Un couple suédois de même sexe accueille une famille musulmane

Le couple marié Gabriella et Candel Webster accueille Ahmad, un réfugié syrien.

Le couple marié Gabriella et Candel Webster accueille Ahmad, un réfugié syrien.   © HCR / Aubrey Wade

GÖTEBORG, Suède - La dernière chose à laquelle s’attendait Ahmad, réfugié syrien et fervent musulman, à son arrivée en Suède avec ses deux enfants adolescents en novembre dernier, c’était de vivre dans une église.

Le centre d'enregistrement de l'Agence suédoise des migrations à Göteborg était plein. Alors, les fonctionnaires ont dû trouver un autre logement pour certains parmi les nouveaux arrivants.

Ahmad, 45 ans, dit que c’est ce qui leur est arrivé de mieux : « Elles nous ont accueillis avec tant d’amour, de compassion et de gentillesse », raconte-t-il. « Elles étaient nos anges ».

C’est à l’église qu’il a rencontré Gabriella et Candel, deux volontaires de l’organisation Refugees Welcome qui tente de mettre en contact des réfugiés avec des habitants de la région qui peuvent les accueillir. Gabriella explique que chaque fois qu’elles se rendaient à l'église, elles voyaient Ahmad balayer le sol, jouer avec les enfants ou aider avec des traductions.

« Il était toujours souriant, toujours prêt à aider », indique Gabriella.

Gabriella et sa partenaire, Candel, voulaient trouver un vrai logement pour Ahmad et ses enfants, Ali, 18 ans, et Hiba, 16 ans.

Mais le financement de l'Eglise s’épuisait, et ce n’était plus possible de continuer à accueillir des réfugiés. Alors Gabriella et Candel ont offert à Ahmad, Ali et Hiba leur chambre d’amis vide. Cependant, il y avait une question sensible qui n'avait pas encore été soulevée.

« Je vois leur gentillesse. Je vois leur humanité, leur amour, leur douceur… »

« Nous avons appelé et nous lui avons offert une chambre dans notre maison. Ensuite nous lui avons dit que nous sommes mariées », relate Gabriella. « Il était très gentil et poli mais, tout d’un coup, la conversation s’est tarie. Nous nous sommes dit qu’il avait dû changer d’avis ».

Mais ce n'était pas le cas.

Alors qu’il tentait encore de se remettre de sa nouvelle situation, il découvrait qu’elles étaient homosexuelles et mariées.

« Je vois leur gentillesse. Je vois leur humanité, leur amour, leur douceur », déclare-t-il. « Elles font leur possible pour prendre soin des personnes qui ne sont même pas de leur propre pays et qui ne parlent pas leur langue. Elles m'ont redonné la vie. »

Ahmad avait vécu au Koweït pendant 30 ans. Il réussissait bien, travaillant dans la construction et le développement, quand une série d'événements malheureux l'a forcé à fuir. Sa femme est décédée l'année dernière, puis il a perdu son emploi au Koweït et donc son permis de travail et de résidence. Chez lui en Syrie, sa maison dans la ville de Homs avait été détruite dans le conflit.

Sa demande de visa pour aller en Suède a échoué, alors il s’est envolé pour la Turquie et a entrepris la dangereuse traversée vers la Grèce puis vers la Suède, comme des milliers de réfugiés.

Candel raconte que la vie avec Ahmad et ses enfants se passe très bien.

 « Nous nous retrouvons avec une plus grande famille ; nous découvrons une nouvelle langue, une merveilleuse cuisine, une culture différente ; et pour eux, c’est une entrée accélérée dans notre société », dit-elle.


Ce portrait fait partie de la série No Stranger Place, qui a été créée et photographiée par Aubrey Wade en partenariat avec le HCR et qui représente des habitants et des réfugiés qui vivent ensemble en Europe. Un an après la noyade d’Alan Kurdi, un petit réfugié syrien âgé de trois ans, des milliers de gens se sont retrouvés pour bâtir un pont entre les différences culturelles et les barrières de la langue, animés de compassion, d’espoir et d’humanité – en dépit des obstacles que certains gouvernements européens continuent à dresser. Leur générosité est un exemple pour le reste du monde.

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