Dadaab : Aider les réfugiés sans risquer des vies humaines

Articles d'actualité, 28 novembre 2011

© HCR/S.Aguilar
Ibrahim et sa famille à Dadaab.

DADAAB, Kenya, 28 novembre (HCR) Ibrahim tient à la main une radio de sa jambe cassée, prise à son arrivée au complexe des camps de réfugiés de Dadaab au nord-est du Kenya. Cinq mois plus tard, il ne peut toujours pas marcher.

« Je suis tombé d'une voiture lors du voyage vers le Kenya depuis la région de Bay [dans le sud de la Somalie] », a-t-il expliqué, assis sur la terre rouge devant l'entrée de sa tente blanche. « A mon arrivée à Dadaab, je suis allé à l'hôpital. Mais je me suis enfui car j'avais peur que les médecins ne m'amputent la jambe. »

Le fonctionnaire du HCR sur le terrain Henok Ochalla l'a réprimandé car il n'utilise pas de béquilles. Il a appelé une ambulance pour faire transporter ce père de six enfants vers l'hôpital de camp le plus proche. « Si seulement nous avions une présence étendue dans les camps, nous pourrions évaluer la situation des familles et orienter des malades comme Ibrahim chez le médecin ou à l'hôpital », a indiqué Henok Ochalla.

Avec ses collègues, ils sont allés de tente en tente au camp d'Ifo 2 à Dadaab, pour rendre visite aux familles et noter les problèmes des personnes affectées par les inondations récentes. C'était la première fois depuis des semaines que des membres du personnel du HCR pouvaient parcourir à pied plus ou moins librement le camp d'Ifo 2.

La dégradation de la sécurité y compris la récente découverte de deux bombes artisanales et l'enlèvement de trois travailleurs humanitaires avait forcé les agences humanitaires à ralentir leur travail à Dadaab. L'aide essentielle à la survie comme les distributions de vivres, l'acheminement de l'eau potable et l'aide médicale urgente continuent, mais les services moins urgents ont été temporairement suspendus.

« Il est difficile pour les agences humanitaires de trouver un équilibre entre l'aide humanitaire vitale et définir un seuil de risque acceptable pour notre personnel sur le terrain », a indiqué Dominik Bartsch, chef des opérations du HCR à Dadaab. « Malgré de récents incidents de sécurité, nous avons travaillé intensivement pour maintenir les activités humanitaires indispensables à la survie, tout spécialement pour les réfugiés les plus vulnérables. »

La présence accrue de policiers à Ifo 2 a permis aux agences d'aide humanitaire de reprendre peu à peu leurs activités dans le camp. La semaine dernière, un nouveau puits a été creusé, un système de drainage a été construit en prévision des inondations, et un hôpital temporaire de 10 tentes a été établi. Par ailleurs, la campagne de vaccination contre la rougeole continue.

Cependant, l'effet combiné des inondations et de plusieurs semaines de services réduits se fait ressentir. Une épidémie de diarrhée aiguë, y compris des cas de choléra, affecte déjà plus de 360 réfugiés à travers le camp. Des symptômes de malnutrition deviennent plus visibles chez les enfants, avec au moins 300 réfugiés se rendant chaque jour dans les dispensaires.

Alors que le HCR et ses partenaires s'efforcent de répondre dans un espace opérationnel qui se rétrécit, les réfugiés relèvent eux-mêmes les défis quotidiens. Des professionnels de la santé, des enseignants et des équipes communautaires pour la paix et la sécurité ont assuré la continuité des services durant cette période incertaine.

Walter, un réfugié ougandais, a aidé à monter une nouvelle école sous des tentes à Ifo 2, qui accueille 1000 élèves dans 11 classes. Il est arrivé à Dadaab alors qu'il avait 15 ans, il a suivi une éducation secondaire et il a reçu un diplôme d'enseignant. En regardant l'école qu'il aide à fonctionner, il a indiqué, « Nous travaillons chaque jour car il est essentiel que les enfants passent leurs examens. Après le traumatisme de l'exil depuis la Somalie, nous leur devons cet effort. »

Dominik Bartsch du HCR a affirmé, « Les réfugiés contribuent à leurs communautés et s'efforcent que l'environnement soit sûr dans les camps et pour les agences d'aide humanitaire. Nous soutenons pleinement le travail précieux qu'ils effectuent jour après jour. »

Avec la situation de sécurité fragile dans et autour de Dadaab, ce partenariat entre les réfugiés et les agences d'aide humanitaire s'avère crucial pour préserver une certaine normalité dans les camps. Dadaab est le plus important complexe de camps de réfugiés au monde. Quelque 460 000 réfugiés y sont accueillis, dont plus de 150 000 sont arrivés cette année après avoir fui la sécheresse et le conflit en Somalie.

Parallèlement, Ibrahim n'est toujours pas convaincu de se rendre chez le médecin comme cela lui a été conseillé. Peut-être ne retrouvera-t-il plus jamais l'usage de sa jambe après ces longs mois d'inaction ou peut-être pourra-t-il enfin marcher avec des béquilles.

Pour le moment, il est assis à l'entrée de sa tente blanche au milieu du désert rouge, souriant à un travailleur du HCR qui vient de lui promettre un nouveau matelas la semaine prochaine si aucun autre événement n'empêche celui-ci de tenir son engagement?.

Par Sonia Aguilar à Dadaab, Kenya

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Santé publique

La santé des réfugiés et des autres personnes déracinées de force est un élément essentiel de la protection et une priorité pour le HCR.

Le rythme d'arrivée des réfugiés somaliens au Kenya est alarmant

Les trois camps de Dadaab, dont la capacité d'accueil était initialement prévue pour 90 000 personnes, comptent désormais une population d'environ 250 000 civils somaliens, ce qui fait de ce complexe accueillant des réfugiés l'un des plus grands et des plus surpeuplés au monde. Le HCR craint l'arrivée de dizaines de milliers d'autres réfugiés en 2009 dans cette région isolée située au nord-est du Kenya, alors que la situation continue à se détériorer dans leur pays en proie à des troubles.

Les ressources, comme l'eau et la nourriture, se réduisent dangereusement dans les camps surpeuplés, avec parfois 400 familles se partageant l'usage d'un robinet d'eau. Il n'y a plus de place pour monter de nouvelles tentes, et les nouveaux arrivants doivent partager des abris déjà surpeuplés avec d'autres réfugiés.

Début 2009, le Gouvernement kényan a donné son accord pour allouer des terres supplémentaires à Dadaab, ce qui permettra d'héberger quelque 50 000 réfugiés. Les photos ci-après montrent les conditions de vie dans le camp de Dadaab en décembre 2008.

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Kenya : largages aériens pour les camps de réfugiés affectés par les inondations

Ce week-end, l'UNHCR a commencé, avec l'aide de l'armée américaine, le largage aérien d'urgence d'environ 200 tonnes de biens de secours destinés aux milliers de réfugiés affectés par de graves inondations dans les camps de réfugiés de Dadaab au nord du Kenya.

Ces largages aériens offrent un spectacle impressionnant. Un avion cargo C-130 a largué, à chaque rotation, 16 tonnes de bâches en plastique, de moustiquaires, de tentes et de couvertures, au-dessus d'un site préalablement évacué de toute présence humaine et animale. Des réfugiés ont ensuite chargé le matériel dans des camions pour l'acheminer vers les camps.

Dadaab, un complexe de trois camps accueillant quelque 160 000 réfugiés, principalement originaires de Somalie, a été coupé du monde par un mois de fortes pluies qui ont emporté la seule route permettant de relier les camps isolés depuis la capitale kenyane, Nairobi. Le transport aérien s'est avéré la seule solution pour faire parvenir les secours vers les camps.

L'UNHCR a transféré 7 000 réfugiés parmi les plus touchés depuis Ifo vers le camp d'Hagadera, à quelque 20 kilomètres plus loin. 7 000 autres réfugiés ont été transférés vers un nouveau site, appelé Ifo 2, situé plus en altitude.

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Inondations dans les camps de réfugiés au Kenya

Des inondations dans le nord-est du Kenya à la mi-novembre ont causé des dégâts dans les trois camps de réfugiés du complexe de Dadaab. Plus de 100 000 réfugiés sur les 160 000 qui y sont accueillis ont été affectés par ces inondations, en particulier au camp d'Ifo. Les réfugiés ont perdu leurs abris et les latrines ont été inondées et détruites. La route d'accès principale reliant Dadaab au reste du Kenya a été coupée par les inondations dues aux fortes pluies, empêchant tout approvisionnement d'aide par voie terrestre.

L'UNHCR a commencé à transférer les réfugiés - souvent avec des charrettes, tirées par des ânes - vers un lieu plus en sécurité, le camp de Hagadera, situé à 20 kilomètres et à une altitude plus élevée. La mise en place d'un pont aérien a permis d'apporter du carburant pour les générateurs, des kits médicaux d'urgence, des bâches en plastique et des pelles pour remplir des sacs de sable afin de consolider les digues anti-inondations. Des biens de premier secours ainsi que de la nourriture ont été distribués aux réfugiés démunis.

L'ampleur de ces inondations rappelle celle des inondations massives ayant suivi les pluies record d'El Nino en 1997, qui avaient submergé toutes les basses terres de l'est du Kenya.

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