Il a tout perdu, mais il vit désormais dans la paix

Articles d'actualité, 8 avril 2014

© HCR/F.Noy
Les réfugiés ayant fui le Soudan du Sud vivent désormais en sécurité au centre de réception de Dzaipie en Ouganda.

CAMP DE REFUGIES DE RHINO, Ouganda, 8 avril (HCR) Encore récemment, Magai Bakam était un homme d'affaires prospère au Soudan du Sud. Il avait son propre magasin et il était également propriétaire d'un cheptel de 300 têtes. Aujourd'hui, il est réfugié au nord de l'Ouganda, où même son téléphone ne fonctionne plus.

Mais il ne regrette rien. Il est plutôt reconnaissant d'avoir trouvé refuge ici à Arua, au nord de l'Ouganda, après avoir fui la guerre tout comme plus d'un million de ses compatriotes. Il peut enfin dormir tranquille la nuit.

Magai Bakam était déjà déplacé interne depuis environ cinq mois avant l'éruption de la violence généralisée dans son pays en décembre dernier. Magai, âgé de 38 ans, a expliqué que des soldats avaient attaqué en juillet 2013 son village près de la ville frontalière de Heglig au Sud-Kordofan, une ville riche en ressources pétrolières.

Durant les affrontements, a-t-il expliqué, son père et son oncle ont été tués par des tirs aveugles. Alors, il s'est enfui dans la brousse avec sa femme et leurs quatre enfants. Ses deux aînés ont été enlevés et, à ce jour, il n'a toujours aucune nouvelle d'eux. Son magasin a été brûlé et son bétail a été volé. Il a tout perdu, même ses chaussures.

« Nous avons emprunté la route principale. Nous avons marché en direction de Juba, la capitale du Soudan du Sud », a expliqué Magai. « Nous avons marché pendant deux jours et puis nous avons trouvé un moyen de transport. Mais, à Juba, il n'y avait pas de travail, aucun emploi, pas de bétail... »

Pendant 22 jours, la petite famille a vécu à Juba dans la crainte et aussi hantée par le massacre survenu dans son village. A Juba, Magai a rencontré un homme de la même tribu que lui, les Nuer. Celui-ci a sauvé la famille de la famine en partageant avec elle un peu de farine. Un autre étranger originaire de l'Etat de l'Equateur au Soudan du Sud leur a donné une maison pendant quelques temps.

Mais ils avaient peur de rester à Juba sans argent. Finalement, quelqu'un d'autre leur a donné suffisamment d'argent pour rejoindre la frontière avec l'Ouganda.

« Nous avons pris un bus avec des personnes appartenant à différentes tribus et nous nous sommes tous dirigés vers la frontière », a expliqué Magai. « De Juba à Yei, puis de Yei à Kaya... et, de là, nous avons rejoint Oraba », un point de passage frontière vers le district de Kokobo en Ouganda.

A Koboko, un Dinka les a conduits au camp de Rhino, qui est géré par les autorités ougandaises et le HCR. Il a rapidement reçu un carré de terrain pour sa famille. Ils peuvent cultiver un petit jardin et retrouver un tant soit peu d'indépendance.

« Je ne veux pas retourner au Soudan du Sud. Je veux rester ici », explique Magai aujourd'hui, tranquillement assis sur une natte sous un grand arbre feuillu. Près de lui se trouvent d'autres réfugiés de différentes ethnies Nuer, Dinka, Murle et Anuak. Tous ont trouvé refuge ici après avoir fui la guerre au Soudan du Sud. Comme Magai l'avait déjà vu dans le bus vers l'Ouganda, les appartenances ethniques qui semblaient avoir tant d'importance au Soudan du Sud ne se font plus du tout ressentir en exil.

Depuis l'arrivée de Magai l'été dernier, la violence qui a éclaté au Soudan du Sud à la mi-décembre 2013 a poussé environ 93 000 réfugiés à fuir vers l'Ouganda. Au total, le HCR et le gouvernement ougandais assurent une protection et viennent en aide à plus de 116 000 réfugiés sud-soudanais.

Après avoir perdu sa maison, son affaire et certains de ses proches, Magai réfléchit au sujet de la paix qu'il a trouvé dans cette installation de réfugiés au nord de l'Ouganda : « Il n'y a pas de problèmes ici et je peux enfin dormir toute la nuit jusqu'au matin. »

Par Karen Ringuette au camp de Rhino, Arua, Ouganda

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Les Soudanais rentrent dans le Sud pour le référendum

A la veille du référendum portant sur l'autodétermination du Sud-Soudan le 9 janvier 2011, des dizaines de milliers de personnes qui vivaient dans le nord du Soudan ont plié bagage pour rentrer dans leurs villages d'origine au sud du pays. Le HCR a établi des points d'escale le long des axes de retour vers le Sud-Soudan, afin de distribuer des vivres aux voyageurs et de leur fournir un lieu sûr pour qu'ils se reposent durant ce pénible voyage. Plusieurs cas d'attaques et de viols perpétrés contre des voyageurs ont justifié l'ouverture de ces centres où les femmes, les enfants et les personnes handicapées peuvent passer la nuit. Le HCR a mobilisé des ressources pour répondre aux besoins de 50 000 personnes, dans l'éventualité d'un déplacement massif suite aux résultats du vote.

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Crise sanitaire au Soudan du Sud

Quelque 105 000 réfugiés se sont regroupés dans le Comté de Maban, au Soudan du Sud. De graves risques pèsent sur la santé de nombre d'entre eux. Le HCR et ses partenaires travaillent d'arrache-pied pour prévenir et contenir l'épidémie de paludisme et plusieurs maladies hydriques.

La plupart des réfugiés, notamment les enfants et les personnes âgées, sont arrivés très affaiblis dans les camps. Or, les pluies incessantes ont tendance à exacerber la situation, les flaques d'eau se transformant vite en foyer d'incubation de moustiques porteurs du paludisme. Qui plus est, un simple rhume suffit pour que l'état de malnutrition modérée dont souffrent les enfants et personnes âgées se transforme en malnutrition sévère.

C'est dans le camp de Yusuf Batil, dans le Comté de Maban, que la situation se fait la plus critique puisque 15 % des enfants de moins de cinq ans y souffrent de malnutrition aiguë.

Le HCR et ses partenaires font tout leur possible pour prévenir et lutter contre la maladie. Dans le camp de Yusuf Batil, 200 professionnels de la santé des communautés vont de foyer en foyer afin d'enseigner aux réfugiés les règles d'hygiène de base, telles que la nécessité de se laver les mains ou encore comment reconnaître les signes de maladie. S'ils en ont besoin, les enfants reçoivent des aliments nutritifs tels que des Plumpy'nut. Un hôpital spécialisé dans le traitement de patients atteints du choléra a d'ailleurs ouvert ses portes. Parallèlement, des moustiquaires ont été distribuées dans tous les camps à des fins de prévention du paludisme.

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Depuis novembre 2011, plus de 105 000 réfugiés ont traversé la frontière qui sépare l'État du Nil Bleu, au Soudan, de celui du Haut-Nil, au Soudan du Sud. Le voyage, généralement réalisé à pied, passe par de dangereuses zones de conflit et emprunte des routes secondaires que les fortes pluies ont rendues presque impraticables. Les réfugiés, pour la plupart, fuient précipitamment, n'emportant que ce qu'ils peuvent porter et parfois rien d'autre que les vêtements qu'ils ont sur le dos. Certains arrivent malades ou blessés, et beaucoup ont souffert de la faim au cours du trajet. Le photojournaliste Brian Sokol a demandé à plusieurs réfugiés au Soudan du Sud de lui montrer l'objet le plus important qu'ils avaient emporté avec eux. Nous vous invitons à lire son photoreportage pour découvrir les objets qu'ils ont choisis.

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