Le HCR se félicite de la déclaration franco-britannique concernant la situation à Calais

Communiqués de presse, 20 août 2015

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, se félicite de la déclaration conjointe franco-britannique à propos de la situation à Calais ainsi que du plan d'action qui y est associé, tel qu'il a été annoncé aujourd'hui.

« Je me réjouis de l'approche prise d'un commun accord par les deux gouvernements en réponse à la situation complexe à Calais » a déclaré le Haut Commissaire. « Je salue en particulier les mesures de protection et humanitaires annoncées, qui reconnaissent à la fois l'importance de la lutte contre le trafic d'êtres humains et contre l'exploitation d'individus vulnérables. Dans ce contexte, il est important de noter qu'afin de lutter efficacement contre les passeurs et les trafiquants, nous devons augmenter le nombre de recours légaux disponibles pour que les personnes nécessitant une protection puissent se rendre en Europe. »

« Nombre des personnes arrivées à Calais depuis l'Afghanistan, l'Erythrée, la Somalie, le Soudan et la Syrie pourraient être éligibles à la protection internationale. Nous nous réjouissons de cette collaboration future avec la France et le Royaume-Uni visant à soutenir leurs efforts dans la recherche de solutions pour ces personnes » a ajouté le Haut Commissaire.

Plus spécifiquement, le HCR salue les mesures proposées afin d'améliorer les conditions de vie et d'accueil dans le Nord-Pas-de-Calais et dans d'autres régions, ainsi que les efforts entrepris pour faire face aux problèmes de l'accès à l'asile et à l'hébergement. De plus, le plan d'action met l'accent sur les besoins spécifiques des personnes vulnérables à Calais, telle que la population rapidement grandissante des femmes et des enfants.

« Calais ne reste cependant que le symptôme d'un mouvement plus large de réfugiés et de migration, et le HCR espère que des décisions fermes seront prises dans la mise en œuvre de l'agenda européen sur la migration et dans la mise en place d'une collaboration internationale efficace, y compris avec les pays d'origine, de premier asile et de transit » a souligné le Haut Commissaire.

Une proportion croissante des arrivées par la mer est due au conflit meurtrier qui se poursuit sans relâche en Syrie ainsi qu'à la détérioration des conditions de vie des réfugiés syriens dans les pays voisins. Il est crucial de continuer à soutenir les réfugiés et les pays les plus touchés par les déplacements forcés.

Pour de plus amples informations sur le sujet, prière de contacter :

  • Paris, Fadma Moumtaz +33 1 44 43 48 57
  • Londres, Laura Padoan +44 207 759 8092
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Un adolescent en exil

Comme tous les pères avec leurs fils, Fewaz et Malak ont parfois du mal à coexister. Une nouvelle coupe de cheveux et une cigarette en cachette peuvent déjà créer des tensions dans le petit appartement qui est leur chez-soi. Malgré cela, un lien puissant les unit : ces réfugiés syriens ont été bloqués pendant près d'un an dans un quartier pauvre d'Athènes.

Ils avaient auparavant fui leur maison avec le reste de la famille durant l'été 2012, après que la guerre ait commencé à tourmenter leur paisible vie. Depuis la Turquie, ils avaient tenté plusieurs fois la traversée périlleuse pour entrer en Grèce.

Malak, treize ans, a été le premier à passer la frontière marquée par le fleuve Evros. Mais Fewaz, sa femme et leurs deux autres enfants n'ont pas eu cette chance en mer. Ils avaient remis toutes leurs économies d'une vie pour tenter la traversée périlleuse de la Méditerranée. Ils ont été refoulés par les gardes-côtes grecs.

Lors de leur sixième tentative, le reste de la famille a traversé la frontière et le fleuve Evros. Sa femme et ses deux enfants ont rejoint l'Allemagne, mais Fewaz est parti vers Athènes pour retrouver Malak.

«Quand j'ai enfin vu mon père à Athènes, les mots ne suffisent pas pour décrire ma joie », dit Malak. Cependant, l'adolescent était hanté par le fait de perdre à nouveau son père. « Je crains que mon père soit arrêté, que ferais-je sans lui ? »

Jusqu'au regroupement de la famille, Malak et son père restent ensemble et se serrent les coudes. Le garçon apprend à se débrouiller en grec. Et Fewaz commence à s'habituer à la coupe de cheveux de son fils.

Un adolescent en exil

Sauvetage en mer

L'été, avec son beau temps et une mer plus calme, est souvent le théâtre d'une hausse du nombre de personnes risquant leur vie pour traverser la Méditerranée et demander l'asile en Europe. Cette année, les chiffres ont toutefois augmenté dans une proportion stupéfiante. En juin, les opérations de recherche et de sauvetage Mare Nostrum ont permis de retrouver des passagers désespérés au nombre de plus de 750 par jour.

A la fin juin, le photographe du HCR Alfredo D'Amato est monté à bord du San Giorgio, un bâtiment prenant part au volet italien de l'opération navale, afin de recueillir des informations sur le processus de sauvetage - y compris depuis la première observation de bateaux à partir d'un hélicoptère militaire, le transfert des passagers vers de petits bateaux de sauvetage puis le vaisseau de la marine et, enfin, leur retour sur la terre ferme dans les Pouilles, en Italie.

Le 28 juin en l'espace de six heures seulement, l'équipage a porté secours à 1 171 personnes qui se trouvaient à bord de quatre embarcations surchargées. Plus de la moitié sont originaires de la Syrie déchirée par la guerre, avec, pour la plupart, des familles et de grands groupes. D'autres arrivent depuis l'Erythrée, le Soudan, le Pakistan, le Bangladesh, la Somalie et au-delà. Les photos de A. D'Amato et les interviews qui les accompagnent mettent en lumière la vie de ces personnes dont la situation, dans leur pays, était devenue précaire au point de mettre leur vie en péril.

Sauvetage en mer

L'histoire de Jihan

Comme des millions d'autres, Jihan, 34 ans, était prête à tout pour échapper à la guerre sévissant en Syrie et pour mettre sa famille en sécurité. Contrairement à la plupart, Jihan est aveugle.

Il y a neuf mois, elle a fui Damas avec Ashraf, son mari âgé de 35 ans, qui est également en train de perdre la vue. Avec leurs deux fils, ils se sont rendus en Turquie par la mer Méditerranée, à bord d'un bateau avec 40 autres personnes. Ils espéraient que le voyage ne durerait huit heures. Ils n'avaient aucune garantie d'arriver sains et saufs.

Après une périlleuse traversée qui aura duré 45 heures, la famille est enfin arrivée à Milos, une île grecque de la mer Egée, à des kilomètres de la destination qui était prévue. Sans aucun soutien ni aucune assistance, ils ont dû se débrouiller pour se rendre à Athènes.

La police les a détenus pendant quatre jours à leur arrivée. On leur a demandé de rester hors d'Athènes, ainsi que trois autres villes grecques, en les laissant à l'abandon.

Démunis et épuisés, la famille a été contrainte de se séparer. Ashraf est parti vers le nord en quête d'asile et Jihan s'est rendue à Lavrion avec ses deux enfants, une installation informelle à une heure de route de la capitale grecque.

Aujourd'hui, Jihan est impatiente de retrouver son mari qui, entre temps, a obtenu le statut de réfugié au Danemark. La chambre qu'elle partage avec ses deux fils, Ahmed, 5 ans, et Mohammad, 7 ans, est minuscule, et elle s'inquiète pour leur éducation. Sans greffe de la cornée, une chirurgie très complexe dont elle a besoin d'urgence, son oeil gauche se fermera à jamais.

« Nous sommes venus ici en quête d'une vie meilleure et pour trouver des personnes qui seraient plus à même de comprendre notre situation », explique-t-elle d'un air triste. « Je suis tellement en colère quand je vois qu'ils ne comprennent pas. »

L'histoire de Jihan