des cérémonies d'ouverture de Rio2016.
RIO DE JANEIRO, Brésil – Accueillis par des applaudissements tumultueux et une ovation debout, les dix membres de la première équipe de réfugiés sont entrés dans l’histoire vendredi soir en faisant le tour du célèbre Stade Maracanã lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 2016.
Portant le drapeau du Comité international olympique, Rose Nathike Lokonyen, une coureuse de 23 ans originaire du Sud-Soudan, était à la tête de l’équipe olympique des athlètes réfugiés, acclamée par une foule fébrile lors de son entrée dans le stade.
Les jeunes athlètes originaires du Sud-Soudan, de la Syrie, de la République démocratique du Congo et de l’Éthiopie se sont fait des amis et des admirateurs au Brésil grâce à leurs incroyables histoires de triomphe contre l’adversité.
Rose n’était âgée que de huit ans lorsqu’elle a fui la guerre et trouvé la sécurité dans le camp de réfugiés reculé de Kakuma dans le nord du Kenya. Elle y vit depuis ce temps.
« Je me sens très fébrile. C’est la première chance pour les réfugiés de participer aux Jeux olympiques et de nous donner espoir. Nous pourrons ainsi encourager les jeunes générations de camarades-réfugiés qui restent dans les camps afin qu’ils exploitent possiblement leurs talents », a-t-elle déclaré au HCR lors d’une entrevue avant la cérémonie.
« Être réfugié ne signifie pas que nous ne sommes pas des humains. »
Le Président Obama a transmis aux ahtlètes réfugiés un message de soutien peu de temps avant qu’ils n’entrent dans le stade avant l’équipe du pays hôte, le Brésil.
« Ce soir, la première #TeamRefugees sera également présentée et prouvera que l’on peut réussir quelques soient ses origines », a-t-il déclaré.
Pour Rose et ses coéquipiers, l’idée de faire une apparition lors des Jeux olympiques, le faîte en matière de réussite sportive, constituait un rêve très distant et improbable.
« Pour nous, l’aventure a commencé il y a quelques mois. Par conséquent, nous ne pouvons comparer nos temps avec ceux des athlètes de haut niveau, mais nous ferons de notre mieux... Être réfugié ne signifie pas que nous ne sommes pas des humains même s’ils nous ont minés. Nous pouvons accomplir tout ce que les autres peuvent accomplir », a-t-elle déclaré au HCR lors d’une récente entrevue après une séance d’entraînement éreintante.
La cérémonie d’ouverture a débuté avec une célébration spectaculaire des arts et de la culture brésiliens. Avec un public d’environ un milliard de spectateurs à travers le monde, le Brésil a mis en valeur sa fameuse musique et sa danse.
La cérémonie a présenté plusieurs musiciens hors pair du Brésil, y compris le compositeur Caetano Veloso, Gilberto Gil, la chanteuse pop Anitta, le musicien funk Ludmilla et MC Soffia, un rappeur âgé de 12 ans. Elle a commencé avec un superbe spectacle de sons et de lumières retraçant les origines de la vie dans la jungle brésilienne, avec l’arrivée des explorateurs portugais parmi les tribus indigènes, suivie d'une section qui a dépeint l'arrivée de millions d'esclaves africains pendant plus de 400 ans. Elle a ensuite montré le développement des villes au 20ème siècle , comportant une scène bien chorégraphiée dans laquelle les athlètes ont effectué des acrobaties sur des blocs empilés pour ressembler à des gratte-ciels . Le spectacle s’est conclu avec un avertissement sur les dangers du réchauffement climatique.
Lorsque la famille de Rose dans le camp de réfugiés de Kakuma a appris la nouvelle, ils ont exprimé leur grande joie. « Je suis tellement heureuse que ce sera qui portera le drapeau », a dit son jeune frère Tom Namilo. «Je me réjouirai de voir ma sœur porter le drapeau des réfugiés ».
Il y a un an, sa coéquipière Yusra Mardini nageait pour sa vie lorsqu’un radeau pneumatique dans lequel elle tentait de traverser de la Turquie vers la Grèce a sombré dans la mer Égée. À présent, après un changement de fortune des plus étonnants, la jeune femme de 18 ans de la Syrie compétitionne contre les meilleures du monde.
« Nous ne parlons pas la même langue et nous venons de pays différents, mais le drapeau olympique nous unit. Nous représentons près de 60 millions de personnes venant de partout dans le monde. Nous sommes réellement heureux ensemble, comme une équipe. Nous souhaitons réussir de notre mieux afin de démontrer à tout le monde que nous pouvons accomplir tout ce que nous pouvons faire afin d’être de bons athlètes et de bonnes personnes », a-t-elle déclaré au HCR lors d’une récente entrevue.
« Je ne penserai pas à la personne qui se trouve à côté de moi ou à sa nationalité. Je ne penserai qu’à la façon dont je vais nager... Je suis une nageuse, c’est gravé dans ma tête. »
Plus tôt cette semaine, le président du CIO, Thomas Bach, a présenté l’équipe tout entière de 10 athlètes un par un aux membres du CIO et a rendu hommage à l’agence pour les réfugiés des Nations Unies, le HCR, de les avoir encouragés et d’avoir aidé à créer les équipes à la suite de son association vieille de 20 ans avec le mouvement olympique.
« Ces athlètes donnent l’exemple d’une coexistence pacifique dans le monde entier. Ils démontrent qu’il est possible de participer à la compétition et de vivre en paix ensemble en même temps. Il s’agit du véritable esprit de l’unité et de la diversité olympique », a-t-il conclu.
Il a remercié le HCR d’avoir aidé à faire de l’équipe une réalité.
« Sans son soutien, il n’aurait pas été possible de sélectionner les réfugiés, de les entraîner et de les faire voyager afin qu’ils soient présents ici aujourd’hui. Leur participation dans le cadre des Jeux olympiques est un signe d’espoir pour tous les réfugiés à l’échelle planétaire. Ils n’avaient pas de pays ni de drapeau pour lequel compétitionner. Ce n’est plus le cas maintenant », a-t-il soutenu.
« Les gens pensent que nous nous tournons les pouces dans un camp de réfugiés. »
Rose’s compatriot, Yiech Pur Biel, 21, also a runner, has been a refugee for half of his life. He said he considered the IOC and UNHCR to be like the parents he barely knew.
“People think we do nothing in a refugee camp, but we do. We can never forget what IOC and UNHCR made for us, being like a mother and a father. We feel we belong to the community, as equal human beings. This (the Olympics) is the beginning of life and will change our life forever. Thank you all and God bless you.”
Le compatriote de Rose, Yiech Pur Biel, âgé de 21 ans et également coureur, a été un réfugié pendant la moitié de sa vie. Il dit considérer le CIO et le HCR comme les parents qu’il a à peine connus.
« Les gens pensent que nous nous tournons les pouces dans un camp de réfugiés, mais ce n’est pas le cas. Nous ne pourrons jamais oublier ce que le CIO et le HCR ont fait pour nous. Ils ont été comme une mère et un père. Nous nous sentons comme si nous faisions partie de la communauté, comme des êtres humains à part entière. Ces Jeux olympiques constituent le début d’une vie et changeront nos existences à jamais. Merci à vous tous et que Dieu vous blesse. »
Parmi les pleurs et les sourires de joie, les athlètes ont été célébrés depuis leur arrivée à Rio en vue des Jeux. Jeudi dernier, ils ont reçu la visite du Secrétaire Général de l’ONU Ban-Ki-moon. Il leur a souhaité bonne chance et leur a dit qu’ils marqueraient l’histoire pour les réfugiés partout dans le monde.
Le Pape s’est joint à des millions de personnes partout dans le monde afin de souhaiter la meilleure des chances à l’équipe olympique des réfugiés.
« Je vous salue et vous souhaite du succès à l’occasion des Jeux olympiques de Rio. Que votre courage et votre force s’expriment par l’entremise de cette compétition et servent d’appel pour la paix et la solidarité. Que l’humanité comprenne grâce à vous que la paix est possible », a-t-il écrit dans un message de soutien.
Le président honoraire du CIO, Jacques Rogge, l’un des principaux artisans de l’équipe, a parlé avec passion de l’importance des sports dans les vies des jeunes réfugiés et des personnes déplacées.
« Il s’agit en majorité de jeunes personnes. Ils ont beaucoup d’actifs à gagner dans la vie et ils ont le droit d’être considérés comme des citoyens normaux », a-t-il déclaré.