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Accès à l'éducation en situation d'urgence : cas d'école pour les jeunes Togolais au Bénin
Articles d'actualité, 26 juillet 2005
LOKOSSA, Bénin, 26 juillet (UNHCR) – Il était 11h00, un silence studieux avait envahi la cour du collège de Lokossa, chef-lieu départemental, situé à environ 100 km de Cotonou. L'heure était à la concentration pour les 1 850 élèves de la classe de troisième pour l'épreuve de biologie. Parmi eux, se trouvaient une soixantaine de réfugiés togolais en provenance du camp d'Agamé, où ils étaient arrivés près de deux mois auparavant. Trois jours durant, ils ont composé aux côtés de leurs camarades béninois pour l'obtention du BEPC, le Brevet d'Etudes de Premier Cycle.
Pour l'UNHCR et ses partenaires, assurer l'accès à l'éducation a constitué une priorité, dès l'arrivée des premiers réfugiés togolais au Bénin en avril dernier. La promptitude de la coopération du gouvernement béninois, de diverses agences et de professeurs réfugiés en a fait un cas d'école pour l'accès à l'éducation dans les situations d'urgence.
Parmi les 24 427 réfugiés togolais qui ont trouvé refuge au Bénin, depuis le 26 avril dernier, 40 % d'entre eux sont des jeunes et des enfants, scolarisés ou en âge de l'être. Pour l'UNHCR et ses partenaires, le premier objectif a consisté à sauver leur année scolaire. Grâce à la prompte intervention du gouvernement béninois, plus de 2 100 enfants réfugiés togolais poursuivent aujourd'hui leur scolarité dans les camps et un quart d'entre eux participeront à la deuxième session d'examen organisée au Bénin (CAP, BEPC, CEP et BAC), une opportunité accueillie avec soulagement par les élèves réfugiés et leurs parents.
Ce programme n'aurait pu se réaliser sans la bonne volonté de quelques enseignants togolais réfugiés dans les camps. « Nous avons commencé les activités pédagogiques la seconde semaine du mois de mai », explique le directeur du complexe scolaire du camp d'Agamé. « Compte tenu des contraintes de temps, nous avons axé nos activités sur les anciens sujets d'examens. C'est une chance qu'à quelques détails près, les programmes soient pratiquement identiques. Nous avons eu des séances de travail avec la direction de l'Enseignement primaire et secondaire, à l'issue desquelles nous avons relevé les écarts et les similitudes au niveau des programmes. »
Ce programme d'enseignement a aussi bénéficié du soutien des conseillers pédagogiques, mis à disposition par le ministère béninois de l'Education nationale. Les cours se déroulent dans des salles de classe de fortune du camp d'Agamé, tandis que des animateurs s'occupent des plus jeunes, inscrits à la maternelle.
La vie en exil a d'ailleurs produit un effet inattendu pour d'autres, comme ces jeunes déscolarisés, qui vivaient dans la rue, et aujourd'hui de retour sur les bancs de l'école.
Au-delà de l'aspect éducatif, l'école rythme les journées et réinstalle une routine, ce qui devrait aider ces jeunes à mieux surmonter les traumatismes liés à la fuite. Le jeu, le sport permettent aussi de prendre de la distance par rapport aux événements qu'ils ont vécu. Dans ce contexte, l'UNHCR, en coopération avec l'UNICEF, envisage également d'introduire une éducation pour la paix. Des activités socio-éducatives ont été mises en place et l'implication des réfugiés encouragée dans toutes les activités du camp comme les distributions alimentaires, l'aide médicale, l'enseignement, etc.
Cependant, des difficultés subsistent, comme l'explique un responsable de l'UNICEF. « Les élèves n'ont pas le même niveau. Ils viennent d'établissements différents et de régions diverses. Le manque d'enseignants, particulièrement pour certaines matières comme l'allemand complique la tâche. »
S'ajoutent d'autres problèmes comme le manque de salles de classe, de matériel pédagogique et de qualification des enseignants. Pour tenter de pallier ces insuffisances, des cours de vacances ainsi que le recyclage des enseignants sont envisagés.
Malgré cette grande mobilisation et la mise en place effective des activités éducatives dans les camps, l'accès à l'éducation, droit fondamental du réfugié, n'a pu être garanti pour tous. Les étudiants au niveau universitaire n'ont pas pu intégrer le système éducatif béninois, l'année académique étant trop avancée
12h30, la sonnerie mettant un terme à l'épreuve de biologie a retenti dans la cour du collège. En attendant l'épreuve de mathématiques prévue pour l'après-midi, les commentaires sur les sujets sont allés bon train et les avis étaient partagés. Pour Alice, jeune réfugiée togolaise, l'épreuve était abordable. A ses côtés, un autre réfugié affirmait le contraire. « C'était compliqué parce qu'on n'a pas tout vu en classe. Mais on s'est débrouillé », a-t-il conclu, tout de même confiant.
Pendant ce temps, au Ghana voisin, se trouvent 15 500 autres réfugiés togolais accueillis par des proches. L'UNHCR soutient plus de 400 réfugiés togolais qui sont eux aussi rescolarisés dans des écoles de fortune, grâce à des professeurs réfugiés, dans les villes de Obuasi, Kute, Pampayuie et Peny dans la région Volta. D'abord initiative locale, ces écoles vont recevoir grâce à l'UNHCR des cahiers, des stylos, des crayons et des tableaux.
Par Julie Leduc, UNHCR Bénin