« Ma crainte est de ne pas réussir à aider les personnes qui en ont besoin »

Articles d'actualité, 19 août 2010

© HCR/R.A. Knight
Une employée du HCR s'entretient avec une femme déplacée par les combats au Yémen.

BAGDAD, Iraq, 19 août (HCR) Pour Wafa, une employée iraquienne du HCR, le seul fait de travailler et de rentrer chez elle à la fin de la journée représente une menace pour sa vie. Elias Shalhoub, psychologue et chargé de protection au Liban, explique que son défi quotidien est de discuter des besoins des réfugiés sans savoir s'il pourra réellement les aider. Martha Kow-Donkor, employée du HCR sur le terrain au Yémen, passe courageusement des points de passage tribaux et traverse parfois des terrains jonchés de mines antipersonnel pour aider à fournir une aide aux personnes déplacées internes dans ce pays. Sa principale préoccupation est de ne pas parvenir à fournir une aide en temps requis.

Ces trois personnes font leur possible pour contrebalancer les difficultés, les dangers et les frustrations dans leur travail au sein de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, avec l'objectif d'aider certaines des personnes parmi les plus nécessiteuses au monde. A l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire, elles ont fait part de leur expérience personnelle.

Hassan, âgé de 42 ans, est un ressortissant iraquien de Bagdad. Il commence sa journée avant le lever du soleil et se rend sur son lieu de travail en empruntant des itinéraires différents, ce qui rend le trajet en voiture long et difficile. Il cache son badge des Nations Unies et garde le secret sur la nature même de son travail vis-à-vis de ses amis les plus proches et de sa famille.

« Personne ne sait que je travaille pour les Nations Unies car, pour un grand nombre, les Nations Unies, c'est la même chose que les Etats-Unis?. Seuls mon frère et ma femme savent pour qui je travaille », a expliqué Hassan.

Wafa, une employée iraquienne du HCR, a expliqué que le trajet vers son travail se fait dans la tension et qu'il paraît toujours interminable : « Un jour, une voiture piégée a explosé devant moi », a-t-elle expliqué. Des personnes qui empruntent le même itinéraire ont été enlevées et d'autres ont été tuées.

« Quand je marche dans les rues, je regarde toujours autour de moi, c'est devenu une seconde nature », a-t-elle ajouté. Hassan et Wafa ont expliqué qu'ils restent malgré tout motivés pour aider les personnes dans le besoin en dépit des risques constants.

La violence continue qui a suivi l'attentat contre le Canal Hotel à Bagdad en 2003 ayant causé la mort de 22 employés des Nations Unies et ayant blessé plus de 150 personnes a forcé de nombreuses organisations humanitaires, y compris le HCR, à évacuer son personnel et à mettre en œuvre ses programmes depuis la Jordanie ou la région du Kurdistan. Le HCR était présent en Iraq depuis le début des années 80, mais l'organisation comptait principalement sur son personnel local pour la mise en œuvre de ses programmes. Les cadres sont revenus en Iraq en 2008. Les risques encourus par le personnel du HCR en Iraq et la plupart des travailleurs humanitaires internationaux intervenant sur place n'ont cessé de croître ces dernières années, alors que les milices ciblent le personnel humanitaire qu'elles assimilent aux forces conduites par les Etats-Unis.

En Jordanie voisine, Gamal Yacout, chef d'un bureau de terrain et employé depuis longtemps par le HCR, déclare avoir entendu des milliers d'histoires de souffrances, d'horreur, de mort et de torture. La Jordanie héberge environ 33 000 réfugiés, essentiellement des Iraquiens. « Travailler 24h sur 24, particulièrement dans des situations d'urgence, être confronté à des tragédies humaines, prendre des décisions cruciales et difficiles quant à savoir qui est bénéficiaire ou non, font partie de mon lot quotidien », a-t-il déclaré.

Elias Shalhoub, 28 ans, psychologue, travaille en étroite coopération avec des réfugiés et des demandeurs d'asile dans des centres de détention au Liban. Il assure une aide psychologique aux détenus, il enregistre les demandeurs d'asile et les personnes ayant besoin de protection internationale et il les aide à présenter leur candidature à la réinstallation dans des pays tiers.

« J'ai envie de me taper la tête contre les murs quand je vois, derrière les barreaux, des personnes malades ayant besoin de protection, et que nos efforts pour les libérer sont vains », a expliqué Elias Shalhoub qui travaille dans une petite équipe « détention » au sein du HCR. Mais il reconnaît être parfois envahi par la joie lorsqu'il a réussi à faire libérer des détenus et à assurer, en toute sécurité, leur arrivée dans un nouveau pays.

Anas al-Qaed, 25 ans, est un agent des services communautaires au bureau du HCR à Damas. Il se rappelle le cas d'un jeune garçon afghan âgé de 14 ans qui lui a brisé le cœur. Ce garçon avait perdu sa famille et il avait subi des viols à répétition. Il a fallu à Anas al-Qaed quatre mois d'efforts incessants pour gagner la confiance du jeune garçon détruit par ces sévices.

« L'un des aspects les plus difficiles de ce travail est de faire écran aux horreurs quotidiennes auxquelles nous sommes confrontés », a déclaré Anas al-Qaed. « Mais j'aime ce travail, car il me permet d'agir concrètement pour venir en aide à ces personnes. »

« Je crois également à l'importance du mandat du HCR, à la nécessité de protéger et d'assister les réfugiés, car si nous ne le faisons pas, il est possible que personne d'autre ne le fasse », a-t-il ajouté.

Au Yémen, le récent conflit qui fait rage au nord a contraint au déplacement une importante population, et s'est traduit par de lourdes pertes humaines et une destruction massive de logements et d'infrastructures. L'accès humanitaire est limité en raison de la présence de groupes armés, de points de passage tribaux et de mines terrestres. Le pays souffre également d'actes de piraterie et de terrorisme.

Martha Kow-Donkor, administrateur associé sur le terrain au bureau du HCR au Yémen, a bravé tous les risques pour fournir une aide aux déplacés internes du gouvernorat de Sa'ada dont l'accès est particulièrement difficile.

« Ma crainte est de ne pas réussir à aider les personnes qui en ont besoin », a-t-elle dit.

Par Wafa Amr à Beyrouth et Hélène Caux in Bagdad. Des informations complémentaires ont également été transmises par Farah Dakhlallah, Nabil Othman, Sireen Khalifeh

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Traite d'êtres humains dans le Golfe d'Aden

Fin mars, au cours d'une période de six jours, plus de 1 100 Somaliens et Éthiopiens sont arrivés sur le territoire yéménite, après avoir traversé le Golfe d'Aden à bord de bateaux de passeurs depuis Bossasso, en Somalie. Au moins 28 personnes sont mortes lors de ces voyages - d'asphyxie, des coups reçus ou de noyade - et plusieurs ont été gravement blessées par les trafiquants. D'autres souffrent de problèmes dermatologiques en raison d'un contact prolongé avec de l'eau de mer, des excréments, de l'essence ou d'autres produits chimiques.

Au cours d'une récente visite au Yémen, la Haut Commissaire assistante pour la protection, Erika Feller, s'est engagée à mieux faire connaître cette situation, à lancer un appel pour des fonds supplémentaires et pour une action internationale afin de venir en aide au Yémen, et à développer des projets qui amélioreront les conditions de vie et l'autosuffisance des réfugiés au Yémen.

Depuis janvier 2006, le Yémen a reçu près de 30 000 personnes originaires de Somalie, d'Éthiopie et d'autres pays, alors que plus de 500 personnes sont mortes pendant leur traversée. Au moins 300 sont également portées disparues. L'UNHCR aide déjà le Yémen en fournissant de l'assistance, des soins et un logement à plus de 100 000 réfugiés qui se trouvent dans le pays.

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La rentrée scolaire des enfants iraquiens en Syrie

L'UNHCR a pour objectif d'aider 25 000 enfants réfugiés à retourner à l'école en Syrie, en soutenant financièrement leurs familles et en leur fournissant des uniformes et du matériel scolaire. Environ 1,4 million d'Iraquiens sont réfugiés en Syrie ; la plupart ont fui l'extrême violence sectaire déclenchée par le bombardement de la Mosquée d'Or de Samarra en 2006.

Pour de nombreux parents réfugiés iraquiens, l'éducation est une priorité d'une importance équivalente à celle de la sécurité. En Iraq, à cause de la violence et des déplacements forcés, les enfants iraquiens n'allaient pas régulièrement à l'école et nombre d'enfants réfugiés ont manqué une bonne partie de leur scolarité. Bien que l'éducation soit gratuite en Syrie, des frais pour l'achat de fournitures, d'uniformes et les frais de transport ne permettent pas d'accéder à l'éducation. Par ailleurs, de nombreux enfants réfugiés sont contraints de travailler plutôt que de fréquenter l'école, pour subvenir aux besoins de leur famille.

Afin d'encourager les familles iraquiennes défavorisées à inscrire leurs enfants à l'école, l'UNHCR prévoit d'aider financièrement au moins 25 000 enfants en âge d'être scolarisés et de fournir des uniformes, des livres et des fournitures scolaires aux réfugiés iraquiens enregistrés auprès de l'agence. L'UNHCR va également informer les réfugiés sur leur droit d'envoyer leurs enfants à l'école, et soutiendra les programmes d'ONG en faveur des enfants qui travaillent.

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Réfugiés non-iraquiens en Jordanie : La vie dans un camp isolé du désert, sans aucune solution en vue

Suite à la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, des groupes de réfugiés vivant en Iraq depuis de nombreuses années ont tenté de fuir le désordre et l'anarchie. Des centaines de personnes ont fui vers la frontière jordanienne, des Palestiniens depuis Bagdad et des Kurdes iraniens depuis le camp d'Al Tash dans le centre de l'Iraq.

A l'exception de quelques Palestiniens ayant pu rejoindre des proches en Jordanie, les réfugiés se sont vus refuser l'entrée et la libre circulation dans ce pays. Des milliers d'entre eux se sont alors retrouvés bloqués dans le no man's land entre l'Iraq et la Jordanie, ou dans le camp de Ruweished, situé dans le désert à 60 kilomètres à l'intérieur du pays.

Depuis 2003, des Palestiniens, des Kurdes iraniens, des Iraniens, des Soudanais et des Somaliens vivent dans ce désert jordanien. Ils subissent des conditions climatiques extrêmes : la chaleur torride en été et le froid glacial en hiver. L'UNHCR et ses partenaires ont distribué des tentes et des biens de secours. L'agence pour les réfugiés a tenté de trouver des solutions - en participant à la réinstallation de plus de 1 000 personnes dans des pays tiers. Début 2007, 119 personnes - pour la plupart des Palestiniens - étaient encore présentes au camp de Ruweished, sans aucune solution immédiate en vue.

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Le 8 novembre 2013, le typhon Haiyan a balayé le centre des Philippines, dévastant tout sur son passage et tuant des milliers de personnes. Un an après, la reconstruction dure toujours. Sur l'île de Leyte, Bartolome témoigne de la vie de sa famille, pendant plusieurs semaines dans un bateau échoué après la destruction de leur maison.
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Les ateliers de formation à la couture pour les déplacées kachin au Myanmar sont un succès. Ils leur permettent d'acquérir une compétence professionnelle, de construire une camaraderie entre bénéficiaires en créant des liens et des réseaux de soutien et, enfin, de renforcer leur confiance.