Conflit incessant au Myanmar : les villageois pris au piège dans les échanges de tirs

Articles d'actualité, 28 octobre 2015

© HCR/S.Kelly
Une mère tient la main de son enfant dans un camp accueillant des déplacés internes dans l'Etat de Kachin au Myanmar, en novembre 2013.

MYITKYINA, Myanmar, 28 octobre (HCR) Htoi Pan garde un souvenir très net du moment où des avions de chasse ont traversé le ciel au-dessus de son village dans le nord du Myanmar, rompant le calme d'une fin de matinée du mois de juin.

Ancienne résidente de Sumprabum dans l'État de Kachin, Htoi Pan, âgée d'environ 20 ans, et ses voisins, savaient ce que signifiaient ces images et bruits de guerre : leur village était devenu la nouvelle ligne de front du conflit qui reprenait dans le pays.

« S'il n'y avait eu qu'une explosion, nous n'aurions pas été si surpris. Cela arrive parfois [lorsqu'une mine explose] », dit-elle. « Mais, aussitôt que nous avons entendu une série d'explosions puis le claquement des armes, nous avons compris que quelque chose n'allait pas. »

Depuis que le cessez-le-feu signé il y a 17 ans entre l'Armée de l'indépendance kachin et les forces armées du Myanmar a été rompu en 2011, les deux parties se sont affrontées fréquemment dans tout l'État de Kachin, au nord-est du pays. Parmi les personnes déplacées par les combats figurent quelque 1 200 villageois, dont le bien-être inquiète particulièrement le HCR.

Pour échapper aux combats, Htoi Pan*, son mari et leurs trois jeunes enfants se sont enfuis dans la jungle avec leurs voisins. Ils sont rentrés chez eux quelques jours plus tard après avoir obtenu l'assurance que les combats avaient cessé. Toutefois, ils ont dû repartir lorsque les tirs et les frappes aériennes ont repris deux semaines plus tard.

Leur fuite a coïncidé avec la saison des pluies au Myanmar. Les pluies diluviennes ont fait qu'il a été difficile pour Htoi Pan et sa jeune famille de rester au chaud et au sec. « Nous avons dû couper des arbres pour éviter de dormir à même le sol, puis nous nous sommes couverts avec une bâche », explique-t-elle.

La jeune famille a pu quitter la région et trouver refuge dans un camp de personnes déplacées à Myitkyina, la capitale de l'État du Kachin. Cependant, presque quatre mois après les affrontements du mois de juin, de nombreuses personnes n'ont pas eu la même chance. Elles font maintenant face à une situation qui s'aggrave de jour en jour.

Incapables de quitter la jungle où elles ont trouvé refuge, ces personnes ont désespérément besoin d'un abri, de nourriture et de médicaments. Selon les premières informations, environ 40 pour cent des personnes prises au piège sont des enfants de moins de 15 ans.

Ma Naw*, un jeune homme qui s'est entretenu avec le HCR, a raconté qu'il avait dû fuir par « la route de la jungle » pour éviter d'être repéré par les combattants. Il est la seule personne dans sa famille immédiate à avoir pu entreprendre le pénible voyage, qui consiste en une longue traversée de la jungle à pied, ainsi qu'en des trajets en bateau et en car. Ses parents et les autres membres de sa famille sont restés dans leur région.

« Nous sommes extrêmement inquiets pour les civils déplacés par les combats à Sumprabum, notamment parce qu'il y a parmi eux des personnes vulnérables, soit des femmes, des enfants et des personnes âgées, ainsi que des personnes malades ou handicapées. Ces personnes ont besoin d'une aide humanitaire de toute urgence », dit Giuseppe de Vincentiis, représentant du HCR au Myanmar.

« Alors que les affrontements persistent, nous exhortons toutes les parties à assurer la protection des civils et nous renouvelons notre appel pour que l'accès du personnel humanitaire soit accordé, afin que les personnes déplacées puissent recevoir une aide vitale et des services essentiels », ajoute Giuseppe de Vincentiis. Le HCR et les autres organisations humanitaires, aussi bien locales qu'internationales, n'ont toujours pas été officiellement autorisés à accéder à la population et à fournir une aide d'urgence.

Par Kasita Rochanakorn à Myitkyina, au Myanmar

*Noms fictifs pour des raisons de protection.

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Les déplacés tentent de survivre dans l'Etat de Rakhine au Myanmar

Une crise humanitaire s'est développée dans l'Etat de Rakhine au Myanmar, où quelque 115 000 personnes ont désespérément besoin d'aide après avoir été déplacées au cours de deux vagues de violence intercommunautaire successives en juin et en octobre 2012. Les personnes déplacées, dont la plupart sont des Rohingyas, ont trouvé refuge dans des camps provisoires et d'autres restent dispersées à travers l'Etat, vivant étroitement surveillées dans leurs villages détruits. Les conditions sont difficiles : les camps sont surpeuplés et certains sont même dépourvus d'installations d'assainissement, alors que de nombreux villages sont totalement détruits et ne disposent que de faibles ressources en eau. Dans l'un des villages, plus de 32 familles vivaient ensemble sous seulement deux grandes tentes. Les enfants n'ont pas accès à l'éducation. Les nouveau-nés et les personnes âgées sont très vulnérables en raison d'une pénurie de centres de soins. Le HCR distribue des articles de secours et travaille avec les autorités ainsi que les partenaires pour améliorer les conditions de vie dans les camps. Mais une aide internationale est nécessaire.

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Rapatriés au Myanmar

Au début des années 90, plus de 250 000 Rohingyas musulmans traversèrent la frontière du Myanmar pour venir se réfugier au Bangladesh, mettant en cause des violations de droits humains perpétrés par le gouvernement militaire de leur pays. En exil, ils furent accueillis dans une vingtaine de camps situés dans la région de Cox's Bazaar au Bangladesh. Plus de 230 0000 de ces réfugiés sont rentrés chez eux depuis 1992, mais il en subsiste encore environ 22 000 dans les camps. L'UNHCR travaille en collaboration avec des ONG pour garantir la stabilité dans les communautés de rapatriés, en les aidant à se réintégrer au mieux dans leur pays. L'UNHCR fournit une présence itinérante sur le terrain, assure la protection et la sécurité des rapatriés et offre enfin des programmes d'éducation primaire et pour adultes, des projets générateurs de revenus et des formations professionnelles.

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Réfugiés du Myanmar

Au cours des derniers mois, plus de 2 000 réfugiés originaires du Myanmar sont arrivés dans le nord de la Thaïlande. Ils disent fuir la reprise du conflit et les violations des droits humains dans l'Etat de Kayin au Myanmar. Les réfugiés, qui appartiennent principalement à l'ethnie Karen, disent que leurs maisons et leurs villages ont été brûlés et que des civils ont été tués. Beaucoup sont en très mauvaise santé et souffrent de maladies telles que le paludisme après un voyage long et dangereux vers les camps à travers des zones extrêmement minées. Les réfugiés arrivent dans des camps gérés par le gouvernement, principalement dans la région de Mae Hong Son, au nord de la Thaïlande.

L'UNHCR travaille avec le gouvernement thaïlandais et les organisations non gouvernementales pour s'assurer que les nouveaux arrivants sont admis dans les camps et qu'ils reçoivent l'hébergement et la protection adéquats. L'hébergement est une préoccupation majeure car certains camps de réfugiés sont surchargés. Lors d'une réunion à la mi-mai, les autorités thaïlandaises ont donné leur accord pour la construction de maisons en matériaux plus résistants afin d'y installer les nouveaux arrivants.

Actuellement 140 000 réfugiés originaires du Myanmar vivent en Thaïlande dans neuf camps situés près de la frontière, beaucoup d'entre eux sont là depuis plus de 20 ans.

Septembre 2006

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Ni Ang, âgée de 16 ans, parcourt le marché de nuit à Delhi pour trouver de la nourriture pour elle et ses trois frères et soeurs. Ces enfants non accompagnés luttent pour leur survie en Inde après avoir fui leur village au Myanmar.