L’histoire de Bijou, République démocratique du Congo

Photo de Simon Lubuku/2014.

Photo de Simon Lubuku/2014.

Bijou Ngunzoni Fatouma est une réfugiée centrafricaine de 42 ans qui vit au camp de Boyabu dans la Province de l’Equateur, en République Démocratique du Congo. Son calvaire commence le 6 mai 2013 lorsque son mari est tué avec sa seconde épouse. ‘‘C’est ma voisine qui est venue en courant m’annoncer que mon mari et ma rivale, la seconde épouse de mon mari, ont été tués alors qu’ils revenaient du marché,’’ dit Bijou.

“Ce double assassinat était l’élément déclencheur. J’ai décidé de fuir avec tous les enfants. Moi-même j’en ai cinq, ma rivale a laissé trois et ma fille aînée Thérèse a des jumeaux. Il fallait vite partir car la situation se détériorait davantage. Nous devions fuir pour ne pas mourir,” dit Bijou avec amertume. Bijou a tout laissé à Bangui où elle vivait. Elle faisait son petit commerce pour soutenir son mari. ‘‘Je vendais les beignets, le sucre, la patte d’arachide et la braise au marché. Mon mari était menuisier formé. Il fabriquait des armoires et des fauteuils,’’ révèle-t-elle.

Bijou n’avait rien pris au moment de fuir. La route était longue, dangereuse et éprouvante. La famille de Bijou et les voisins n’avaient pas la possibilité de traverser la rivière pour se retrouver à Zongo en RDC qui est la ville en face de Bangui la capitale centrafricaine. ‘‘Tous les ports étaient fermés. Il ne fallait pas prendre le risque de traverser,’’ indique Bijou qui ajoute ‘‘nous avons marché dans la fôret sans ressources.” Mais dans leur marche, ils ont rencontré un groupe de anti-balaka. Leurs vies ont été épargnées mais les corps ont trop souffert. ‘‘Ces rebelles nous ont tabassés. Moi j’ai reçu un tronc d’arbre sur la poitrine. Mon fils de 9 ans, Dieu-merci, a été blessé à l’épaule et au pied,’’ dit-elle avec les larmes aux yeux.

photo by Simon Lubuku/2014.

Photo de Simon Lubuku/2014.

Pour Bijou c’était la fin, surtout qu’à l’hôpital de Batalimo où elle se faisait soigner son état demeurait stationnaire. Elle a ensuite été transférée à Libenge en RDC. Ainsi commence sa vie de réfugiée. Durant tout ce parcours Bijou n’avait qu’un seul habit sur elle. A Libenge, des anciennes clientes lui ont donné de quoi se vêtir. ‘‘Heureusement que j’avais sympathisé avec les Congolaises quand elles venaient faire leur commerce à Bangui. Cette solidarité m’a permis d’avoir des habits pour moi et mes enfants,’’ dit Bijou.

Bijou Mayi Kitoko, la bonne eau, qui est le sens de son nom Ngunzoni dans la langue locale, était dans le premier convoi de transfert de réfugiés centrafricains dans le camp de Boyabu. Bijou a emménagé un potager derrière l’abri où elle vit. ‘‘Je cultive le Gozo (manioc) et la ciboule.’’ Elle en tire aussi profit. ‘‘Quand je vends mes légumes, j’ai un peu d’argent en plus de l’aide que nous recevons dans le camp.’’ Mais le revenu de la vente de légume est maigre. ‘‘Je vais aussi ramasser le bois pour vendre.’’

Bijou n’a pas pour autant perdu espoir. Elle souhaite avoir un peu plus de moyens pour aider sa famille. ‘‘Je souhaite avoir un appui pour commencer un petit commerce, même une petite machine à coudre. Je pourrais gagner un peu plus d’argent et je dépendrais un peu moins de l’assistance qu’on nous donne ici.’’ Le plus important pour Bijou ce sont ses enfants.“Le bénéfice de mon commerce préservera les enfants du banditisme,” conclut-elle.

 


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