L’histoire de Rosine, Côte d’Ivoire

Photo by UNHCR/F. Bert/2014.

Photo by UNHCR/C. Ngatta/2014.

“J’avais seulement 9 ans en 1994, quand la guerre a éclaté dans mon pays, le Rwanda. C’était après l’assassinat de mon grand-père que moi et ma famille on a compris que la vie de nous tous était en danger et on s’est vu obligés, comme beaucoup de nos compatriotes, de fuir soudainement, en abandonnant tous nos biens derrière nous.” Pendant plusieurs semaines de marche, Rosine Kubana traverse des pays pour elle inconnus, comme le Congo RDC, puis le Congo Brazzaville. Finalement, après deux ans d’attente, et grâce à l’aide généreuse de religieuses de la Charité du Congo Brazzaville qui leur offrent des billets d’avion, Rosine et sa famille débarquent en Côte d’Ivoire, à Abidjan, en 1996.

Rosine est alors accueillie par des compatriotes déjà sur place, et, comme son père, sa mère et ses quatre frères et sœurs, demande l’asile politique en Côte d’Ivoire: le statut de réfugié lui sera finalementoctroyé en 1998. “C’est à ce moment que, bien que traumatisée, je me suis rendu compte que le temps était désormais venu pour commencer une nouvelle vie dans un pays nouveau. Pour moi, être si loin de mes proches et de mes amis était la partie la plus dure.” Le défi de Rosine est en effet celui auquel tout refugié doit faire face: comment s’intégrer progressivement dans le pays d’accueil, dans le cas de Rosine, la Côte d’Ivoire.

Rosine comprend que son parcours de jeune étudiante ne peut que se développer ici: d’abord à l’école primaire, puis au secondaire, où elle retrouve cette passion que la guerre avait assouplie.

Photo by UNHCR/F. Bert/2014.

Photo by UNHCR/F. Bert/2014.

Vu son excellence et son acharnement dans les études, les services communautaires du HCR la sélectionnent en 2009 pour être une des bénéficiaires de la bourse DAFI (Initiative académique allemande Albert Einstein pour les réfugiés), lui permettant ainsi de poursuivre ses études de médecine à Dakar, au Sénégal.

C’est finalement en Avril 2014 que Rosine présente, avec fierté, sa thèse de Médecine générale portant sur ‘‘Le profil épidémiologique de la macrosomie au service de la maternité et de la néonatalité’’, à l’Université Alassane Dramane Ouattara de Bouaké. Une équipe du HCR et ASAPSU était sur place pour la féliciter personnellement.

“Aujourd’hui je suis docteur, et j’ai devant moi un futur professionnel promettant; cependant, j’aurais pu avoir un tout autre destin, sans l’intervention du HCR, grâce auquel j’ai pu bénéficier d’un soutien continu depuis les classes primaires et jusqu’à la fin de mon cursus de medicine,” s’exprime Rosine à la sortie de sa soutenance.

Docteur Rosine Kubana est en effet la preuve que la condition de refugié n’est pas un obstacle à la réussite sociale. Elle représente une fierté pour ses parents, un modèle pour ses frères et sœurs, et un espoir de trouver une solution durable pour tous ceux qui, ici ou ailleurs, se retrouvent réfugiés dans le monde.

 

Texte de Francesco Bert (Associé aux Relations Extérieures)/2014.

B.O. Abidjan – UNHCR Côte d’Ivoire


1 seule famille déchirée par la guerre, c'est déjà trop

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