Des milliers de réfugiés sont bloqués à Idomeni en Grèce

Des milliers de réfugiés sont confrontés à un avenir incertain en Grèce après que les frontières aient fermé sur la route de l'ouest des Balkans vers l'Europe du Nord. Mais d'autres continuent d'arriver.

L'ex-République yougoslave de Macédoine n'admet que quelques centaines de Syriens et Iraquiens par jour, créant un énorme arriéré au point de passage frontière d'Idomeni. Par conséquent, un goulot d'étranglement s'est créé également au port du Pirée, à Athènes.

Même certains ayant des passeports ou des cartes d'identité officiels ne peuvent traverser la frontière. Les Afghans sont complètement interdits d'accès. Ce sont les toutes dernières restrictions imposées par l'Autriche et plusieurs pays des Balkans pour endiguer le flot des réfugiés et des migrants vers le nord où beaucoup disent qu'ils veulent aller.

Cette semaine, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a mis en garde l'Europe sur une crise humanitaire imminente, en grande partie de son propre fait, à la suite d'une accumulation rapide de personnes en Grèce, un pays déjà mis à rude épreuve. En Grèce, cette semaine quelque 30 000 personnes ont besoin d'aide et d'hébergement et plus d'un tiers d'entre eux se trouvent à Idomeni.

Lors d'une visite récente en Grèce, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi a exprimé sa préoccupation sur la fermeture des frontières et l'incapacité des pays européens à faire face à la crise des réfugiés avec générosité et dans un effort conjoint.

Il a également indiqué que le HCR et les autorités grecques doivent commencer à planifier une situation où plus de quelques milliers de personnes seront bloqués en Grèce.

« L'Europe a géré avec succès des mouvements de réfugiés à grande échelle dans le passé, et elle peut également gérer celui-ci, à condition que ce soit dans un esprit de solidarité et de partage des responsabilités », a déclaré le Haut-Commissaire Filippo Grandi. « Il n'y a vraiment pas d'autre choix que de travailler ensemble pour résoudre ce problème. »

Une famille d'Alep, en Syrie, se dirige vers le village d'Idomeni, près de la frontière entre la Grèce et l'ex-République yougoslave de Macédoine. Des milliers de réfugiés qui avaient espéré rejoindre l'Europe du Nord sont contenus ici car les frontières ont été fermées ces dernières semaines.  © HCR/Achilleas Zavallis

Les autorités grecques ont répondu avec la mise en place par l'armée de trois camps près d'Idomeni avec une capacité initiale d'accueil de 12 500 personnes. Le HCR apporte un appui aux autorités grecques dans leur effort de réponse, mais beaucoup reste encore à faire. Le HCR exhorte également que les personnes éligibles, comme cette famille, devraient demander la relocalisation en tant qu'alternative au voyage périlleux via les Balkans.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi a prévenu que la fermeture des frontières dans les Balkans pouvait créer un goulot d'étranglement énorme et potentiellement critique pour les réfugiés arrivés en Grèce.

En attendant, le coût humain reste élevé.

« Comment pouvons-nous nourrir nos enfants. Nous manquons d'argent depuis 10 jours », dit Zooda en tentant de calmer son fils de 10 mois, Mahmoud, qui pleure de faim. Elle voyage avec son mari, Mohammed Al-Ahmad, et leurs trois enfants. Zooda est fatiguée après avoir passé une nuit pluvieuse dans un camp de fortune près du village d'Idomeni, à la frontière entre la Grèce et l'ex-République yougoslave de Macédoine. La famille a fui sa ville natale, Daraa, en janvier, avec 50 membres de leur famille élargie. L'ensemble du groupe a trouvé abri dans des tentes à Idomeni.  © HCR/Achilleas Zavallis

Le HCR exhorte les autorités grecques avec le soutien des États membres de l'UE à renforcer sa capacité d'enregistrer et d'examiner les demandes d'asile. Le HCR veut voir beaucoup plus de relocalisations et d'admissions à titre humanitaire, de regroupements familiaux, de parrainage privé, ainsi que de visas d'étudiants et de travail. Tous ces instruments servent, selon le HCR, à réduire les recours aux passeurs, les mouvements ultérieurs, et les traversées périlleuses en bateau.

Un réfugié kurde originaire d'Alep, en Syrie, porte sa fillette en marchant vers la frontière entre la Grèce et l'ex-République yougoslave de Macédoine.  © HCR/Achilleas Zavallis

Plus tôt cette semaine, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a mis en garde l'Europe fait face à une crise humanitaire imminente, en grande partie de son propre fait, à la suite d'une accumulation rapide de personnes en Grèce, un pays déjà mis à rude épreuve. « Avec les gouvernements qui ne travaillent pas ensemble selon des accords déjà conclus dans un certain nombre de domaines, et que, pays après pays, de nouvelles restrictions sont imposées aux frontières, ces pratiques incohérentes causent des souffrances inutiles», a déclaré le porte-parole du HCR Adrian Edwards.

Cette semaine, le nombre des réfugiés et des migrants en Grèce ayant besoin d'aide et d'hébergement s'élève à 30 000. Environ 13 000 d'entre eux se trouvent à Idomeni. « Les conditions de surpeuplement conduisent à des pénuries de nourriture, d'abris, de l'eau et d'assainissement. Les tensions grandissent, ce qui alimente les violences et fait le jeu des passeurs », a souligné Adrian Edwards.

Des milliers de réfugiés, principalement originaires d'Iraq et de la Syrie, campent désormais dans ce camp de fortune près d'Idomeni, à la frontière entre la Grèce et l'ex-République yougoslave de Macédoine.  © HCR/Achilleas Zavallis

Les autorités grecques ont répondu avec la mise en place par l'armée de trois camps près d'Idomeni qui ont une capacité initiale d'accueil de 12 500 personnes. Le HCR apporte un appui à l'effort de réponse des autorités grecques, mais beaucoup reste encore à faire.

Parmi les actions les plus urgentes à mettre en oeuvre, il est nécessaire de prévoir une meilleure planification d'urgence, en augmentant la capacité d'hébergement et d'autres types de soutien. Pour éviter une nouvelle détérioration des conditions dans toute la Grèce, davantage de ressources et une meilleure coordination sont essentielles.

Barfi Halil est une réfugiée yézidie originaire de Sinjar en Iraq. Elle est assise à côté d'un feu avec ses petits-enfants. Cette grand-mère de 63 ans a passé la semaine dernière dans les champs près d'Idomeni. Elle partage une petite tente de camping avec son fils, sa femme et leurs cinq enfants, dont l'un souffre d'un sévère handicap mental.  © HCR/Achilleas Zavallis

La famille avait fui Sinjar en 2014, après que des militants aient assiégé la région. Ils ont d'abord rejoint un camp pour personnes déplacées près de Dohouk, dans la région du Kurdistan au nord de l'Iraq. Ils ont ensuite cherché la sécurité en Europe. La famille craint que de nouvelles restrictions à la frontière pourraient les empêcher de rejoindre l'ex-République yougoslave de Macédoine.

« Nous, Yézidis, nous avons beaucoup souffert », a déclaré Barfi. « Nous ne pouvons pas rentrer chez nous. »

Deux jeunes filles marchent dans une boue épaisse à travers un camp de fortune près d'Idomeni, Grèce.  © HCR/Achilleas Zavallis

Environ 57 pour cent des réfugiés en provenance de Syrie qui arrivent actuellement en Grèce sont des femmes et des enfants. Beaucoup sont originaires du nord où des combats ont eu lieu récemment.

Le HCR continue de fournir un appui à l'opération de réponse. L'agence pour les réfugiés a mis en place des bureaux de terrain dans huit localités et a déployé du personnel supplémentaire, y compris des équipes d'urgence mobiles qui se déplacent rapidement partout où l'évolution de la situation l'exige.

Cependant, du fait des restrictions accrues aux frontières dans les Balkans, l'agence dit craindre que la situation pourrait dégénérer en une crise humanitaire similaire à celle observée sur les îles grecques, l'automne dernier.

Vincent Cochetel, Coordonnateur régional du HCR pour la crise des réfugiés en Europe, appelé l'Europe à mettre en oeuvre des accords de partage de la charge conclus l'année dernière, avertissant qu'il n'y avait « pas de plan B. »

« La Grèce a besoin d'une soupape de sécurité ... il est temps pour l'Europe de se réveiller, soit par une relocalisation massive et ordonnée depuis la Grèce soit ce que nous avons vu l'année dernière se répétera inexorablement », a-t-il déclaré lors d'un point de presse à Genève plus tôt cette semaine.

« Attendre, c'est ce qui est le plus difficile. C'est plus difficile que le bateau. » Ismaïl Shreki est inquiet pour sa mère âgée, Fatima, qui est assise dans un fauteuil roulant sous plusieurs épaisseurs de couvertures. Les roues de son fauteuil roulant sont ensevelies dans la boue. Les pluies de la nuit précédente ont laissé des flaques d'eau autour de la tente où ils dorment depuis les 10 derniers jours en attendant de franchir la frontière vers l'ex-République yougoslave de Macédoine.  © HCR/Achilleas Zavallis

Ismaïl était un ingénieur en mécanique dans la province d'Idlib Syrie. Il a fui vers l'Europe avec sa mère, sa femme et leurs quatre enfants après qu'un raid aérien ait frappé leur maison. Ismaïl a porté sa mère sur le dos à plusieurs reprises le long du chemin. Maintenant, la famille attend son tour pour traverser la frontière, avec peu d'informations sur le moment où ils seront autorisés à continuer leur voyage.

Des enfants dans une file d'attente pour recevoir des vivres au point de passage de la frontière à Idomeni entre la Grèce et l'ex-République yougoslave de Macédoine. Les gens sont bloqués dans de longues files d'attente qui peuvent s'étirer sur des centaines de mètres afin d'obtenir un simple sandwich. Selon les toutes dernières statistiques, 36 pour cent des réfugiés arrivés en Europe en 2016 sont des enfants, et beaucoup d'entre eux ont été séparés de leurs parents.  © HCR/Achilleas Zavallis

Un jeune Syrien attend près d'Idomeni au point de passage de la frontière entre la Grèce et l'ex-République yougoslave de Macédoine.  © HCR/Achilleas Zavallis

Dans le cadre d'un effort conjoint pour renforcer la protection au bénéfice du nombre croissant d'enfants et d'autres personnes ayant des besoins spécifiques qui arrivent en Europe, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et l'UNICEF ont mise en place des centres spéciaux de soutien aux enfants et aux familles le long des routes de migration les plus fréquemment utilisées en Europe.

Vingt centres d'aide pour les enfants et les familles, intitulés « Blue Dots » (Points bleus), fourniront un espace sûr pour les enfants et leurs familles, des services vitaux, des espaces de jeux, de la protection et un soutien psychosocial dans un seul endroit.

Deux réfugiés syriens tentent de conserver un sentiment de normalité en se promenant avec leur jeune garçon dans un camp de fortune près d'Idomeni, Grèce.  © HCR/Achilleas Zavallis

Un homme porte son fils sur ses épaules au point de passage de la frontière d'Idomeni.  © HCR/Achilleas Zavallis

Une réfugiée iraquienne tient son fils dans les bras au camp de fortune d'Idomeni.  © HCR/Achilleas Zavallis

Une famille de réfugiés assise autour d'un feu pour se réchauffer près du village d'Idomeni, à la frontière entre la Grèce et l'ex-République yougoslave de Macédoine.  © HCR/Achilleas Zavallis