L'Equipe Hellénique de Secours, lauréate de la distinction Nansen 2016 pour l'aide aux réfugiés en mer Egée

Les efforts inlassables menés par Konstantinos Mitragas et de ses collègues bénévoles de l'Equipe Hellénique de Secours (HRT) ont permis de sauver 2 500 vies humaines l'année dernière en mer Egée.

SAMOS, Grèce – Lorsque les frêles canots gonflables et bondés transportant des réfugiés désespérés se sont multipliés au large des côtes des îles grecques l’an dernier, Konstantinos Mitragas et les volontaires de l’Equipe Hellénique de Secours (HRT) n'ont pas ignoré les cris de détresse.


Au lieu de cela, ils ont enfilé les gilets de sauvetage et ils ont sauvé des vies humaines. « Cela a été une horreur absolue pour eux et pour nous », se souvient Konstantinos Mitragas. « C’était quelque chose d’indescriptible ».

La Grèce se trouve au cœur de l’escalade de la crise des réfugiés en Europe depuis 2012. Sur la seule île de Lesbos, un nombre record de réfugiés et de migrants est arrivé l’année dernière, alors que les conflits en Syrie, en Afghanistan et en Iraq continuaient de forcer les populations à fuir leur foyer.

D’autres îles grecques comme Samos, Kos et Chios sont également devenues des lieux de refuge. Ces individus ont bravé le danger des eaux glaciales, des faux gilets de sauvetage et des fortes tempêtes – le dernier dans une longue série d’obstacles.

Les efforts humanitaires héroïques des bénévoles de HRT en 2015 ont permis à beaucoup de ne pas périr.

« C’était quelque chose d’indescriptible ».

Les 2 500 bénévoles de HRT mènent des opérations de sauvetage dans la mer Egée et les montagnes grecques depuis 1978. Avec 42 branches et 16 stations maritimes réparties dans les îles grecques, l’organisation de sauvetage a connu une année 2015 dramatique au cours de laquelle les bénévoles ont régulièrement fait plus que leur devoir pour sauver des vies.

Beaucoup ont travaillé jour et nuit, disposant de ressources limitées et risquant souvent leur propre vie. Ensemble, ils ont manifesté un courage et une persévérance extraordinaires face à l’adversité.

Konstantinos Mitragas, capitaine et Secrétaire général de l’organisation, est un homme d’affaires originaire de Thessalonique. Comme ses collègues, il travaille à titre bénévole et supervise toutes les activités, de la formation aux relations avec les médias.

« Je pense que quelque chose dans votre cœur vous émeut et vous pousse à devenir bénévole », déclare ce père de deux enfants. « Bien sûr, il nous arrive souvent d’avoir peur, c’est ce qui nous maintient en vie – si vous n’avez pas peur, vous n’êtes pas humains ».

HRT recrute principalement ses bénévoles lors des sessions annuelles de formation qui se déroulent sur plusieurs semaines. Grâce à ces formations, les stagiaires acquièrent une compréhension générale des compétences de recherche et de sauvetage, notamment le sauvetage en montagne, le sauvetage en mer, les catastrophes naturelles et les premiers secours.

Au cours des deux dernières années, HRT a connu une augmentation très importante du nombre de bénévoles. L’organisation a toutefois lancé un appel pour en recruter davantage afin d’étendre ses opérations suite à l’afflux de réfugiés de 2015.

Yanis, un auxiliaire médical de 33 ans, bénévole pour HRT sur l’île grecque de Samos, a passé la plupart de l’année dernière en alerte maximale, prenant souvent des appels de la Garde côtière grecque en pleine nuit. Il sait à quel point une réponse rapide peut être importante.

Dans l’eau, il suffit de 30 minutes pour être atteint d’hypothermie. Beaucoup de réfugiés arrivent également en souffrant d’insolation, de déshydratation, de blessures et de problèmes médicaux. « Nous essayons d’être dehors et sur la route en 30 minutes », dit-il. « En septembre, nous sommes passés à 20. Nous n’avions jamais eu autant besoin de secourir des personnes en mer avant 2015 ».

Yanis n’oubliera jamais le souvenir de deux enfants qui flottaient en se tenant l’un à l’autre, morts d’hypothermie avant que les sauveteurs ne les atteignent. Panagiotis, un agriculteur qui fait du bénévolat comme plongeur pour HRT sur Lesbos, se souvient aussi d’avoir extrait d’innombrables corps sous les bateaux chavirés.

Pour beaucoup de bénévoles, l’année 2015 a été traumatisante. Mais souvent, ils ont puisé leurs forces les uns dans les autres. « Parlez », conseille Panagiotis. « Sinon l’eau va briser votre cœur ».

« Nous n’avions jamais eu autant besoin de secourir des personnes en mer avant 2015 ».

En 2015, les bénévoles ont travaillé 24 heures sur 24, répondant aux appels d’urgence incessants jusqu’au milieu de la nuit. Au cours de cette période, ils ont effectué 1 035 opérations de secours, sauvant 2 500 vies et portant assistance à plus de 7 000 personnes pour les mettre en sécurité.

Les bénévoles ont travaillé aux côtés de la Protection civile grecque, de la Garde côtière grecque, des sapeurs-pompiers et de la Force aérienne hellénique. Coopérant et déployant inlassablement leurs efforts pour sauver tant d’êtres humains qui se tournent vers l’Europe en cette période difficile, les bénévoles de HRT sont un exemple pour le monde entier.

« J’espère que nous ne revivrons jamais cela », déclare Konstantinos Mitragas, en secouant la tête. « C’est quelque chose que nous allons porter avec nous pour le restant de nos jours ».

« Nous devons être unis en période de crise, comme nous l’avons été avec nos autres bénévoles grecs et le reste du monde venu ici pour nous aider », conclut-il. « Le monde va connaitre des situations difficiles à l’avenir, alors nous devons être ensemble pour aider à sauver des vies ».