Le HCR appuie la Libye pour l'aide aux bateaux en détresse au large de ses côtes

Articles d'actualité, 18 août 2015

© HCR/F.Bucciarelli
Des employés d'entreprises locales spécialisées transportent le cercueil de l'une des victimes d'une tragédie maritime survenue au large des côtes libyennes.

GENÈVE, 18 août (HCR) Après une série de naufrages meurtriers survenus au large des côtes libyennes, le HCR a initié des discussions visant à améliorer la réponse de la Libye aux bateaux en détresse au large de ses côtes, en simplifiant le partage et la coordination des informations avec les organisations internationales.

« Nous espérons que ce nouveau groupe de contact interagence stimulera la capacité de la Libye à sauver des vies et à recueillir des corps sans vie en mer ou le long de la côte ainsi qu'à améliorer la prise en charge humanitaire des rescapés après leur débarquement », a déclaré le porte-parole du HCR Leo Dobbs lors d'un point de presse mardi à Genève (18 août).

Le groupe de contact comprend également des responsables libyens chargés de la recherche et du sauvetage, de la sécurité des frontières et des centres de détention pour les boat people secourus ou interceptés. Il a été créé lors d'une réunion organisée récemment à Tunis par le HCR et son partenaire, l'Organisation internationale pour les migrations.

Le groupe de contact a pour objectif de discuter des façons de minimiser la perte en vie humaine parmi les réfugiés et les migrants qui tentent de traverser la Méditerranée depuis la Libye. Il se réunira au moins trois fois durant les neuf prochains mois et il assurera également des formations dans des domaines comme la gestion de l'information, la communication, la récupération des corps sans vie ainsi que l'identification des réfugiés, des demandeurs d'asile et les migrants. L'Union européenne a accordé un financement.

Le groupe de contact réunira des responsables des garde-côtes libyens, le Service de la sécurité portuaire, la Direction de la Lutte contre la migration illégale (DCIM) et le Croissant-Rouge libyen. Au début, les membres des organisations internationales du groupe de contact comprendront le HCR, l'OIM, le CICR et l'International Medical Corps. L'agence de gestion des frontières de l'UE, l'EUBAM, a assisté à la réunion de lancement.

Le groupe de contact aidera à améliorer la coordination et la communication entre les Libyens et les acteurs internationaux actifs dans le sauvetage maritime et l'interception en mer. Il soutiendra également le développement des capacités en Libye et aidera à améliorer la réponse humanitaire pour les personnes secourues en mer et débarquées en Libye, où elles sont transférées dans des centres de détention gérés par la DCIM.

Leo Dobbs a expliqué que des problèmes demeurent cependant. « Les Libyens ont été critiqués pour avoir ignoré les dangers et ne pas avoir porté secours à davantage de personnes en péril. Toutefois les garde-côtes surveillant la côte ouest où opèrent les passeurs, ont déjà sauvé ou intercepté plus de 4 500 personnes cette année, avec de maigres ressources navales », a-t-il ajouté.

Ce chiffre se compare à près de 100 000 personnes secourues par des bâtiments de la marine ou des organismes d'autres pays de la région.

Parallèlement, la collecte des corps sans vie est devenue de plus en plus importante, surtout pendant la saison de navigation en cours, lorsque davantage de bateaux de passeurs quittent les côtes libyennes. Les statistiques de probabilité d'un accident sont plus élevées. Le 5 août dernier, environ 200 personnes ont péri noyées dans les eaux territoriales libyennes lors du naufrage de leur bateau.

Lorsque le personnel national du HCR en Libye est informé par les garde-côtes libyens à propos de naufrages ou de corps sans vie à recueillir, ils alertent la Croix-Rouge libyenne, comme ils l'avaient fait lors de la tragédie du 5 août dernier. Les garde-côtes, à bord de leurs petites embarcations déjà anciennes, recueillent les corps sans vie quand ils le peuvent et ils les transfèrent à la LRC pour un transport à l'hôpital avant l'enterrement. Le groupe de contact a convenu que ce domaine est celui où les Libyens peuvent faire davantage.

« De nouvelles formations pourraient notamment inclure la recherche et le stockage de corps sans vie ainsi que la fourniture de sacs mortuaires, d'autres équipements et fournitures médicales ainsi que d'essayer d'identifier les morts dans l'espoir d'alerter les familles », a expliqué Leo Dobbs.

Le HCR considère son rôle comme étant un inter-connecteur entre les différents acteurs, libyens et internationaux. La formation devrait également comprendre la réception et l'entretien avec les personnes secourues dans les points de débarquement avant leur transfert vers des centres de détention vétustes, parmi lesquels le HCR a actuellement accès à huit d'entre eux.

« Cette information nous aidera, ainsi que nos partenaires, à identifier qui est débarqué et vers lequel des 18 centres opérationnels de détention ces personnes sont transférées. Cela nous permettra de démarrer le processus d'obtention de leur libération, en particulier pour les femmes et les enfants », a conclu Leo Dobbs.

Par Leo Dobbs, Genève

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