Un responsable du HCR rencontre des indigènes déplacés en Colombie

Articles d'actualité, 19 février 2009

© HCR/M.-H.Verney
L. Craig Johnstone, le Haut Commissaire adjoint du HCR, rencontre des enfants afro-colombiens à Tumaco.

BOGOTA, Colombie, 19 février (UNHCR) Le Haut Commissaire adjoint des Nations Unis pour les réfugiés L. Craig Johnstone s'est rendu cette semaine dans le sud-ouest de la Colombie, auprès de plus de 300 indigènes déplacés. Il a condamné les auteurs de ces violences qui ont forcé les populations indigènes à fuir leurs terres collectives au début de ce mois.

L. Craig Johnstone a rencontré le groupe awa durant une visite mardi à El Diviso, un village situé dans la région de Nariño. Il a aussi félicité le Gouvernement colombien pour sa coordination efficace dans la fourniture de logement et de nourriture aux personnes accueillies dans le site.

« La réponse des autorités nationales, qui ont assuré une assistance à ce groupe, a été très efficace et elle devrait être un modèle pour tous les cas de déplacement forcé en Colombie », a-t-il aux représentants de Acción Social, l'organe national responsable de la coordination pour la réponse nationale au déplacement forcé.

Durant sa visite à El Diviso, L. Craig Johnstone a témoigné sa sympathie aux Awas, qui ont fui en quête de sécurité après le meurtre de 17 membres de leur ethnie, un meurtre qui aurait été commis par des groupes armés sur le territoire collectif de Tortugaña-Telembí, situé à environ deux jours de marche.

« Nous vous remercions de venir aujourd'hui nous voir de si loin, nous nous sommes sentis très seuls et nous voulons faire connaître au monde ce qu'il se passe pour nous et nos frères », a expliqué un chef awa au Haut Commissaire adjoint.

La zone de Tortugaña-Telembí est isolée et difficile d'accès. Seulement deux corps ont été retrouvés à ce jour. Le HCR a demandé une enquête approfondie sur les meurtres. Depuis, quelque 500 Awas ont fui Tortugaña-Telembí, une majorité d'entre eux se trouvent à El Diviso et le reste dans deux autres villages.

Comme d'autres groupes indigènes en Colombie, les Awas ont lutté pendant des années pour rester en marge du conflit et éviter le déplacement forcé, qui les arrache de leurs terres ancestrales et menace leur survie en tant que communauté.

Les Awas sont le deuxième groupe indigène à Nariño, une partie de la Colombie qui subit les pires violences et qui connaît un taux élevé de déplacement forcé. Les Afro-Colombiens de Nariño ont, eux aussi, profondément souffert et L. Craig Johnstone s'est rendu dans l'une de leurs communautés à Tumaco, une ville portuaire, où le HCR et les autorités locales travaillent conjointement pour fournir des services essentiels aux personnes déplacées.

L. Craig Johnstone a par ailleurs rencontré des représentants du gouvernement durant sa visite de trois jours, y compris le Vice-président Francisco Santos et le Ministre des affaires étrangères Jaime Bermudez. Durant ces réunions, L. Craig Johnstone a remercié le gouvernement pour ses efforts visant à répondre à la crise humanitaire et il a promis un soutien continu de la part du HCR.

Il a souligné le besoin de concentrer les efforts sur la prévention et de résoudre les causes profondes du déplacement forcé. « Il est plus efficace de répondre au problème de base plutôt que d'en traiter seulement les symptômes », a indiqué le Haut Commissaire adjoint.

Il a aussi appelé la communauté internationale à porter une attention et un soutien accrus à la situation en Colombie. Quelque trois millions de personnes sont déplacées à l'intérieur de la Colombie, un pays en proie depuis des décennies à un conflit impliquant des groupes armés irréguliers et les forces gouvernementales. Mercredi, L. Craig Johnstone a quitté Bogota pour l'Equateur, où il passera deux jours avant de rejoindre le Panama, la dernière étape de sa mission dans la région.

Par Marie-Hélène Verney à Bogota, Colombie

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Colombie : Vivre dans les «barrios»

Après plus de quarante ans de guerre civile, la Colombie recense l'une des plus grandes populations de personnes déplacées au monde. Plus de deux millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons ; beaucoup d'entre elles ont quitté des régions rurales éloignées pour aller chercher une sécurité relative dans les villes.

Les familles de personnes déplacées échouent la plupart du temps dans des taudis à la périphérie des grandes villes, où elles vivent dans un grand dénuement. Juste à la sortie de Bogota, des dizaines de milliers de personnes déplacées vivent dans les bidonvilles de Los Altos de Cazuca et de Los Altos de Florida. Les déplacé internes n'ont pratiquement pas accès aux services de santé, d'éducation ou de logement décent. La sécurité est également un problème, des gangs et des groupes armés contrôlant les bidonvilles et prenant souvent pour cible les jeunes.

L'UNHCR travaille en collaboration avec les autorités dans une dizaine de communes à travers la Colombie afin de s'assurer que les droits des personnes déplacées soient respectés, y compris leur accès aux services de base : la santé, l'éducation et la sécurité.

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Les populations indigènes en Colombie

Forcés de fuir la violence sévissant sur leurs territoires, les peuples indigènes en Colombie luttent pour éviter une rupture de leurs liens communautaires et culturels. On compte environ un million de personnes indigènes en Colombie. Elles appartiennent à 80 groupes différents et composent l'un des héritages autochtones les plus riches et les plus variés au monde. Mais le conflit armé interne frappe particulièrement sévèrement ces populations indigènes.

Comme de nombreux Colombiens, les peuples indigènes n'ont souvent pas d'autre choix que celui de fuir leurs terres pour échapper à la violence. Le déplacement forcé est tout spécialement tragique pour eux car ils sont attachés à leurs terres ancestrales par des liens très forts. Souvent leur survie économique, sociale et culturelle dépend de la préservation de ces liens. Selon l'Association nationale indigène colombienne (ONIC), quelque 18 groupes ethniques minoritaires se trouvent en danger réel d'extinction. L'UNHCR travaille avec eux pour les aider dans leur lutte à rester sur leurs terres ou pour reconstruire leur vie quand ils ont été forcés à fuir.

L'UNHCR aide aussi des réfugiés indigènes accueillis dans des pays voisins comme le Panama, l'Equateur, le Vénézuela et le Brésil. L'UNHCR développe une stratégie régionale pour mieux répondre aux besoins spécifiques des populations indigènes durant l'exil.

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Réfugiés invisibles au Panama

La guerre civile en Colombie a forcé des millions de personnes à fuir de chez elles, dont des centaines de milliers qui ont cherché refuge dans d'autres pays de la région.

Au Panama, le long de la frontière avec la Colombie, la région de Darien est recouverte d'une épaisse jungle inhospitalière et accessible uniquement par bateau. Néanmoins, de nombreux Colombiens sont venus jusque-là pour trouver refuge, après avoir fui les groupes armés irréguliers qui contrôlent de vastes territoires de jungle de l'autre côté de la frontière.

De nombreuses familles réfugiées au Darien font partie de minorités éthniques de Colombie - indigènes ou afro-colombiennes - qui ont été particulièrement affectées par le conflit et déplacées en grand nombre. Ces dernières années, un nombre croissant de réfugiés colombiens ont également rejoint la capitale, Panama City.

Environ 12 500 Colombiens relevant du mandat de l'UNHCR se trouvent au Panama, mais beaucoup préfèrent ne pas se faire connaître des autorités et rester cachés. Venir en aide à cette population « invisible » est l'un des plus grands défis que rencontre l'UNHCR non seulement au Panama, mais aussi en Equateur et au Vénézuela.

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La violence sévissant dans plusieurs régions de la Colombie menace l'existence des populations indigènes dans le pays. Voici le témoignage de l'un de ces groupes, les indigènes Tulé.