Des milliers de personnes coincées à la frontière entre la Grèce et l'Ex-République yougoslave de Macédoine
Le HCR demande aux autorités des deux pays de gérer les frontières conformément aux droits de l'homme et aux principes de protection des réfugiés.
IDOMENI, Grèce, 4 décembre (HCR) - Vendredi, des milliers de réfugiés et de migrants étaient coincés à la frontière entre la Grèce et l'Ex-République yougoslave de Macédoine. Depuis plus de 24 heures, des manifestations tendues ont empêché toute personne de la traverser.
Vendredi matin, le chaos s'était calmé même si le passage de la frontière était beaucoup plus lent qu'à l'ordinaire. Seuls les réfugiés et les migrants de Syrie, d'Afghanistan et d'Irak pouvaient traverser en vertu des restrictions mises en oeuvre le mois dernier par les autorités le long de l'itinéraire ouest des Balkans.
Les tensions ont augmenté depuis le 18 novembre le long du côté grec de la frontière, à Idomeni, lorsque l'Ex-République yougoslave de Macédoine a commencé à n'accueillir que les citoyens de ces trois pays. La Slovénie, la Croatie et la Serbie ont mis en place des systèmes de contrôle similaires par nationalité.
Jeudi, le HCR a déclaré que la tension et la violence à la frontière entre la Grèce et l'Ex-République yougoslave de Macédoine étaient profondément inquiétantes. Il a appelé les autorités des deux pays à gérer la frontière en cohérence avec les droits de l'homme et les principes de protection des réfugiés.
Le HCR a également de nouveau fait part de ses craintes quant aux conséquences des restrictions frontalières actuellement mises en oeuvre par plusieurs pays des Balkans. Il rappelle que le profilage des personnes se base sur leurs besoins en matière de protection et non sur leur nationalité.
Plus de 1 500 personnes venues d'un grand nombre de pays, y compris d'Iran, du Maroc, du Pakistan, du Yémen, du Bangladesh, de l'Érythrée, de la Somalie et de la République démocratique du Congo, sont restées à Idomeni depuis les restrictions frontalières. Elles manifestent presque quotidiennement. À la fin du mois dernier, quelque 60 personnes ont fait des grèves de la faim et un groupe de 11 Iraniens se sont cousu la bouche en guise de protestation.
« Au cours des derniers jours, à la suite des restrictions imposées par les autorités le long de l'itinéraire ouest des Balkans pour l'admission des réfugiés et des migrants de pays autres que la Syrie, l'Afghanistan et l'Irak, les tensions s'intensifient à Idomeni, du côté grec de la frontière. À plusieurs reprises, ces tensions ont tourné à la violence et déclenché la fermeture temporaire de la frontière », a déclaré le HCR dans un communiqué.
Des manifestants, principalement des Iraniens, des Pakistanais, des Marocains et des Bangladais, ont bloqué les grilles de la frontière ce jeudi (2 décembre). « Si nous ne traversons pas, personne ne le fera ! », criaient-ils.
D'autres ont jeté des pierres. La police grecque a tenté d'éloigner les gens, surtout les familles avec des jeunes enfants et des personnes âgées, qui ont été menées vers un terrain proche pour assurer leur protection.
Un homme marocain âgé de 22 ans est mort électrocuté durant les manifestations de jeudi. Selon Antonis Rigas, coordonnateur sur le terrain pour Médecins sans frontières (MSF), il a touché des câbles de chemin de fer.
« Cet incident tragique souligne encore plus la nécessité pour les autorités d'adopter des mesures appropriées. Nous demandons aux autorités grecques de rétablir la sécurité de toute urgence afin d'assurer la protection de ceux qui sont dans le besoin, et la sécurité des travailleurs humanitaires et des bénévoles », a ajouté le HCR dans un communiqué.
Le point de passage des réfugiés et des migrants se situe le long des voies ferrées reliant la Grèce à l'Ex-République yougoslave de Macédoine. Beaucoup de ceux qui sont bloqués à la frontière dorment sous des tentes en plastique près des voies ferrées, incertaines quant à ce que l'avenir leur réserve.
Tous les jours, des autobus gratuits allant vers Athènes sont mis à la disposition des réfugiés et des migrants qui se sont vu refuser le droit de passer la frontière. Arrivés à Athènes, ils peuvent rejoindre des centres d'accueil où ils reçoivent de la nourriture, obtiennent un toit et bénéficient de conseils juridiques de la part du personnel du HCR et d'organisations partenaires.
D'autres, particulièrement les réfugiés ayant des besoins précis, comme les familles dirigées par des femmes, logent dans des appartements gratuits dirigés par Praksis, une ONG partenaire du HCR, en attendant une réinstallation officielle dans un autre pays européen.
Par Tania Karas, Idomeni, Grèce