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Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, Rapport annuel 2007 - Niger

Publisher International Federation for Human Rights
Author Organisation mondiale contre la torture; Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme
Publication Date 19 June 2008
Cite as International Federation for Human Rights, Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, Rapport annuel 2007 - Niger, 19 June 2008, available at: https://www.refworld.org/docid/486e0515c.html [accessed 2 November 2019]
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Contexte politique

En 2007, la situation sociale semble s'être apaisée au Niger, notamment suite à la signature, en février 2007, par le Gouvernement nigérien et la Coalition contre la vie chère, qui regroupe des associations issues de la société civile, et sous l'égi de de la Commission nationale de dialogue social (CNDS), d'un accord global mettant un terme à la grave crise alimentaire de 2005, qui avait engendré une flambée des prix et une profonde crise économique et sociale, consécutives aux mesures d'ajustement financières décidées par les autorités.1 Plusieurs denrées de première nécessité ou prestations de service, telles que l'eau, l'électricité, les soins de santé, le gaz et le carburant ont connu des augmentations, allant parfois jusqu'à 50 % du coût initial.

Cependant, en ce même mois de février 2007 s'est créé un groupe armé, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), qui réclame le respect des accords de 1995 signé par le Gouvernement,2 une meilleure répartition des richesses, notamment des revenus de l'uranium ainsi que des mesures d'accompagnement pour les familles déplacées en raison de l'exploitation des gisements. Le MNJ a mené plusieurs attaques sur des cibles étatiques dans le nord du pays, et des affrontements avec les forces de l'ordre ont fait de nombreux morts. Par ailleurs, l'armée nigérienne se serait rendue responsable de nombreuses exécutions sommaires de civils à l'occasion de représailles aux attaques du MNJ.

L'année 2007 a d'autre part été marquée par une recrudescence des atteintes à la liberté d'expression. Ainsi, la région d'Agadez, zone du conflit, est interdite aux journalistes depuis le mois d'août 2007, et plusieurs journalistes étrangers ou locaux qui ont tenté d'obtenir et diffuser des informations sur la rébellion ont été arrêtés cette année. Par exemple, M. Moussa Kaka, correspondant de Radio France Internationale et directeur de la station privée Radio Saraouniy, est détenu depuis le 20 septembre 2007. Il est accusé de "complicité de complot contre l'autorité de l'État" pour avoir eu des contacts réguliers avec le MNJ. Un autre journaliste, M. Ibrahim Manzo Diallo, directeur de publication du bimensuel privé Aïr Info, édité à Agadez, a également été inculpé le 29 octobre pour "association de malfaiteurs" en raison de ses liens présumés avec la rébellion. Fin 2007, il était toujours détenu à la prison civile d'Agadez.

Impossibilité de dénoncer les violations ayant lieu dans le cadre du conflit au nord

Au Niger, les organisations non gouvernementales qui dénoncent les graves violations des droits de l'Homme qu'entraîne le conflit et appellent à la paix par des négociations en lieu et place de la solution militaire ont subi des menaces et des intimidations. Ainsi, tout au long du mois d'août 2007, l'Association nigérienne pour la défense des droits de l'Homme (ANDDH) et ses responsables, ainsi que plusieurs autres membres d'organisations de défense des droits de l'Homme, tel que l'Alternative espaces citoyens, le Collectif des organisations de défense des droits de l'Homme et de promotion de la démocratie (CODDHD), le Réseau des organisations de développement et de défense des droits de l'Homme et de la démocratie (RODDAD), le Collectif des organisations de défense du droit à l'énergie (CODAE), la Coalition pour la transparence dans les industries extractives "publiez ce que vous payez" et le Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire (ROTAB), ont reçu des courriels de menaces venant d'auteurs non identifiés.

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme est un programme conjoint de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH).


1 La mise en cause de l'État dans la responsabilité de la flambée des prix s'était soldée en 2005 par une répression des leaders de la contestation, notamment via la détention arbitraire de certains d'entre eux et des actes de harcèlement à leur encontre.

2 Les accords de paix de 1995 avaient mis fin à la révolte des premières rébellions du nord des années 1990. Ils prévoyaient notamment la réinsertion socio-économique des Touaregs et la priorité d'embauche des autochtones par les sociétés minières locales ainsi que la redistribution des recettes minières de la région.

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