Les victimes de la famine convergent vers Mogadiscio; les camps de la région signalent des décès

Articles d'actualité, 22 juillet 2011

© HCR/G.Puertas
Les nouveaux arrivants somaliens dans le camp de Kobe dans la région de Dollo Ado en Ethiopie sont souvent émaciés et épuisés, et souffrent de malnutrition.

GENEVE, 22 juillet (HCR) Déracinées par la famine et le conflit, plus de 20 000 personnes désespérées ont trouvé refuge dans la capitale somalienne Mogadiscio depuis le début du mois. Des milliers d'autres continuent de fuir vers la région, dont certaines à l'article de la mort.

« En moyenne, 1 000 personnes arrivent chaque jour à Mogadiscio pour chercher de l'aide », a déclaré Melissa Fleming, porte-parole du HCR, vendredi à Genève. « La plupart viennent de régions touchées par la famine comme Lower Shabelle et Bakool ».

Mercredi, par l'intermédiaire de ses partenaires, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a distribué des kits d'aide d'urgence au profit de 15 000 déplacés internes somaliens dans le district de Dharkenley au sud ouest de Mogadiscio. 7 500 kits supplémentaires seront distribués dans les semaines à venir, chacun comprenant une bâche du HCR pour s'abriter, trois couvertures, une natte pour dormir, deux jerrycans, une batterie complète de cuisine et des ustensiles.

« Nous essayons d'apporter de l'aide là où les personnes se trouvent, pour leur éviter d'entreprendre le difficile périple vers le Kenya et l'Ethiopie », a expliqué Melissa Fleming.

Poussés à bout, de nombreux Somaliens continuent toutefois d'entreprendre ce périple. Les camps de Dadaab au Kenya accueillent encore environ 1 500 nouveaux réfugiés somaliens par jour tandis que plusieurs centaines affluent quotidiennement vers Dollo Ado en Ethiopie.

Plus de la moitié d'entre eux proviennent des régions de Gedo, Bay et Bakool dans le centre-sud de la Somalie. Ils déclarent qu'éleveurs ou fermiers, ils ont fui à cause de la sécheresse persistante et de la violence qui les ont contraints à abandonner leurs terres cultivées et leur bétail.

Nombreux réfugiés arrivent en mauvaise santé après des mois de privation et un long voyage pour atteindre l'aide. « La situation d'urgence nutritionnelle est grave », a affirmé Melissa Flemming, en ajoutant que 15 décès à cause de la malnutrition et d'autres maladies ont été signalés mardi dans le camp de Kobe à Dollo Ado. Le personnel du HCR à Dadaab signale également une augmentation du nombre de décès liés à une malnutrition sévère, en particulier parmi les enfants

Si les enfants âgés de moins de cinq ans sont les plus vulnérables, le HCR est également préoccupé par la malnutrition qui touche les réfugiés âgés de cinq à 18 ans. « S'ils sont rapidement et correctement traités, la plupart des enfants souffrant de malnutrition peuvent guérir physiquement », a déclaré le Dr Paul Spiegel, chef du Service du HCR pour la Santé publique et la lutte contre le VIH/SIDA. « Mais les nouveaux arrivants souffrant de malnutrition sévère semblent mettre plus de temps à guérir que dans des cas normaux, parfois jusqu'à 6 à 8 semaines, probablement à cause de leur état de santé déplorable à l'arrivée ».

Tous les nouveaux arrivants dans les camps sont enregistrés et soumis à un examen médical. Les personnes qui souffrent de malnutrition et celles qui ont des complications médicales sont transférées dans des cliniques, notamment pour recevoir une alimentation thérapeutique.

Au centre de transit de Dollo Ado en Ethiopie, le HCR fournit deux repas chauds par jour à plus de 11 000 nouveaux arrivants vivant dans des tentes de fortune. Le nombre d'arrivants dépasse la capacité d'accueil dans cette région aride et reculée. Le camp de Kobe, qui a ouvert le mois dernier, est déjà complet avec plus de 25 000 réfugiés. Un nouveau camp, Hiloween, est près d'être achevé et pourra accueillir jusqu'à 60 000 personnes. Le transfert des réfugiés à partir du centre de transit devrait démarrer dans les deux prochaines semaines.

« La surpopulation constitue un problème tant à Dadaab qu'à Dollo Ado », a affirmé Melissa Fleming. « Pour atténuer cette difficulté, le HCR continue d'effectuer des ponts aériens d'aide d'urgence, notamment des tentes pour plus de 75 000 personnes ».

Six vols, trois vers le Kenya et trois vers l'Ethiopie, ont permis de fournir 100 tonnes d'aide d'urgence et d'abris par vol. A partir des aéroports des capitales, cette aide est immédiatement acheminée vers les régions frontalières qui accueillent des réfugiés à Dadaab et Dollo Ado.

Le Kenya a accueilli plus de 100 000 Somaliens cette année à ce jour, dont 60 000 dans la région de Dadaab. L'Ethiopie a accueilli plus de 75 000 réfugiés somaliens depuis janvier, dont plus de 74 000 arrivants dans la région de Dollo Ado. Djibouti a accueilli plus de 2 300 nouveaux réfugiés somaliens cette année à ce jour.

Le HCR a déployé 60 membres du personnel d'urgence dans la région pour fournir une aide de secours aux nouveaux réfugiés, 11 autres étant en route. L'agence a publié un appel de fonds d'un montant de 136 millions de dollars pour répondre à cette urgence jusqu'à la fin de l'année.

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Le rythme d'arrivée des réfugiés somaliens au Kenya est alarmant

Les trois camps de Dadaab, dont la capacité d'accueil était initialement prévue pour 90 000 personnes, comptent désormais une population d'environ 250 000 civils somaliens, ce qui fait de ce complexe accueillant des réfugiés l'un des plus grands et des plus surpeuplés au monde. Le HCR craint l'arrivée de dizaines de milliers d'autres réfugiés en 2009 dans cette région isolée située au nord-est du Kenya, alors que la situation continue à se détériorer dans leur pays en proie à des troubles.

Les ressources, comme l'eau et la nourriture, se réduisent dangereusement dans les camps surpeuplés, avec parfois 400 familles se partageant l'usage d'un robinet d'eau. Il n'y a plus de place pour monter de nouvelles tentes, et les nouveaux arrivants doivent partager des abris déjà surpeuplés avec d'autres réfugiés.

Début 2009, le Gouvernement kényan a donné son accord pour allouer des terres supplémentaires à Dadaab, ce qui permettra d'héberger quelque 50 000 réfugiés. Les photos ci-après montrent les conditions de vie dans le camp de Dadaab en décembre 2008.

Le rythme d'arrivée des réfugiés somaliens au Kenya est alarmant

Nouvelles arrivées en Ethiopie

La contrée isolée de Dolo Ado devient le refuge de quelque 10 000 Somaliens fuyant la violence dans leur pays.

Depuis le début de l'année, environ 10 000 Somaliens ont traversé la frontière en quête de refuge et ils sont arrivés à Dolo Ado, un lieu isolé, brûlé par le soleil et situé au sud-est de l'Ethiopie - où les habitants sont majoritairement de l'ethnie somali. La plupart ont fui l'insécurité après le retrait des troupes éthiopiennes du centre et du sud de la Somalie et la reprise de ces régions par des insurgés. Au pic de l'afflux au début du mois de février 2009, quelque 150 personnes franchissaient la frontière chaque jour. En réponse à cette situation, une équipe d'urgence du HCR a été envoyée sur place pour aider à gérer un centre de transit à Dolo Ado. De plus, le HCR a fait parvenir des convois contenant des articles de secours, y compris des moustiquaires, des couvertures, des jerrycans, des batteries d'ustensiles de cuisine et des bâches en plastique. Les efforts humanitaires sont coordonnés avec d'autres agences des Nations Unies et des ONG pour assurer que les besoins sont satisfaits. Bien que de nombreux Somaliens déplacés à l'intérieur du sud et du centre de la Somalie ont commencé à rentrer, principalement vers Mogadiscio, de nombreux Somaliens restent à Dolo Ado car ils ont besoin de protection. Etant donné les faibles perspectives de rapatriement dans un avenir proche, un nouveau camp est actuellement en cours de préparation et les cas des réfugiés sont maintenant examinés.

Nouvelles arrivées en Ethiopie

Kenya : largages aériens pour les camps de réfugiés affectés par les inondations

Ce week-end, l'UNHCR a commencé, avec l'aide de l'armée américaine, le largage aérien d'urgence d'environ 200 tonnes de biens de secours destinés aux milliers de réfugiés affectés par de graves inondations dans les camps de réfugiés de Dadaab au nord du Kenya.

Ces largages aériens offrent un spectacle impressionnant. Un avion cargo C-130 a largué, à chaque rotation, 16 tonnes de bâches en plastique, de moustiquaires, de tentes et de couvertures, au-dessus d'un site préalablement évacué de toute présence humaine et animale. Des réfugiés ont ensuite chargé le matériel dans des camions pour l'acheminer vers les camps.

Dadaab, un complexe de trois camps accueillant quelque 160 000 réfugiés, principalement originaires de Somalie, a été coupé du monde par un mois de fortes pluies qui ont emporté la seule route permettant de relier les camps isolés depuis la capitale kenyane, Nairobi. Le transport aérien s'est avéré la seule solution pour faire parvenir les secours vers les camps.

L'UNHCR a transféré 7 000 réfugiés parmi les plus touchés depuis Ifo vers le camp d'Hagadera, à quelque 20 kilomètres plus loin. 7 000 autres réfugiés ont été transférés vers un nouveau site, appelé Ifo 2, situé plus en altitude.

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Nyabuka Lam est Sud-Soudanaise et elle est arrivée à Pagak, en Ethiopie, en septembre après avoir échappé à des hommes armés qui ont tué ses trois enfants et son mari dans son pays d'origine. Après avoir marché pendant 15 jours en quête de sécurité vers Pagak, elle est désormais en voie de recommencer une nouvelle vie.
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Des milliers de personnes ont fui la ville portuaire de Kismayo en Somalie et, malgré le départ des militants, beaucoup ont choisi de ne pas rentrer.
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Des touk-touks ont été offerts à un groupe de déplacés internes somaliens qui vivent dans la ville de Galkayo, ce qui leur facilite la vie.