Pénurie alimentaire : Des milliers de réfugiés rentrent au Soudan

Articles d'actualité, 20 mai 2014

© HCR/P.Rulashe
Momen Bachir est assis près de sa jeune famille devant son abri au camp de réfugiés de Doro, au Soudan du Sud. Comme des centaines de réfugiés soudanais, il a effectué le voyage périlleux vers son pays d'origine en quête de nourriture.

CAMP DE REFUGIES DE DORO, Soudan du Sud, 19 mai (HCR) Poussés par la faim, des centaines de réfugiés soudanais hébergés dans le comté de Maban au Soudan du Sud sont rentrés au Soudan, dans l'Etat du Nil Bleu en proie au conflit, dans leur quête désespérée de nourriture.

« La crise alimentaire actuelle est due à l'insécurité qui entrave les opérations humanitaires dans de nombreuses régions du pays », déclare Cosmas Chanda, le Représentant du HCR au Soudan du Sud. Il ajoute que jusqu'à 2 000 personnes sont rentrées de l'autre côté de la frontière depuis les camps affectés par la pénurie alimentaire à Maban. Il est difficile pour le HCR et ses partenaires de transporter l'aide dans le contexte actuel d'insécurité.

Cosmas Chanda fait part de sa préoccupation sur le fait que le droit à l'asile ne signifie pas grand-chose si les réfugiés manquent de vivres. « Nous espérons que l'accord de paix signé [le 9 mai] par le Président [Salva Kiir] et le chef de l'opposition [Riek Machar] permettra de livrer rapidement des volumes suffisants de nourriture par la route aux réfugiés et à d'autres populations vulnérables dans la comté de Maban », ajoute-t-il.

Lors d'une interview cette semaine à la BBC, le Président Kiir a prévenu que le Soudan du Sud serait confronté à « la pire famine jamais survenue dans le pays » à moins que le conflit, ayant déjà déplacé des centaines de milliers de personnes, ne se termine. Les 125 000 réfugiés du comté de Maban avaient fui vers le Soudan du Sud pour échapper aux combats au Soudan.

Les réfugiés à Maban, comme Momen Bachir, ont recours à des mesures désespérées pour trouver de la nourriture, y compris des incursions au Soudan où les forces armées soudanaises continuent les affrontements contre les rebelles du mouvement SPLM-Nord. Bachir s'est récemment rendu à Yabus, au sud de l'Etat du Nil Bleu, depuis le camp de réfugiés de Doro. Il espérait trouver un emploi pour gagner suffisamment d'argent pour nourrir sa famille.

« Trois jours après mon arrivée à Yabus, une bombe a explosé », se rappelle Bachir. Il est immédiatement retourné au Soudan du Sud. « J'ai risqué ma vie. Et puis je n'ai réussi à ne gagner que 20 livres [soudanaises], qui me permettent d'acheter tout juste un kilo de farine et un paquet de sel. »

Alors que les agences d'aide humanitaire sont dans l'incapacité de fournir suffisamment de vivres, Bachir, âgé de 30 ans, indique qu'il doit faire son possible, en tant que chef de famille, pour subvenir aux besoins de sa famille, y compris sa femme, leurs sept enfants, sa mère et trois tantes âgées.

« En tant qu'homme, il est de mon devoir de nourrir ma famille », souligne-t-il. « Les gens souffrent. Si vous faites le tour de camp, vous pouvez voir qu'ils sont amaigris et plus faibles », explique Bachir. Il connait une jeune mère dont les enfants malnutris et affamés sont morts alors qu'elle travaillait en tant que porteur d'eau pour un restaurant du camp.

Les jeunes enfants de Bachir ont arrêté d'aller à l'école, il y a déjà quelques semaines. « Je les emmenais à l'école à pied et, une heure après, ils rentraient à la maison car ils ne pouvaient pas suivre les cours avec l'estomac vide », dit-il. Il ajoute en soupirant : « Je n'avais pas le cœur à les renvoyer à l'école de force. Ils sont trop petits. »

Le jeune homme a fait part de son embarras sur le fait que sa vieille mère de 60 ans passe ses journées à tisser de l'herbe pour fabriquer des nattes de couchage et les vendre au marché. Il avait espéré que son voyage vers Yabus aurait solutionné le problème, mais il est maintenant revenu au point de départ.

« Nous sommes conscients de la situation difficile des réfugiés », explique Adan Ilmi, chef du Bureau du HCR dans le comté de Maban. « Ils dépendent majoritairement de l'aide alimentaire pour leur survie. Nous faisons notre possible pour acheminer des vivres à Maban, y compris rallonger la piste d'atterrissage pour les avion-cargo C130. »

Le HCR demande également aux représentants de réfugiés à décourager les mouvements transfrontaliers. « Les vies sont menacées, directement ou indirectement, dans l'Etat du Nil Bleu », indique Adan Ilmi, « Par ailleurs, la menace de recrutement forcé par les parties au combat, y compris d'enfants et d'adolescents, demeure constante.

Par Pumla Rulashe au camp de réfugiés de Doro, Soudan du Sud

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L'UNHCR et ses partenaires continuent de former et de rémunérer les instituteurs au sein des 12 camps de réfugiés, assurant ainsi une éducation de qualité aux enfants réfugiés. Les ONG partenaires entretiennent les écoles et fournissent les uniformes aux écoliers. L'UNICEF distribue des livres, des cahiers et des fournitures. En août 2007, l'UNHCR, l'UNICEF et le Ministère de l'éducation tchadien ont travaillé conjointement pour améliorer l'éducation des Soudanais déracinés par le conflit au Darfour.

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Crise sanitaire au Soudan du Sud

Quelque 105 000 réfugiés se sont regroupés dans le Comté de Maban, au Soudan du Sud. De graves risques pèsent sur la santé de nombre d'entre eux. Le HCR et ses partenaires travaillent d'arrache-pied pour prévenir et contenir l'épidémie de paludisme et plusieurs maladies hydriques.

La plupart des réfugiés, notamment les enfants et les personnes âgées, sont arrivés très affaiblis dans les camps. Or, les pluies incessantes ont tendance à exacerber la situation, les flaques d'eau se transformant vite en foyer d'incubation de moustiques porteurs du paludisme. Qui plus est, un simple rhume suffit pour que l'état de malnutrition modérée dont souffrent les enfants et personnes âgées se transforme en malnutrition sévère.

C'est dans le camp de Yusuf Batil, dans le Comté de Maban, que la situation se fait la plus critique puisque 15 % des enfants de moins de cinq ans y souffrent de malnutrition aiguë.

Le HCR et ses partenaires font tout leur possible pour prévenir et lutter contre la maladie. Dans le camp de Yusuf Batil, 200 professionnels de la santé des communautés vont de foyer en foyer afin d'enseigner aux réfugiés les règles d'hygiène de base, telles que la nécessité de se laver les mains ou encore comment reconnaître les signes de maladie. S'ils en ont besoin, les enfants reçoivent des aliments nutritifs tels que des Plumpy'nut. Un hôpital spécialisé dans le traitement de patients atteints du choléra a d'ailleurs ouvert ses portes. Parallèlement, des moustiquaires ont été distribuées dans tous les camps à des fins de prévention du paludisme.

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