L'UA adopte une convention majeure pour protéger et assister les déplacés internes

Articles d'actualité, 23 octobre 2009

© HCR/J.Akena
A la fin du sommet de l'Union africaine à Kampala, en Ouganda, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres (à droite) au côté du Président ougandais Yoweri Museveni et de la Commissaire aux Affaires politiques de l'UA Julia Dolly Joiner.

KAMPALA, Ouganda, 23 octobre (HCR) Lors du sommet réunissant des leaders africains dans la capitale ougandaise Kampala, une convention phare a été adoptée vendredi. Elle devrait assurer une protection juridique et une assistance à des millions de personnes déplacées au sein de leur propre pays par les conflits et les catastrophes naturelles survenant sur le continent.

Le Président ougandais Yoweri Museveni, qui a présidé le sommet spécial de l'Union africaine (UA) sur les personnes déplacées de force, a fait l'éloge de ce pacte comme étant un « accord historique visant à protéger et porter assistance à nos frères et s?urs, les personnes déplacées internes. »

La nouvelle Convention de l'Union africaine pour la protection et l'assistance des personnes déplacées internes en Afrique constitue le premier instrument juridique de ce type dans le monde. Elle définit les obligations des Etats, et même des groupes armés, qui doivent protéger et porter assistance à leurs propres citoyens déracinés.

Quarante-six nations africaines ont adopté à l'unanimité la convention inédite signée par 17 chefs d'Etat et de gouvernement, ainsi que des ministres des Affaires étrangères, y compris les présidents de l'Ouganda, de la Zambie, du Zimbabwe et de la Somalie ainsi que les Premiers Ministres et les Vice-Présidents du Burundi, de la République centrafricaine, de la Guinée équatoriale et du Rwanda. La Convention doit encore être ratifiée par 15 pays au minimum.

Dans la déclaration publiée à l'issue du sommet officiel, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine ont fait le v?u de mettre en œuvre des mesures visant à « empêcher et finalement éliminer de notre continent les situations de déplacement forcé survenant du fait de conflits ou de catastrophes naturelles. »

Les participants ont acclamé l'issue du sommet de quatre jours, synonyme d'un accomplissement majeur pour un continent comptant la plus importante population de déplacés internes au monde.

« L'Afrique est pionnière dans la lutte pour défendre les droits humains », a indiqué le Président zambien Rupiah Banda après l'adoption de la convention. « Aujourd'hui nous avons porté cette lutte encore plus loin en lui donnant force de loi dans le domaine de la protection des droits humains des personnes déplacées internes. Une nouvelle tâche qui nous attend consiste à assurer que les personnes déplacées internes jouissent de leurs droits en mettant en place d'urgence les dispositions de la convention... Notre peuple ne peut pas attendre plus longtemps. »

Dans son préambule, la convention souligne le besoin de « promouvoir et de renforcer les mesures régionales et nationales visant à prévenir ou ralentir, interdire et éliminer les causes profondes du déplacement interne ainsi que fournir des solutions durables. « Elle fait état de l'expertise spécifique du HCR dans le domaine de la protection et elle demande à l'organisation de continuer et de renforcer son rôle dans la protection et l'assistance aux déplacés internes. »

La Commissaire aux Affaires politiques de l'UA Julia Dolly Joiner a indiqué que « la convention qui a été adoptée, la première du genre parmi les groupes régionaux ou organisations dans le monde, constitue une réponse unique, globale et sans équivoque aux défis du déplacement forcé. Cet instrument démontre clairement que les leaders africains sont conscients des difficultés endurées par les personnes déplacées et qu'ils sont prêts, autant que possible, à mettre fin à leurs souffrances. »

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a indiqué lors d'une conférence de presse de clôture que « cette convention représente le concept de la 'responsabilité de protection' en action. Elle démontre que la souveraineté nationale est pleinement compatible avec la responsabilité de protection. » Il a ajouté que la convention constitue un rappel selon lequel la responsabilité de protéger ses propres citoyens relève d'abord et avant tout de la responsabilité d'un Etat individuel et que, là où les Etats ne le font pas, la responsabilité collective d'agir revient à l'Afrique.

Par Melissa Fleming et Yusuf Hassan
A Kampala, Ouganda

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Les familles de personnes déplacées échouent la plupart du temps dans des taudis à la périphérie des grandes villes, où elles vivent dans un grand dénuement. Juste à la sortie de Bogota, des dizaines de milliers de personnes déplacées vivent dans les bidonvilles de Los Altos de Cazuca et de Los Altos de Florida. Les déplacé internes n'ont pratiquement pas accès aux services de santé, d'éducation ou de logement décent. La sécurité est également un problème, des gangs et des groupes armés contrôlant les bidonvilles et prenant souvent pour cible les jeunes.

L'UNHCR travaille en collaboration avec les autorités dans une dizaine de communes à travers la Colombie afin de s'assurer que les droits des personnes déplacées soient respectés, y compris leur accès aux services de base : la santé, l'éducation et la sécurité.

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Avant même d'être déplacés, les enfants colombiens scolarisés dans des régions à risque sont exposés au danger des mines anti-personnelles, aux attaques de groupes armés et au recrutement forcé mené aux alentours des écoles. Une fois qu'ils sont déplacés, ces enfants perdent souvent une année scolaire entière. De plus, le traumatisme provoqué par le déracinement et le fait d'avoir été témoin de violences extrêmes sont souvent négligés, affectant ainsi leur faculté d'apprentissage. La pauvreté accrue par le déplacement oblige les enfants à travailler pour subvenir aux besoins de la famille. Ils ne peuvent plus aller l'école.

L'UNHCR soutient les efforts du gouvernement pour répondre à la crise de l'éducation qui touche les enfants déplacés, notamment les interventions locales dans des régions à haut risque, la reconstruction d'écoles endommagées, la fourniture de matériel scolaire et le soutien d'associations locales d'enseignants. L'UNHCR travaille avec le Ministère de l'éducation, afin d'assurer que les besoins des enfants déplacés soient identifiés et pris en compte - sans oublier les minorités ethniques comme les Afro-Colombiens et les indigènes.

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