RFI, 28 Jun 2016
Dans l'est de la République démocratique du Congo, depuis l'an dernier, le phénomène des kidnappings est en plein essor. L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch avait parlé en 2015 d'au moins 175 personnes enlevées, pour l'essentiel dans le Rutshuru, avec demande de rançon. HRW dénonce l'absence d'enquête ou de poursuites contre les ravisseurs. Depuis le début de cette année, à nouveau, il y a eu des cas emblématiques : personnels d'ONG, commerçants, etc. Mais cela cache une autre réalité : les couches les plus pauvres de la population sont touchées dans des villages où ce phénomène était jusqu'ici inexistant. A Kayna, dans le territoire de Lubero en République démocratique du Congo, au moins six victimes de kidnappings avec demande de rançon ont été recensées sur les six premiers mois de l'année 2016. RFI a rencontré l'une des victimes de ces enlèvements. Jacques est moto taxi. Le jour de Pâques, il avait passé l'après-midi à travailler dans son champ. Vers 16 h, trois hommes entrent dans la maisonnette où il se changeait. « Ils étaient trois et ils étaient tous armés, témoigne-t-il. L'un d'eux était en tenue militaire. J'ai cru que c'étaient des soldats qui venaient, comme ils en ont l'habitude, pour contraindre les jeunes gens à les aider à porter des choses dans leur camp et qu'ensuite, j'allais rentrer. » Jacques est resté détenu cinq jours. Ses ravisseurs ont réclamé à sa famille une rançon. « Je gagne peu... Juste deux dollars par jour. » Combien réclamaient-ils ? « Ils ont demandé 3 000 dollars. Mais après négociations, on n'a payé que 2 500 dollars. Ce sont des membres de famille, des voisins qui se sont cotisés. C'est une dette. Il va falloir que je rembourse petit à petit l'argent. » Jacques s'estime heureux d'avoir la vie sauve après le paiement de la rançon. Ce n'est pas toujours le cas, souligne-t-il. Mais à deux dollars par jour, même s'il donnait tout son salaire, ce moto-taxi de 35 ans mettrait plus de trois ans pour rembourser ses dettes.