Le HCR contre la xénophobie en Afrique du Sud

Articles d'actualité, 30 avril 2009

© HCR/P.Rulashe
Le HCR et des organisations pour les droits de l'homme mènent des programmes d'approche communautaire pour lutter contre la xénophobie en Afrique du Sud.

JOHANNESBURG, Afrique du Sud, 30 avril (HCR) Préoccupé par une vague de violence xénophobe ayant déplacé des dizaines de milliers de personnes en Afrique du Sud l'année dernière, le HCR soutient des initiatives pour combattre ce fléau.

Des tensions survenues entre des Sud-Africains et des étrangers principalement des Africains, y compris des réfugiés et des demandeurs d'asile couvaient déjà dans des zones abritant des populations urbaines démunies avant l'éruption de la violence en mai l'année dernière, faisant fuir quelque 45 000 personnes de leurs maisons et causant la mort de 62 autres, selon des sources gouvernementales.

Depuis lors, la situation s'est nettement calmée. Toutefois des craintes subsistent sur une éventuelle reprise des violences à cause de la crise économique qui se poursuit. Le gouvernement et des organisations humanitaires indépendantes, comme la Nelson Mandela Foundation (NMF), font leur possible pour alléger les tensions, pour éliminer la xénophobie et pour faire avancer le pays.

La NMF promeut les principes de son fondateur dont elle porte le nom. Nelson Mandela a été le premier président noir sud-africain et il s'est fait l'apôtre de la réconciliation et de la non-violence. Agé de 90 ans, il s'est retiré de la vie politique, mais sa fondation continue de promouvoir et de faciliter le dialogue.

Son action phare, cette année, porte sur la lutte contre la xénophobie et l'organisation a lancé une stratégie de deux ans pour aider à promouvoir une co-existence pacifique entre les Sud-Africains et les étrangers, ainsi que pour étudier les causes profondes de la violence survenue l'année dernière.

La NMF a invité le HCR qui s'oppose de longue date au comportement xénophobe en Afrique du Sud à se joindre à son comité directeur et à l'aider dans la mise en œuvre de son projet.

Le HCR fournira aussi un soutien financier et technique. La fondation a par ailleurs consulté des institutions gouvernementales et d'autres organisations pour les droits de l'homme.

Achmat Dangor, directeur exécutif de la fondation, a donné le ton de la campagne anti-xénophobie, lors d'une déclaration dans une récente réunion de la NMF avec des partenaires sur ce problème. « Des personnes de la stature de Nelson Mandela n'ont pas changé le monde toutes seules. La vie entière de Nelson Mandela est basée sur le dialogue, l'art d'écouter les autres et d'obtenir que les gens s'écoutent et se parlent entre eux. »

L'Afrique du Sud a été trop lente dans le passé à utiliser le dialogue afin de s'attaquer à la xénophobie, mais la NMF espère aider à redresser la situation en facilitant et en encourageant des conversations positives entre toutes les parties concernées.

Dans le cadre de son programme de deux ans, la NMF fera la promotion de la cohésion sociale en organisant des réunions dans un lieu sûr, où des personnes vivant dans des communautés de nationalités mixtes peuvent se réunir et discuter des défis auxquels elles sont confrontées dans leur recherche de solutions durables.

La NMF facilitera une trentaine de ces dialogues dans cinq provinces, visant des zones parmi les plus affectées par la xénophobie, comme le township d'Alexandra à Johannesburg et le township Landa au Cap.

« Toute initiative de cette nature est bienvenue », a indiqué Sanda Kimbimbi, le délégué régional du HCR. « Nous remplirons notre rôle pour assurer que la NMF et d'autres institutions crédibles atteignent leur but collectif consistant à combattre les tendances xénophobes. »

Par Pumla Rulashe à Johannesburg, Afrique du Sud

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Afrique du Sud: En marche vers la coexistence

L'Afrique du Sud est l'un des rares pays d'Afrique où les réfugiés et les demandeurs d'asile enregistrés bénéficient légalement d'une liberté de mouvement ainsi que de l'accès aux services sociaux et aux emplois au même titre que les citoyens.

Mais si ces droits sont garantis par la loi, ils sont parfois ignorés dans la pratique. Les réfugiés et les demandeurs d'asile se voient souvent rejetés par les employeurs ou mis en compétition avec les citoyens les plus pauvres pour obtenir les pires emplois - en particulier ces dernières années, quand des millions de personnes ont fui les difficultés politiques et économiques survenant dans des pays comme le Zimbabwe. La récession économique mondiale n'a pas aidé.

Durant cette dernière décennie, quand la situation est devenue plus difficile, les réfugiés des villes sont parfois devenus la cible de frustrations de la population locale. En mai 2008, des violences xénophobes ont éclaté à Johannesburg et se sont rapidement propagées à d'autres parties du pays, causant la mort de plus de 60 personnes et le déplacement d'environ 100 000 autres.

A Atteridgeville, une ville située en bordure de la capitale Pretoria - et théâtre de l'une des pires situations de violence - des commerçants sud-africains et somaliens, aidés par le HCR, ont négocié un accord détaillé pour régler le contentieux commercial initial ayant conduit à l'embrasement des magasins tenus par des Somaliens. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés soutient également l'action de la Fondation Nelson Mandela visant à lutter contre la xénophobie.

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Invisibles en Afrique du Sud

En mars 2011, le HCR a lancé un projet avec l'organisation non gouvernementale sud-africaine, Lawyers for Human Rights (LHR- Avocats pour les droits de l'homme), pour traiter de la question de l'apatridie. Les objectifs spécifiques du projet étaient de fournir directement des services juridiques aux apatrides et aux personnes risquant de le devenir, d'aborder avec le gouvernement la nécessité de réformer la loi pour prévenir et réduire les cas d'apatridie, de sensibiliser à la question des apatrides et de leurs droits et de plaider pour la ratification des conventions des Nations Unies de 1954 et de 1961 relatives à l'apatridie.

LHR avait conçu ce projet un an plus tôt après avoir observé qu'un grand nombre de demandeurs d'asile nés Zimbabwéens leur faisaient part de leurs difficultés pour trouver du travail, étudier ou créer une entreprise - activités autorisées selon le droit sud-africain. Ils expliquèrent à LHR que lorsqu'ils ont demandé un passeport zimbabwéen, nécessaire pour accéder à ces droits, les fonctionnaires du Consulat les ont informés qu'ils n'étaient plus reconnus comme citoyens zimbabwéens. Ceci en réalité les rendait apatrides.

Depuis le commencement du projet, LHR a rencontré plus de 2 000 personnes apatrides ou risquant de le devenir. Ces personnes sont originaires de plus de 20 pays différents. L'ONG a identifié plusieurs catégories de personnes rencontrant des difficultés en Afrique du Sud, que ce soit des migrants ou des personnes nées dans le pays.

La série de photos qui suit présente certaines des personnes qui ont été, ou sont, aidées par le projet. Les portraits ont été réalisés par le photographe Daniel Boshoff. Certaines personnes ont demandé que leur nom soit modifié.

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