De nouvelles mesures face aux déplacements de population induits par le changement climatique
Le chef du HCR a appelé les Etats à adopter de nouvelles mesures pour aider les personnes déracinées par les effets du changement climatique.
OSLO, Norvège, 6 juin (HCR) - Le monde a besoin de redéfinir d'urgence ses mécanismes de réponse aux catastrophes naturelles et aux déplacements de population, a indiqué le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres aujourd'hui, en exhortant les pays à adopter de nouvelles mesures pour faire face aux déplacements de population - au sein d'un pays ou au-delà des frontières - qui sont générés par le changement climatique.
António Guterres a lancé cet appel à Oslo lors de la Conférence Nansen sur le changement climatique et les déplacements de population au 21e siècle. Il a qualifié ce problème de « défi majeur pour notre époque ». Il a par ailleurs affirmé que « la communauté internationale a jusqu'ici manqué de volonté politique pour établir des mécanismes efficaces visant à ralentir le rythme du changement climatique. »
Cette réunion de deux jours est une première mondiale et elle rassemble d'éminents spécialistes pour étudier spécifiquement la composante des déplacements de population relatifs au changement climatique.
« La multiplication des indices démontre que les catastrophes naturelles augmentent en fréquence et en intensité et qu'elles sont liées à un processus à plus long terme en matière de changement climatique », a indiqué le Haut Commissaire, en faisant référence aux récentes catastrophes survenues au Japon, aux Philippines et au Pakistan. « Au même moment, il apparaît de plus en plus évident que les catastrophes naturelles et le changement climatique ne peuvent pas être considérés ou abordés indépendamment des effets combinés d'autres grandes tendances mondiales conditionnant l'avenir de notre planète et de sa population. »
Ces tendances - l'explosion démographique, l'urbanisation galopante, le manque d'eau, l'insécurité énergétique, la crise alimentaire - interagiront les unes avec les autres de façon accrue et engendreront le risque de rivalités et de conflits pour s'approprier des ressources naturelles peu abondantes. « En conséquence », a indiqué António Guterres, « nous pourrions également voir un nombre accru de personnes déplacées depuis une communauté, un pays ou un continent vers un autre. »
António Guterres a lancé une mise en garde sur les catastrophes à évolution lente, comme la sécheresse et la désertification, constituant « une menace grave sur la vie et les moyens d'existence de personnes au point qu'elles n'aient d'autre alternative que de quitter définitivement leur foyer. » Il a également annoncé que « les catastrophes naturelles déracineront des populations importantes en quelques heures, les forçant à fuir pour leur survie dans des conditions qui ressemblent aux mouvements de réfugiés. »
Il a toutefois souligné que la plupart des mouvements de population générés par le changement climatique se feront au sein même d'un pays. « La responsabilité première en incombera aux Etats concernés. J'encourage ces Etats à assurer que leurs mécanismes de réponse sont pleinement conformes avec les Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays », a-t-il indiqué, en faisant référence à l'accord international sur la protection des personnes déplacées au sein de leur propre pays.
Il a également appelé les pays qui portent la principale responsabilité du changement climatique à établir « un programme de soutien massif aux pays les plus affectés, renforçant ainsi la résilience des communautés et la capacité des citoyens à s'adapter au processus du changement climatique. » Il a exhorté ces pays à faire évoluer leur mode de réponse aux situations d'urgence faisant suite à des catastrophes naturelles. « Les milliards de dollars dépensés ces dernières décennies durant les situations d'urgence n'ont d'évidence pas mené au renforcement durable des capacités locales et nationales. »
António Guterres a également lancé une mise en garde selon laquelle tous les déplacements de population relatifs au changement climatique ne se feront pas au sein d'un pays. Les personnes déracinées le seront davantage au-delà des frontières de leur pays et elles pourraient être dans l'incapacité de rentrer chez elles. Beaucoup parmi ces personnes, a-t-il indiqué, ne rempliront pas les conditions pour obtenir le statut de réfugié selon les termes de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.
Pour y remédier, le Haut Commissaire a proposé l'élaboration d'un cadre directeur global pour les situations de déplacement transfrontalier induit par le changement climatique et les catastrophes naturelles. Ce cadre devrait prévoir des dispositions de protection temporaire ou provisoire pour les personnes qui fuient les catastrophes naturelles. Il a également suggéré d'invoquer les traités pertinents existants pour faire face à ce problème.
Par ailleurs, António Guterres a lancé un appel pour que des mesures soient prises concernant le sort des ressortissants des petits Etats insulaires, dont la vie, les moyens d'existence, la culture et l'identité sont mis en péril par l'élévation du niveau des océans et des mers. « La communauté internationale a le devoir d'appuyer ces Etats et leurs ressortissants non seulement par le biais de mesures préventives et correctrices mais également par le biais de programmes de migration méthodiques et équitables pour ceux qui courent les plus grands risques ainsi que par l'entremise de cadres juridiques novateurs pour que les autorités de l'Etat puissent préserver l'identité nationale. »
La Conférence Nansen sur le changement climatique et les déplacements de population au 21e siècle - qui se tient du 5 au 7 juin 2011 - est organisée par les Ministères norvégiens de l'environnement et des affaires étrangères pour célébrer le 150e anniversaire de Fritdjof Nansen, le premier Haut Commissaire pour les réfugiés sous l'égide de la Société des Nations.