Une nouvelle vie en Autriche pour une mère afghane et son enfant
Après avoir fui l'Afghanistan, Nouria et sa fille ont trouvé un sanctuaire de paix auprès d'une jeune famille dans le sud de l'Autriche.
LAVANTTAL, Autriche – La réfugiée afghane Nouria a une nature aimable et patiente, et elle s’exprime d’une voix douce et gentille. Jusqu’à ce qu’on aborde le sujet de son vélo. Alors, ses yeux s’allument d’une étincelle de joie enfantine.
« Ça me procure un sentiment de fierté », dit-elle. « Je suis si heureuse avec le vélo et la liberté. »
Nouria, 36 ans, est originaire d’Afghanistan. Elle est arrivée en Autriche en novembre 2015 avec Aysu, sa fille de 2 ans.
Nouria travaillait au Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS) en Afghanistan, se déplaçant comme sage-femme vers les régions reculées du pays majoritairement sous contrôle taliban pour y aider les femmes et les enfants. Elle a suivi une formation paramédicale pendant sept ans et elle espère pouvoir poursuivre ses études à l’université en Autriche et devenir obstétricienne et gynécologue.
Son mari l’a quittée lorsqu’elle est tombée enceinte.
Si elle était restée en Afghanistan, elle aurait été forcée de confier sa fille aux sœurs de son mari, explique-t-elle. « En Afghanistan, une femme ne peut pas vivre seule et élever son enfant sans un homme.
Elle est partie en octobre 2015 et est arrivée en Autriche en novembre. Elle a logé dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile dans la jolie région de la Carinthie jusqu’à ce qu’un membre de Diakine, l’une des plus importantes organisations catholiques en Autriche, la présente à Sabine David.
« Nous regardions les nouvelles dramatiques à la télévision et nous nous sentions tellement impuissants. »
Sabine, 34 ans, est ingénieure-mécanicien. Elle vit avec son mari Dominique, 36 ans, et avec Nora, leur fille d’un an, sur une jolie colline de Lavanttal, à proximité de la frontière avec la Slovénie.
« Nous regardions les nouvelles dramatiques à la télévision et nous nous sentions tellement impuissants », raconte Sabine.
Ils ont contacté Diakonie et leur ont signalé qu’ils avaient une chambre libre qu’ils souhaitaient offrir à un réfugié, de préférence à une femme avec un enfant.
Sabine et Dominique confient qu’il y a eu quelques petits malentendus à cause de la barrière de la langue ou de la différence de culture, mais rien d’important.
Ils décrivent tous deux Nouria comme quelqu’un d’ouvert et de coopératif, prêtant toujours main-forte pour la cuisine ou le nettoyage de la maison.
Comme Nouria n’avait pas de permis de conduire, ils ont eu l’idée d’une bicyclette pour lui procurer un peu de liberté, mais elle ne savait pas rouler à vélo. Alors Nouria a accepté d’apprendre.
« Un après-midi, nous nous y sommes mis tous les trois, mais ce fut l’échec total », raconte Sabine. « C’était très frustrant. C’est très difficile d’apprendre à rouler à vélo à un adulte, surtout s’il n’est jamais monté sur un vélo auparavant. »
A force de persévérance et avec un peu d’aide de la tante de Sabine, qui est professeur de sport, Nouria a fini par maitriser l’art de rouler à vélo, mais cela lui a pris trois mois et s’est fait au prix de nombreuses chutes. Maintenant elle utilise le vélo pour faire les commissions et se rendre aux cours de langue deux fois par semaine.
Soixante-deux personnes vivent sur leur colline. Tous les voisins ont apporté leur soutien en donnant des vêtements et des jouets à Nouria et en offrant d’emmener Aysu au jardin d’enfants. Sabine raconte que ce n’était pas comme ça au début. « C’est amusant. Au début des gens se méfiaient et nous mettaient en garde. Ils nous disaient que nous ne pouvions pas accueillir une étrangère, qu’elle nous volerait », explique Sabine. « Mais quand ils ont rencontré Nouria, ils ont changé d’avis. Et maintenant ils disent que ‘ce n’est pas la même chose avec des femmes et des enfants’. Leur attitude et leur discours ont changé complètement dès qu’ils l’ont rencontrée. »
Ce portrait fait partie de la série No Stranger Place, qui a été créée et photographiée par Aubrey Wade en partenariat avec le HCR et qui représente des habitants et des réfugiés qui vivent ensemble en Europe. Un an après la noyade d’Alan Kurdi, un petit réfugié syrien âgé de trois ans, des milliers de gens se sont retrouvés pour bâtir un pont entre les différences culturelles et les barrières de la langue, animés de compassion, d’espoir et d’humanité – en dépit des obstacles que certains gouvernements européens continuent à dresser. Leur générosité est un exemple pour le reste du monde.
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